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AMENDER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Modifier en vue d'améliorer.
1. [L'obj. désigne une pers. considérée au moral, ou une chose abstr. gén. d'ordre moral] Corriger, réformer. Anton. avilir, détériorer :
1. L'être élevé à la dignité d'homme, au grade d'homme, dans l'échelle des êtres, ne retombe pas, quelles que soient ses fautes, dans la condition des brutes. Dieu n'a pas besoin de cela pour le punir; car ce ne serait pas l'amender, l'élever, le perfectionner, que le punir ainsi; et Dieu n'a pour but, dans toutes ses punitions, que le perfectionnement des êtres. P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 332.
2. Et de même quand, après l'effondrement de la société antique et du régime romain fondé sur la conquête, l'esclavage fut amendé en servage, les serfs aussi furent sur la glèbe objets de quelque propriété individuelle. J. Jaurès, Études socialistes,1901, p. 152.
3. Tandis que cette dernière [l'école classique] cherchait avant tout à amender le coupable en lui faisant expier sa faute, la défense sociale se tourne résolument vers l'avenir et cherche à faire du coupable un homme nouveau délivré de ses tares et de ses instincts antisociaux. Traité de sociologie,t. 2, 1968, p. 219.
Proverbe. Cela n'amendera pas votre marché. Cela n'améliorera pas votre position (Ac. 1798-1932).
2. [L'obj. désigne une chose concr.]
a) AGRIC. [L'obj. désigne le sol, une terre, etc.] Rendre plus fertile, bonifier :
4. Plus loin, on assiste au déblaiement d'une marnière, derrière les arbustes et les rejets de toute essence, sous son manteau d'osmondes, d'aubépines et de houx. On découvre la veine chargée de chaux, précieuse pour amender et réchauffer les terres froides, pour les « réparer ». J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. VII.
b) MÉD. [L'obj. désigne le symptôme d'une maladie] Diminuer la gravité, le caractère nocif de :
5. Tandis que l'ulcère et les inflammations gastriques sont des maladies à éclipse, dont les signes apparaissent, disparaissent et peuvent être amendés par des thérapeutiques diverses, qui servent ainsi de « tests », le cancer est une maladie progressive, dont les signes radiologiques persistent et augmentent. Ce que la France a apporté à la médecine depuis le début du XXesiècle, 1946, p. 157.
B.− LÉGISL. Faire un amendement* :
6. Le projet est étudié et voté par la chambre qui en a été d'abord saisie, puis il va devant l'autre chambre, qui peut l'accepter, le rejeter ou le modifier (l'amender). G. Vedel, Manuel élémentaire de droit constitutionnel,1949, p. 66.
Rem. Noter 2 emplois jur. aujourd'hui hors d'usage. 1. Condamner à l'amende. (Attesté gén. comme vx ds Ac. 1798-1878, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré). 2. Réparer, restituer. (Attesté comme vx ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845).
II.− Emploi intrans., vx
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. [Considérée dans sa situation matérielle] Améliorer ses revenus :
7. Son grand-père gagnait trente-cinq sols; son frère gagne quatre francs dix sols; un autre, peintre décorateur qui a quinze ouvriers; tous ont amendé du trois quarts. Quelques-uns, riches, ont perdu. J. Michelet, Journal,juill. 1845, p. 611.
2. [Considérée dans son état de santé physique ou morale] Se porter mieux. Ce malade n'a point amendé depuis la saignée (Ac. 1798-1878).
Rem. Attesté aussi ds Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Quillet 1965.
Proverbe. Jamais cheval ni méchant homme n'amenda pour aller à Rome. On ne se corrige pas en allant en voyage (Ac. 1798-1878).
B.− [Le suj. désigne une denrée, un bien immobilier] Diminuer de prix. Le blé est bien amendé. Cela a fait amender les terres (Ac. 1798). Cela fit amender le vin (Ac. 1835-1878).
Rem. Attesté aussi ds Besch. 1845, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., Littré, Guérin 1892.
III.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne une pers. considérée au moral, ou une chose abstr. gén. d'ordre moral] S'améliorer, se corriger. Anton. s'avilir, se détériorer :
8. Alors, elle crevait de fureur. Elle ne s'amendait pas, s'aigrissait, se pervertissait plutôt, tâchait de faire quelque mal. J. Michelet, Journal,appendice, 1860, p. 577.
9. ... Sainte-Beuve a rêvé d'être le régent de notre littérature. La critique était donc pour lui une arme qui corrige, une férule dont il faut donner sur les doigts aux contemporains, pour les forcer à s'amender. É. Zola, Documents littéraires,Études et portraits, 1881, p. 219.
10. ... des femmes abandonnées ou des femmes torturées dans leur ménage, demandant que l'existence leur soit plus clémente, que les débordements de leurs maris s'apaisent, que les vices de leurs enfants s'amendent, que la santé des êtres qu'elles aiment se raffermisse. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 149.
11. Voici un livre qui ne vise point à instituer une réforme. Il n'a pas pour objet de persuader que les choses s'amenderaient si l'on y apportait quelque changement proposé par l'auteur. J. de Gaultier, Le Bovarysme,1902, p. 7.
Proverbe. Mal vit qui ne s'amende. Celui qui ne se corrige pas use mal de la vie (Ac. 1798-1932).
B.− [Le suj. désigne une chose concr.]
1. AGRIC. [Le suj. est le sol, une terre, etc.] Devenir plus fertile, riche. Cette terre s'amendera à force de fumier (Ac. 1835-1932).
2. MÉD. [Le suj. désigne le symptôme d'une maladie] Devenir moins violent :
12. Dans cet intervalle, j'ai eu quelques bons moments et mon état physique et moral s'est un peu amélioré. Le resserrement épigastrique et la disposition hypocondriaque se sont un peu amendés, mais aussi l'expansion et le penchant aux distractions du dehors se sont accrus. Maine de Biran, Journal,1818, p. 106.
13. Les bœufs ont le mufle sec : leur muqueuse pituitaire est violemment congestionnée. Les yeux se gonflent. On note un larmoiement intense. Le jetage apparaît alors muqueux, puis purulent. Puis les symptômes s'amendent et la guérison survient en trois semaines. E. Garcin, Guide vétérinaire,1944, p. 89.
Prononc. : [amɑ ̃de].
Étymol. ET HIST. − 1. 1remoitié xiies. dr. « condamner à payer une amende » (Lois de Guillaume, I, Chevallet ds Gdf. : E qui enfraint la pais le rei, cent solz le amendes). − xvies. (Ouverture du Parlement de la St Remy ds Hug.); 2. 1174 « corriger, mettre la dernière main (obj. inanimé) » (G. de Pont St Maxence, Vie de St Thomas, éd. Hippeau, 5817 ds T.-L. : A Cantorbire fu et fet [lire : fez] et amendez [li romanz]); 1690 agric. (Fur. Amender. [...] cultiver et améliorer les terres en y mettant du fumier, de la marne et autres amendements); A. divers emplois fig. a) xiies. « réparer (un méfait) » (Loh., Ars. 3143 fo18 e ds Gdf. Compl. : Ce qu'ai meffet vorai bien amender); 1160-1170 « expier (ses fautes) » (Wace, Rou, éd. Andresen, II, 1709 d'apr. H.-E. Keller, Étude descriptive sur le vocab. de Wace, Paris, 1953, p. 182a : Muine volt devenir e sa vie muer ..., Mult a fait mal el siecle, mult a a amender); b) 1130-1140 emploi abs. « se perfectionner (moralement) » (Wace, Conception Nostre Dame, éd. Ashford, 606 ibid. p. 233a : Issi cum Marie cresseit, Plus amendot e plus saveit); c) spéc. 1565 « [améliorer son prix (pour l'acheteur)] diminuer de prix » emploi abs., part. passé (E. Pasquier, Recherches, II, 5 ds Hug. : Il fut ordonné par le Bureau que les sergens ... auroient chacun huict sols parisis par jour pour la despense d'eux et de leurs chevaux, jusques à ce que les vivres fussent amendes); d) 1784 dr. « apporter à un projet de texte les modifications nécessaires, de manière à l'améliorer (cont. angl.) » (1784, 6 août, Courr. de l'Europe, Chambre des Pairs ds G. von Proschwitz, Introd. à l'étude du vocab. de Beaumarchais, Stockholm, Almquest et Wiksell, 1956, p. 210 : Le bill [de l'Inde] fu lu clause par clause ... Lord Camelford se leva pour donner son opinion sur cette clause du bill ... Il désiroit donc que cette clause fût amendée), sens qui s'établit définitivement pendant la Révolution; B. p. ext. a) ca 1150 « croître, grandir (d'un enfant) » (Wace, St Nicolas, éd. Ronsjö, 1011 ds H.-E. Keller, op. cit., p. 42a : Deudoné crut et amendat Si cum le tenz avant alat), au sens propre seulement en a. fr.; b) 1155 « réussir (d'une personne) » (Wace, Brut, éd. Arnold, 6637 ds H.-E. Keller, op. cit., p. 152b : Si vus oëz que je ament, A mei venez seürement). − fin xiie-début xiiies. Guyot de Provins, Bible ds Gdf. Compl. Du lat. emendare attesté au sens 2 « corriger, améliorer (obj. inanimé) » dep. Varron, Rust., 1, 4, 4 ds TLL s.v., 464, 45 : haec fundi vitia emendari solent domini scientia et sumptu; à l'emploi 2 A a dep. Nep., Them., 1, 1 ibid., 464, 57 : Themistoclis vitia ineuntis adulescentiae magnis sunt emendata virtutibus; à l'emploi 2 A b fréq. en lat. chrét. : Ambrosiast., In II Cor., 12, 19, ibid., 460, 6 : prodest ei qui corripitur ut amendet. 2 A 2 jur., empr. à l'angl. to amend (emprunté lui-même à l'a. fr. amender) attesté au sens gén. de « corriger » dep. 1220, devenu terme du vocab. parlementaire dep. 1777, Burthe au sens de « to make professed improvements in (a mesure before Parliament) », NED, amend 4; voir Mack. t. 1 1939, p. 113. Le sens 1 est dér. de celui de « punir, châtier » attesté en lat. dep. Tac., Ann., 15, 20, ds RLL s.v., 465, 52 : culpa quam poena tempore prior, emendaro quam peccare posterius est. Changement de préf. très anc.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 83.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Dup. 1961. − Dupin-Lab. 1846. − Gottsch. Redens 1930, p. 256. − Jud (J.). Zum burgundischen Wortgut des Frankoprovenzalischen. Vox rom. 1937, t. 2, p. 10. − Kold. 1902. − Laf. 1878. − Laf. Suppl. 1878. − Laplatte (C.). L'Amende est un enrichissement! Vie Lang. 1954, no23, pp. 79-80. − Laplatte (C.). Langue judiciaire et langue notariale. Autour des mots : amende et amender. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 89-90. − Lav. Diffic. 1846 (s.v. amende).Le Roux 1752. − Noter-Léc. 1912. − Nysten 1814-20. − Pope 1961 [1952]. − St-Edme t. 1 1824.