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ADVENTIF, IVE, adj.
Qui, de l'extérieur et fortuitement, s'ajoute à l'état ou à la situation d'une personne ou d'une chose.
A.− DR. (adventif ou plus rarement adventice), vx. [En parlant de biens] Acquis hors de la succession directe.
1. DR. ROMAIN
a) Acquis par les fils de famille, en nue-propriété :
1. On désigne du nom de « biens adventices », les biens que les enfants ont recueillis par droit de succession. Les biens que les enfants recevaient dans la succession de leur mère, en vertu du sénatus-consulte Orfitien, étaient en principe acquis à leur pater. Il était cependant injuste que des biens venus de la mère aux enfants fussent accaparés par le père (...). On a (...) attendu jusqu'à Constantin pour remédier à cette situation. Il a décidé, en 319, que les biens provenant de la succession de la mère formeraient désormais une masse à part, soumise à un régime spécial. Le père ne peut plus en disposer; il en a seulement la jouissance, et les enfants en ont la nue propriété. A.-E. Giffard, Précis de droit romain.Paris, Dalloz, t. 1, 1938, 1. II, titre III, pp. 220-222.
b) Acquis par l'époux d'une femme sui juris (c'est-à-dire non soumise à l'une ou à l'autre des puissances domestiques), au moment du mariage, sous forme de dot. La dot adventive :
2. À partir du viesiècle de Rome, l'usage s'établit que le père qui marie sa fille lui donne, au moment du mariage, des biens qu'elle remet au mari. La femme sui juris fait la même chose; elle prélève sur son patrimoine des biens et les lui donne. On distingue dès lors : la dot profectice (a patre profecta), constituée par le père au profit de sa fille alieni juris, et la dot adventice, constituée par la femme sui juris ou par un autre que le père (Ulpien, Reg., 6, 425). A.-E. Giffard, Précis de droit romain.titre IV, 1938, p. 244.
2. DR. ANC. Acquis par la femme après son mariage, en manière paraphernale, sans possibilité de cumul avec la dot (cf. Lar. 20e, Lar. encyclop. et Lar. 3).
B.− BOT. (adventif ou très rarement adventice).
1. [En parlant d'un organe végétal : racine, bourgeon, tige, branche, etc.] Qui se développe sur la plante en des points inaccoutumés :
3. ... nous n'avons parlé que des bourgeons normaux, ceux qui naissent dans une situation régulière et prévue, d'ordinaire immédiatement au-dessus des feuilles. Nous verrons qu'il peut s'en produire d'autres çà et là sur la tige, dans des points où il ne s'en développe pas ordinairement, et qui se sont trouvés dans des circonstances particulières favorables à ce développement. Or, ces bourgeons, qu'on appelle adventifs, se montrent aussi quelquefois sur des racines, surtout quand elles se trouvent placées dans les circonstances ordinaires de la tige. A. de Jussieu, Cours élémentaire d'histoire naturelle, Botanique, Paris, Masson, 5eéd., 1852, pp. 88-89.
4. Adventice (qui n'est pas attendu). C'est ainsi qu'on appelle tout organe qui, soit naturellement, soit à l'aide d'opérations particulières, semble se développer en dehors des conditions ordinaires. Ainsi on nomme racines adventives celles qui se développent sur diverses parties des végétaux exposées à l'air, là où, normalement, elles ne devraient pas se montrer. E.-A. Carrière, Encyclopédie horticole,1862, p. 8.
5. Mais beaucoup de végétaux possèdent d'autres racines qui se développent en divers points de la tige, remplacent la racine originelle quand elle vient à périr, ou du moins lui viennent en aide quand elle persiste. On les nomme racines adventives. (...) C'est par des racines adventives émises à leur face inférieure que les rhizomes du Chiendent, du Roseau à balais, du Carex des sables, de l'Iris, se fixent au sol; c'est encore par des racines adventives que le Fraisier et la Violette enracinent leurs rejetons épanouis à l'extrémité de longs coulants. Le Lierre escalade les rochers et les murs au moyen de brosses de crampons, développés sur la face au contact avec le support; or ces crampons sont des racines adventives, sans utilité, il est vrai, pour la nutrition de la plante tant qu'elles sont en rapport avec une surface aride; mais si le Lierre rampe à terre, ces filaments s'allongent, plongent dans le sol et prennent la forme et les fonctions des racines réelles. J.-H. Fabre, Cours complet d'instruction élémentaire, Botanique, Paris, Delagrave, 1874, pp. 77-78.
6. ... les branches normales prennent naissance immédiatement au-dessus d'une feuille. Dans certains cas, cependant, on voit des branches se produire en des points quelconques de la tige; on dit alors que ce sont des tiges adventives. Lorsqu'une tige a été blessée, lorsqu'on a coupé une branche d'un arbre par exemple, il peut se former, autour de la blessure, des tiges qui poussent sans ordre (...); ce sont des branches adventives. G. Bonnier, Éléments de botanique,Anatomie et physiologie végétales, Paris, Paul Dupont, 1889, p. 59.
7. Par suite de circonstances particulières, telles qu'une blessure, ou la présence de champignons, il peut se former en certains points des touffes de tiges anormales. On les appelle tiges adventives. A. Perrin, Cours de sciences naturelles,Géologie et botanique, Paris, Delagrave, 1899, pp. 124-125.
8. Tout bourgeon qui prend naissance hors des aisselles foliaires de la tige est dit « bourgeon adventif ». On trouve de nombreux exemples de capacité de bourgeonnement à partir de toutes sortes de tissus des plantes (...). Beaucoup de bourgeons adventifs sont d'une origine superficielle, provenant de l'épiderme des tiges ou des feuilles elles-mêmes, soit exclusivement, soit avec l'aide de quelques cellules sous-jacentes... Encyclopédie de la Pléiade, Physiologie, 1969, p. 1147.
2. [En parlant d'un embryon] Qui doit sa naissance à la division sans fécondation de certaines cellules (cf. Quillet 1934, Lar. encyclop.) :
9. La dissection d'une graine d'Orange ou de Citron est très facile à faire; elle montre que plusieurs embryons sont enfermés côte à côte dans les téguments, écrasés, déformés les uns par les autres. Il y a ici comme caractère frappant une polyembryonnie, beaucoup plus poussée d'ailleurs que celle rencontrée chez l'Alchemille; on a pu compter jusqu'à trente embryons dans une même graine. L'origine de ces embryons est intéressante : l'un est sexuel et dérive de l'oosphère fécondée par un anthérozoïde; tous les autres sont dus à un développement de cellules du nucelle, par simple bourgeonnement. On les nomme des embryons adventifs. Ils sont tous également capables de croissance. D'une seule graine peuvent donc sortir plusieurs arbres. Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 1, 1931, p. 558.
Rem. ,,Ordinairement il ne se forme qu'un seul embryon dans le sac embryonnaire, car il n'y a qu'une seule oosphère. Certaines plantes développent parfois deux ou un plus grand nombre d'embryons (Funkia, Oranger, etc.). Ces embryons se développent soit aux dépens des synergides, soit aux dépens du tissu du nucelle.`` (L. Mangin, Botanique élémentaire, Anatomie et physiologie des végétaux, Paris, Hachette, 1887, p. 312).
C.− GÉOL. (Vulcanologie). [En parlant d'un cône ou d'un cratère de volcan] Qui se forme aux abords des fissures apparues le long du cône central :
10. À la suite de cette grande manifestation explosive, la lave atteint le sommet du volcan. Alors, ou bien elle se déverse par-dessus le cratère, ou, ce qui est le cas le plus fréquent, la pression de la colonne ignée disloque le cône, formé de matériaux peu consistants, et y ouvre une fente, pour mieux dire une zone de crevasses, par où la coulée trouve une issue. Dans ce dernier cas, il se forme sur la fente plusieurs centres secondaires d'éruption, dont chacun projette, pendant quelques heures ou quelques jours, des cendres et des scories. L'accumulation de ces débris édifie des cônes adventifs, pouvant atteindre jusqu'à 300 mètres de hauteur. A. de Lapparent, Abrégé de géologie,6eéd., 1907 [1886], p. 68.
11. La paroi du cratère peut être ébréchée par des émissions de lave. Mais celles-ci se produisent la plupart du temps par des fissures du cône, éruptions latérales : les points de sortie sont marqués par des cratères et cônes adventifs, parasites. Baulig1956, § 528.
Rem. 1. Dans son emploi A, rare et exclusivement techn., adventif paraît vieilli, ou même totalement hors d'usage. L'expr. biens adventifs n'apparaît guère dans les textes des xixeet xxes., qui lui préfèrent biens personnels, biens propres (cf. Code civil, 1804, art. 384; Nouveau répertoire de droit, Paris, Dalloz, t. 3, 1964, Puissance paternelle 85). Cet emploi est traité sous la rubrique adventice dans certains dict. (Dupin-Lab. 1846, Besch. 1845, Quillet 1934, Foulq.-St-Jean 1962). 2. Adventif est associé dans les textes avec les synon. : accessoire, accidentel, aérien, anormal, épidermique, fortuit, latéral, nouveau, parasite, secondaire, superficiel; et avec les anton. : attendu, central, normal, ordinaire, originel, prévu, principal, profectice, réel, régulier, vrai. 3. En ce qui concerne les autres emplois (philos., sciences) où adventif est empl. pour adventice, cf. adventice I A 1 (ex. 1) et I B 2 b (ex. 13).
Prononc. : [ɑdvɑ ̃tif], fém. [-i:v]. Cf. advenir.
Étymol. ET HIST. − 1. Début xiies. « étranger » relig., (Livre des Psaumes, Oxford, éd. Michel, XXXVIII, 17 ds Gdf. : Aventis je sui envers tei, e estrange sicum tuit li mien perre); seulement en a. fr.; 2. 1569 dr. « (d'un bien) qui arrive par une circonstance accidentelle et non par succession directe » (Papon, Rec. d'arrests, 790 [1584], Delb. ds Quem. : biens adventifs); 3. 1853 bot. (La Châtre t. 1 : adventif, ive adj. Qui n'est pas naturellement dans une chose, qui y survient accidentellement... Même sens... que celui du mot adventice. On dit bourgeons adventifs ou adventices, plantes adventives ou adventices...). Empr. au lat. adventicius, adj. avec substitution de suff. lat. adventicius au sens 1, synon. de peregrinus dep. Cic., Manil., 24 ds TLL s.v., 834, 83; au sens 2 terme jur. dep. Id., Rab. Post., 46, ibid., 834, 36; voir aussi adventice.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 1.
BBG. − Barr. 1967. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Fér. 1768. − Littré-Robin 1865. − Prév. 1755. − Rheims 1969.