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AMURER, verbe.
A.− Emploi trans., MAR. Fixer l'amure d'une voile pour l'orienter selon le vent :
1. Pas de meilleur marin que lui, nous l'avons dit; personne comme lui pour amurer une voile, pour baisser le point du vent, et pour maintenir avec l'écoute la voile orientée. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 137.
Amure! ,,Commandement d'amurer les basses voiles; amure! amure les basses voiles! amure misaine.`` (Will. 1831). Amurer tout bas, ,,c'est tirer les amures, et par suite les points des voiles où elles sont fixées, le plus près des dogues d'amures.`` (Bach.-Dez. 1882). Navire amuré tribord ou bâbord. Navire ,,orienté pour recevoir le vent à droite ou à gauche.`` (Jal 1848).
B.− P. ext., arg. des marins
1. Emploi intrans. Prendre une attitude :
2. Amurer du mauvais bord, (...) se mal conduire (...). − Mal amuré, (...) mal parti, engagé sur une pente fâcheuse. (...) « Veille au grain, fistot, tu me parais mal amuré! ». R. Coindreau, L'École navale et ses traditions,L'Argot Baille, 1957, p. 51.
Rem. Autres syntagmes ,,Amurer du bon côté, éviter une punition, une attrapade; j'ai mal amuré, j'ai gaffé, j'ai manqué l'occasion.`` (Le Clère 1960) Ne (pas) savoir de quel bord, de quel côté amurer, ,,ne savoir où donner de la tête; se dit notamment de la boussole, quand elle est affolée.`` (Esn. 1966).
2. Emploi trans. :
3. Amurer un coup de poing à qqn, Lui décocher un coup de poing; marins, − 18. − On amure du côté du vent, sous le vent, on borde; on amure avec une amure, on borde avec une écoute; l'amure étant plus raide que l'écoute. Amurer convient pour une idée de force. Esn.Poilu1919, p. 38.
Rem. 1. Autres expr. ,,Amurer son bec, se taire; amurer les bonnettes, tirer les oreilles.`` (Esn. 1966). 2. L'ex. suiv. semble reposer sur une confusion (cf. Esn. Poilu 1919, p. 38 : ,,M'a été confirmé par l'auteur comme signifiant amarrer. Cette synonymie ne saurait être qu'une confusion chez un poilu peu marin.``) :
4. − Plus souvent, dit Lamuse, qui tu m'voiras mett' mon quart dans m'poche. S't'une idée à la graisse d'hérisson et à la mords-moi le doigt, ni plus ni moins, j'préfère beaucoup mieux l'amurer [mon quart] à ma bretelle de suspension avec un crochet. H. Barbusse, Le Feu,1916, p. 193.
Prononc. ET ORTH. : [amyʀe], j'amure [ʒamy:ʀ]. Ac. Compl. 1842, s.v. amuler renvoie à amurer.
Étymol. ET HIST. − 1552 « tendre l'amure » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, ch. XX, 1. 67 : Amene uretacque! Bressine, uretacque, guare la pane! Hau amure, amure bas. Hau, uretacque, cap en houlle!). Empr. à l'esp. amurar « id. », attesté dep. 1538 (d'apr. Breve Cor. 1961), prob. dér. de muro « mur » pris au sens non attesté de « paroi latérale du bateau », du lat. murus « mur ». L'hyp. selon laquelle amurer serait dér. de amure*, lui-même empr. à l'a.pr. amura (Dauzat 1968) est à rejeter, car amura n'est attesté qu'une seule fois et de façon tout à fait indirecte (dans un ms. fautif, où il faudrait remplacer arsiura par amura pour respecter le nombre de syllabes du vers; cf. Levy Prov. t. 1 1894, s.v. amura et FEW t. 6, s.v. murus).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 5.
BBG. − Barber. 1969. − Bél. 1957. − Esn. 1966. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.