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AISE2, adj.
[En parlant d'une pers., gén. précédé d'un adv. intensif et toujours constr. en attribut] Très heureux, très satisfait. Bien aise; fort aise; tout aise (Ac. 1798-1932).
A.− Vx, rare. [Sans adv. intensif] :
1. C'est votre voyage à Paris et d'autres choses ensuite qui m'ont empêchée de vous parler plus tôt de Marie (...). C'est pour elle que je vous écris, d'abord parce que je l'aime et que son souvenir m'est doux à rappeler, et puis, parce qu'elle me paraît aise que vous entendiez quelquefois ces tours de langage qui vous la rappellent au vif. E. de Guérin, Lettres,1835, p. 89.
2. Un Jurançon 93 Aux couleurs du maïs, Et ma mie, et l'air du pays : Que mon cœur était aise. Ah, les vignes de Jurançon, Se sont-elles fanées, Comme ont fait mes belles années, Et mon bel échanson? P.-J. Toulet, Les Contrerimes,Un Jurançon 93, 1920, p. 47.
B.− Littér. [Avec un adv. intensif]
1. Vx, rare. [Avec un compl. de cause prép. de] Mal-aise. Très malheureux, au physique et au moral :
3. En partie inédite. Jeudi soir. (Croisset, fin septembre 1847.) J'ai été malade tous ces jours-ci, ma chère amie. Mes nerfs m'ont repris. J'ai eu une attaque, il y a une huitaine et j'en suis resté passablement mal-aise et irrité. G. Flaubert, Correspondance,1847, p. 46.
2. Usuel. [Gén. avec un compl. prép. de + subst. ou inf., ou une prop. compl. conj. que] Bien aise :
4. Il a fait hier le plus beau temps du monde, et mon oncle, qui était de bonne humeur à déjeûner, m'a demandé comment je me portais, et si je ne serais pas bien aise de faire une belle promenade? Je l'ai assuré que j'en serais charmée. G. Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, pp. 1724-1725.
5. Lorsqu'un événement quelconque se manifeste, il ne saurait produire que trois effets; c'est-à-dire que, sur trois hommes, il peut y en avoir un qui dise : « J'en suis bien aise »; un autre qui dise : « J'en suis fâché »; et le dernier : « Ça m'est égal. » Il s'agirait de démontrer que ces trois sentiments représentent trois classes d'individus, lesquels composent toute cette espèce que nous nommons humaine. A. de Musset, «Le Temps» en 1830 et 1831, 1831, p. 25.
6. Le boulevard d'Enfer était barré par des ormeaux abattus. Dans ma rue, mes voisins me virent arriver avec plaisir : je leur semblais une protection pour le quartier. Mmede Chateaubriand était à la fois bien aise et alarmée de mon retour. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 597.
7. Le vieux soldat ne comprenait pas qu'on se laissât aller, qu'on eût si peu de courage. C'était trop bête à la fin, de se manger les sangs pour un pareil freluquet. Un beau merle que ce Pierre, et qui vraiment avait trop l'air de s'en croire! Avec ça que beaucoup d'autres ne seraient pas bien aises d'épouser une belle fille, vaillante à la besogne, et qui apportait de l'argent. Un de perdu, dix de retrouvés. É. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 113.
Rem. Bien aise sans compl. est rare et vx :
8. Quand les filles de son âge rient avec des garçons, c'est mauvais signe pour le mariage, vois-tu; mais quand elles s'en sauvent, c'est signe qu'elles veulent qu'ils les recherchent pour tout de bon. − Oh! Que non! Répondis-je à ma mère; Denise n'a pas de ces semblants-là. − Eh bien, me dit-elle, fais voir semblant toi-même de t'en aller demain pour ton tour de France, et tu verras si elle est bien aise ou si elle est fâchée. A. de Lamartine, Le Tailleur de pierre de Saint-Point,1851, pp. 474-475.
Fort aise. ,,Elle en est fort aise.`` (Ac. 1798-1932). Tout aise :
9. Le bonhomme était tout aise d'avoir trouvé un compagnon si obligeant, et qui lui disait à l'occasion : « portez votre pain, du fromage et une bouteille, vous viendrez faire quatre heures avec moi. » H. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 230.
Rem. Ac. 1798-1932 signalent en outre : j'en suis très aise; j'en suis aise au dernier point; que je suis aise de cette nouvelle! Ac. 1798-1835 : j'en suis extrêmement, infiniment, on ne peut plus aise.
Rem. gén. 1. L'adj. aise est mieux représenté dans les textes au xixequ'au xxes. 2. Bien aise s'oppose à fâché, irrité, alarmé; il est un équivalent, en moins fort, de charmé (ex. 4).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ε:z]. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 fait observer que ,,le genre de ce mot est incertain au singulier : on ne l'unit qu'avec des pronoms, dont on ne peut distinguer le genre par la terminaison, à son aise, à votre aise. Au pluriel, l'usage le plus autorisé le fait féminin, prendre toutes ses aises. L'Acad. ne lui done que ce genre.`` 2. Dér. et composés : aisance, aisé, aisement (arch.), aisément, malaise, malaisé.
Étymol. ET HIST. − 1. xies. subst. judéo-fr. ajjse « espace vide à côté de qqn » (Gloses fr. de Raschi, éd. A. Darmesteter, Paris, 1909, p. 33), attest. isolée; xiies. aise « commodité, agrément » (L'Estoire Joseph, éd. E. Sass, 136 ds T.-L. : lor fait tot lor aise); 1170 a eise « dans l'aisance » (Chrét. de Troyes, Le Chevalier à la charrette, éd. W. Foerster, 2504, ibid. : Chies un chevalier mout a eise); d'où 2. 1164 adj. « content » (Id., Erec et Enide, éd. Foerster, 1401, ibid. : va plus eise et plus soëf Que s'il estoit an une nef). Du lat. adjacens, proprement « se trouvant à proximité », part. prés. de adjacere, qui fut substantivé sous la forme plur. adjacentia (aisance*). Cf. aux ixe-xes. le lat. médiév. in aiace « dans le voisinage de » (Desjardins, Cart. de Conques, p. 9 no6, a. 930 ds Nierm. t. 1 1954-58 : In pago Arvernico in ministerio Cartladense in vicaria Arpajonense, hoc est villa mea... Similiter in ipso aice cedo mansos meos...). Pour le développement phonét., voir A. Thomas, Essais de philol. fr., 1897, pp. 207-237. L'ital. agio et le port. azo sont empruntés au prov. aize, de même orig. que le fr. aise, ce qui rend caduque l'hyp. de C. C. Rice, Etym. and other studies, 1946, pp. 25-26, qui fait remonter les quatre formes rom. à un lat. vulg. *atiare.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3 930. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 5 526, b) 7 025; xxes. : a) 5 689, b) 4 811.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Canada 1930. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Gottsch. Redens. 1930, p. 66. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Le Roux 1752. − Noter-Léc. 1912. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Synon. 1818. − Thomas 1956.