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ALLÉE, subst. fém.
I.− Vx, rare. Action d'aller, marche.
A.− [Empl. seul] :
1. Nous vaguons, nous errons, tous ces temps-ci, sous le coup d'une stupeur et d'une hébétude, pris d'un dégoût de tout, du gris dans les yeux et dans la tête, affectés d'une décoloration de toutes choses autour de nous, ne percevant du mouvement des rues que l'allée des jambes des passants et le tournoiement des roues. E. et J. de Goncourt, Journal,août 1862, p. 1107.
Au fig. :
2. Le moins surprenant est que dans une allée à l'extase, on ait l'illusion de connaître et de posséder, comme faisant œuvre de science (on enrobe l'inconnu dans un connu quelconque, comme on peut). G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 236.
Rem. 1. On rencontre chez les Goncourt un néol. (une) en-allée, « action de s'en aller », qui est une manière de renouvellement du sens anc. de allée : 3. Je suis triste, ce soir. J'avais un hérisson qui, depuis deux ans, avait fait son domicile de mon jardin et qui, à la nuit tombante, venait tous les soirs manger quelques restes qu'on lui mettait devant le perron. C'était pour moi un plaisir d'entendre le bruissement de sa marche dans la bordure des lierres, puis de voir son déboulement joyeux et gaminant sur le sable des allées, sa promenade hésitante autour de moi, puis son en-allée à l'assiette d'os, qu'il suçait avec le bruit après dîner d'un cure-dent dans les dents d'un gourmand asthmatique. E. et J. de Goncourt, Journal, juill. 1889, p. 998.
Rem. 2. Cf. également E. et J. de Goncourt, Journal, avr. 1872, p. 889 [en parlant du sommeil] Cette en-allée de soi-même et E. et J. de Goncourt, Journal, avr. 1887, p. 668 [en parlant de la mort] Une en-allée de l'existence.
B.− [Avec un subst. coordonné]
1. Rare. Allée et retour :
4. Des deux côtés de la chaussée, gardée libre par la garde nationale, jusqu'à la barrière aux colonnes bleuissantes dans un coup de soleil d'hiver, deux foules s'étageant et formant çà et là, sur les tas de pierrailles, des monticules d'hommes et de femmes. La chaussée toute pleine de l'allée et du retour des voitures d'ambulance, des chariots d'obus, des camions de cartouches, des caissons de munitions, des voitures de toutes sortes, que fait refluer et cogne à chaque quart d'heure, dans un encombrement strident de ferraille, la fermeture de la barrière du chemin de fer. E. et J. de Goncourt, Journal,déc. 1870, p. 686.
2. Allée et venue (cf. aller et venir).
a) Au sing. ou au plur. Mouvement physique :
5. Partout, l'envahissement des soldats; et les nombreux pensionnats de demoiselles et les établissements pour les young ladies ont des mobiles roux en faction à leurs portes. Un passage incessant, un croisement, une allée et une venue continuelles... E. et J. de Goncourt, Journal,oct. 1870, p. 648.
6. Elle me regarda de nouveau. Elle ne se surveillait pas et je continuais de suivre dans ses yeux les mouvements qui l'agitaient comme on suit les allées et venues du mécanisme d'une montre à travers une boîte en cristal. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 127.
7. Il s'approcha de la porte de la cuisine : dans la fumée, il voyait les visages, des piles d'assiettes, l'allée et venue du balancier de cuivre. A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, p. 251.
b) Au plur. seulement. Déplacements nombreux et en tous sens (que l'on fait pour une affaire). Faire des allées et venues, perdre son temps en allées et venues.
Au fig. :
8. Dans ma vie il y a des alternatives, des contradictions, des allées et des venues, des chocs entre la pensée et l'action qui vont parfois l'une contre l'autre au lieu de procéder de concert et en bonne harmonie. M. de Guérin, Correspondance,1835, p. 190.
II.− Voie qui permet d'aller d'un lieu à un autre.
A.− Vx. Passage long et étroit, qui communique de l'entrée de la maison à une cour intérieure ou à un escalier. La porte de l'allée; allée obscure :
9. Une seule fenêtre ouvrait sur une petite cour intérieure communiquant avec la rue par l'allée noire de la maison... É. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 399.
Cour. [Dans une église] Passage libre pour la circulation dans une nef. Allée principale (ou centrale), allées latérales, allées transversales.
ARCHÉOL. Allée couverte. Dolmens disposés en couloir :
10. L'allée couverte de Bagneux, large d'environ douze pas, longue d'à peu près trente, haute de huit pieds; pierres monstrueuses; la pluie tombait par les interstices et faisait des flaques d'eau dans l'intérieur; deux trous dans le pan du fond laissant passer un jour vif et blanc; les feuilles des arbres brillaient sous la pluie qui ruisselait; l'intérieur des pierres était vert par places, plus blanc dans d'autres. G. Flaubert, Par les champs et par les grèves,Touraine et Bretagne, 1848, p. 188.
MINÉR. ,,Portion du chantier d'exploitation, parallèle au front de taille, délimitée par deux rangées de buttes `` (Lar. encyclop.). ,,Allée d'abattage. Allée de circulation. Allée de remblayage ou de foudroyage, allée en cours de remblayage ou de foudroyage.`` (Lar. encyclop.).
B.− Voie bordée de verdure (arbres, arbustes, gazon), de fleurs ou de haies, qui permet le passage, sert de lieu de promenade ou d'accès dans un jardin, un parc, un bois, une agglomération; p. ext. large rue plantée d'arbres :
11. Si vous voulez vous battre à dix minutes de chemin d'ici, je vous montrerai un endroit charmant; c'est une belle allée sablonneuse entre deux rideaux d'ormes; à trois pas, on ne vous verrait pas, c'est au milieu d'un petit bois ... A. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 92.
12. Dans le parc, une longue allée d'arbres vénérables aux troncs gainés de velours noir et vert, une allée sombre et silencieuse qui fait songer aux avenues mélancoliques de nos plantations du Sud. On pourrait, en se promenant sous ces arbres, mûrir un grand dessein ou se consoler d'une grande douleur. J. Green, Journal,1938, p. 151.
Rem. Syntagmes fréq. allée de tilleuls, d'arbres, de platanes, d'acacias, etc.; allées de jardin, de parc; allée(s) d'un bois; une grande allée, une longue allée, une petite allée, de larges allées; allée(s) droite(s), allée tournante; au bout de l'allée, au détour de l'allée, au milieu, au fond de l'allée, au bord de l'allée, à un tournant de l'allée; suivre une allée, se promener dans une allée; ratisser une allée, sabler une allée.
Au fig. :
13. Tous ceux qui n'adopteront pas une attitude nette, sans compromission sur cette question, [judéo-maçonnique] se verront impitoyablement balayés des allées du Pouvoir. Pierret, Au Pilori,7 févr. 1941.
Rem. On dit plus couramment les avenues du Pouvoir.
En partic.
Allée cavalière. Allée, d'un parc, d'une forêt, ou bordant une voie principale, réservée aux cavaliers :
14. André se dérobe à l'avenue, trop ensoleillée, et suit l'allée cavalière qui longe en contre-bas le mur de la terrasse. R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 179.
15. Une foule assez nombreuse dévalait l'avenue du Président-Wilson, couvrant la chaussée, le trottoir et l'allée cavalière, à la suite d'un taxi qu'un groupe de dix ou quinze personnes semblait vouloir prendre d'assaut. J. Green, Journal,1932, p. 85.
Contre-allée. Allée latérale, parallèle à la voie principale :
16. ... entre les deux bordures vertes des contre-allées, l'avenue des Champs-Élysées montait tout là-haut, à perte de vue, terminée par la porte colossale de l'Arc de Triomphe, béante sur l'infini. É. Zola, L'Œuvre,1886, p. 77.
ARCHÉOL. Voie bordée de figures sculptées précédant certains temples de l'Égypte antique ou des pays d'Asie :
17. Une allée de béliers et de sphinx réunissait autrefois les palais de Louksor à ceux de Karnac ... M. Du Camp, Le Nil, Égypte et Nubie,1854, p. 216.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ale]. 2. Homon. : aller (verbe), haler (terme de mar.). 3. Hist. − Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 transcrivent : ɑ-lé-e.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1160 « action d'aller, voyage » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. Constans 22331, ds T.-L. : Cele alee Qu'il aveit faite en recelee). − xvies., Thevet ds Hug.; ne subsiste que dans l'expr. « allées et venues »; 2. av. 1278 « passage, couloir (dans un édifice) » (Rom. de Marques de Rome, éd. Alton, 46 d3, ibid. : et i a mout longue alee et plus de sept pere d'uis fermanz). Part. passé substantivé (aller1*).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3 459. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 3 368, b) 6 414; xxes. : a) 6 149, b) 4 688.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bréz. 1969. − Canada 1930. − Chabat t. 1 1875. − Daire 1759. − Darm. Vie 1932, p. 62. − Delmond (P.). Rue, boulevards, avenues ... Distinguons! Vie Lang. 1969, no211, p. 546. − Fér. 1768. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Lacr. 1963. − Lar. mén. 1926. − Lew. 1960, p. 79. − Prév. 1755. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 344.