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ALTERNATIVE, subst. fém.
A.− Vieilli. Succession de deux choses, de deux états, de deux propositions le plus souvent opposés et qui reviennent tour à tour. Synon. plus usuel alternance :
1. L'alternative de jour et de nuit qui se fait sentir sur toute la terre avec certaines variétés, mais cependant de manière qu'en résultat de compte l'un et l'autre se compensent, a indiqué assez naturellement le temps de l'activité comme celui du repos... J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 198.
2. Dans ma vie il y a des alternatives, des contradictions, des allées et des venues, des chocs entre la pensée et l'action qui vont parfois l'une contre l'autre au lieu de procéder de concert et en bonne harmonie. M. de Guérin, Correspondance,1835, p. 190.
3. Hermione, avec ses retours de respect à l'égard de Pyrrhus, ses alternatives de tutoiement passionné et de formules protocolaires, nous montre la limite où la princesse royale s'efface devant la femme abandonnée. F. Mauriac, Journal2, 1937, pp. 157-158.
Spéc., AGRIC. Alternative (des cultures). Synon. plus usuel alternance.
Rem. Le dr. anc. et le dr. canon connaissent un certain nombre d'emplois spéc. où l'alternative consiste dans le droit d'opter entre deux solutions d'un problème jur. ou deux formes d'une obligation. Cf. les dict. encyclop. et les dict. spéciaux.
B.− LOG. Énoncé de deux propositions telles que si l'une est vraie l'autre est nécessairement fausse, et inversement. Synon. dilemme.
P. ext., usuel. Permission ou obligation, le plus souvent inéluctable, de choisir entre deux propositions, deux situations, deux décisions. Laisser à qqn l'alternative de faire ceci ou cela; n'avoir qu'une seule alternative :
4. Sur le divorce, le Premier Consul est pour l'adoption du principe, et parle longuement sur la cause de l'incompatibilité qu'on cherchait à repousser; il dit : « On prétend qu'elle est contraire à l'intérêt des femmes, des enfants, et à l'esprit des familles; mais rien n'est plus contraire à l'intérêt des époux, lorsque leur humeur est incompatible, que de les réduire à l'alternative ou de vivre ensemble ou de se séparer avec éclat. (...) » E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 594.
5. Il n'effraie ni ne consterne en recommandant l'amour, au rebours des Jansénistes, qui le commandent avec terreur. En parlant d'éternité, il ne met pas comme eux le marché à la main; il ne présente pas toujours dans la même phrase cette redoutable alternative : Amour ou damnation. On a dit de la devise de certains révolutionnaires qu'elle revenait à ceci : Sois mon frère, ou je te tue. Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 244.
6. L'alternative, c'est le nom de notre destin et la signature de notre finitude, la fatalité dialectique qui pèse sur une conscience astreinte à osciller entre les extrêmes. V. Jankélévitch, L'Alternative,Paris, Alcan, 1938, p. 1.
Usuel, dans la lang. relâchée. Chacune des deux options d'une alternative. Choisir entre deux alternatives la moins mauvaise :
7. Placées entre ces deux alternatives extrêmes de lâcheté et de courage, au delà desquelles il n'y a plus rien, leur parti est pris; leur choix est arrêté. L. Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 195.
8. Il y a ainsi certains états moraux, et notamment l'inquiétude, qui, ne nous présentant que deux alternatives, ont quelque chose d'aussi atrocement limité qu'une simple souffrance physique. Je refaisais perpétuellement le raisonnement qui donnait raison à mon inquiétude et celui qui lui donnait tort et me rassurait... M. Proust, À la recherche du temps perdu,La Prisonnière, 1922, p. 401.
Rem. ,,On dit quelquefois choisir entre deux alternatives, prendre la première, la seconde alternative; cela est mauvais. Il n'y a jamais qu'une alternative composée de deux éléments entre lesquels il faut se décider. Poussés à bout, attaqués dans nos derniers retranchements, s'il ne reste qu'un parti à prendre, il n'y a pas d'alternative. Menacés de perdre l'honneur ou la vie, ou bien n'ayant que deux voies de salut toutes deux périlleuses, nous sommes dans une cruelle alternative. On propose une alternative à quelqu'un. On choisit dans une alternative; mais on ne se décide pas pour une alternative, puisque l'alternative elle-même est l'option entre deux issues, deux moyens.`` (Littré). Ce glissement de l'usage, condamné par la plupart des grammairiens et lexicographes, est dû à l'absence d'un mot désignant un parti qui s'offre au choix dans une situation où il n'y a que deux solutions possibles. Le bon usage emploie, à défaut, parti(s) (vieilli), option(s), solution(s), etc.
C.− TAUROMACHIE. Investiture solennelle conférée au cours d'une corrida à un jeune novillero, lui permettant ainsi d'alterner dans les courses avec les matadors :
9. Après cette manifestation officielle (naguère le gouverneur civil de Madrid devait approuver les alternatives) aucune autorité ne viendra plus établir un classement de valeur. J. Testas, La Tauromachie,Paris, P.U.F. 1963.
Rem. Attesté ds Lar. 20e, Rob., Lar. encyclop., Quillet 1965, Pt Rob.
Prononc. : [altε ʀnati:v].
Étymol. ET HIST. − 1. 1401 par alternatifve « alternativement » (Mém. et not. d'A le Prévost, II, 457 b ds Gdf. Compl. : Semblablement le ban de vendre vin en la dicte ville [...] par alternatifve); 1562 alternative « succession à tour de rôle » (Du Pinet, Pline, XV, 17, ibid. : Pour garder les raisins, les Grecs prennent feuilles de plane, ou de figue [...], et d'icelles enveloppent leurs raisins, les enfoncent lictee par lictee, mettans tous jours entre deux lictees de raisin, une lictee de marc de raisin, et continuent ceste alternative jusques a ce que la caque soit pleine), attest. isolées; repris au xviiies. : av. 1757 (Fontenelle, Éloge de Dodart ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3 1888, p. 26a: On ne pourroit comparer sans beaucoup d'erreur ou d'incertitude les transpirations de différentes temps ... Une alternative irrégulière d'intempérance et de sobriété brouilleroit tout); 2. a) 1680 (Rich. t. 1 : Alternative. Choix de l'un ou de l'autre); b) 1690 spéc. dr. (Fur. : Alternative. Se dit de deux choses dont on propose le choix en justice); 3. 1776 agric. « procédé consistant à faire succéder des cultures différentes sur un même champ » (Encyclop. Suppl. : Alterner [...] L'alternative des mêmes terres, de champs en prés et de prés en champs). Substantivation de l'adj. alternatif* prob. avec ell. de subst. fém. comme proposition (pour 2 a), culture (pour 3), etc.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 606. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 031, b) 555; xxes. : a) 586, b) 1 046.
BBG. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Camus (P.). Les Travaux de l'Académie française. Déf. Lang. fr. 1965, no26, p. 3. − Canada 1930. − Candé 1961. − Consultation (La) permanente de l'O.V.F. Vie Lang. 1965, no154, p. 60. − Daire 1759. − Date (Une). Vie Lang. 1964, no153, p. 682. − Foulq.-St-Jean 1962. − Français (Le) à la dérive. Déf. Lang. fr. 1969, no50, p. 34. − Giraud (J.), Pamart (P.), Riverain (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1970, no215, p. 94. − Goblot 1920. − Hanse 1949. − Jankelevitch (V.). L'Alternative. Paris, 1938. − Julia 1964. − Lacr. 1963. − Lal. 1968. − Miq. 1967. − Piéron 1963. − Prév. 1755. − Spr. 1967. − Springh. 1962. − Thomas 1956.