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AHURISSANT, ANTE, part. prés. et adj.
I.− Part. prés. de ahurir*.
II.− Emploi adj., fam.
A.− [Gén. en parlant d'une pers. ou d'une collectivité hum. ou d'un attribut de pers.] Qui ahurit.
1. Absolument
a) Qui surprend par son côté extraordinaire, inattendu :
1. Bade, septembre. « Une ville étonnante, une ville étourdissante, une ville ahurissante, une ville avec des rues, des auberges, du monde, une ville qui a l'air d'une ville et qui n'en est pas une, une ville enchantée par le hasard, une ville impossible, une ville bâtie sur pilotis sur un potose qui change de lit à chaque seconde, une ville remuée comme un sac de loto, une ville sonore comme une foire de la fortune... E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 101.
2. Auguste paraît, et son père se met à parler, avec une volubilité extraordinaire, une langue ahurissante qui ne ressemble à rien de ce que j'ai entendu chanter par grand-père en italien. Et, à ma stupéfaction grandissante, grand-père se met, lui aussi, à parler cette langue, non pas aussi vite peut-être, mais avec une grande facilité. Gyp, Souvenirs d'une petite fille,t. 1, 1927, p. 116.
3. À la cour comme à la ville, il n'était question que de ce bougre ahurissant [Rabelais] qui préférait les bouteilles aux femmes... L. Daudet, Les Universaux,1935, p. 133.
Rem. Synon. étonnant, étourdissant, stupéfiant, surprenant.
b) Qui effare, hébète par son côté absurde :
4. Je menais donc la vie de mes hommes, cette vie ahurissante, où l'on mange, où l'on dort quand on peut, où l'on est surmené, où l'on boit beaucoup d'alcool pour ne pas sentir la déperdition de ses forces, où l'on se dépense intégralement, où l'on est tellement abruti que l'on n'arrive pas à penser. B. Cendrars, Les Confessions de Dan Yack,1929, p. 237.
5. ... les quelques pas qu'il [l'ivre-mort] avait pu parcourir en titubant sur le pont avant de retomber assis contre la cuve étaient cauchemaresques, dans un monde monté d'un cran, machiné, où les velléités sont les ficelles du grand-guignol, la barque transportée dans une mise en scène truquée, les voiles battantes, et le grand éclairage nocturne comme celui du théâtre aussi mensonger et trouble que les paroles préméditées que l'ahurissant personnage prononce d'une voix éraillée : − Iebi, iebi, me faisait-il. Viens ici, viens ici que je te tue, iebi... B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 222.
Rem. 1. Synon. abrutissant, confondant, déconcertant, déroutant, effarant, renversant, troublant. 2. La démarcation entre cet emploi et l'emploi B 1 est parfois délicate.
2. Rare. [Suivi d'un compl.]
a) Ahurissant de + subst. Stupéfiant à force de :
6. Les premières manifestations de l'impassibilité visuelle de Degas, de cet homme dont les plus ardents défenseurs ne peuvent éviter de dire qu'il y voyait avec une acuité d'objectif photographique, paraissent aujourd'hui, ahurissantes de platitude, d'une puérilité tatillonne et illustrative, ressortissant parfaitement à l'esthétique de la carte postale. A. Lhote, Peinture d'abord,1942, p. 146.
b) Il est ahurissant que. Il est très étonnant, quasi impossible que :
7. Quelque cent mètres, et nous sommes sortis d'Italie pour trouver, dans un cirque immense, une série d'escaliers extraordinaires,il est ahurissant que notre cavalerie puisse se tenir debout. M. Barrès, Une Enquête aux pays du Levant,1923, p. 91.
B.− [En parlant de la conduite d'une pers., d'un fait, d'un événement]
1. Extraordinaire, qui défie l'imagination :
8. ... chaque réflexe se verra représenté par le langage, qui les comprend tous, à l'aide d'un qualificatif particulier. Il y aura des termes (...) « sensoriels et nerveux », comme voyant, chantant, hallucinant, vertigineux, affolant, désorientant (...) horripilant, ébouriffant, ahurissant... Griveau, Éléments du beau,1892, p. 42.
9. ... Dans votre dernière lettre si violente où vous ne vous accusez de rien, je remarque particulièrement le reproche de « sottise », reproche absolument confondant, ahurissant et abrutissant de la part d'un artiste incontestable qui, depuis environ dix-huit mois, s'est laissé mettre dedans par le plus bas, le plus puant, le plus imbécile des mufles contemporains. L. Bloy, Journal,1900, p. 387.
10. ... « For in the very torrent, tempest, and as I may say whirlwind of your passion, you must acquire and beget a temperance that may give it smoothness », disait Hamlet. Et quelle ahurissante façon de se tuer en se frappant d'une métaphore... c'est à douter, à présent, si je ne me surfaisais pas d'abord la beauté, qui me parut si grande, de la première partie du drame. Je veux la relire aussitôt. A. Gide, Journal,1942, p. 141.
11. ... La scène se passe au cinéma. Un spectateur se penche vers une dame assise au rang précédent. Chose ahurissante : le fauteuil voisin de la dame est occupé par un ours. Celui-ci s'absente quelques instants, à l'entr'acte. Le spectateur en profite : « excusez-moi, dois-je croire mes yeux? c'est un ours qui vous accompagne? − Mais parfaitement, monsieur, c'est un ours. − Et le film l'intéresse? − Il me le fera savoir tout à l'heure. Tout ce que je peux vous dire, c'est que le roman lui avait beaucoup plu. » A. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1188.
2. Péj., fam. Absurde, révoltant :
12. ... et non plus, il va sans dire, qu'avec notre vieille chatte, qui pourtant l'excitait autant qu'une chienne, et qui, de son côté, le provoquait et poursuivait tout comme s'il eût été un chat. On n'imagine pas plus absurde et plus ahurissant manège; Toby s'exténuait auprès d'elle, après elle, durant des heures et des journées. A. Gide, Journal,1917, p. 613.
13. En blaguant Dieu, la vertu, l'honneur (...) il [l'homme français] épiait dans nos yeux une certaine flamme. Il n'y voyait trop souvent qu'une tristesse lâche qui déjà consent (...) − et, par-dessus tout, Seigneur! l'affreuse, la puérile, l'ahurissante finasserie des bons journaux − cinq minutes de bonne lecture − ... G. Bernanos, La Grande peur des Bien-Pensants,1931, p. 149.
Prononc. : [ayʀisɑ ̃,] fém. [-ɑ ̃:t].
STAT. − Fréq. abs. litt. : 37.