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ADVERSAIRE, subst. et adj.
I.− Emploi subst. Personne du parti opposé sur laquelle on veut remporter l'avantage.
A.− [Dans un combat, un duel, une compétition sportive, un jeu] :
1. Vous vous battez au pistolet, à vingt-cinq pas, marchant à volonté l'un sur l'autre, jusqu'à une distance de quinze pas. Vous avez chacun cinq pas à faire et trois coups à tirer, pas davantage. Quoi qu'il arrive, vous vous engagez à en rester là l'un et l'autre. Nous chargeons les pistolets de votre adversaire et ses témoins chargent les vôtres. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 524.
2. Mon compagnon n'est plus un « sale gosse » avec lequel il est insoutenable de penser qu'on puisse rivaliser en quoi que ce soit. Le voici l'homme, l'égal, enfin l'adversaire. Il a quinze ans, j'en ai vingt-quatre, et plus rien ne m'occupe que le désir et la volonté de prouver que je suis plus fort que lui. H. de Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 266.
3. ... les dieux ont créé autour d'eux tant d'entraîneurs vivants ou non vivants! Quand ce ne serait que l'orage! Quand ce ne serait que les bêtes! Aussi longtemps qu'il y aura des loups, des éléphants, des onces, l'homme aura mieux que l'homme comme émule et comme adversaire. J. Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu,1935, I, 6, p. 60.
4. Songez qu'ici comme en toute chose, la meilleure façon de vaincre votre timidité naturelle c'est d'intimider l'adversaire ou, si vous préférez, le partenaire. Voilà, je suis assis dans mon fauteuil de bureau et j'attends votre attaque. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, pp. 42-43.
5. ... ce boxeur qui s'entraîne en portant des coups à son ombre sur le mur, qui redouble de vitesse tout en s'étudiant de près et qui corrige méthodiquement sa technique, ses réactions, ses réflexes, ses reparties, son doublé fulgurant, renouvelle la science de son coup de poing, mais qui sait aussi encaisser car il y a des jours où il se livre à un furieux adversaire, pas à son ombre, mais à son semblable, pas sur le ring, mais en pleine aventure et loin de tout spectateur, et il s'en revient battu, rossé. B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 186.
Rem. Syntagmes fréq. : coups de l'adversaire (F. Foch, Mémoires, t. 1, 1929, p. 124), épée de l'- (Stendhal, Lucien Leuwen, 1836, p. 150), jeu de l'- (J. Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935, I, 8, p. 74), loyauté de l'- (F. Mauriac, Le Bâillon dénoué, 1945, p. 436), désarmer l'- (A. Gide, Journal, 1939, p. 1290), écraser l'- (R. Rolland, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, p. 412), vaincre l'- (Alain, Propos, 1929, p. 891), avoir un - à sa taille (J. Guéhenno, Jean-Jacques, Roman et vérité, 1950, p. 148), être à la merci de son - (P. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 91).
P. anal., rare. [En parlant du personnage qui représente le parti opposé à Dieu dans le combat spirituel] L'adversaire. Le diable :
6. Dans la Perse, (...) ce fut le serpent qui, sous le nom d'Ahrimanes, forma la base du système de Zoroastre; et c'est lui, ô chrétiens et juifs! qui est devenu votre serpent d'Ève (la vierge céleste) et celui de la croix, dans les deux cas, emblème de Satan, l'ennemi, le grand adversaire de l'ancien des jours, chanté par Daniel. C.-F. de Volney, Les Ruines,1791, p. 257.
7. ... pour vous, qui me faites l'honneur de discuter avec moi, je suis un adversaire; appelez moi donc l'adversaire : voilà l'étiquette demandée. Moi. Cela ne se dit-il pas Satan, en hébreu? Lui. L'hébreu est une langue morte, soyons de notre temps; vous voyez bien que je n'ai pas le pied fourchu. L. Ménard, Rêveries d'un païen mystique,1876, p. 40.
Syntagmes rencontrés : le vieil adversaire (J. Green, Journal, 1939, p. 178), le grand adversaire (J. Green, Journal, 1939, p. 234).
B.− [Dans un procès] :
8. Walstein était fort heureux, il venait de s'accrocher à une des choses sérieuses de la vie. Il avait un procès, on lui envoyait des assignations comme au premier venu. Il ne sortait plus sans un portefeuille plein de papiers timbrés, il en étalait dans son salon, il disait mon procès, mes adversaires, mes juges, mon avocat. A. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 227.
C.− [Dans une confrontation d'idées ou d'opinions] :
9. Quel ordre social ils nous proposent, ces partisans du despotisme et de l'intolérance, ces ennemis des lumières, ces adversaires de l'humanité, quand elle porte le nom de peuple et de nation? G. de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française,t. 2, 1817, p. 447.
10. Il [le docteur] avait une contenance vulgaire, et pourtant une physionomie extraordinaire et frappante. Quand le docteur croyait avoir convaincu son adversaire, et dès qu'il parlait à quelqu'un, il avait un adversaire à convaincre et un partisan à gagner, ses sourcils se relevaient d'une façon démesurée et ses petits yeux gris ouverts comme ceux d'une hyène, semblaient prêts à lui sortir de la tête. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 163.
11. Entre l'enthousiasme de 1820 et le positivisme de 1860, l'expérience interposée a mis l'homme en défiance et en défense; d'amant, il est devenu parfois ennemi, souvent adversaire, plus souvent spectateur et tout au plus ami. Ami après escarmouche et sous toutes réserves. H. Taine, Notes sur Paris, vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge,1867, p. 230.
12. Quand donc ils combattaient, quand ils évinçaient sournoisement Brunetière, ils n'avaient pas même cette excuse de combattre et d'évincer sournoisement un adversaire et un ennemi. Ni un ennemi de leurs idées, ni un ennemi de leurs personnes. Ils combattaient leur propre père, et leur propre auteur, et l'homme de leur bord qui avait plus de talent qu'eux. Ch. Péguy, L'Argent,1913, p. 1182.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : adversaire déclaré (É. Zola, Pot Bouille, 1882, p. 219), adversaire politique (E. et J. de Goncourt, Journal, 1896, p. 238), - redoutable (V. de Jouy, L'Hermite de la chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 165), irréductible - (J. Guéhenno, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 62), ardents adversaires (E. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 369), -de l'ordre établi (Id., Drames philosophiques, Caliban, 1878, V, 1, p. 431) : 2. Adversaire, ennemi désignent des pers. de partis différents et d'intérêts opposés entrées en compétition ou en conflit; les ennemis sont opposés sur le plan des pers. et cherchent à se faire du tort, les adversaires, opposés sur le plan des intérêts et des actions, ne visent qu'à remporter l'avantage. 3. Adversaire se dit aussi au fém. en parlant d'une femme avec valeur iron. : ma belle adversaire (J.-A. de Gobineau, Les Pléiades, 1874, p. 60).
II.− Emploi de valeur adj., rare :
13. Tout est adversaire, tout est ennemi aux personnages de Racine, ils sont tous ennemis les uns des autres et ils ne parlent jamais que pour mettre l'adversaire dans son tort et ainsi justifier d'avance ensemble, en dedans, les cruautés qu'ils exerceront sur lui, comme lui-même a déjà justifié les cruautés qu'il exercera sur eux. Ch. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 775.
14. En avant des maisons éventrées, Ramos passa devant une vingtaine de corps allongés, parallèles et confus, tous semblables devant les décombres. Il arrêta l'auto, siffla pour appeler une ambulance. Anarchistes, communistes, socialistes, républicains, comme l'inépuisable grondement de ces avions mêlait bien ces sangs qui s'étaient crus adversaires, au fond fraternel de la mort... A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 723.
Rem. Il s'agit en fait de l'emploi normal, en position d'attribut, d'un subst. sans article avec valeur qualificative; de tels emplois sont particulièrement usuels pour des subst. à contenu affectif : (ami, ennemi, frère, etc.) ou classificateur (fonctionnaire, administrateur, juge, professeur, écrivain, poète, sculpteur, etc.). La fréq. de chaque mot dans cet emploi est fonction de l'usage.
Prononc. ET ORTH. : [advε ʀsε:ʀ]. Enq. : /adveʀse2 ʀ/. − Rem. À propos des 3 mots adversaire, adverse, adversité, Fér. Crit. t. 1 1787 fait la rem. suiv. : ,,Pendant longtemps les sentiments étaient partagés sur la prononciation du d dans ces trois mots; Th. Corneille, Ménage et La Touche, d'après eux, soutenaient qu'on ne le prononçait pas; les Mrs. de L'Acad., les Auteurs du Dict. de Trév. et autres, étaient d'un avis contraire sans doute, puisqu'ils n'avertissent pas que le d soit muet. Aujourd'hui, il n'y a plus de dispute, et tout le monde le prononce.`` s.v. adversaire, en partic. il précise : ,,Quelques uns prononcent aversaire sans d, d'autres l'écrivent de même; les uns et les autres pèchent contre l'usage.``
Étymol. ET HIST. − 1. 1135 « diable » (Wace, Vie de Sainte Marguerite 660 ds Keller, Ét. descriptive sur le vocab. de Wace, p. 180 a : Li Sains Espir del ciel descende E d'aversaire les deffende). − 1204 (Renclus de Moiliens, Carité, CLXXIX, 1 ds Gdf. Compl.; 2. 1155 « celui qui s'oppose à qqc. » (Wace, Roman de Rou, III, 10353, Keller, op. cit., 257 b : Robert vint de Jerusalem, Grant joie en firent a Roem; Normendie a tote saisie E tote l'out en sa baillie; N'i a trové nul aversaire, Partot pour ço que il volt faire); 3. 1160 « ennemi » (Wace, Roman de Brut, 13848, Keller, op. cit., 272 b : ... Engleis sunt nostre adversaire). Empr. au lat. adversarius, à l'emploi 2, Cic., Off., 3, 86 ds TLL, 846, 56 : gravem adversarium imperii sustulisset; en lat. chrét. adversarius a été empl. au sens 1 dep. Tertullien, Test. anim., 5, ibid., 846, 42; au sens 3 « ennemi (de la patrie) » dep. Caecilius, Com., 299, ibid., 845, 76; cf. forme pop. a. fr. aversier dep. Roland. − Rem. Aversaire a été de peu précédé d'un doublet aversier « ennemi, diable » (1131-1137, Cour. Louis, 347 : Ja nos requierent paien et aversier; 505 : on li ameine le rei Corsolt en piez, Lait et anchais, hisdos come aversier).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 761. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 3 159, b) 3 461; xxes. : a) 3 357, b) 5 173.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Bonnaire 1835. − Bruant 1901. − Daire 1759. − Fér. 1768. − Guizot 1864. − Kold. 1902. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Le Breton Suppl. 1960. − Marcel 1938. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Synon. 1818.