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ANCHE, subst. fém.
A.− MUS. Lamelle de roseau ou de métal placée sur divers instruments à vent et qui, mise en vibration par le passage de l'air, produit le son. Instrument à anche, protège-anche :
1. Comme Monsieur Jourdain, je découvre à ma première leçon de phonétique les trois voyelles et les trois consonnes fondamentales. Je les explique aussitôt par l'usage des lèvres, de la langue, du larynx. Mais je suis bien loin d'être plongé dans l'admiration. Je remarque qu'il y a là, en effet, une analyse des caractères les plus généraux de l'appareil phonateur humain, comme s'il s'agissait, par exemple, d'étudier le timbre et l'attaque de l'anche d'un hautbois ou d'un cor. P. Schaeffer, À la recherche d'une musique concrète,1952, p. 101.
Anche d'orgue. Demi-tuyau de cuivre qui se met dans les tuyaux d'orgue.
P. ext. Jeu d'anche(s) ou, plus rarement, jeu à anche(s). Registre d'orgue composé d'une série de tuyaux à anche, donnant une sonorité éclatante (cf. G. Cuvier, Leçons d'anat. compar., t. 4, 1805, p. 451).
Par métaph. :
2. ...le vent (...) chantait la joie sur l'anche du rire et l'accordéon des jupes à plis. H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 137.
B.− TECHNOLOGIE
a) Conduit permettant à la farine de couler dans la huche d'un moulin. Anche de moulin.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. généraux.
b) Région. ,,Tuyau de bois qu'on met aux cuves et aux tonneaux, pour en tirer du vin; dites, cannelle ou canelle, s. fém. Tirer du vin par la canelle.`` (É. Molard, Le Mauvais lang. corrigé, 1810, p. 20).
Rem. Attesté ds Guérin 1892 et Rob.
Prononc. : [ɑ ̃:ʃ].
Étymol. ET HIST. − 1. 1388 lat. médiév. enchia, pays de Vaud (Lausanne) « goulot de fontaine » (Comptes Recteurs, V, 3, Morel-Fatio, Gloss. patois ds Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33, p. 389 : Pro enchia metalli bornelli [fontaine] ante magnam ecclesiam), sens encore attesté dans ce dial.; 1402 a. norm. ence « conduit servant à écouler l'eau, gouttière » (Denombr. du baill. de Rouen, Arch. P 307, fo94 rods Gdf., s.v. enche : Si y avons un gort en Saine et la Xesepmaine d'acquis de fours a ban, et de ceulx qui doivent les ences et plusieurs autres forfaitures); 1413 a. norm. anche « goulot » (Aveux du bailliage d'Evreux, Arch. P294, reg.4, ibid. : .XXIIII. pos de vin et .XXIIII. anches); av. 1585 anche « tuyau par lequel le vin s'écoule du pressoir » (Ronsard, Gayetez, 3 ds Hug. : L'un tout autour du pivot fait rouer La viz qui geint, l'autre le marc asserre En un monceau, et d'aiz pressez le serre, L'un met à l'anche un panier attaché, L'autre reçoit le pepin escaché); 1655 enche (Borel, Dict. des termes du vieux françois : Enche, canal de pressoir), sens conservé dans les dial. norm. (Moisy 1885), ang. (Verr.-On. 1908), blésois (A. Thibault, Gloss. du pays blaisois, 1892), mosellan (L. Zéliqzon, Dict. des pat. romans de la Moselle, 1924) et du Centre (Jaub. t. 1 1855); à rapprocher du sens noté dep. Rich. t. 1 1680 : Anche [...] Conduit de bois par où tombe la farine dans la huche; 2. 1530 mus. (Palsgrave, Eclaircissement de la lang. fr., éd. Génin, p. 261 : Rede to play or pype with − anche); 1684 jeux d'anche (Bull. archéol. du Comité des Travaux Historiques, Arts et Monuments, t. 3, p. 291 : ... la trompette, le clairon, le cromorne, la voix humaine et l'écho, et la musette, qui sont jeux d'anche). Empr. à l'a. bas frq. *ankya « canal de l'os » (a. h. all. ancha, ancho et encho « jambe » ds Graff t. 1 1834-46, col. 344), d'où, en fr., les sens de « conduit, goulot, embouchure » puis avec transposition au domaine de la mus. « lame mobile placée à l'embouchure d'un instrument », cf. lat. tibia « jambe » et « flûte ». Dans la France du nord, le mot est prob. issu des dial. du Centre et de l'Ouest où le sens primitif de « conduit » est encore attesté (supra). L'empr. au frq. a dû se produire très tôt (av. le viiies.) puisque la palatalisation a pu avoir lieu. Mais on ne peut envisager un empr. au germ. car le mot étant propre au domaine gallo-rom. les formes à en- initial ne peuvent pour des raisons phonét. remonter à *ankya; étant donné leur ancienneté (1388 franco-prov., supra) elles ne peuvent être des altérations des formes en an-; étant donnée leur localisation au domaine franco-prov. et prov. (fin xvies. enco « cannelle de tonneau » ds Pansier, Hist. de la lang. prov. à Avignon du XIIeau XIXes., t. 2, 1927, lexique), FEW t. 15, 1repartie, p. 21b les fait remonter au burg. et got. *inka. La forme norm. ence (1402, supra) demeure difficile à expliquer (peut-être altération isolée de anche?). L'hyp. d'un empr. par l'intermédiaire de l'ital. (Brüch, Der Einfluß der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein, 1913, p. 51) n'est pas vraisemblable, l'ital. ne semblant pas attesté av. Carena [1778-1859] ds Batt., et étant au contraire empr. au fr.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 48.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Candé 1961. − Chesn. 1857. − Colombani (G.). Les Mots d'orig. all. dans la lang. fr. mod. (1500-1952). Univ. d'Aix-Marseille, 1953, pp. 191-192 (Thèse Lettres. Aix-en-Provence. 1953.). − Comm. t. 1 1837. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Littré-Robin 1865. − Rougnon 1935. − Ténot 1967.