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AGIOTER, verbe intrans.
A.− Souvent péj. [Le suj. est une pers.] Se livrer au commerce de l'agio ou à toutes transactions monétaires susceptibles de rapporter un profit. Synon. spéculer :
1. Gén. en constr. abs. :
1. Le diable existe. Il pérore à la Chambre, il plaide au Palais, il agiote à la Bourse. On le grave en vignettes, on le broche en romans, on l'habille en drames. On le voit partout, comme je vous vois. A. Bertrand, Gaspard de la nuit,1841, pp. 57-58.
2. Or, mon bel ange, l'argent exige des intérêts, et il est toujours occupé à les percevoir! « Dieu des Juifs, tu l'emportes! » a dit le grand Racine. Enfin, l'éternelle allégorie du veau d'or!... Du temps de Moïse, on agiotait dans le désert! nous sommes revenus aux temps bibliques! H. de Balzac, La Cousine Bette,1846, pp. 285-286.
3. ... si la noblesse de cour a porté la livrée de Louis XIV, agioté dans la rue Quincampoix, ou dansé aux orgies de Louis XV, n'oubliez pas qu'elle a tiré l'épée et versé son sang pour la liberté du Nouveau-Monde (...) Il y a dans la noblesse des hommes généreux... G. de Nerval, Le Marquis de Fayolle,1855, p. 43.
2. Agioter sur :
4. Bonne chasse! pour moi je porte mon filet. Ailleurs, je me suis trop arrêté dans ma course. Adieu donc, cher Bertrand! on m'attend à la Bourse... Dieu des Juifs, guide-moi dans ce divin enfer! Je vais agioter sur les chemins de fer. A. Barbier, Satires,Un vieux moyen de s'enrichir, 1865, p. 30.
[Avec un suj. inanimé, représentant, p. méton., une pers.] :
5. Saccard avait eu un regard vacillant sur le vaste sac de cuir. Il savait que, fatalement, allaient tomber là les titres déclassés, les actions des sociétés mises en faillite, sur lesquelles les pieds humides agiotent encore, des actions de cinq cents francs qu'ils se disputent à vingt sous, à dix sous, dans le vague espoir d'un relèvement improbable, ou plus pratiquement comme une marchandise scélérate, qu'ils cèdent avec bénéfice aux banqueroutiers désireux de gonfler leur passif. É. Zola, L'Argent,1891, p. 22.
B.− Rare, péj. [En parlant d'affaires financières, etc.] S'en occuper. Agioter qqc. :
6. Louis me trouve vicieux, je me trouve pire et, par ma nécessaire réaction, je n'ai jamais eu plus violent désir de revoir votre conscience céruléenne de poète. Je vous assure que pour les besognes que j'agiote aujourd'hui, il me faut une volonté plus autoritaire et cruelle que pour avoir fait tout un livre tant ces besognes me sont peu naturelles; ... A. Gide, P. Valéry, Correspondance,lettre de A. G. à P. V., févr. 1891, p. 61.
Rem. Emploi probablement anal. de verbes comme trafiquer, avec influence paron. de agiter; à moins qu'il ne s'agisse d'un arch. (cf. étymol.).
Prononc. − 1. Forme phon. : [aʒjɔte], j'agiote [ʒaʒjɔt]. 2. Dér. et composés : agio, agiotage, agioteur.
Étymol. ET HIST. − 1716 fin. « pratiquer l'agiotage » (Buvat, Journal de la Régence, Paris, 1865, I, 134 ds Brunot t. 6, p. 169, note 5 : Que votre A. R. ne croie pas que j'aie « agioté » dans cette affaire); (cf. emploi trans. Law, 2eMém. sur les Banques ds Littré : L'Angleterre a bonifié toutes les dettes de l'État, quoique les particuliers les aient agiotées à 50 et 40 pour 100). Très en usage dans les milieux financiers de la Régence (Brunot, loc. cit.) et pendant la Révolution (cf. Rapport de Barère, 1eroctobre 1793 Buchez et Roux, t. 29, p. 211 ds Brunot t. 9, p. 952, note 8. [les fournisseurs aux armées, de réputation détestable] agiotaient la guerre). Dér. de agio1*, dés. -er avec adjonction d'un -t- adventice, par assimilation aux mots à finale en -ot. (Nyrop t. 3 1936, § 89, 11o).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 6.
BBG. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Kuhn 1931, p. 118, 218. − Romeuf t. 1 1956.