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ÂNE, subst. masc.
A.− Animal domestique de la famille des équidés, plus petit que le cheval, pourvu de longues oreilles, servant de bête de somme. Transporter à dos d'âne. Fém. ânesse* :
1. Soudain l'on aperçut l'âne, Gédéon, au milieu du potager, tondant gaillardement un plant de carottes. Du reste, cet âne, un gros âne, vigoureux, de couleur rousse, la grande croix grise sur l'échine, était un animal farceur, plein de malignité : il soulevait très bien les loquets avec sa bouche, il entrait chercher du pain dans la cuisine; et, à la façon dont il remuait ses longues oreilles, quand on lui reprochait ses vices, on sentait qu'il comprenait. É. Zola, La Terre,1887, p. 125.
2. Les bosses des chameaux, réduites à rien et ballottées, disaient les souffrances de la troupe. Par derrière venait un petit âne gris, un pitoyable bourricot, butant à chaque pas, et que les marchands avaient délesté, parce qu'ils savaient bien qu'il allait mourir. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 64.
Âne rouge. Hémione :
3. Le long d'un grillage, on voyait l'ancêtre du cheval de fiacre, chargé de muscles, et la tête basse; puis le zèbre trop paré, et l'indomptable âne rouge, que les savants appellent l'hémione. Alain, Propos,1909, p. 53.
Loc. (gén. fam. ou péj.)
Âne de Buridan (hésitant, perplexe comme l'âne de Buridan). Comme quelqu'un qui est sollicité avec la même force de deux côtés à la fois et qui ne sait quel parti prendre :
4. ... Pyrrhon restant entre le bien et le mal, comme l'âne de Buridan entre deux mesures d'avoine. H. de Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 78.
Donner le coup de pied de l'âne. Attaquer lâchement quelqu'un qui est hors d'état de se défendre :
5. Savez-vous pourquoi les hommes sont si impitoyables au suicide manqué, au suicide truqué? Ils se vengent, C'est le coup de pied de l'âne au héros vaincu, la huée du supporter au champion malheureux. J. Gracq, Un beau ténébreux,1945, p. 198.
Bête, stupide comme un âne; entêté, têtu comme un âne; méchant, sournois comme un âne; brailler, crier comme un âne; être chargé comme un âne; cela ne se trouve pas dans le pas d'un âne (ou d'un cheval), cela est difficile à trouver, à découvrir; faire l'âne pour avoir du son, faire l'imbécile, le niais pour en retirer un profit; méchant comme un âne rouge, très méchant; sérieux comme un âne qu'on étrille, qui a l'air grave pour un motif futile.
B.− Au fig. Personne ignorante et sotte :
6. − Tu comprends, Gérard, répétait-elle, Paul est libre et, du reste, il est incapable, il est nul, c'est un âne, un demeuré. J. Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 98.
Rem. Le (quasi-)synon. bourrique insiste plutôt sur la sottise de l'entêtement. Tête de bourrique.
Âne bâté. Intensif par rapport au précédent :
7. Pourquoi ces artistes, par exemple, ces musiciens que connaissait Christophe, supportaient-ils sans protester l'effronterie des Scaramouches [sic] de la presse, qui leur faisaient la loi? Il y avait là des ânes bâtés, dont l'ignorance in omni re scibili était proverbiale, ... R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 1046.
[Entre dans de nombreuses apostrophes plus ou moins injurieuses] Bougre d'âne; face d'âne; nez d'âne; tête d'âne :
8. Alors une voix exaspérée et qu'on eût cru sortie d'un puits cria : − Bougre d'âne! Imbécile! V'là t'y pas de quoi rigoler! T'auras deux jours de salle de police; ça t'apprendra à te payer la gueule de ton chef de détachement. G. Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 148.
Bonnet d'âne, oreilles d'âne, bonnet garni de deux longues oreilles qu'on mettait aux écoliers ayant démérité; guide-âne, aide-mémoire élémentaire pour guider les débutants dans un métier, une activité; peau d'âne, par dérision, diplôme universitaire ne prouvant qu'un faux savoir; pont aux ânes (cf. pont), problème, question classique qui, dans un domaine donné permet de tracer la limite entre les spécialistes et les ignorants, ou, simplement, question, problème classiques, rebattus. On écrit aussi pont-aux-ânes.
C.− Spécialement
1. TECHNOL. ,,Étau dont les ouvriers en marqueterie font usage pour assurer les bois ou les pierres quand ils se fendent. Outil sur lequel les tabletiers évident les dents de peigne.`` (Chesn. 1857); Jossier 1881; encore attesté ds Lar. encyclop.
2. ZOOL. Âne marin ou âne de mer. Nom vulgaire du poulpe (cf. Michel 1856).
Rem. Cf. aussi bec-d'âne, dos-d'âne, pas-d'âne (et pied-d'âne), coq-à-l'âne.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ɑ:n]. Enq. : /an, D/. 2. Hist. − Tous les dict. de prononc. de la fin du xviiies. et du xixes. précisent que la 1resyllabe est longue; DG transcrit á (= [ɑ:] post. long). Fér. Crit. t. 1 1787 et Land. 1834 rappellent que : ,,on écrivait autrefois asne`` (cf. aussi Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et Rob.). Lar. 19eréserve encore une vedette de renvoi à l'anc. forme asne.
Étymol. ET HIST. − xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 20 : Un asne adducere se roved); après 1260 emploi fig. « homme stupide » (Ph. de Novare, Quatre temps de l'âge de l'homme, éd. Fréville, 207 ds T.-L. : por cels qui sont droit asne et plus nice que bestes). Du lat. asinus, au sens propre dep. Plaute, Asin., 333 ds TLL s.v., 792, 60; emploi fig. ds Cicéron, Pis., 73, ibid., 794, 47.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 724. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 689, b) 3 659; xxes. : a) 2 763, b) 2 267.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Barb. Misc. 4 1928-32, p. 54. − Baudr. Pêches 1827. − Behrens Engl. 1927, p. 224. − Bible 1912. − Bonnaire 1835. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Canart (P.). Homonymics : French, Walloon and Chinese. A.U.M.L.A. 1954, no2, pp. 31-32. − Chabat t. 1 1875. − Chass. 1970. − Comm. t. 1 1837. − Dheilly 1964. − Divin. 1964. − Dumas 1965 [1873]. − Éd. 1967. − Esn. 1966. − Feugère (F.). À propos de l'âne de Buridan. Déf. Lang. fr. 1967, no37, pp. 16-19. − France Suppl. 1907. − Gottsch. Redens. 1930, p. 52, 54; pp. 55-59; p. 102, 267, 459. − Gramm. t. 1 1789. − Jossier 1881. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lal. 1968. − Lar. comm. 1930. − Lar. mén. 1926. − Larch. 1880. − Lavedan 1964. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Machabey (A.). Rem. sur le lex. musical du De canticis de Gerson. Romania. 1958. t. 79, p. 207. − Marcel 1938. − Masson 1970. − Michel 1856. − Millepierres (F.). Synth. de l'âne. Vie Lang. 1966, pp. 393-399. − Mont. 1967. − Noël 1968. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. 1926. − Plais. 1969. − Pope 1961 [1952], § 259, 354, 378, 1175 R, 1177 R. − Privat-Foc. 1870. − Rog. 1965, p. 37, 118. − Rolland (E.). Faune pop. de la France. 4. Paris, 1967, p. 206. − Schossig (A.). Die Namen des Widders, des Schafes, des Esels und der Eselin im altfranzösischen Roman de Renart. Rom. Forsch. 1959, t. 71, pp. 17-72. − St-Edme t. 1 1824. − Tondr.-Vill. 1968. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1967, p. 682.