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ADVERBE, subst. masc.
GRAMM. Partie du discours neutre et invariable qui peut être rapportée à un verbe, à un adjectif, à une préposition ou à un autre adverbe, c'est-à-dire à toute partie du discours (autre que l'article et les déterminatifs) qui se réfère elle-même à un terme lui servant de support. Mot appartenant à cette partie du discours :
1. L'Adverbe sert à modifier, soit un adjectif, soit un verbe, soit un autre Adverbe; c'est-à-dire qu'il marque quelque manière, quelque circonstance de ce qui est exprimé par l'un ou par l'autre ... Gir. t. 2 1834, p. 902.
2. Espèce de mot toujours invariable et dont la fonction la plus ordinaire est de modifier le verbe, soit par une idée de degré (...), soit par une idée de manière (...), soit par une idée d'époque ou de temps, soit enfin par une idée de lieu (...). L'adverbe peut aussi modifier un adjectif (...) ou enfin un autre adverbe. Besch.1845.
3. Adverbe. Partie invariable du discours qui modifie les verbes ou les adjectifs. Littré.
4. Adverbe. Partie invariable du discours, qui se joint avec les verbes et avec les adjectifs, et qui les modifie de diverses manières. Ac.1835-1932.
5. L'adverbe est un complément circonstanciel de forme invariable qui sert à exprimer la manière, le temps, le lieu, la quantité, etc. On range aussi parmi les adverbes les mots ou expressions qui indiquent l'affirmation, la négation ou l'interrogation. Gramm. Ac.1932, p. 188.
6. Les mots pleins exprimant les attributs abstraits de procès sont appelés adverbes. (...) les adverbes expriment les attributs des procès, c'est-à-dire les circonstances dans lesquelles interviennent ces procès. Tesn.1959, p. 62, 74.
7. L'adverbe, qui ne peut, en principe, être incident au substantif mais porte sur l'adjectif et le verbe, c'est-à-dire sur ce qui est déjà incident (ou, mieux, sur une incidence), possède ainsi une incidence externe du deuxième degré : il assigne, en dehors de ce qu'il désigne, le mouvement d'assignation de l'adjectif ou du verbe au substantif. G. Moignet, L'Adverbe dans la locution adverbiale, Cahiers de psychomécanique du langage,1961, no5, p. 18.
COMMENTAIRE GRAMM. − 1. L'adv. peut porter sur un seul terme (cf. infra a), sur un groupe de mots (cf. infra b) ou sur toute une prop. (cf. infra c); il peut aussi, à travers le terme auquel il est rapporté syntaxiquement, modifier en fait le sens de tout le syntagme auquel ce mot appartient (cf. infra d) : a) une écriture peu lisible; b) Pierre travaille sérieusement (le travail de Pierre est sérieux); c) il est venu non parce qu'il nous aime mais parce qu'il est curieux; d) il n'est pas venu parce qu'il nous aime mais parce qu'il est curieux (ne... pas se rapporte syntaxiquement à être, mais nie en fait est venu, parce qu'il nous aime). 2. L'adv. fournit selon les cas un apport purement formel, analogue à celui d'un affixe (cf. infra a), un apport sém. (cf. infra b), une détermination circ. (cf. infra c) ou une caractérisation modale de phrase (cf. infra d) : a) une pomme très rouge (très, affixe augmentatif); l'incident ne peut pas s'expliquer (« est inexplicable »); b) Pierre attend vainement (l'attente est qualifiée de vaine); un enfant physiquement faible (la faiblesse est physique); c) il partira demain, il habitera ici... d) heureusement (qu')il est parti à temps; sans doute (qu') il arrivera par le train. 3. Changements de catégorie gramm. − a) Certains morph. fonctionnent tantôt comme prép., tantôt comme conj., tantôt comme adv. : prép./ adv. : après, contre, depuis... : on ne l'a plus vu depuis (la dernière rencontre). − Rem. Le fr. dit pop. ou fam. est plus hardi dans ces changements : voter pour, contre; venir avec, aller sans, etc.; conj./adv. : comme, quand, que, si... : Que vous êtes matinal! b) Inversement, certains adv., apr. évidement sém. plus ou moins prononcé, entrent dans des loc. conj. de subordination (alors que, aussitôt que, bien que, encore que, lorsque...) ou fonctionnent comme prédéterminants du subst. (beaucoup de..., peu de..., bien des..., combien de..., tant de...). Quelquefois ils se prêtent à la substantivation (le peu). c) Un certain nombre d'adj. sémantiquement aptes à qualifier un procès peuvent être empl. comme adv. : fort, bon, clair, creux, droit, haut... (cela sent bon). D'autre part, le discours crée aussi des adv. de discours à partir de subst. ou de prop. translatés, les uns au moyen de prép. (subst. inactualisés [il se bat avec courage, il se bat courageusement] ou actualisés [il se bat avec un grand courage, il se bat très courageusement]) et il s'agit alors de loc. adv. ou de compl. circ.; les autres au moyen de conj. (il partira dès qu'il aura reçu la lettre) et il s'agit alors de prop. sub. circ. d) En revanche, peu d'adv. connaissent un emploi adj. (exceptionnellement, bien : un homme bien, mais seulement dans la lang. fam.). 4. Classements. − a) Selon le sens : adv. de lieu, de temps, de comparaison; de manière; de quantité (ou d'intensité); d'affirmation, de négation, de doute... b) Selon le degré de prédicativité* (degré d'autonomie par rapport au mot auquel l'adv. est rapporté; notion de ling. guillaumienne) : toujours prédicatifs : adv. de manière en -ment; adj. adverbialisés; adv. dérivés de subst. (davantage...) et, en gén., les adv. de lieu, de manière et de temps (vite, là, ici); tantôt prédicatifs, tantôt non prédicatifs : beaucoup, peu, plus, moins, trop, bien... : il gagne bien (beaucoup, peu, trop...); vous êtes bien (peu, trop, moins) fatigué, très fatigué; faiblement ou non prédicatifs : si, très, ne, pas, point...
Prononc. − Forme phon. : [advε ʀb]. Enq. : /adve2 ʀb/. 2. Dér. et composés : adverbal, adverbial, adverbialement, adverbialiser, adverbialité.
Étymol. − 1236 gramm. (D'Andeli, Bataille des sept ars, 384 ds Gdf. Compl. : Averbes est pars d'oroisons); jusqu'au xvies. adverbe a pu désigner tout mot placé près d'un autre pour en déterminer l'emploi, en part. les prép. (1752, La Ramée, Gramm., ch. 18 ds Hug.). Empr. au lat. adverbium « adverbe » (dep. Quintilien, Institutio oratoria, 1, 4, 19 ds TLL s.v., 841, 1 : mixtum verbo participium, ipsis verbis adverbia). HIST. − La catégorie des adv. est connue dès l'Antiquité; mais dès cette époque aussi, les grammairiens y faisaient entrer les mots les plus divers. Il s'est créé ainsi une classe hétérogène, difficile à définir. Une étude sommaire des divers essais tentés pour définir la classe des adv. fait apparaître 3 types de déf., toutes également incomplètes : a) Déf. fonctionnelle et sémantique. L'adverbe est un mot qui est en relation avec le verbe ou l'adj. dont il détermine plus exactement le sens. Cette déf., qui explicite les termes ε ̓ π ι ́ ρ ρ η μ α et adverbium par lesquels les Grecs et les Romains désignaient la catégorie de l'adv., est reprise et élargie par les grammairiens d'abord, par les lexicographes ensuite : 8. L'adverbe est une partie sans article, la signification duquel se joint communément aux verbes, qualifiant leur action ou passion, tout ainsi que fait l'adjectif les noms appellatifs ou propres. L. Meigret 1545 (Livet 1859, pp. 100-101). 9. L'adverbe est un mot sans nombre qui est adjoinct a un autre. P. Ramus 1572 (ibid., p. 232). 10. On peut prendre pour adverbes tous mots qui, sans declinaison ou conjugaison adjoints aux verbes, participes ou noms adjectifs, servent à emplir, estendre, restraindre ou autrement expliquer et modifier leur signification, dont est que plusieurs sont transportez d'autres parties d'oraison en celle-cy, et de cette-cy en d'autres, pour divers esgards. C. Maupas 1607 (Winkler 1912, pp. 214-215). 11. [L'adverbe] C'est une partie de l'oraison qui ne se décline, ni ne se conjugue, et qui se joint avec le verbe pour exprimer la manière d'agir, ou de souffrir, et quelque fois aussi avec les noms; comme : il agit constamment, il est vivement poursuivi, il est fort malade. Fur. 1690. 12. L'adverbe est un mot qui aide à mieux entendre la façon d'être ou d'agir, signifiée par le verbe. Chiflet 1697, p. 5. 13. L'adverbe est une partie d'Oraison, qui ne reçoit nulle variation, et qui sert à modifier un nom Adjectif, un Verbe, ou un Participe, c'est-à-dire, à marquer quelque qualité, quelque manière, quelque circonstance, de ce qui est signifié par l'un ou par l'autre. Estre extrêmement heureux. Parler bien, écrire mal. Il a toujours fait son devoir. Regn. 1706, p. 534. 14. Les Adverbes, établis pour modifier ceux des autres mots qui sont capables de modification, se trouvent par la nature de leur service dans un ordre subalterne, ainsi que les Adjectifs (...). Toute leur soumission consiste donc à ne se pas trop éloigner du mot qu'ils modifient. C'est même de cette proximité qu'ils tirent leur nom; car adverbe vaut autant que joint au verbe (...). Par conséquent c'est principalement pour le verbe que l'Adverbe a pris naissance. Son service s'est néanmoins étendu jusqu'à une partie des Adjectifs (...). Quelquefois même un adverbe en modifie un autre, ainsi que dans cette occasion : il parle bien obscurément. Girard Princ. t. 2 1747, pp. 138-139. 15. Cette étymologie du mot Adverbe [c'est-à-dire du mot joint au verbe] n'est bonne et vraie, qu'autant que le mot latin verbum sera pris dans son sens propre, pour signifier mot, et non pas verbe (...). En effet, l'Adverbe modifie aussi souvent la signification des noms, des adjectifs, et même des autres Adverbes, que celle des verbes. Cependant la Grammaire générale et raisonnée (Part. II, chap. 12) semble insinuer que l'Adverbe se joint plus ordinairement au verbe, et qu'il en prend sa dénomination; ceux qui ont adopté la doctrine de P. R. ont adopté cette erreur, dont on trouve le germe dans Priscien (lib. XV) et le développement dans Sanctius (Minerv. III, 13). N. Beauzée, Gramm, t. 1 1789. b) Déf. syntaxique. L'adverbe est l'équivalent d'un compl. circ.; déf. plus récente (Melanchton 1555; Port-Royal 1660; cités par V. Brøndal, Les Parties du discours, 1948, p. 53) et reprise par bon nombre de grammairiens : 16. Les adverbes comprennent non seulement des mots simples, mais plusieurs phrases [syntagmes] entieres composées de prepositions, et les mesmes prepositions se mettent aussi pour adverbes en plusieurs occasions, lorsque le sens y oblige. A. Oudin 1632 (Winkler 1912, p. 215). 17. En faisant l'énumération des différentes sortes de mots qui entrent dans le discours, je place l'Adverbe après la préposition, parce qu'il me paroît que ce qui distingue l'Adverbe des autres espèces de mots, c'est que l'Adverbe vaut autant qu'une préposition et un nom : il a la valeur d'une préposition avec son complément; c'est un mot qui abrège; par exemple, sagement vaut autant que avec sagesse. C.-C. du Marsais, Gramm. t. 1 1789. 18. Nous avons dit, Monseigneur, que l'adverbe est une expression abrégée, qui est l'équivalent d'un nom précédé d'une préposition; et nous avons donné pour exemple sagement, qui signifie avec sagesse; plus, qui signifie en quantité supérieure, etc. Cond. 1798, p. 317. c) Déf. logique. L'adverbe modifie l'ensemble de la phrase et exprime une modalité (cf. V. Brøndal, Les Parties du discours, 1948, p. 54). Toutes les déf. données ultérieurement rejoignent l'une ou l'autre de ces catégories et restent également inadéquates parce qu'elles s'appliquent en fait à une classe hétérogène, dans laquelle on range ,,à côté d'adverbes authentiques, vocables de cas prédicatif et d'incidence du deuxième degré, comme directement, vite, souvent (...), de véritables substantifs, comme hier, demain, des pronoms, comme ici, là, des particules non prédicatives qui ne sont que des morphèmes, comme très, si, ne, pas, etc.`` (G. Moignet, L'Adverbe dans la locution adverbiale, Cahiers de psychomécanique du langage, 1961, no5, p. 20).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 102.
BBG. − Bél. 1957. − Bouillet 1859. − Dagn. 1965. − Daire 1759. − Dem. 1802. − Fér. 1768. − Gramm. t. 1 1789. − Hanse 1949. − Lav. Diffic. 1846. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Springh. 1962. − Thomas 1956.