| ![]() ![]() ![]() ![]() AFFICHÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de afficher1*. II.− Emploi adj. A.− [En parlant d'une commun. officielle, d'une image ou d'un texte publicitaire, etc.] Placardé, appliqué sur un mur ou dans un lieu accessible aux destinataires. Ordonnance affichée dans toutes les rues (Littré) : 1. La république, si elle survit, doit avant tout songer à se fonder par un enseignement immense qui atteigne avec sûreté tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants. Quels moyens? Pour ceux qui savent lire : écoles d'adultes, journaux, bulletins très courts, affichés, vendus à deux liards, bibliothèques circulatoires, unes (et diverses selon les provinces). Pour ceux qui ne savent pas lire : presse pittoresque affichée, chansons chantées et affichées en dialectes différents, clubs pour lectures publiques; de plus, pour les villes, des concerts monstres.
J. Michelet, Journal,juin 1848, p. 692. B.− Au fig. 1. Vx. [Qualifie une pers.] D'une mauvaise réputation notoire, publiquement réprouvé. C'est un homme affiché, une femme affichée (Poit. 1860, Lar. 19e) : 2. Dans les premiers jours de 1830, tout le monde parlait à Paris de la passion de Nucingen et du luxe effréné de sa maison. Le pauvre baron, affiché, moqué, pris d'une rage facile à concevoir, mit alors dans sa tête un vouloir de financier d'accord avec la furieuse passion qu'il se sentait au cœur.
H. de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 230. 3. Sa haine [de Germinie] se souleva et se révolta, avec son dégoût, contre cette créature affichée, éhontée, que l'on voyait le dimanche attablée sur les boulevards extérieurs avec des militaires...
E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 68. 2. [Qualifie un inanimé abstr.] Dont, sans égard à l'opinion, on fait publiquement étalage. Honte affichée (Littré) : 4. ... je ne serai plus ni affaibli par les imprudences politiques de Germaine ni tiraillé par une exigence qui trouble ma tête et bouleverse mes plans. Elle-même s'en trouvera mieux. Elle ne sera plus responsable d'une opinion moins affichée, mais plus inébranlable que la sienne.
B. Constant, Journaux intimes,janv. 1803, p. 28. 5. Mais ce dont je suis plus touché encore, c'est de ceci, c'est d'une sorte d'impudeur glorieuse, un concubinage affiché et dont on s'honore, l'image d'un monsieur et d'une dame dans leur lit, la conjonction par-dessus les blonds petits cheveux de l'enfant; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1858, p. 477. 6. ... et nous voilà en face du caveau où, tout en avant, détachée de tout le monde, la princesse agenouillée sur la terre, la tête un peu appuyée à un petit arbre, prie pour le mort aimé, en un aveu bravement affiché de sa liaison.
E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1892, p. 255. 7. L'indulgence pour ce bel officier [le général Boulanger], dont les actes et les paroles ont naturellement quelque chose d'affiché, est faite des raisons les plus diverses.
M. Barrès, L'Appel au soldat,1900, p. 49. 8. Oh! ne pas faire de mal est difficile! la précaution dont je continue à me servir avec Antonia, c'est un certain parti-pris bien affiché de « légèreté ». Toutes les délicatesses qu'on voudra; la plus tendre amitié; mais surtout pas le grand amour.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 187. 9. Le but allait être atteint, parce que l'action s'était inspirée d'une France qui resterait la France pour ses enfants et pour le monde. Or, en dépit des malheurs subis et des renoncements affichés, c'est cela qui était vrai. Il n'y a de réussite qu'à partir de la vérité.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 90. Rem. 1. Affiché pris adjectivement a facilement au sens fig. une valeur dépréc. : il indique une exagération contrevenant aux convenances soc. ou aux lois de la mor. privée ou publique. 2. Affiché se rapproche parfois du sens de affecté, dont il se distingue d'ordin. par l'exacte vérité de l'obj. désigné : 10. ... on se trouve alors en présence d'un état qu'il faut interpréter à l'opposé de sa signification immédiate : cette indifférence affichée cache une sensibilité maladive et farouche, cette brutalité, une grande tendresse déçue et rebutée, cette pruderie, des sens tumultueux, cet acte de courage, une panique qui s'est fuie comme en avant d'elle-même.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 65. STAT. − Fréq. abs. litt. : 236. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 284, b) 468; xxes. : a) 339, b) 306. |