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AIR3, subst. masc.
A.− MUSIQUE
1. Mélodie composée pour accompagner les paroles d'un chant. Apprendre un air nouveau :
1. ... mais souvent le bruissement des feuilles emportait l'air avec les paroles. A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, p. 4.
P. ext. Cette mélodie et les paroles qu'elle accompagne :
2. Le père Dodu se mit à entonner un air à boire; on voulut en vain l'arrêter à un certain couplet scabreux que tout le monde savait par cœur. G. de Nerval, Les Filles du feu,Sylvie, 1854, p. 619.
Rem. Syntagmes fréq. un air ancien, un air populaire, célèbre, connu, à la mode; chanter, oublier un air, composer un air sur des paroles; l'air va bien aux paroles.
2. Loc. proverbiales, gén. vieillies (quelques-unes de ces loc. s'entendent au propre et au fig., cf. infra B 1 au fig.)
Vous n'êtes pas dans l'air. Vous chantez faux; vous êtes à côté de la question.
C'est l'air qui fait la chanson. C'est la mélodie qui caractérise le mieux une chanson; c'est le ton qui révèle les intentions cachées sous les paroles.
L'air et la chanson. L'apparence et la réalité.
En avoir l'air et la chanson. Être réellement ce qu'on paraît.
Se donner plus l'air qu'on n'en a la chanson. N'avoir que l'apparence de qqc. :
3. Alors, Anne-Marie reconnut la Mariette de L'Imberdis. Une déraisonnée qui s'en donnait peut-être plus l'air qu'elle n'en avait la chanson, afin de pouvoir insulter les personnes. H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 122.
Crier sur l'air des lampions. [Allusion au cri scandé par la foule en 1827 pour réclamer les illuminations] En deux ou trois syllabes détachées et sur un seul ton :
4. Tous les miliciens se retournèrent, même Manuel qui conduisait et hurlèrent : « hourra! » Et tous de vociférer en espagnol, sur l'air des lampions cette fois, tapant des pieds : A-dieu! Notre peu-titeu ta-ble! A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 482.
B.− P. ext. Mélodie vocale ou instrumentale, qui forme un tout et peut se détacher d'une œuvre.
1. Mélodie d'opéra, d'oratorio, de cantate (gén. avec les paroles) :
5. ... les trois principaux acteurs de l'opéra, doivent chacun chanter cinq airs : un air passionné /l'aria patetica/, un air brillant /di bravura/, un air d'un style uni /aria parlante/, un air de demi-caractère, et enfin un air qui respire la joie /aria brillante/. Stendhal, Vies de Haydn, Mozart et Métastase,1817, p. 305.
6. Chanter « un air » de Gluck au concert, passe encore; jouer tout un acte ... je n'écoute plus. A. Gide, Journal,1902, p. 118.
Rem. Syntagmes fréq. un air d'opéra, d'opérette; l'air du ténor, un air de bravoure.
Au fig., littér. Thème, propos :
7. ... les lettres françaises furent jadis profondément conservatrices, alors même qu'elles chantaient des airs de fronde. Ch. Maurras, L'Avenir de l'Intelligence,1905, p. 50.
Loc. proverbiale. Je connais des paroles sur cet air-là. ,,J'ai entendu en pareille occasion les mêmes choses que vous venez de dire pour vous excuser, pour soutenir cette opinion.`` (Ac. 1835-1932).
2. Mélodie instrumentale.
Un air de flûte, de guitare, de mandoline, de pipeau, de violon, ...; des airs d'accordéon, de cornemuse :
8. Beaucoup de choses s'éveillent autour de lui : le visage rond et charmant entrevu jadis à sa fenêtre de la rue aux Juifs, la fraîcheur d'un air ancien écouté au clavecin ou au luth, ... R. Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 175.
Air de danse, de ballet, de valse :
9. On entend presque aussitôt un air de valse extrêmement banal et populaire. M. Achard, Jean de la Lune,1929, I, 2, p. 5.
Air de jazz, de mazurka, de menuet, de gavotte, ...
Des airs de café-concert, de cabaret, de guinguette, ...
P. compar., loc. fam.
Jouer un air de qqc. Prendre sa part de quelque chose :
10. − Un vermouth-cassis, un! ... et présenté par Mam'selle Annette! MlleAnnette, il ne se cachait point pour dire tout haut qu'il la trouvait de son goût. C'était la petite bonne du café : vingt ans à peine, blonde, niaise, mais des lèvres fraîches et le trottinement drôle. Gaspard la regardait servir et soupirait : − Nom d'une pipe! J'en jouerais bien un air! Elle ne venait jamais près de lui sans qu'il lui parlât, la chatouillât, lui prît les mains, les bras, la taille. R. Benjamin, Gaspard,1915, p. 146.
Jouer (toujours) le même air. ,,Rabâcher.`` (Nouv. Lar. ill.).
Argot :
11. En jouer un air : fuir, s'enfuir, se sauver, s'évader. Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au Dictionnaire de Delesalle,10 janv. 1900, p. 157.
12. La première fois qu'on va au feu, il est permis d'avoir les grelots, mais jamais d'en jouer un air. [Écho des Marmites, no2, Suppl., févr. 1915]. L. Sainéan, L'Argot des tranchées,1915, p. 108.
Rem. ,,L'explication [de en jouer un air] par la Fille de l'air est fausse : 1oles parlants ont en tête un air de musique; 2ole chevauchement supposé donnerait seulement *se donner la Fille de l'air, qui ne se dit pas. La vraie explication est par jouer un air de flûtes, de jambes.`` (G. Esnault, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).
Étymol. ET HIST. − 1608 mus. « mélodie, morceau de musique écrit pour une seule voix, accompagnant des paroles » (Régnier, Satyre, III, v. 135 ds Œuvres, chez Lyon et Woodman [1729] p. 38 : Que leur nom retentit dans les airs que l'on chante). Calqué sur l'ital. aria3« mélodie qui accompagne les paroles d'une composition en vers, qui peut être chantée et sur laquelle on peut danser » (attesté dep. 1555-1557, Varchi, V, 51 ds Batt. t. 1 1961) dér. de l'ital. aria2« aspect, expression » (attesté dep. Pétrarque 1304-1374) empr. lui-même à l'a. fr. aire au sens « espèce, sorte », refait sur l'ital. aria1« air1», lui-même du lat. aer « air » sous la forme de l'acc. gr. āera (d'apr. DEI, s.v. aria2et aria3).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 41 759. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 48 518, b) 67 731; xxes. : a) 69 075, b) 58 360.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Daire 1759. − Duf. t. 1 1965. − Duf. t. 2 1965. − Esn. 1966. − Giteau 1970. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 88. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 118. − Guiraud (P.). Mélanges d'étymologies argotiques et populaires. Cah. Lexicol. 1967, no10, pp. 18-19. − Prév. 1755. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 343. − Rougnon 1935. − Sandry-Carr. 1963.