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ALCOOL, subst. masc.
I.− CHIMIE
A.− Alcool éthylique ou alcool. Liquide inflammable obtenu par distillation du vin ou, plus généralement, des jus sucrés fermentés :
1. Dans un liquide qui fermente, il se forme d'abord CO2et alcool, et la levure exhale alors CO2, ce qui expliquerait pourquoi la fermentation s'établit plus vite dans un liquide où la levure a macéré pendant plusieurs jours ou dans le jus du foie, etc. C. Bernard, Cahier de notes,1860, p. 188.
Alcool absolu ou pur : alcool non mélangé d'eau; alcool rectifié : alcool libéré de ses impuretés par une nouvelle distillation.
Rem. 1. À l'alcool nature (obtenu par distillation de vin, de cidre, de marc, etc.) s'oppose l'alcool industriel ou d'industrie (obtenu par distillation de moûts sucrés). 2. À l'alcool bon goût et à l'alcool de bouche (propres à la consommation) s'oppose l'alcool dénaturé (rendu impropre à la consommation et réservé à des usages industriels).
B.− P. ext. Nom générique des corps possédant la fonction alcool, caractérisée par le groupement hydroxyle −OH, et dont les propriétés sont analogues à celles de l'alcool éthylique (éthanol) :
2. Il [Le principe organisateur] est soluble dans l'eau, dans l'éther, dans le pétrole. Il se rattache vraisemblablement, par sa constitution moléculaire, à cette famille d'alcools complexes ou stérols qui compte parmi ses membres d'autres corps de haute activité physiologique ... J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 42.
Rem. 1. Il existe 3 sortes d'alcool : alcool primaire (qui donne par oxydation un aldéhyde et un acide), alcool secondaire (qui donne un cétone), alcool tertiaire (qui ne donne qu'un acide sans aldéhyde et sans cétone) (cf. Duval 1959). 2. ,,Le nom d'un alcool s'obtient en ajoutant à celui de l'hydrocarbure le suffixe -ol : éthanol, butanol; quand le radical −OH n'occupe pas l'extrémité de la mol., sa position est indiquée par un chiffre, ex. : (...) pentanol 3.`` (Grand. 1962, p. 24).
C.− Spéc. Substance entrant dans des applications industrielles ou pharmaceutiques.
1. INDUSTR., TECHNOL. Alcool solidifié, substance à base d'alcool servant de combustible; alcool à brûler, alcool dénaturé avec des méthylènes utilisé comme combustible. Lampe à alcool, réchaud à alcool, fourneau à alcool, moteur à alcool, etc. Qui utilisent l'alcool comme combustible :
3. ... il cherchait machinalement la lampe à alcool pour flamber la pointe de platine ... R. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1298.
2. PHARM. Alcool camphré, alcool qui contient du camphre; alcool de menthe, alcool obtenu par une macération de feuilles de menthe suivie d'une distillation; alcool à 90, à 90 degrés, alcool utilisé comme antiseptique.
II.− Lang. usuelle. Boisson contenant un excitant issu de la fermentation et pouvant être isolé par distillation.
A.− Spéc. Les boissons obtenues par distillation. Synon. spiritueux, eau-de-vie :
4. Tout près de la rive où notre jonque était amarrée, des hommes passèrent, joyeux malgré la pluie sempiternelle, parce que l'alcool de riz ou l'absinthe du marchand chinois leur avait réchauffé le cœur. P. Mille, Barnavaux et quelques femmes,1908, p. 215.
5. Leurs deux regards se croisent. Elle voudrait bien faire passer dans le sien ce sentiment dont elle ne sent que la violence, ainsi que le palais, au contact d'un jeune alcool trop vert, n'éprouve que la brûlure. À cette violence, elle ne saurait donner un nom. G. Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette,1937, p. 1281.
6. Ces retours tardifs aux heures si brusquement froides de la nuit, après l'étourdissement du champagne, du tabac, des alcools, et de la musique foraine des chanteurs tyroliens, youyous, talonnements, claquements de paumes sur les cuisses, tam-tam de contrebasses et de cuivres ... J. Peyré, Matterhorn,1939, pp. 105-106.
7. Au comptoir, Grand, à la surprise du docteur, commanda un alcool qu'il but d'un trait et dont il déclara qu'il était fort. A. Camus, La Peste,1947, p. 1300.
Les alcools blancs. Ceux qui sont incolores (kirsch, mirabelle, poire, etc.) :
8. De sa main tremblante, aux veines gonflées, Jean Gordeenko versait un alcool blanc ... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 187.
Rem. Synon. fam., pop., argot. bistouille, casse-gueule, casse-pattes, cric, gnôle, goutte, pousse-café, rincette, rogomme, schnick, tord-boyau, etc.
B.− L'alcool. [Employé avec l'art. de la généralité et toujours au sing.] L'excitant en général, sous toutes ses formes. Les ravages de l'alcool :
9. Vous êtes alors un peu ivre, et la bienveillance de l'alcool vous fait pencher vers les convives ... A. de Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 356.
Tomber, sombrer dans l'alcool. Être victime de l'alcoolisme :
10. Un verre de vin en pousse un autre. Lui, d'ailleurs, toujours bon zigue, ne donnant pas une chiquenaude au sexe, aimant la rigolade, bien sûr, et se piquant le nez à son tour, mais gentiment, plein de mépris pour ces saloperies d'hommes tombés dans l'alcool, qu'on ne voit pas dessoûler! É. Zola, L'Assommoir,1877, p. 516.
Rem. Alcool est qqf. du fém. dans la lang. populaire :
11. On pourrait peut-être boire de l'alcool pour se remonter, mais je l'aime pas ça moi l'alcool ... je la supporte pas ... L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 207.
Au fig. Ce qui grise, ce qui excite :
12. Il avait pris goût à ce petit verre d'alcool frelatéalcool intellectuel du luxe, malsaines excitations des riches malsains. R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1281.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [alkɔl]. − Rem. Antérieurement à Passy 1914, Land. 1834, Gattel 1841, Fél. 1851, Littré et DG indiquent une prononc. disyllabique de -cool, tout au moins à titre de var. noble (c'est le cas du DG). Land. 1834 précise la qualité respectivement plus fermée et plus ouverte de ces 2 voyelles. DG note ouvertes les 2. Mart. Comment prononce 1913, p. 104, Nyrop Phonét. 1951, p. 173, Fouché Prononc. 1959, p. 36, et Kamm. 1964, p. 85 affirment expressément la prononc. monophonématique du groupe -oo-. Fouché Phonét. Prononc. 1959, p. 36, p. 189 admet cependant l'hésitation pour alcoolique et alcoolisme, Mart. Comment prononce 1913, p. 104 pour alcoolisme. Enq. : /alko2l/. 2. Forme graph. − Une forme alcohol apparaît pour la dernière fois ds Gattel 1841. Pour cette forme cf. aussi G. Cuvier (Leçons d'anatomie comparée, t. 2, 1805, p. 421). Dans G. Cuvier (ibid.) et dans P. Cabanis (Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 316) on relève également la graph. alkool.
Étymol. ET HIST. − [2emoitié xives., Jard. de santé, I, 145 ds Gdf. Compl. Alcohol] 1. xvies. « poudre très fine, sorte de collyre » (Paré, XXV, 34 ds Gdf. Compl. : Collyre est un medicament approprié aux yeux, fait de medicamens bien subtilement pulverises, que les Arabes disent comme alcohol); 2. a) 1612 « esprit de vin rectifié, dernier produit de la distillation du vin » (M. Ruland, Lexicon alchemiae ds DG : Alkol est purior substancia rei = sic alkhol vini est aqua ardens rectificata); 1694 (T. Corneille, s.v. alkool : mot arabe connu dans la Pharmacie pour signifier un esprit de vin bien rectifié et séparé de son phlegme); 1834 sens plus gén. (Land. : Alcohol. Produit de la fermentation spiritueuse de la bière, du cidre ou de toute autre liqueur); b) 1863 chim. (Littré : Alcool [...] Nom générique d'une classe de composés neutres formés de carbone d'hydrogène et d'oxygène dont les fonctions chimiques sont semblables à celles de l'alcool de vin et dont les éléments sont semblablement disposés); [Pt Rob. indique 1835, sans attest.]. 1 de l'hisp.-ar. kuḥúl (ar. kuḥl) « poudre d'antimoine extrêmement fine servant de fard pour les yeux », par l'intermédiaire de l'esp. alcohol, attest. au sens d'« antimoine » dès 1278 et passé en ce sens dans le lat. des alchimistes; 2 la transposition du mot alcohol du sens d'« élément très fin et très pur » à celui d'« essence obtenue par distillation » puis à celui d'« esprit de vin » serait une création sav. de T. Paracelse, début xvies. (Steiger, Arabische Miszellen, s.v. alcohol, ds R. Lang. rom., t. 5, pp. 266-68; Mahn, Etymol. Untersuchungen, pp. 107-108; Cor., s.v.) d'où son empr. par le fr. et l'esp. (où il est seulement attesté en 1726, au sens de « essence obtenue par sublimation et distillation », en 1786, à celui de « esprit de vin »).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 764. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 169, b) 587; xxes. : a) 1 364, b) 1 969.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Barr. 1967. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Brard 1838. − Bruant 1901. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Comte-Pern. 1963. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 43. − Delorme 1962. − Divin. 1964. − Dumas 1965 [1873]. − Fromh.-King 1968. − Galiana Astronaut. 1963. − Galiana Déc. sc. 1968. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Grand. 1962. − Lacr. 1963. − Lar. comm. 1930. − Lar. méd. 1970. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Nysten 1814-20. − Pamart (P.). De l'alchimie à la chimie. Vie Lang. 1969, no204, p. 136. − Réau-Rond. 1951. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − Romeuf t. 1 1956. − Thomas 1956. − Uv.-Chapman 1956.