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ADOSSER, verbe trans.
I.− Verbe trans. [Suivi d'un compl. d'obj. secondaire introd. par les prép. à ou contre.]
A.− [L'obj. dir. est une ou plusieurs pers.]
1. Lang. cour. Appuyer (le dos de) quelqu'un contre quelque chose. Adosser un enfant contre la muraille pour l'empêcher de tomber (Ac. t. 1 1932) :
1. − Allons, du courage, répète Albine. Tu sais que tu m'as promis de faire cinq pas. (...) Il mit un quart d'heure pour faire les cinq pas. À chaque effort, il s'arrêtait, comme s'il lui avait fallu arracher les racines qui le tenaient au sol. La jeune fille, qui le poussait, lui dit encore en riant : − tu as l'air d'un arbre qui marche. Et elle l'adossa contre le mûrier, dans la pluie de soleil tombant des branches. É. Zola, La Faute de l'abbé Mouret,1875, p. 1333.
Rare. [L'obj. dir. désigne une partie du corps (les épaules, cf. infra II A 1 ou le dos lui-même) de la personne-sujet] Appuyer contre :
2. « La jambe de bois est noire; La guerre est un dur sentier; Quant à ce qu'on nomme gloire, La gloire, c'est d'être entier. L'infirme adosse son râble, En trébuchant, aux piliers; C'est une chose admirable, Fils, que d'user deux souliers. ... » V. Hugo, Les Chansons des rues et des bois,Liberté, 1865, p. 239.
2. P. anal., ART MILIT. [L'obj. dir. désigne une troupe, une unité militaire...] La faire prendre appui à un obstacle naturel, à une construction... de manière à empêcher une attaque par derrière. Adosser une troupe, une armée contre une colline, à une colline (Ac. 1878-1932).
B.− [L'obj. dir. désigne une chose]
1. Placer (le dos d'une chose contre quelque chose qui lui sert d'appui). Adosser une chaise à un mur, adosser un bâtiment à un autre, etc. :
3. Celui qui fait creuser un puits ou une fosse d'aisance près d'un mur mitoyen ou non; celui qui veut y construire cheminée ou âtre, forge, four et fourneau, y adosser une étable, ou établir contre ce mur un magasin de sel ou amas de matières corrosives, est obligé à laisser la distance prescrite par les réglemens et usages particuliers sur ces objets, ou à faire les ouvrages prescrits par les mêmes réglemens et usages, pour éviter de nuire au voisin. Code civil,1804, p. 123.
4. ... elle veut (...) placer à l'entrée de la grotte souterraine, un sopha, une table, et, pour les préserver de l'humidité, elle adosse ces meubles à ce mur qu'elle veut décorer aussi. H. de Balzac, Annette et le criminel,t. 3, 1824, p. 88.
2. P. anal. ou au fig. Adosser un bâtiment contre une montagne, à un rocher (Ac. t. 1 1932) :
5. ... l'éventail géographique des trois territoires circonvoisins adossant aux monts Voirons, Môle et Brézon leur périphérie, et appuyant la pointe de leurs trois segments au pied du mont Gosse, segments séparés par la Menoge, l'Arve et le Viézon qui confluent en cet endroit ... Voilà quelques-uns des détails qui me reviennent; ... H.-F. Amiel, Journal intime,31 mars 1866, pp. 204-205.
6. ... Descartes croit au libre arbitre de l'homme. Il superpose au déterminisme des phénomènes physiques l'indéterminisme des actions humaines, et par conséquent au temps-longueur une durée où il y a invention, création, succession vraie. Cette durée, il l'adosse à un dieu qui renouvelle sans cesse l'acte créateur et qui, étant ainsi tangent au temps et au devenir, les soutient, leur communique nécessairement quelque chose de son absolue réalité. H. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 345.
3. Emploi abs., AGRIC. Adosser indique une certaine manière de labourer (cf. ados) :
7. ... les labours en planche... doivent être exécutés soit en partant des rives d'un champ pour labourer en revenant vers le centre (labour dit « en refendant ») soit en partant du milieu de ce champ pour labourer en tournant autour de cette ligne médiane (labour dit « en adossant ») T. Ballu, Machines agricoles,1933, p. 106.
II.− Verbe pronom. [Il est suivi des prép. à ou contre]
A.− [Le suj. est une pers.] (cf. infra I A).
1. Appuyer son dos contre quelque chose, se mettre contre quelque chose qui sert d'appui (mur, arbre, porte, cheminée d'un appartement). (Rare), s'adosser des épaules à quelque chose :
8. Le soir, il mangeait dans une crémerie de la rue Saint-Victor, coupant son pain par petites tranches, mâchant avec lenteur, faisant traîner son repas le plus possible; puis il se renversait, il s'adossait au mur, et fumait sa pipe. On aurait dit un bon gros père. É. Zola, Thérèse Raquin,1867, p. 99.
9. ... [l'ivre-mort] se met en marche, m'arrive droit dessus, s'arrête devant moi en cherchant son équilibre, les jambes molles mais trouvant un point d'appui derrière lui, contre le « charnier », la tonne d'eau douce contre laquelle il s'adosse, se laisse aller, glisse, s'affaisse soudainement, ... B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 222.
Rem. 1. Emploi abs.
a) S'adosser.Appuyer son dos contre le dossier du siège sur lequel on est assis, ou en général contre un autre objet :
10. S'adosser, c'est une manière d'être couché debout qui n'est point haïe des songeurs. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 786.
b) [Le suj. désigne une pluralité disposée en série] S'adosser le long de quelque chose.Les hommes s'adossaient le long du mur.
Rem. 2. Emploi réciproque. [Le suj. est toujours au plur.] S'adosser dos à dos.
2. P. anal. [Le suj. désigne une troupe, un régiment] Avoir le dos tourné contre quelque chose dont on se sert comme d'un appui :
11. Deux troupes ennemies sur un champ de bataille sont deux lutteurs. C'est un bras-le-corps. L'une cherche à faire glisser l'autre. On se cramponne à tout; un buisson est un point d'appui; un angle de mur est un épaulement; faute d'une bicoques'adosser, un régiment lâche pied; un ravalement de la plaine, un mouvement de terrain, un sentier transversal à propos, un bois, un ravin, peuvent arrêter le talon de ce colosse qu'on appelle une armée et l'empêcher de reculer. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862p. 378.
Rem. L'objet contre lequel on a le dos tourné est une chose concr. (une construction ou une certaine partie de terrain), mais l'appui que cette chose apporte est surtout moral.
3. Au fig. [L'obj. sur lequel on s'appuie est une chose abstr.] S'appuyer sur quelque chose, pour s'en servir comme d'un appui :
12. Singuliers savants, singulière science. Au lieu de faire appel au moins à quelques sciences, à quelque science qui ait au moins quelque parenté avec eux, ou plutôt dont la matière ait au moins quelque parenté avec la leur, au lieu de s'appuyer, de s'adosser par exemple à la botanique, à l'anatomie et à la physiologie végétales, ... Ch. Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 815.
B.− Emploi passif du réfl. [Le suj. désigne une chose]
1. [Il désigne un objet quelconque] :
13. Le mur de droite de cette chambre, contre lequel s'adosse un lit de milieu, forme avec le mur du côté droit de la baie un angle légèrement aigu. G. Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, I, 1, p. 3.
2. [Le suj. désigne un bâtiment, une agglomération] S'appuyer contre, être appuyé contre (une autre construction ou une partie de terrain).
Au fig. [Suj. et obj. sont des notions abstr.] (Cf. I B 2 et adossé A 2) :
14. La ville s'adosse à un coteau de vignes que dominent deux plans superposés de montagnes, l'un de pâturages, l'autre de forêts : le lac est à ses pieds. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 123.
Prononc. − 1. Forme phon. : [adose], j'adosse [ʒado:s]. Pour la finale -osse, transcrite [o:s], cf. Fouché Prononc. 1959, p. 52 (cf. aussi G. Straka, Système des voyelles du français moderne, Strasbourg, Institut de Phonétique, 1950, p. 33). Enq. : / ado2s, D /. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : ados, adossement. Cf. dos.
Étymol. ET HIST. − 1. Mil. xies. « tourner le dos (au fig.), d'où renier, rejeter » (Alexis, 447, 8, éd. G. Paris : Filz Alexis molt oüs dur corage Quant adossas tot ton gentil lignage). − xves. ds Gdf.; 2. a) fin xie-début xiies. « appuyer, garnir, tapisser » (Rom. d'Alix., Richel. 1420, fo35 a ds Gdf. : Et s'avoit les murs adossez De fors engins, par deriere, Qu'il ne chaissent par perriere); b) ca 1160 pronom. « s'appuyer à » (Enéas, 5946 ds T.-L. : A un arbre s'est adosez); fin xiies. « id. en parlant d'une constr. » (Ch. d'Antioche, VI, 486 ds Gdf. Compl. : El haut estage vienent, qu'est el mur adosses); 3. part. passé adjectivé a) 1611 blas. « mis dos à dos » (Cotgr. s.v. : Adossé. Leaning, or set against; also, set backe to backe; also backed; strengthened on the backe part); 1621 « id. » (La Morlière, Antiq. d'Amiens, p. 349, ds Gdf. Compl. : Il portoit de gueules a la bande d'azur chargee de six bars addorsez d'or); b) 1762 dessin (Ac. : adossé... les Peintres, les Sculpteurs et les Antiquaires se servent du même terme, en parlant de deux têtes mises sur une même ligne en sens opposé). Dér. de dos*; préf. a-*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 264. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 118, b) 610; xxes. : a) 487, b) 399.
BBG. − Aubert de la Rüe (E.). Le Français parlé aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Vie Lang. 1969, no208, p. 406. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barb.-Card. 1963. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Caput 1969. − Chabat t. 1 1875. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Grandm. 1852. − Husson 1964. − Thomas 1956.