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AIGUILLE, subst. fém.
Objet se terminant en pointe effilée.
I.− [Terme désignant des obj. pointus, fam. notamment à l'usage des femmes, ou appartenant à de petits appareils usuels]
A.− [Obj. empl. notamment par les femmes]
1. COUT. Tige, généralement métallique, dont l'une des extrémités est effilée, l'autre percée d'un trou (le chas), utilisée dans les travaux de couture, de broderie, de tapisserie, etc. :
1. Son père était relieur (...) Jean fut un petit enfant chétif que sa mère nourrissait tout en cousant les livres, feuille à feuille, avec l'aiguille courbe. A. France, Les Désirs de Jean Servien,1882, p. 1.
2. Je n'imaginais pas qu'il y eût plusieurs façons d'enfiler une aiguille. Mais celle-ci n'a pas de chas. C'est seulement un éclat très fin et long d'une plante textile très résistante. L'extrémité opposée à la pointe est assouplie, décomposée en filaments, qui, tressés avec le fil, l'entraînent à la suite de l'aiguille. A. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 885.
Aiguille de voilier. ,,Il s'agit d'une aiguille très grosse, qui sert à coudre les voiles et les toiles épaisses ...`` (Le Clère 1960) :
3. Pendant cette semaine, Pencroff, aidé par Harbert, qui maniait habilement l'aiguille du voilier, travailla avec tant d'ardeur, que les voiles de l'embarcation furent terminées. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, pp. 323-324.
a) Par métaph. :
4. Ses compliments cachaient les petites aiguilles fines d'une intention épigrammatique. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 39.
b) P. méton., arg. des jeux. Carte aiguillée (cf. aiguiller A 3) :
5. La carte ainsi disposée [cornée de façon à dépasser les autres] s'appelle l'aiguille. Elle conduit au pont la main (...) comme une aiguille de chemin de fer conduit un train sur telle ou telle voie. L. Rigaud, Dict. du jargon parisien,L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 7.
Rem. L'anal. avec l'aiguillage de ch. de fer paraît fantaisiste.
,,Aiguille (...). Signe que l'on fait sur les cartes pour tricher au jeu`` (G. Delesalle, Dict. argot-français et français-argot, 1896, p. 7).
Rem. 1. Les mêmes termes sont naturellement utilisés quand le travail est exécuté par des hommes (couturiers, tailleurs, etc.). 2. Syntagmes fréq. ouvrages, tapisseries à l'aiguille; aiguille de couturière, de chirurgien; aiguille à broder, à coudre, à repriser, à brider, à larder, à piquer; aiguille courbe; enfiler une aiguille; manier, pousser, tirer l'aiguille; aiguille d'acier. Autres syntagmes aiguille d'ivoire (Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 73); aiguille de buis (É. Moselly, Terres lorraines, 1907, p. 178); aiguille de bois (É. Moselly, Terres lorraines, 1907, p. 13); aiguille d'os (Alain, Propos, 1924, p. 608); aiguille d'une machine à coudre.
c) Loc. proverbiales.
Chercher (ou vouloir retrouver) une aiguille dans une botte (une meule ou un tas de foin ou dans la rivière). Vouloir réaliser une chose extrêmement difficile :
6. Autant valait chercher une aiguille dans la rivière que de chercher dans Paris une femme soupçonnée d'aller au bois de Vincennes... H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes1847, p. 123.
P. allus. à l'Évangile. Vouloir faire passer un chameau par le trou d'une aiguille. Vouloir réaliser une chose (quasi) impossible :
7. Quoi pourtant de plus lumineux que la parole de l'évangile? Il saute aux yeux des plus myopes que « faire passer un chameau par le trou d'une aiguille » est l'équivalent oriental de « prendre la lune avec ses dents », ou de quelque image analogue dont l'énorme absurdité tend à exagérer l'impossible. A. Gide, Journal,1928, p. 898.
De fil en aiguille. De propos en propos, par le jeu naturel des associations d'idées ou de l'enchaînement des faits; d'une chose à une autre qui lui fait suite. Il nous a raconté toute l'histoire de fil en aiguille; de fil en aiguille, ils en vinrent jusqu'à se quereller (Ac.1798-1932) :
8. − Si je savais faire des surprises, mon lieutenant, comme on en fait dans les livres, et faire attendre la fin d'une histoire en tenant la dragée haute aux auditeurs, et puis la faire goûter du bout des lèvres, et puis la relever, et puis la donner tout entière à manger, je trouverais une manière nouvelle de vous dire la suite de ceci; mais je vais de fil en aiguille, tout simplement comme a été ma vie de jour en jour... A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 105.
Faire un procès (ou disputer) sur la pointe d'une aiguille. ,,Contester sur un objet sans fondement, ou de nulle conséquence`` (Ac. 1798), ,,élever une contestation sur un très léger sujet`` (Ac. 1835-1932).
Fournir quelqu'un de fil et d'aiguille. ,,C'est-à-dire, de tout ce qui lui est nécessaire, pourvoir à tous ses besoins.`` (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais langage, 1813, p. 5).
Elle ne sait pas faire un point d'aiguille. ,,Se dit d'une fille ignorante et paresseuse, d'une véritable idiote.`` (J.-F. Rolland, Dict. du mauvais langage, 1813, p. 5).
2. Tige métallique ayant pour fonction de piquer, de percer ...
a) TRICOT. Aiguille à tricoter.
b) TOILETTE FÉM. Aiguille de tête (vx). Épingle à cheveux :
9. Elle croise sur ses pieds nus des bandelettes légères, et rassemble sur sa tête, avec une aiguille d'or, les tresses parfumées de ses cheveux. F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 148.
B.− PETITE MÉCAN. DE PRÉCISION. Tige métallique faisant partie d'un objet fabriqué et destinée à enregistrer un phénomène physique, à donner une indication quantitative ... :
10. Et, avec un petit appareil qui tient de la boussole et du chronomètre, Renault prend la pression de mes artères, et l'aiguille marque vingt. C'est trop. J. Renard, Journal,1909, p. 1230.
Par métaph. :
11. Quand les malheurs sont très loin dans l'avenir, c'est moralement l'infini, et l'aiguille de l'angoisse reste à zéro. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 69.
12. De son beau-père, Jean Paleyzieux avait hérité avec le siège, à défaut d'autres grands mérites, une habileté manœuvrière et un opportunisme qui lui permettaient de se trouver toujours placé au point même vers lequel allait tourner l'aiguille de la boussole politique. Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 391.
Rem. Syntagmes fréq. aiguille d'une montre; dans le sens des aiguilles d'une montre; aiguille trotteuse, aiguille des minutes, des secondes, la grande, la petite aiguille; aiguille d'une balance, d'une boussole, d'un baromètre, d'un compte-tours, d'un manomètre (notamment de locomotive de ch. de fer); aiguille aimantée, électrique; aiguille de déclinaison, d'inclinaison ... Noter aussi aiguille à secondes (H.-F. Amiel, Journal intime, 1866, p. 292).
II.− P. anal. Objet pointu d'usage ou de forme analogues aux précédents.
A.− DIVERSES TECHNOL. Outil, ou élément d'un dispositif technique.
1. [Outil]
a) Arg. milit. Aiguille à tricoter les côtes (G. Delesalle, Dict. argot-français et français-argot, 1896, p. 7), ,,épée, fleuret.`` (G. Delesalle, Dict. argot-français et français-argot, 1896, p. 7). Aiguille ,,(...) baïonnette.`` (A. Dauzat, L'Argot de la guerre, 1918, p. 241).
Arg. des voleurs :
13. Aiguille. Clé. Terme dont se servent les voleurs de campagne. F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 6.
14. [Le voleur de billet contenu dans une enveloppe] prendra un fil de fer aplati (...) il commencera à faire tourner doucement son aiguille [outil] (...). Ces agissements (...) portent le nom de vols à l'aiguille. Hogier-Grison, Les Hommes de proie,Le Monde où l'on vole, 1887, p. 164.
Arg. des fumeurs d'opium. ,,Aiguilles (...) instruments d'acier longs de 15 à 20 centimètres (...) pour assujettir la boulette d'opium.`` (Sandry-Carr. Drogue 1963, p. 215).
b) B.-A. Instrument pointu utilisé en gravure, en peinture sur émail ... :
15. (Peint. sur émail.) − Les peintres sur émail étendent leurs teintes à l'aide d'aiguilles pointues et se servent d'une grosse aiguille taillée en spatule pour prendre une certaine quantité de leurs couleurs et la déposer à l'endroit où ils veulent exécuter leur travail. Enfin les morceaux de buis à l'aide desquels ils nettoient les travaux boueux et effacent les irrégularités du travail portent aussi le nom d'aiguilles. J. Adeline, Lexique des termes d'art,1884.
c) MÉD., CHIR. Aiguille (creuse) à injection, à ponction; aiguille (pleine) à suture ... :
16. Il vida dans la seringue une ampoule de morphine, découvrit son bras, enfonça l'aiguille et appuya sur le piston, toujours aussi tranquillement qu'il eût exécuté cette piqûre sur un autre. P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 77.
d) MINES. Outil à l'usage des mineurs ou des carriers. Aiguille infernale :
17. On arrive à suppléer à l'emploi des explosifs [pour l'abatage des roches] (...) par l'usage de coins perfectionnés auxquels on a donné le nom d'aiguilles infernales, brise-roches, etc... J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 293.
2. [Élément d'un dispositif]
a) ARMURERIE. Pièce d'un certain type de fusil :
18. C'était un soir, chez l'armurier Costecalde. Tartarin de Tarascon était en train de démontrer à quelques amateurs le maniement du fusil à aiguille, alors dans toute sa nouveauté... A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 29.
b) CH. DE FER. ,,... portions de rails (mobiles) qui servent à opérer les changements de voie`` (Jossier 1881); (cf. aiguillage) :
19. Les appareils qui permettent (...) de s'engager à volonté sur une des deux voies auxquelles ils sont reliés s'appellent changements de voie ou plus simplement (...) des aiguilles. Bricka, Cours de chemins de fer,1894, p. 382.
c) MARINE :
20. Aiguille. Nom que donnent les matelots aux navettes en bois sur lesquelles ils enroulent le fil à voile. Soé-Dup.1906.
21. Aiguille de fanal, barre de fer coudée au fanal de poupe. Aiguille de carène, pièce de bois qui soutient la mâture mise en carène. Hartoy1944.
d) MÉCAN. Cylindres à aiguilles. ,,Cylindre de faible diamètre utilisé comme organe de roulement (roulement à aiguilles).`` (Poignon 1967) :
22. La désintégration [dans le concasseur Galland] est obtenue par des aiguilles qui brisent les blocs, puis par des cylindres à aiguilles. P. Bresson, Manuel du prospecteur,1923, p. 386.
e) MUS. Aiguille de lecture. ,,Pointe de lecture interchangeable utilisée dans les lecteurs phonographiques pour les disques à 78 tours.`` (Pir. 1964) :
23. Tout de même, c'est le plus vieux disque de la collection, un disque Pathé pour aiguille à saphir. J.-P. Sartre, La Nausée,1938, p. 37.
B.− Objet, être ou organe, à qui son auteur ou la nature a donné une forme en pointe effilée. En aiguille. En forme d'aiguille :
24. Kiki-La-Doucette, bâillant montre ses dents en aiguilles, le velours rose et sec de son palais. Colette, Sept dialogues de bêtes,1905, p. 61.
1. [Obj. fabriqué ou constr.]
a) ARCHIT. ,,Ce nom s'applique, en général, à toute construction à plan carré ou polygonal et se terminant en pointe au sommet`` (Chabat t. 1 1875), telle que clocher, flèche, minaret, obélisque, etc. :
25. Vue du haut de la citadelle, Mayence présente seize faîtes vers lesquels se tournent gracieusement les canons de la confédération germanique; les six clochers de la cathédrale, deux beaux beffrois militaires, une aiguille du douzième siècle, quatre clochetons flamands, plus le dôme des Carmes de la rue Cassette répété trois fois, ce qui est beaucoup. V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 249.
b) MARINE :
26. Aiguille. Canal servant à alimenter une saline en eau de mer. Gruss1952.
27. Aiguille. Petite barque de pêche pointue des deux bouts. Gruss1952.
c) PHYS. NUCL., MÉD. Aiguille de radium. ,,Petit récipient en forme d'aiguille contenant du radium. Il est habituellement en platine iridié ou en alliage d'or et est essentiellement utilisé pour l'insertion dans les tissus vivants.`` (Nucl. 1964).
2. [Être ou organe naturel]
a) BOT. ,,Feuilles en forme d'aiguilles rapprochées deux par deux.`` (Botanique, 1960 [encyclopédie de la Pléiade]). Aiguilles de pins, de sapins ... :
28. Les feuilles ou plutôt les aiguilles de l'épicéa sont d'un vert clair, à quatre angles... J.-J. Baudrillart, Nouveau manuel forestier,trad. de Burgsdorf, 1808, p. 422.
b) GÉOGR. Montagne de forme effilée :
29. ... il siège stérile et nu, à 3 000 mètres d'altitude presque, hérissé d'arêtes vives ou de cassures bossuées, et obstrue un pan entier du firmament. Il ne finit point en aiguille, mais en crête comme un arc rompu, qui semble aiguë parce qu'elle s'inscrit dans l'infini. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 26.
c) ICHTYOL. ,,Nom spécifique de plusieurs poissons de mer, qui sont allongés et minces comme l'instrument qu'on appelle ainsi. V. Syngnate-aiguille. Aiguille de mer, ou aiguillette, c'est un poisson du genre ésoce V. Bélone.`` (Baudr. Pêches 1827) :
30. Orphie vulgaire (Belone vulgaris), appelée aussi aiguille de mer, aiguillette (...) Peu recherchée pour la nourriture... H. Coupin, Animaux de nos pays,dict. pratique, 1909, p. 217.
d) MÉTÉOROLOGIE :
31. ... la pluie était venue; mais une pluie hostile. Point d'ondées, point d'averses, mais de longues aiguilles, fines, glacées, pénétrantes, aiguës, qui perçaient les vêtements de Gilliatt jusqu'à la peau et la peau jusqu'aux os. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 296.
e) MÉD. VÉTÉR. ,,Maladie des faucons causée par de petits vers courts (en forme d'aiguilles, cf. étymol.) qui s'engendrent dans leur chair. Ces vers sont plus petits et plus dangereux que les filandres.`` (Baudr. Chasses 1834).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [agɥij] ou [ε]. Harrap's 1963, Dub., Pt Rob. et Pt Lar. 1968 transcrivent la 1resyllabe avec [e] fermé. Grég. 1923 et Goug. 1969 transcrivent [ε] ouvert. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968 signalent les 2 possibilités; d'apr. Warn. 1968 le timbre fermé relève du lang. cour., le timbre ouvert du lang. soutenu (cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 66). Passy 1914 transcrit [iˑ] mi-long : egɥiˑj et Barbeau-Rodhe 1930 [i:] long. Prononc. du groupe gu + i, selon les cas : a) [gɥi] dans ,,aiguille, aiguillon (et leurs dérivés), aiguïté, ambiguïté, contiguïté, exiguïté`` (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 287); de même dans ,,linguiste, consanguinité, etc.`` (cf. Kamm. 1964, p. 156). Cependant Mart. Comment prononce 1913, p. 243 fait la rem. : ,,Aiguille et aiguillon, avec leurs dérivés, sont les derniers mots d'usage courant qui aient conservé la prononciation de l'u (...). Aiguille paraît trop commun pour être altéré facilement (...). Et pourtant aighille n'est déjà pas sans exemple. Quant à aiguillon, il est déjà, hélas! très fréquemment altéré en aighillon, étant moins populaire ou moins général qu'aiguille.`` Ac. t. 1 1932 : ,,Dans ce mot et dans ses dérivés, u se prononce.`` b) [gɥi] et plus souvent [gi] dans aiguiser et les mots de la même famille (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 287). Cf. aussi Grammont Prononc. 1958, p. 86 : ,,Dans aiguiser, gi commence à l'emporter sur gwi.`` Ortho-vert 1966 est plus catégorique : ,,On prononce aujourd'hui comme dans le mot gui, et non plus avec ui comme dans nuit.`` Enq. : /egɥij/. 2. Dér. et composés : aiguillade, aiguillage, aiguillat, aiguillée, aiguiller, aiguillerie, aiguillette, aiguilleur, aiguilleux, aiguillier, aiguillon, aiguillot. 3. Hist. − Fér. 1768 transcrit : é-gu-glie et précise que dans la 2esyllabe, longue, ,,l'u se fait sentir``, et que dans la 3esyllabe, brève, on prononce l mouillé (cf. aussi Fér. Crit. t. 1 1787); Ac. 1798 : ,,pron. Aigùille``; Gattel 1841 : é-gui-glie (2esyllabe = [ɥi]) ,,et non pas é-ghi-glie ni é-gu-i-glie``; Poit. 1860 : ,,On pron. ai-gu, ll mouill. Même pron. p. ses dériv.`` La prononc. mod. avec [ɥi] et [j] au lieu de l mouillé apparaît dès Besch. 1845 : é-gui-ie. Mais Littré recommande encore : ,,è-güi-ll`` avec l mouillé ,,et non pas è-güi-ye``, et il ajoute : ,,Dans le xviies. on prononçait la syllabe gui comme aujourd'hui; Chifflet dit, Gramm. p. 218 : prononcez ui en diphtongue, comme huile``. DG transcrit la 2esyllabe longue : è-guīy``. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 réserve une seconde vedette à ce mot ainsi qu'à certains mots de la famille, (empruntés à Rich. t. 1 1680) sous la graph. : éguille, éguilletier, éguillette, éguilloner.
Étymol. ET HIST. I.− Petite verge de métal dont une extrémité est pointue et l'autre percée d'un trou pour y passer un fil à coudre. 1. 1177 (Chrét. de Troyes, Chev. au Lion, 5416-17, éd. M. Roques : et fil et aguille a ses manches si li vest, et ses braz li cost); d'où les expr. début xiiies. de fil en aiguille « en passant d'un sujet à l'autre » (Rose, B.N. 1573, fo132eds Gdf. Compl. : Li content, de fil en aguelle, Tretout quanque leur apartint); 1561 sur la pointe d'une aiguille « sur des points de détail, pour peu de chose » (Calvin, Inst., 101, ds Littré : Rejetons donc ces arguments qui sont fondés sur la pointe d'une aiguille); xviies. [chercher] une aiguille dans une botte de foin « [chercher] une chose difficile à trouver à cause de sa petitesse » (Mmede Sévigné ds Trév. 1752 : La perte de cet Officier a paru ici comme une aiguille dans une botte de foin); 1611 (Cotgr., s.v. : Fourni de fil & d'aiguille Readie for any imployment [prêt à n'importe quel emploi]), s'emploie actuellement trans., supra; 1845 passer par le trou d'une aiguille « vouloir faire une chose impossible » (Besch.) [d'apr. Matth, XIX, 24 : Je vous le dis, il est plus aisé pour un chameau d'entrer par le trou d'une aiguille, que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu]; 1863 (Littré : familier et par exagération. C'est un homme timide; on le ferait passer par le trou d'une aiguille); p. ext. 2. 1690 (Fur. : une aiguille de tête est celle qui sert à coiffer les femmes [...] aiguille à tricoter des bas [...] aiguille d'emballeur [...] aiguille d'oculiste, pour ôter les cataractes des yeux [...] aiguille de graveur avec laquelle il dessine sur le vernis [...] une aiguille d'orfèvre, pour enfiler les perles); 1752 (Trév. : aiguille à mèche [...] aiguille à relier [...] aiguilles à selliers, aiguilles à empointer...); 1835 (Ac. : aiguille de chirurgien); 3. 1373 vétér. « petit vers causant la maladie de même nom des faucons » (Gace de La Bigne, Desduitz ds Gdf. Compl. : Or est vray qu'aguille ne sont Fors petitz vers que oyseaulx ont, Qui hault en l'eschyne les tiennent Qui de chair pourrye leur viennent); cette maladie, de 1690, Fur. à 1900, DG. II.− Tige de métal terminée en pointe. 1. 1208 « aiguille aimantée de la boussole », d'où p. méton. « la boussole » (Guiot, Bible, 647 ds Gdf. Compl. : C'on ne voit estoile ne lune, Dont font a l'aguille alumer; Puis n'ont il garde d'esgarer, Contre l'estoile va la pointe...); 1600 « id. » (E. Binet, Merv. de la nat., ibid. : Au cap des Aiguilles les aiguilles et compas demeurent fixes et regardent droitement le nord); 2. a) 1567 « tige de fer sur un cadran gradué » (Amyot, Périclès, 6 ds Hug. : Les umbres des aguilles es horologes au Soleil); b) 1690 (Fur. : Le fleau d'une balance a aussi une aiguille qui marque la moindre indication de la balance); c) 1845 (Besch. : Aiguille. Chem. de fer. Pièce de fer placée sur un cadran pour indiquer avec précision le degré de force de la vapeur d'une locomotive); 3. p. ext. 1819 « portions de rails qui servent à opérer les changements de voie sur un chemin de fer » (Dutens, Mémoires sur les travaux publics, p. 62 ds P. J. Wexler, La Formation du vocab. des chemins de fer en France [1778-1842], 1955, p. 129, note 10, sans attest.); 1834 « id. » (Surville, Paris-Orléans par Corbeil, 16 v., 1834, A.N. F148901, ibid., p. 90 : Des jeux d'aiguilles, ou des plates formes tournantes, seront disposés à portée de chaque embarcadère, et de chaque tourne-hors, pour la manœuvre des convois); 1845 1reattest. lexicogr. (Besch., s.v. aiguilleur); 4. a) 1845 artill. (Besch. : Aiguille. Sorte de broche de fer qui sert à confectionner des artifices de guerre); d'où b) 1897 (Nouv. Lar. ill. : Fusil à aiguille, fusil se chargeant par la culasse, et dans lequel l'inflammation de la poudre est déterminée par le choc d'une tige métallique). III.− Divers obj. terminés en pointe. 1. Fin xiies. « flèche pointue d'une église » (Enéas, 6431 ds T.-L. : Une aguille ot amont levee Tote de cuivre sororee); 2. 1332 charpent. « pièce de bois de forme allongée » (Compte de Odart de Laigny, A.N. KK. 3a, fo182 vods Gdf. Compl. : Pour .III. aguilles faire au pressouer); d'où a) 1690 mar. (Fur. : Aiguille est aussi en terme de marine, la partie de l'éperon qui est comprise entre les porte-vergues et la goyere); 1690 id. (ibid. : Aiguille se dit aussi d'une estaye ou arboutant fait d'une longue pièce de bois, dont les charpentiers se servent pour appuyer le mast, quand on donne carene au vaisseau); b) 1690 (ibid. : On appelle aiguilles, plusieurs pièces de bois posées à plomb, qui servent à fermer les pertuis des rivières pour arrêter l'eau, et qu'on lève quand les bateaux se présentent au passage); 3. 1505 ichtyol. « poisson qui a la forme d'une aiguille » (Platine de honneste volupté, fo105 vods Gdf. Compl. : Les aguilles est ung poisson qu'est a la façon d'une eguille); 4. a) xvies. bot., aiguille de berger « sorte d'ombellifère » (O. de Serres, 929 ds Littré : La racine de geranium, autrement ditte esguille de berger). − 1897, Nouv. Lar. ill.; b) 1771 (Trév. : On se sert de ce terme pour donner l'idée, soit d'un pistil, soit d'une semence... longue, menue et qui se termine en pointe); c) 1863 (Littré : feuilles des arbres résineux); 5. a) 1762 chim. (Ac. : aiguille d'essai ou touchaux : terme de chimie. Alliage d'or ou d'argent sous des proportions différentes); b) 1863 (Littré : Aiguille [...] En minéralogie, cristaux de forme allongée et déliée; c) 1834 (Land. : Aiguille électrique lame de métal en forme d'S, qui, placée sur un pivot fixé au conducteur électrique, tourne avec rapidité); 6. 1779-96 « sommet effilé d'une montagne » (H.-B. de Saussure, Voyages dans les Alpes, d'apr. Brunot t. 6, 2, p. 1246). Du lat. acūcŭla réfection du b.-lat., acŭcŭla (diminutif de ăcŭs « aiguille ») d'apr. acūtū.Acŭcŭla, attesté au ives., Chiron, au sens de « petite aiguille utilisée par les médecins », au ves., Marcellus Empiricus au sens de « aiguille de pin », Cod. Theod. au sens de « ornement de coiffure féminine », TLL s.v. L'a. fr. prononçant aguille avec ül̬ (-ill n'étant qu'une graphie pour ), on peut supposer que la diphtongue u i̭ de agṷil̮a, continuateur de acuc(u)la s'est donc réduite à [u] par fusion de avec le suiv., Fouché t. 2 1958, pp. 286-287; voir aussi Förster ds Z. rom. Philol., 3, 515 et Mussafia ds Romania, 2, pp. 478-479, note 2. La prononciation mod. [uil̬ ] en cours à partir du xvies., est prob. due à une mauvaise interprétation de l'orth., bien qu'il s'agisse d'un terme d'usage courant et domestique, Fouché, op. cit., 772, Förster, loc. cit. La graphie ai- succédant à a- est due à une réfection de *agul̬a en *aygul̬a sur le modèle de *ayguydzare, aiguiser*, Fouché, op. cit., p. 434. L'explication phon. de Fouché rend caduque l'hyp. de Nigra ds Romania, 31, pp. 499-501 qui suppose l'étymon lat. *aquilia (lat. class. aculeus « aiguillon ») pour rendre compte du -ui-.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1 469. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 499, b) 2 349; xxes. : a) 2 516, b) 2 190.
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