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ADMETTRE, verbe trans.
Recevoir quelque chose ou accueillir quelqu'un en raison de ses qualités ou de sa qualification (le suj. est un nom de pers. ou de chose).
I.− [Avec une idée d'entrée, au propre ou au fig.]
A.− [Le suj. est une pers.] Admettre qqn.Admettre quelqu'un au rang, au nombre de ses amis, aux Ordres sacrés, à la Sainte Table, à la communion (Ac. 1798-1932). Accueillir quelqu'un (dans un lieu, dans l'intimité d'un groupe), après décision prise selon des critères d'appréciation plus ou moins définis. Anton. refuser.
1. Admettre dans un lieu public :
1. Au moment où la procession allait sortir, une averse a fait rentrer tout le monde dans l'église, et j'ai été fort mouillé avant de pouvoir entrer dans le Louvre. On a ouvert dernièrement les galeries du musée des sculptures modernes, et le public y était admis aujourd'hui. J'y suis entré. E.-J. Delécluze, Journal,1825, p. 232.
2. Admettre dans un groupe dont les membres sont en nombre limité (Académie, Grandes Écoles, etc.) :
2. Or, il avait obtenu de se faire inscrire parmi les concurrents pour l'admission à l'École et à quinze ans, il était admis le premier, sur l'éloge que Carpeaux faisait de son morceau de sculpture. E. et J. de Goncourt, Journal,déc. 1889, p. 1080.
3. Qu'est-ce que le tiers-état? (à l'Académie par exemple). Rien depuis John Lemoine, qui fut, je crois, le dernier journaliste admis à l'Académie, et dont Brunetière qui le remplaça, fit l'oraison funèbre en déclarant qu'aussi bien était-ce bon pour une fois,... A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature,1936, p. 217.
3. Admettre dans une communauté religieuse :
4. Qu'est-ce que c'est que l'homme, Seigneur, pour que tu l'admettes à la connoissance des loix de ta sagesse? L.-C. de Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 271.
5. L'exil mettait donc un homme hors de la religion. « Qu'il fuie, disait la sentence, et qu'il n'approche jamais des temples. Que nul citoyen ne lui parle ni ne le reçoive; que nul ne l'admette aux prières ni aux sacrifices; que nul ne lui présente l'eau lustrale. » N.-D. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, pp. 253-254.
6. Par bribes j'appris que, trois ans auparavant, l'abbé Sancerre, clerc minoré, avait été une première fois, et sur avis favorable du chapitre général de l'ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin, à Rome, admis comme postulant au séminaire canonial de F... A. Billy, Introïbo,1939, p. 13.
4. Admettre dans une communauté d'enseignants ou d'enseignés (après décision d'un jury) :
7. Je ne sais si je vous ai dit que j'avais fait la demande au ministère de l'instruction publique du titre de répétiteur ou de maître d'étude qui est exigé pour être admis au concours de l'agrégation. M. de Guérin, Correspondance,1835, p. 214.
Rem. Syntagmes fréq. a) être admis au lycée; dans la classe supérieure; à une Grande École; b) à un examen (certificat, brevet, baccalauréat, licence, etc.) ou à un concours.
Spéc. Être définitivement admis à un examen ou à un concours, après avoir subi avec succès les épreuves qui suivent l'admissibilité (cf. admissibilité).
5. Admettre dans l'intimité d'un cercle privé :
8. Il se chargea comme allié de ma famille, de faire agréer la demande du jeune Orsini, qui voulait m'épouser. Il fut reçu comme le méritait son rang, par votre grand-père, et admis dans notre intimité. A. de Musset, Comédies et proverbes,Les Caprices de Marianne, 1834, I, 2, p. 240.
9. Une double intrigue, cela rentrait dans la meilleure tradition. Quel pied de nez aux puissances funèbres! Quel gage au frivole! Je me sentais en passe d'être admis dans une chevalerie séculaire, experte en l'art de vivre, dont les prouesses élégantes emplissent la littérature. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 193.
Au fig.
a) DR. Admettre quelqu'un à se justifier, à ses preuves justificatives, à ses faits justificatifs, à faire preuve, à prouver (Ac. 1835-1932). Faire entrer quelqu'un dans la jouissance d'un droit.
b) ADMIN. Admettre quelqu'un à faire valoir ses droits à une pension de retraite (Ac. t. 1 1932).
Rem. Syntagme fréq. : se faire admettre. Réussir à pénétrer dans un groupe fermé :
10. ... car Madame Alicia était scrupuleusement fidèle à l'observance des moindres règles et elle n'y eût pas voulu manquer d'une seconde. « Allons, me disait-elle en m'ouvrant sa porte, que je grattais d'une certaine façon pour me faire admettre, voilà encore mon tourment! G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, pp. 151-152.
11. Ceux-ci manœuvrèrent de telle sorte qu'ils parvinrent à se faufiler, à se faire admettre, alors même que le besoin de ne plus les voir commençait à se faire impérieusement sentir. L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 244.
B.− [Le suj. est une chose servant de contenant] Admettre + inanimé concr. ou coll. d'animé.Tolérer l'entrée ou la présence d'une chose dans une autre :
12. Ce poumon est une cavité plus ou moins grande, qui communique au-dehors par un trou étroit, lequel peut s'ouvrir et se fermer au gré de l'animal; et la cavité, se dilatant ou se contractant en même temps, admet l'air ou l'expulse. G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 4, 1805, pp. 423-424.
13. Outre les sept pensionnaires internes, Madame Vauquer avait, bon an, mal an, huit étudiants en droit ou en médecine, et deux ou trois habitués qui demeuraient dans le quartier, abonnés tous pour le dîner seulement. La salle contenait à dîner dix-huit personnes et pouvait en admettre une vingtaine;... H. de Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 17.
Au fig. :
14. Il en est de même des ouvrages de Pigalle, comparés à ceux de Bouchardon. Il n'y a qu'une nature pure, svelte, élémentaire, idéale, qui soit susceptible d'admettre et de recevoir la pureté du trait et la perfection du coloris. J. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, pp. 17-18.
II.− [Avec une idée de reconnaissance, d'acceptation par l'esprit]
A.− Admettre + nom de chose abstr.Reconnaître la valeur d'une chose.
1. [La valeur est une valeur de vérité] Reconnaître pour vrai ou digne d'adhésion :
15. Il n'est pas plus difficile de croire le tout qu'une partie, et lorsqu'on admet l'incarnation, il n'en coûte pas davantage d'adopter la présence réelle. F.-R. de Chateaubriand, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 352.
16. David s'aperçut qu'il n'y avait pas moyen de discuter avec son père. Il fallait tout admettre ou tout refuser, il se trouvait entre un non et un oui. Le vieil ours avait compris dans l'inventaire jusqu'aux cordes de l'étendage. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 15.
17. D'où il suit qu'un état d'épreuve devait précéder l'état final de la béatification, et cet état d'épreuve, fondé sur le libre arbitre, renfermait nécessairement la possibilité de croire ou de ne pas croire, d'admettre ou de repousser la vérité, c'est-à-dire la liberté de l'entendement. H.-D. Lacordaire, Conférences de Notre-Dame,1848, p. 141.
18. Les idées sont bien puissantes par elles-mêmes, mais il y a quelque chose de plus puissant qu'elles; c'est l'esprit qui les admet, qui se les assimile et qui les tourne en sa substance propre. P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,1883, p. 250.
19. Et sans doute fallut-il d'abord que je reconnusse combien mauvaise était une forme de société qui garantit le bonheur de quelques privilégiés par la misère du plus grand nombre, pour m'aviser que nombre de ces notions que j'avais admises et que je tenais pour acceptables, sur lesquelles œuvrait ma pensée, ne s'étaient formées qu'à la faveur de cette inégalité et faisaient elles-mêmes partie d'un système qui me paraissait condamnable. A. Gide, Journal,Feuillets, 1937, p. 1280.
2. [La valeur est une valeur d'existence] Reconnaître comme existant (ou comme probable, possible, etc.) :
20. Il ne faut donc pas de crédulité dans les faits entourés de merveilleux; il faut chercher l'explication des phénomènes. Il faut admettre tout comme possible, mais il faut tout vérifier. Le médecin doit accepter tout ce que le peuple dit, non pour le croire, mais pour le vérifier. C. Bernard, Principes de médecine expérimentale,1878, pp. 249-250.
21. − C'est une bonne comédie que de voir tous ces Dreyfusards du surlendemain plaider le secret, le huis clos, et précisément en matière de nomination à une fonction publique; et à une fonction publique aussi importante. Et non pas même le plaider, mais l'établir, mais l'admettre, le trouver, le déclarer tout naturel et tout admis. Établir une connivence universelle. Ch. Péguy, L'Argent,1913, p. 1277.
22. Il fallait admettre, accepter l'impossible, identifier un Paul inconnu. Agathe se précipita, s'agenouilla, constata qu'il respirait. Elle entrevit un espoir. J. Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 179.
3. [La valeur est un dr.] Admettre les raisons, les excuses de quelqu'un, une requête (Ac. 1835-1932). Reconnaître la légitimité de quelque chose :
23. Quand Caïn tuera et se vengera au sextuple, suivant la prophétie de Dieu, Caïn croira tuer et se venger justement, et celui contre qui il sévira éprouvera une sorte de prestige et de fascination, qui lui fera admettre et reconnaître jusqu'à un certain point le droit de Caïn; car lui-même, lui, agresseur de Caïn, n'a pas d'autre droit que Caïn. P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, pp. 575-576.
24. La mode fait tout admettre, tout excuser, tout tolérer, tout admirer. Le juge intérieur se tait; on reçoit sa loi de l'opinion courante. H.-F. Amiel, Journal intime,4 janv. 1866, p. 43.
25. La force a non seulement le pouvoir; il est possible qu'elle ait providentiellement une sorte de droit. La société du moins ne reconnaît, ne compte et n'admet que les forces. H.-F. Amiel, Journal intime,21 janv. 1866, p. 87.
26. Enfin, et surtout, le verbe hébraïque que saint Jérôme a rendu par stetit n'admet pas d'autre sens que se tenir debout ou s'arrêter, avec tous les sens figurés, dans la conjugaison où il est employé ici. J. Green, Journal,1947, p. 83.
[Souvent avec une idée de résignation] Tolérer :
27. Toutefois l'harmonie essentielle au plan général du monde souffre certains écarts, admet certaines exceptions, et parfois même détermine ou présuppose certaines discordances partielles. A. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 601.
28. Je finis par comprendre que la seule entente possible restait d'ordre négatif : il y avait ce que nous étions bien forcés d'admettre, fût-ce provisoirement, et ce à quoi nous nous refusions à consentir : le mensonge. A. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1235.
Spéc., DR. :
29. 1338. L'acte de confirmation ou ratification d'une obligation contre laquelle la loi admet l'action en nullité ou en rescision, n'est valable que lorsqu'on y trouve la substance de cette obligation, la mention du motif de l'action en rescision, et l'intention de réparer le vice sur lequel cette action est fondée. Code civil,1804, p. 242.
30. Pour moi, je suis encore dans l'incertitude de ce que je deviendrai. Cela dépendra de savoir si ma requête en cessions de biens sera admise par le tribunal. Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1832, p. 234.
P. ext., PSYCHOL. [En parlant de pers.] S'admettre (l'un l'autre).Reconnaître à quelqu'un le droit à une existence autonome, personnelle :
31. Les jeux communs ont l'avantage d'apprendre aux deux sexes à s'admettre l'un l'autre et à ne pas chercher à jouer chacun le rôle de l'autre. Les détourner l'un de l'autre pour les « préserver », c'est ouvrir la porte à toutes les anomalies, ou du moins retarder, avec la maturation sexuelle normale, l'équilibration définitive du caractère. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 150.
B.− Admettre que
1. + ind. Accepter l'idée que quelque chose existe, a existé, ou existera :
32. Nous sommes étonnés, parfois, de leurs confidences; de ces cœurs qui, devant nous, s'ouvrent malgré eux; de ces regards sur nos mains comme s'ils attendaient, s'ils espéraient quelque chose. Plusieurs ont même gardé une connaissance vague de la communion des saints; ils ne repoussent pas les prières qu'on leur offre, ils admettent que des épaules innocentes plient sous le fardeau écrasant de leur propre crime; ils comptent obscurément sur ils ne savent quelle réversibilité. F. Mauriac, Journal1, 1934, p. 58.
2. + subj. Formuler l'hypothèse provisoire que quelque chose puisse être :
33. Au lieu d'ammoniaque, on pourrait essayer d'autres genres de réactifs. J'admets que vous ayez raison... − Comment vous admettez, c'est bien heureux... − Je reconnais que vous avez raison... − Vous reconnaissez, cela m'est égal. − Mais que voulez-vous donc?... Vous ne devez pas hésiter à dire hautement que mon adversaire a tort et que c'est un imbécile. C. Bernard, Cahier de notes,1860, p. 157.
Rem. 1. Admettre se trouve fréquemment en assoc. syntagm. avec des subst. du vocab. intellectuel : existence (A. Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 178); conséquences (L.-G.-A de Bonald, Législation primitive, t. 1, 1802, p. 285); définition (P. Leroux, De l'Humanité, t. 1, 1840, p. 152); argument (C. Bernard, Principes de médecine expérimentale, 1878, p. 110); idée (ex. 18); vérité (ex. 17). Admettre implique une opération intellectuelle par laquelle on réserve son jugement, on ne se prononce pas sur la chose elle-même, mais sur la possibilité d'existence de la chose. Admettre signifie alors accepter, ou recevoir une hypothèse à titre d'instrument intellectuel (en math. et dans les sc. p. ex.) c.-à-d. ,,de principe probable ou approché dont l'usage est plus ou moins complètement justifié par les prévisions ou les applications qu'il rend possibles`` (Lal. 1960). Admettre signifie également reconnaître la vérité, l'exactitude, soit d'une démonstration log., soit d'un principe moral ou relig. On a donc 2 moments de la démarche intellectuelle, admettre signifiant soit le point de départ de la recherche (sans que cela implique vérité ou fausseté du principe admis), soit son aboutissement : reconnaissance d'une vérité d'ordre rationnel ou métaphys. 2. La liaison entre les sens I et II s'explique historiquement par une ell. : de admettre (« faire entrer ») dans un lieu ou dans un groupe (sens I) on passe à admettre (« faire entrer ») dans son esprit, c.-à-d. « reconnaître ». Il n'est pas impensable que cette liaison subsiste dans la profondeur de la lang.; d'où le maintien des 2 sens sous une même entrée.
Prononc. − 1. Forme phon. : [admεtʀ ̥], j'admets [ʒadmε]. Enq. : /adme1, D; adme2t/. Conjug. mettre. 2. Dér. et composés : admis, admissibilité, admissible, admissionnal (cf. Ac. 1842), admittance, admittatur (cf. Lar. 3), inadmissibilité, inadmissible, réadmettre, réadmissible, réadmission. Cf. aussi mettre.
Étymol. ET HIST. − 1. 1165 trans. « charger qqn de qqc. (blâme), imputer » (Guill. d'Angl., 2994 ds T.-L. : Ne los ne blasme ne vos met, Et l'un et l'autre vos amet). − 2emoitié xves. Jean de Stavelot ds Gdf.; 2. a) xiiies. « agréer, recevoir qqn qq. part comme ayant qualité pour y entrer » (Serm. poit., 198 ds T.-L. : la poestez... de vos admettre en la gloire daus ceaus), d'où p. ext. b) 1637 « (ici en parlant d'un inanimé) comporter, souffrir » (Corn., ... Cid, I, 8 ds Littré : Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur); c) 1644 admettre qqc. à « permettre à qqc. de » (Rotrou, Bélis., V, 5, ibid. : Admettez l'innocence à réprimer l'outrage); 3. p. anal. 1680 « considérer (qqc.) comme recevable, vrai (sur le plan intellectuel) » ds Rich. t. 1 s.v. : on n'admet que deux principes des êtres naturels, la matière et la forme). Empr. du lat. admittere attesté au sens 2 a dep. Plaute, Asin., 236 ds TLL s.v., 749, 46 : nec quemquam interea alium admittat... quam me ad se virum; au sens 2 c chez Quint., Declamationes, 315, p. 240, 4, ibid., 755, 1 : natura ipsa videbatur admittere, ut in eadem acie pater fortiter faceret, filius desereret. Le sens 1 n'est pas attesté en lat. : il représente prob. un emploi fig. de « charger, mettre sur » (cf. le syntagme fréq. et synon. metre sus a qqn).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 5 451. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 6 118, b) 7 620; xxes. : a) 7 456, b) 9 393.
BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Bruant 1901. − Caput 1969. − Dem. 1802. − Dup. 1961. − Éd. 1913. − Fér. 1768. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Hanse 1949. − Kold. 1902. − Laf. 1878. − Lal. 1968. − Lav. Diffic. 1846. − Sommer 1882. − Synon. 1818. − Thomas 1956.