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ALLAITER, verbe trans.
A.− [En parlant d'une femme ou de la femelle d'un animal mammifère] Nourrir de son lait un nouveau-né, un petit. Allaiter un enfant, un nourrisson :
1. Chactas erra long-temps dans ce lieu : il visita la grotte du solitaire qu'il trouva remplie de ronces et de framboisiers, et dans laquelle une biche allaitoit son faon. F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 2, 1803, p. 275.
2. Le Sénat déclara les citoyens d'Ilium parens du peuple romain, et fit fondre en airain la louve allaitant les jumeaux. J. Michelet, Histoire romaine,t. 2, 1831, p. 64.
3. L'enfant ayant besoin d'une mère pour l'allaiter et l'élever, d'un père pour le protéger et le guider dans la vie, la famille est la raison d'être et la finalité de l'amour. L. Ménard, Rêveries d'un païen mystique,1876, pp. 113-114.
4. J'aime la femme enceinte ou celle qui allaite, j'aime le troupeau qui se perpétue, j'aime les saisons qui reviennent. A. de Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 517.
Rem. Souvent en emploi absolu (cf. ex. 4).
B.− Au fig. Fournir à l'âme ou à l'esprit de quoi se développer :
5. ... J'aimais la liberté, cette déesse antique Dont les flancs sont blessés, Et qui chantait jadis un radieux cantique Sur ses fils trépassés; Cette mère dont l'âme à tous nos vœux se mêle : Qui, les deux bras ouverts, Étreint les nations, et, comme une Cybèle, Allaite l'univers! T. de Banville, Les Cariatides,1842, p. 125.
6. Alors, dans cet admirable Moyen Âge, où l'art, allaité par l'Église, anticipa sur la mort, s'avança jusqu'au seuil de l'éternité, jusqu'à Dieu, le concept divin et la forme céleste furent devinés, entr'aperçus, pour la première et peut-être pour la dernière fois, par l'homme. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 11.
7. − « Si M. Godeau était catholique? » Pouvait-il ne pas l'être, s'il l'était, s'il avait été baptisé, si l'Église l'avait porté dans son sein quand il n'était pas encore et puis l'avait mis au monde surnaturel; si l'Église l'avait allaité de sa doctrine, parfumé de myrrhe et d'encens dès son jeune âge, enivré bientôt du vin de l'Eucharistie et nourri du pain de son idéal? M. Jouhandeau, Monsieur Godeau intime,1926, p. 284.
DÉR.
Allaiteuse, subst. fém.,néol. d'aut. Femme qui allaite (cf. G. d'Esparbès, Le Roi, 1901, p. 23).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alεte] ou [-le-], j'allaite [ʒalεt]. Barbeau-Rodhe 1930 et Dub. notent [ε] ouvert pour la 2esyllabe, Pt Rob. et Pt Lar. 1968 [e] fermé. Passy 1914 et Warn. 1968 donnent les 2 possibilités de prononc. : avec [ε] ou [e]. Warn. 1968 réserve la prononc. avec [ε] au lang. soutenu, celle avec [e] au lang. cour. (harmonisation vocalique). Enq. : /ale2t/. Conjug. parler. 2. Hist. − Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Besch. 1845 et Fél. 1851 transcrivent la 2esyllabe du mot avec [e] fermé, Nod. 1844, Littré et DG avec [ε] ouvert. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. alaiter avec un seul l et fait la rem. suiv. : ,,un des auteurs des Let. Édif. [lettres édifiantes et curieuses] écrit alléter : mais ce verbe vient de lait; il faut donc écrire allaiter``.
Étymol. ET HIST. − 1. 1121-1135 (Philippe de Thaün, Bestiaire, éd. Walberg, 2610 ds T.-L. : mere Ki süef le portat, Nurit e alaitat). − Cotgr. 1611, qualifié de vieilli ds DG. Du b. lat. allactare, attesté par Marcellus, Med., 8, 136 ds TLL, 1659, 80 : ex lacte mulieris, quae puerum allactat. Allaiteuse, 1901, supra rem.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 181.
BBG. − Bruant 1901. − Caput 1969. − Ernout (A.) Allaiter et sevrer. In : [Mélanges Bally (C.)]. Genève, 1939, pp. 329-336 (publ. aussi ds : ID. Philologica. Paris, 1946, pp. 59-65). − Nysten 1814-20. − Regula (M.) Etymologica. In : [Mélanges Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 484 (s.v. alaitier).