Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AMADOUER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Familier
a) [L'obj. désigne une pers.] Flatter quelqu'un par de belles paroles ou d'autres moyens pour l'apaiser ou pour l'amener doucement à ce qu'on attend de lui :
1. Il [un bandit] se fit donc un nom terrible, à l'égal de Diot; si bien que, pour se débarrasser de lui, l'autorité, ne pouvant le prendre, le cajola, l'amadoua et le gratifia très-largement. H. de Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 476.
2. Pour mieux amadouer et entortiller son monde, il [Sylla] faisait apporter une collation... L. Daudet, Sylla et son destin,1922, p. 238.
3. Jean entendit le pas lourd du curé dans l'escalier de bois puis, au-dessus de sa tête, le raclement d'une chaise sur le plancher... − S'il croit qu'il va m'amadouer, s'il s'imagine m'avoir... F. Mauriac, La Pharisienne,1941, p. 48.
4. De cette impossibilité de se poser solidement à l'écart, à distance, de se tenir « sur son quant à soi », dans un état d'opposition ou même de simple indifférence, provient leur malléabilité étrange, cette singulière docilité avec laquelle, à chaque instant, comme pour amadouer les autres, pour se les concilier, ils se modèlent sur l'image d'eux-mêmes que les autres leur renvoient. De là aussi cette impulsion qui pousse à tout moment ceux qui se sentent avilis à s'avilir davantage encore et à forcer les autres à se vautrer avec eux dans le même avilissement. N. Sarraute, L'Ère du soupçon,1956, pp. 34-35.
P. anal. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Amadouer le hasard. Le faire entrer dans son jeu personnel :
5. ... il n'existe pas de moyen démontré de le séduire [le hasard], de l'amadouer, de le circonvenir. A. Arnoux, Double chance,1958, p. 185.
Amadouer + prép.Amadouer avec.Amadouer avec esprit, avec malice. Amadouer avec succès (Besch. 1845). Amadouer de.,,Amadouer de la main et de la voix.`` (Besch. 1845). Amadouer par.Séduire au moyen de :
6. Quand les belles se furent enfin retirées, madame La Cigogne, après un long prosternement final, essaya de se rapprocher de moi et de m'amadouer par quelques chatteries. P. Loti, La Troisième jeunesse de Madame Prune,1905, p. 255.
b) Vieilli. ,,Amadouer un chat`` (Lar. encyclop.). ,,Lui passer la main sur le dos pour l'apprivoiser.`` (Lar. encyclop.).
2. Argotique
a) Chercher à séduire en se grimant (cf. amadouage).
b) Marier (1822 d'apr. Esn. 1966, cf. amadouage).
B.− Emploi pronom.
1. Fam. S'adoucir, devenir moins farouche :
7. Nous avions une petite marchande de coton, qui a essayé en rougissant, le premier jour, quelques phrases incorrectes sur le sentiment; le second, elle s'amadouait et il m'a semblé entendre, cette nuit, que nous avons passée dans la diligence, deux « finis, finis », adressés à M. Scotti, son voisin. Stendhal, Journal,t. 4, 1801-1818, p. 7.
2. Argotique
a) Se frotter, se grimer en vue d'exciter la pitié, surtout en mendiant (cf. amadou).
b) ,,Se marier.`` (Le Jargon ou Langage de l'argot réformé pour l'instruction des bons grivois, A. La Vergne-Mézière, suppl., vers 1822).
Prononc. : [amadwe], j'amadoue [ʒmadu]. DG est le 1erà indiquer pour le groupe final -ouer une prononc. monosyllabique. Les aut. précédents ne donnent pas d'indications quant au caractère monosyllabique ou disyllabique d'un groupe ou + voyelle. S'ils indiquent la syllabation (tous, à part Fél. 1851 et Poit. 1860), les 2 éléments du groupe sont régulièrement séparés par un tiret. Les rares exceptions à cette règle ne sont pas systématiques; ainsi Land. 1834 transcrit p. ex. : joué (jouer), mais : lou-é (louer), nou-é (nouer), jou-eur (joueur), etc.; jou-ir (jouir), mais : joui-çance (jouissance); oui (oui), mais : ou-ècete (ouest); etc. (Ce qui précède ne s'applique pas au cas des graph. oi et oin, pour lesquelles on a toujours des indications monosyllabiques). La situation est analogue en ce qui concerne u + voyelle. Land. 1834 transcrit p. ex. : ɑk-san-tué (accentuer), mais : kon-ti-nu-é (continuer); ɑk-san-tuɑ-cion (accentuation), mais : kon-ti-nu-ɑ-cion (continuation), etc.
Étymol. ET HIST. − 1. 1539 « caresser, adoucir » emploi fig. (R. Estienne, Dict. fr.-lat. : Amadouer et appaiser par de belles parolles. Blandiri, Delinire); 1541 « id. » (Calvin, Instit., III, XX, 11 ds Hug. : Il ne nous faut imaginer une fiance, laquelle amadoue l'ame, et luy donne un repos souef pour l'endormir); 1552 « amener (qqn) à ses fins par des flatteries » spéc. en parlant des femmes (Ronsard, Amours, II, 118 ds Gdf. Compl. : Les femmes bien souvent sont cause que nous sommes Volages et legers, amadouans les hommes D'un espoir enchanteur); 2. 1546 « frotter avec de l'amadou (onguent) » sens propre (Rabelais, III, Prol. ds Hug. : Diogenes ... y roulla le tonneau fictil qui pour maison luy estoit, ... et ... le tournoit ... viroit ... affustoit, baffouoit, enclouoit, amadouaoit), demeuré en arg. : 1628 (Jargon de l'argot réformé ds Sain. Sources Arg. t. 1 1912, p. 224 : Les sabouleux. Sabouleux sont ceux que vulgairement on appelle malades de S. Jean, dont il y en a plus de faux que de véritablement malades. Ils s'amadoüent avec du sang et prennent du savon blanc en la bouche, ce qui les fait escumer); 1849 (Jargon de l'argot reformé, éd. 1849, ibid., p. 200 : amadouer, se grimer). Dér. de amadou*, comme l'indique l'emploi par Rabelais en 1546. L'idée de tromperie s'est ajoutée au sens de « enduire » parmi les gueux, cf. avec amadou, attest. de 1628; voir Sain. Sources t. 1 1925, pp. 345-346, 364. L'écart chronol. entre amadou 1628 et son dér. 1539 est prob. dû au hasard et à l'indigence des dépouillements.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 56.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Esn. 1966. − Fér. 1768. − Gottsch. Redens. 1930, p. 77. − Laf. 1878. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Le Roux 1752. − Noter-Léc. 1912. − Prév. 1755. − Rheims 1969.