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ALUMELLE, ALLUMELLE, subst. fém.
A.− Vx. ,,Lame de couteau ou lame d'épée longue et mince.`` (Ac. 1835-1932) :
1. Tout ami de la table ne doit pas marcher sans son Allumelle en poche, et bien affilée. S. Mercier, Néologie ou Vocabulaire de mots nouveaux, t. 1, 1801, p. 22.
2. J'eus un rêve (...) Je croyais [que] (...) de mon allumelle, Car je me croyais un coûteau, Je tranchais votre chair si belle. P. Leclair, Les Méditations d'un hussard,1809, p. 43.
Se tuer de sa propre alumelle. ,,Ruiner sa santé par excès de débauche.`` (Ac. Compl. 1842).
Région. (Canada). ,,Lame (de couteau, canif, rasoir) : Un canif à deux alumelles = un canif à deux lames.`` (Canada 1930).
B.− Emplois spéc.
1. MAR. Petite plaque de fer très plate qui garnit la mortaise d'un gouvernail, d'un cabestan, d'un guindeau, pour que le bois ne s'use pas sous l'effet du frottement produit par la barre ou des leviers.
2. TECHNOL. ,,Outil d'acier qui sert à polir et à achever les peignes`` (Ac. Compl. 1842, Littré), ,,outil qui sert à gratter, à polir le buis, l'écaille, la corne : C'est une alumelle qui forme la partie essentielle du rabot.`` (Lar. 19e).
Rem. Les dict. attachent à ce mot le sens attesté également ds Canada 1930 : ,,Sorte de soutane sans manches. On ne dit plus que soutanelle.`` (Lar. 19e). Cf. infra étymologie.
Prononc. ET ORTH. : [alymεl]. Fér. 1768 a pour 1regraphie allumelle; alumelle y figure uniquement comme vedette de renvoi.
Étymol. ET HIST. − 1. 1155 alemele « lame » (Wace, Brut, 7344, Ler. de Lincy ds Gdf. : [...] parmi bœles, Firent passer lor alemeles); 1458 alumelle « id. » (Compt. roy., ap. Laborde, Emaux, ibid., s.v. alemele : Pour une dague a deux taillans d'un pié et demy d'alumelle); 1452 allumelle « id. » (Le roi René, Traictié de la forme d'ung tournoy, Œuv., II, 12, Quatrebarbes, ibid. : La largeur et longueur de l'allumelle); peu empl. dès la fin du xviiies. (cf. Trév. 1704, s.v. alumelle), remplacé par lame, apr. avoir pris le sens de « vieille lame ébréchée » au xvies. (cf. FEW t. 1, s.v. lamella); subsiste surtout dans les lang. techn. (cf. infra 4); 2. p. anal. 1585 fig. allumelle « membre viril » (Cholières, 9eMatinée, p. 315 ds Hug. : Si tost que je sentiray nouvelles de ces braves fourriers, je me garderay bien de tascher mettre mon allumelle à la trampe). − 1752, Ph. J. Leroux, Dict. com., satyrique, cirt., burl., libre et proverbial; 1752 se tuer de sa propre alumelle « faire un excès de débauche » (Tabourot Des Accords, Bigarrures, I, 22 ds Hug., s.v. alemele, alumelle : Lequel de sa propre alumelle se tua prenant ses esbats Sur le corps d'une damoiselle); 3. 1694 (Simon de Val Hébert ds Mén. : Alumelle. soutane sans manche), peu us.; 4. a) 1723 technol. allumelle (Savary des Bruslons, Dict. universel de comm., d'hist. nat., d'arts mét. : Les Maîtres-Tablettiers-Peigniers appellent Allumelle, l'outil avec lequel ils polissent et achèvent leurs peignes); b) 1752 alumelle « id. » (Trév.). Empr. au lat. lamella « petite lame », Vitruve, 7, 3, 9 ds Gaff.; (Sénèque, Brevit. vit., 12 ds Forc. 1864-1926, s.v. : in aeruginosis lamellis consumit) avec agglutination du -a- de l'art.; les formes en -u- s'expliquent par contamination de allumelle*, allumette* (les allumettes pouvant ressembler à de petites lames); le sens 3 fait difficulté (anal. « couteau sans manche » / « soutane sans manche », d'apr. Mén.), il s'agirait alors d'un emploi ironique, dans l'argot des presbytères.
BBG. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Canada 1930. − Chabat t. 1 1875. − Fér. 1768. − Georgin (R.). Le Français au Canada. Déf. Lang. fr. 1969, no47, p. 44. − Gruss 1952. − Leloir 1961. − Will. 1831.