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AFFLUENT, ENTE, adj. et subst. masc.
I.− Adj. Qui coule en abondance.
A.− MÉD. [En parlant d'une humeur] Qui se porte en abondance vers quelque partie du corps : le sang affluent, la bile affluente (Nysten 1814-20), sérosité, salive affluente (Rob).
B.− GÉOGR., vieilli.
1. [En parlant d'un cours d'eau] Qui se jette dans un autre.
a) [Avec un compl. de lieu; prép. dans] :
1. Enfin, à défaut des mers et des montagnes, on peut se contenter des grands fleuves, en ne les prenant qu'à un endroit où ils soient déjà un peu considérables, et en les suivant jusqu'à la mer, mais des grands fleuves seulement; car s'il s'agit de rivières affluentes dans d'autres dont on ne dispose pas, ce sont autant d'artères coupées, par lesquelles la circulation ne peut plus se faire, ... A.-L.-C. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 118.
b) [Sans compl. de lieu] :
2. Là nous voyions, nous autres pauvres prisonniers, des jeunes gens qui jouissaient de la liberté, allaient et venaient seuls et après se baignaient dans l'Isère et un ruisseau affluent nommé la Biole. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 1, 1836, p. 99.
3. Seule, la construction des cuvelages, de ces pièces de charpente jointes entre elles comme les douves d'un tonneau, parvenait à contenir les sources affluentes, à isoler les puits au milieu des lacs dont les vagues profondes et obscures en battaient les parois. É. Zola, Germinal,1885, p. 1528.
2. P. ext. [En parlant d'une vallée; avec un compl. de lieu, prép. à] :
4. La voie sort de Bourges par une vallée affluente à celle de l'Yèvre et la suit jusque vers Menetou-Salon; ... J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., sept. 1908, p. 28.
C.− PHYS. ,,Se dit d'un fluide qui se porte dans une direction déterminée : électricité affluente.`` (Lar. 19e).
II.− Subst. masc.
A.− GÉOGR., Cours d'eau qui se jette dans un autre cours d'eau plus important en un lieu appelé confluent.
1. [Avec un compl. de nom, prép. de; ou un adj. poss.] :
5. ... et leurs confluents et leurs affluents innombrables imitent, suivant l'inclinaison des versants et la nature des terrains, les embranchements variés des différentes espèces végétales, qui toutes, comme on sait, tiennent leurs jets plus ou moins écartés de la tige selon la force spéciale de leur sève et la densité de leur bois. V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 264.
6. Sur le versant du bassin atlantique se développaient déjà les premiers rios, affluents ou sous-affluents de North-Platte-River. J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,1873, p. 164.
7. M. Bermont, le percepteur, un petit gros qui montrait sur ses joues rouges de minces réseaux de veines violettes pareils aux affluents et au cours tortueux des fleuves sur les cartes de géographie, demandait... G. de Maupassant, Contes et Nouvelles,t. 1, Hautot père et fils, 1889, p. 257.
8. Je restai seul à contempler le torrent qui montait, montait sans cesse, sous l'apport impétueux de ses affluents déchaînés. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 83.
9. ... la Tamise, affluent préhistorique du Rhin, s'émeut encore aujourd'hui, comme elle s'est toujours émue, des vicissitudes du grand fleuve germanique. P. Morand, Londres,1933, p. 2.
2. [Sans compl.] :
10. À neuf heures, on arrivait à l'importante ville de North-Platte, bâtie entre ces deux bras du grand cours d'eau, qui se rejoignent autour d'elle pour ne plus former qu'une seule artère,affluent considérable dont les eaux se confondent avec celles du Missouri, un peu au-dessus d'Omaha. J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,1873, p. 170.
11. Le fleuve pour le rencontrer a provoqué toutes sortes de sources nécessaires, Soit le torrent sous les rocs à grand bruit, soit ce fil du haut des monts virginal qui brille à travers l'ombre sainte, Soit le profond marais odorant d'où une liqueur trouble suinte, L'idée essentielle à perte de vue enrichie par la contradiction et l'accident Et l'artère en son cours magistral insoucieuse des fantaisies de l'affluent. P. Claudel, Poésies diverses,Le Fleuve, 1952, p. 851.
B.− P. anal., compar. ou métaph.
1. Dans le domaine phys.
a) ANATOMIE :
12. Tous ses affluents [du sinus coronaire] (...) présentent à leur terminaison une valvule habituellement insuffisante. G. Gérard, Manuel d'anatomie humaine,1912, p. 246.
b) ANTHROPOLOGIE :
13. Par le Thibet, par l'Indo-Chine, si l'on en croit l'accumulation des types négroïdes autour des vallées de pénétration des fleuves méridionaux, des poussées ethniques profondes se produisaient certainement sans cesse, pour verser dans le sang du jaune les affluents de sang noir qui l'ont deux fois embrasé. Même si l'on admet que la céramique chinoise, la plus anciennement connue après les poteries lacustres, ait paru dans les terres jaunes avant tout alliage sanguin, il n'est pas possible d'en conclure que les Chinois aient su, seuls entre tous les peuples, se passer du ferment noir, ... É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 67.
c) URBAN. Rue d'une grande agglomération qui débouche sur une voie plus importante.
[Avec un compl. de n. marquant en quoi consiste l'affluent; prép. de] :
14. En quelques minutes, pareil à un fleuve de laves qui a trouvé sa pente, la foule emplit la large tranchée des boulevards, et, grossie sans cesse par les affluents des voies latérales, se mit lentement à couler vers l'ouest. Pris dans la masse, suffoquant de chaleur, Jacques, Vanheede et Mithoerg avançaient, ... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 407.
[Sans un tel compl.] :
15. La ruelle de ce côté était ouverte, et, au bout de deux cents pas environ, tombait dans une rue dont elle était l'affluent. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 542.
16. Après Down Street, sombre comme un canal vide, Piccadilly est rejoint par d'élégants affluents, qui sont Clarges Street et Half Moon Street, où Shelley et Louis XVIII logeaient dans ces maisons meublées pour célibataires, ... P. Morand, Londres,1933, p. 170.
17. La rue Lepic est comme le fleuve de Montmartre qui arrose le pays, lance des affluents dans l'épaisseur du quartier, ... L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 35.
2. Dans le domaine des idées, des sentiments...
a) [Avec un compl., prép. de, marquant en quoi consiste l'affluent] :
18. Cette eau si pure qui coule à travers ta belle prairie et qui est, sans doute, un affluent inconnu de l'immense fleuve des larmes d'Ève dont les cataractes sont au ciel; − si tu voulais la suivre, cette eau aimable, comme faisait la vierge de mon histoire; qui sait, ô Rousse chargée de fleurs au milieu des fleurs; − si tu voulais la suivre seulement un peu... qui sait si tu n'arriverais pas bientôt, tous tes arbres ayant disparu, à ta vraie demeure, ... L. Bloy, Journal,1904, p. 20.
[Le compl. peut être remplacé par un adj.] :
19. Le théâtre (...) a été alimenté durant le Moyen-Age par plusieurs sources (...) Outre l'affluent ecclésiastique, qui a été ce qu'on peut appeler la maîtresse reine (...), le théâtre n'a pas cessé de recevoir (...) le tribut de deux autres artères collatérales... E. de Coussemaker, Hist. de l'harmonie au Moyen-Âge,1852, p. 140.
b) [Sans compl.] :
20. Il s'arrêta et sans même qu'il eût besoin de la sonder, sa vie bondit en des jets d'ordures. Il recula, il y en avait tant, de toutes sortes, qu'il s'abîma dans le désespoir. Puis il eut un effort de volonté, se reprit, voulut canaliser ces sources, les endiguer, les répartir pour s'y reconnaître, mais un affluent refoulait les autres, finissait par tout absorber, devenait le fleuve même. J.-K. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 62.
21. Peut-être l'inconscient bien-être que me causait ce jour d'été venait-il agrandir, comme un affluent, la joie que me causait la vue du « port de Carquethuit ». M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 842.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aflyɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit afluent (avec un seul f). 2. Forme graph. − Remarquer les graph. distinctes de l'adj. verbal affluent et du part. prés. affluant (cf. Grev. Orth. 1962, p. 152 et Ortho-vert 1966).
Étymol. ET HIST. I.− Adj. 1. 1547 sens gén. fig. « qui coule abondamment » (J. Bouchet, Epistres mor. et fam. du Traverseur, 16 ds Hug. : Vostre eloquente et affluente lettre); 2. spéc. a) 1539 méd. « qui se porte en qq. partie du corps (en parlant des humeurs) » (Canappe ds Quem. t. 1); b) 1690 hydrographie « qui se jette dans une autre (en parlant d'une rivière) » (Fur. : ... pour rendre la Seine navigable jusqu'à sa source, et toutes les rivières y affluentes tant au dessus qu'au dessous de Paris); c) 1749 phys. « qui se porte dans un sens déterminé (en parlant d'un fluide, de l'électr.) » (Réplique à M. l'abbé Nollet, Chartres, p. 24 ds Brunot, t. 6, p. 561 : Je ne reconnais point l'ingrez ni la pénétration de sa prétendue matière affluente). II.− Subst. 1. 1374 sens gén. fig. « gens qui arrivent en grand nombre » (Livre rouge, Arch. Y 2, fo70 rods Gdf. : Que les affluens en nostre dicte bonne ville aient plus convenables lieus ou ils se puissent retraire); 2. a) 1751 hydrographie « lieu où une rivière se jette dans une autre » (Encyclop. s.v. : Confluent se dit de deux riviéres, et affluent de l'une ou de l'autre. Au confluent de la Marne et de la Seine. A l'affluent de la Marne dans la Seine). − 1845, Besch.; b) 1835 id. « rivière qui se jette dans une autre » (Ac. : La Seine et ses affluents). Empr. au lat. affluens, part. prés. empl. adj. de affluere (voir affluer) attesté au sens « coulant abondamment » dep. Vitruve, 8, 1, 2 ds TLL s.v., 1244, 33 : aquae uberiores et affluentiores.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 89.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Dainv. 1964. − Fér. 1768. − Géogr. t. 2 1966. − Nysten 1814-20. − Thomas 1956.