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ALLÉGRESSE, subst. fém.
A.− Démonstration vive, bruyante et collective de la joie :
1. C'est d'abord un muet et long étonnement : Puis des cris d'alégresse et d'attendrissement. Ses ennemis sont morts; son jour enfin commence. Et l'accusé plus grand qu'entoure un peuple immense. J.-L. Laya, L'Ami des Loix,1793, V, 3, p. 110.
2. Les carillons et les voix bruyantes des cloches, au milieu de nos fêtes, sembloient augmenter l'allégresse publique; c'étoit la joie exprimée sur une échelle de sons immenses : dans les grandes calamités, au contraire, leurs bruits devenoient terribles. F.-R. de Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 2, 1803, p. 281.
3. Cris de joie, transport d'allégresse dans ma maison! carillon des cœurs! qu'on mette la table du joyeux festin de la misère! L. Bloy, Journal,1894, p. 110.
4. Les brasseurs roulaient leurs tonneaux dans un faubourg lépreux envahi par les beuglements des vaches et les voix de mille cloches criant allégresse. P. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 326.
P. anal. :
5. La nature flambait d'allégresse. Le soleil bouillonnait. Le ciel liquide, fleuve transparent, coulait. La terre râlait et fumait de volupté. Les plantes, les arbres, les insectes, les êtres innombrables étaient les langues étincelantes du grand feu de la vie qui montait en tournoyant dans l'air. Tout criait de plaisir. Et cette joie était sienne. Cette force était sienne. R. Rolland, Jean-Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 265.
Rem. 1. Syntagmes battre (en parlant du cœur), fondre, frémir, palpiter, pleurer, tressaillir, vibrer d'allégresse; ardente, enivrante, grande, immense, insondable, vive allégresse; bondir, exulter, sauter, trépigner d'allégresse; cantique, chant, fanfare, hymne, musique d'allégresse; allégresse des cloches, des orgues; chahut, clameurs, cris, crise, débordements, explosion, frénésie, hurlements, transport d'allégresse; allégresse bruyante, délirante, folle, méridionale; allégresse commune, générale, populaire, publique; jour, signe d'allégresse. 2. Synon. animation, entrain, verdeur, vivacité; anton. lourdeur, mollesse.
B.− Plus rare
1. État de celui ou de ce qui est allègre. Allégresse intérieure, douce allégresse :
6. Le monde est si à plaindre, il est si aveugle qu'il ne conçoit même pas cette grande, cette ineffable félicité des souffrances, qui précède et enfante, pour ainsi dire, l'éternelle félicité de la joie. Malheur, malheur au monde! Calme, allégresse, consolations toujours renaissantes à ceux qui le quittent en esprit de foi! F.-R. de Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1819, pp. 56-57.
7. Combien elle l'aimait, cette intelligence des sports, cette allégresse de l'intelligence qui se mêle à l'allégresse du corps pour un composé sans pareil! H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 34.
8. ... dans les moindres mouvements et jusque dans l'accent de l'amour, quel qu'en soit l'objet, et quand ce serait même l'amour de Dieu, on sent aussitôt comme une vie déliée et délivrée, enfin une allégresse, une aisance et une grâce. Alain, Propos,1927, p. 700.
9. Elle possédait [Sophie] cette démarche ailée, souple et précise qu'on trouve, si fréquente, presque habituelle chez les femmes d'Amérique, la démarche des grands êtres d'avenir que la vie porte ambitieuse et légère encore vers de nouvelles façons d'aventures... trois-mâts d'allégresse tendre, en route pour l'infini... L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 585.
Rem. Assoc. fréq. allégresse et enfance, jeunesse, légèreté, enjouement, entrain, vivacité, vitalité, élan vital, force, vigueur, courage, bonheur, délivrance, lumière, triomphe, amour de la vie, sérénité.
2. Dans un cont. relig. :
10. ... il se suscitait le rêve de la vie monacale, la souveraine beauté du cloître; il s'imaginait l'allégresse du renoncement, la paix des folles oraisons, l'ivresse intérieure de l'esprit, la joie de n'être plus chez soi dans son propre corps! J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 241.
Couronne des sept allégresses de Marie. ,,Dévotion en usage dans l'Ordre franciscain : ce sont l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, l'Adoration des Mages, la Découverte de Jésus au Temple, la Résurrection, l'Assomption.`` (Marcel 1938).
Rem. Expr. attestée ds la plupart des dict. gén. sous la forme abr. Les Sept Allégresses et avec une var. chez Zola :
11. Il disait douze ave, pour rappeler la couronne de douze étoiles, ceignant le front de Marie; il en disait quatorze, en mémoire de ses quatorze allégresses; il en disait sept dizaines, en l'honneur des années qu'elle a vécues sur la terre. É. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1290.
Prononc. − 1. Forme phon. : [alegʀ εs] ou [all-]. [l] simple ds Passy 1914 et Pt Lar. 1968; possibilité d'une prononc. avec [ll] double ds Harrap's 1963, Dub. et Pt Rob.; [ll] ds Warn. 1968. Passy 1914 propose également pour la 2esyllabe du mot une prononc. avec [ε] ouvert. 2. Hist. : [ll] double ds Land. 1834, Besch. 1845 et DG (cf. aussi [l] long ds Fél. 1851), [l] simple ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844 et Littré.
Étymol. ET HIST. − 1. xiiies. « démonstration de vive joie » (Itin. a Jerusalem, ds Delb., Rec. ds DG : Cestui... out mout grant alegrece de lor venue); 2. av. 1552 « agilité, vigueur » (Rabelais, II, 25 ds Hug. : Carpalin... courut en telle hastiveté et allaigresse qu'il le attrapa en moins de cent pas) seulement au xvies., qualifié de vieilli par DG. Dér. des formes a. fr. de allègre*; suff. -esse*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 917. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 832, b) 944; xxes. : a) 2 346, b) 1 272.
BBG. − Allmen 1956. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Kold. 1902. − Laf. Suppl. 1878. − Lavedan 1964. − Marcel 1938.