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ADMINISTRATION, subst. fém.
I.− [L'obj. de l'administration est un domaine de l'activité publique ou privée, parfois exprimé par un compl. de nom précédé de la prép. de]
A.− Action d'administrer des affaires, des biens, des personnes (cf. administrer I A) :
1. Elle [une assemblée représentative] ne s'occuperait que d'administration et jamais de gouvernement, aurait plutôt des avis à donner que des volontés à exprimer, et, à vrai dire, ne serait chargée que de discourir sur les lois sans les faire. A. de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 237.
2. ... [l'Église a] − une vocation commune servie par une organisation infiniment complexe et détaillée, un gouvernement et une administration d'elle-même, et par-dessus tout cela, un nom et au-dessus du nom, une couronne. P. Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 103.
3. L'administration et la gestion de ces centres géants, véritables villes de techniciens, posent des problèmes nouveaux parmi les plus difficiles à résoudre pour le CEA [Commissariat à l'énergie atomique]... B. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 245.
[Avec un compl. de + nom de la pers. qui administre] :
4. L'Orient latin était en paix sous la sage administration de Henri de Champagne, lorsque l'empereur germanique Henri VI qui venait de joindre à l'Allemagne le royaume normand des Deux Siciles, annonça l'intention de reprendre la croisade de son père Frédéric Barberousse. R. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 287.
Spéc., DR. CIVIL. L'administration de la communauté; administration légale (des biens des mineurs ou incapables) :
5. 267. L'administration provisoire des enfans restera au mari demandeur ou défendeur en divorce, à moins qu'il n'en soit autrement ordonné par le tribunal, sur la demande soit de la mère, soit de la famille, ou du commissaire du gouvernement, pour le plus grand avantage des enfans. Code civil,1804, p. 50.
Administration d'une société (anonyme) (par un conseil d'administration).
[Avec une idée de valorisation] Bon exercice du pouvoir administratif :
6. La méthode qui consiste à examiner les faits selon les règles de la critique est inconciliable avec la bonne administration de la justice. A. France, Crainquebille, Putois, Riquet,1904, p. 32.
7. L'administration est une science d'expérience et d'observation. Lar. 20e.
P. anal.
Littéraire :
8. Mortels, occupez-vous de l'ordonnance de vos facultés. Vous avez le pouvoir d'y produire la paix et l'harmonie, comme Dieu produit la vie dans vos essences. Votre essence et le nombre de vos facultés viennent de lui; mais l'ordonnance et l'administration de vos facultés doivent venir de vous. L.-C. de Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 93.
Pop. Art d'avoir de l'ordre dans la conduite d'un ménage, de sa vie privée, etc. :
9. ... − un bien bon homme que M. Mauger... et, tout seul, ma petite... autant dire que je suis la maîtresse... dame! ... un ancien capitaine... c'est naturel, n'est-ce pas? ... ça n'a pas d'administration... ça n'entend rien aux affaires de ménage... ça aime à être soigné, dorloté... son linge bien tenu... ses manies respectées... de bons petits plats... s'il n'avait pas, près de lui, une personne de confiance, il se laisserait gruger par les uns, par les autres... O. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 60.
10. − Vois-tu, dans la vie, Célestine, il faut de la conduite... il faut ce que j'appelle de l'administration. Toi tu n'as pas de conduite... tu n'as pas d'administration... tu te laisses emporter par tes nerfs... les nerfs, dans notre métier, c'est très mauvais... O. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900p. 356.
Rem. 1. Syntagmes fréq. : conseil(s) d'administration (Ch. de Gaulle, Mémoires, L'Appel, 1954, pp. 478-479; etc.); - de(s) biens (M. Proust, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, p. 685; etc.). 2. Noter le parallélisme entre les types d'oppos. de administration et ceux du verbe administrer, en partic. (cf. ex. 1 supra) le couple administration/gouvernement (cf. administrer, ex. 3). 3. Dans l'arg. des grandes écoles, on rencontre des formes abrégées de administration : administr. (G. Moch, X-Lexique, vocabulaire de l'argot de l'École Polytechnique, 1878, p. 15), stration, strass, stra.
B.− Organes de l'action administrative
1. [L'accent est mis sur le pouvoir, sa nature, son origine]
Pouvoir administratif :
11. Charlemagne concentra l'administration en sa personne. Lar. 20e.
Le gouvernement, considéré dans son action administrative. Administration publique (souvent abrégé en administration; iron. avec un A majuscule) :
12. Les préfets reçoivent et exécutent les ordres de l'administration. Nouv. Lar. ill.
2. [L'accent est mis sur les pers. qui assurent le pouvoir] Ensemble des personnes chargées d'administrer, dans les domaines public ou privé. L'administration des domaines, des douanes, des hospices, des postes, etc. Il est attaché à telle administration. Il est en procès avec telle administration (Ac. t. 1 1932) :
13. Discours de Pécuchet, pédantesque. Sottises du gouvernement et de l'administration, − trop d'impôts, deux économies à faire : suppression du budget des cultes et de celui de l'armée. On l'accuse d'impiété. G. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 188.
14. Sur les sacs d'écus, Notre-Seigneur aurait écrit de sa main : « danger de mort » comme fait l'administration des ponts et chaussées sur les pylônes des transformateurs électriques, et on voudrait que... G. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1074.
Spéc. Les chefs responsables d'une administration :
15. Je souhaite de tout mon cœur que l'administration de l'Opéra procure jamais aux oreilles de nos dilettanti quelques-unes des jouissances que vous dépeignez si bien, mais j'en doute fort; ... Stendhal, Racine et Shakespeare,t. 2, 1825, p. 71.
C.− P. méton.
1. Lieu où se réunit et travaille un ensemble de personnes qui administrent :
16. J'ai passé devant l'église Saint-Olaf, patron des Vikings, pareille à un temple aztèque, avec sa ceinture de têtes de mort, j'ai longé les murs de la tour normande enfoncée dans ses douves et qui bouche l'horizon de sa masse de pierres noires et blanches, et j'erre autour de l'administration du port de Londres (port of London authority). P. Morand, Londres,1933, p. 305.
2. Temps pendant lequel une personne administre :
17. Solon réduisit à dix ans l'administration des archontes. Lar. 20e.
II.− [L'obj. de l'administration est une chose partic., concr. ou abstr.] Action d'administrer, c'est-à-dire de donner, fournir, distribuer, faire bénéficier quelqu'un de quelque chose (cf. administrer I B) :
18. « (...) Quant à la preuve, ce n'est pas moi, mais l'Histoire, à son achèvement, qui l'administrera. » Une pareille prétention ne peut entraîner que deux attitudes : ou la suspension de toute affirmation jusqu'à l'administration de la preuve, ou l'affirmation de tout ce qui, dans l'Histoire, semble voué au succès. La force en premier lieu. A. Camus, L'Homme révolté,1951, p. 185.
Rem. Syntagmes usuels : a) administration d'un remède, des sacrements, etc.; b) administration d'une preuve.
Prononc. : [administʀasjɔ ̃]. Enq. : /administʀasiõ/.
Étymol. ET HIST. I.− 1. 2emoitié xies. Amenestraison « portion servie à table » (Darmesteter et Blondheim, Gloses fr. dans comment. talmud. de Raschi, Bibl. des Hautes Ét., fasc. 254, p. 3, no37, Glose de Raschi sur texte de Berakot), attest. isolée; 2. 1541 administration « ce qui donne, qui a tel effet » (Calvin, Inst. chrét., éd. Lefranc, Chastellain, Pannier, III, p. 177 ds Hug. : A un mesme sens reviennent aussi ces sentences : que la Loy est survenue, à fin d'augmenter le peché : et pourtant qu'elle est administration de mort, laquelle produyt l'ire de Dieu, et nous meurtrit). II.− 1. fin xiie-début xiiies. aministration « action de s'occuper de, de se livrer à (qqc.) » (Trad. des « Moralia in Job » ds Dial. Grég., éd. Förster, p. 327 : Et se li aministrations de ces mimes choses [les temporeiz choses] lur [az maluaises penses] est doneie... siwent ces fuianz temporeiz choses par cuers d'entencion); 2. 2emoitié xiiies. « action de gérer (bien privé) » aministration (Digestes, ms. Montp., fol. 156d ds Gdf. Compl. : Il a franche aministration de son pecule); 1783 administration « id. (biens, affaires publics) » (Mercier, Tabl. de Paris, VIII, p. 351 : Quand on écrit en face de ces montagnes, le « censeur royal » n'y empêche point d'être le censeur des administrations vicieuses et de marquer au front les ennemis de l'humanité ou de la liberté publique); d'où 3. p. méton., 1787 administration de département « corps constitué chargé d'administrer un département » (supra) et 1790, 20 déc. « ensemble des personnes chargées d'administrer » (Mirabeau, Disc. ds Brunot t. 9, p. 1018); 4. 1794 administration publique « fonction publique » (supra). Empr. au lat. administratio, au sens II 1, synon. de curare, dep. Cicéron, Inv., 2, 163 ds TLL s.v., 729, 56 : magnificentia est rerum magnarum et excelsarum... cogitatio atque administratio; cf. 840-43, Walhafrid Strabo, Exord., 28 ds Mittellat. W. s.v., 208, 16 : ut sacerdotes... liberiores fiant ad... doctrinae amministrationem; au sens II 2 (biens privés) dep. Cic.; Sén., Dial., 11, 17, 2 ds TLL, ibid., 730, 38 : administratio patrimonii; cf. 1235-1273, Chart. Tirolenses notarior., I, 90 ds Mittellat. W., ibid., 207, 37 : pro tutella et amministracione bonorum; (affaires publiques) dep. Rhét. Her., 3, 2, 3 ds TLL, ibid., 729, 67 : de administratione rei publicae scribere; cf. 1258, Chart. select., éd. Keutgen, 147 ds Mittellat. W., ibid., 207, 30 : de mala amministratione magistrorum civium populus coloniensis multipliciter est conquestus; à remarquer qu'en ce sens II 2 amenistration est en m. fr. concurrencé par menistration (ainsi J. Molinet, Chron., CLXXXII, éd. Buchon ds Gdf. s.v. ministracion : se aulcuns ayans eu administration de nos deniers, de nostre dit fils, ou d'aulcunes villes, chastellenies, terres ou pays d'iceulx, se fusissent mesuses en leur dicte ministration) bien que lat. ministratio soit réservé au service divin, voir TLL et Blaise s.v.; II 4, synon. de munus, dep. Tacite, Agr., 19 ds TLL, ibid., 730, 26; cf. ca 410, Notitia dignitatum impartib. orient., 18, 4, ibid., 730, 32 : dignitatum et amministrationum notitia. I attesté seulement en lat. médiév. (où il dérive directement de administrare « servir, fournir »; voir administrer), sens propre : début xie-xiies., Epist. Wormatienses, I, 10 ds Mittellat. W. s.v., 206, 56 : administratio alimentorum; d'où I 1; I 2 emploi fig. à partir de « fournir ». Formes adaptées aministration, amministracion, admenistracion (voir Gdf. Compl.); cf. lat. amministratio, admenestratio ds TLL s.v., 729, 47, 48 et aministracio, aministratio ds Mittellat. W. s.v., 206, 48-50.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 331. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 5 043, b) 2 707; xxes. : a) 2 226, b) 2 820.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Birou 1966. − Blanche 1857. − Bonnaire 1835. − Boucher 1835. − Bruant 1901. − Cap. 1936. − Daire 1759. − Dalloz. Nouveau répertoire de droit. 2eéd. Publ. sous la dir. d'E. Vergé et J. Hamel. 1. Paris, 1962, p. 66, 67; 2. Paris, 1963, p. 955, 956. − Dup. 1961. − Dupont-Ferrier (G.). Le mot administration dans les institutions françaises du Moyen Âge. J. des sav. 1937, t. 35, pp. 113-122; 1938, t. 36, pp. 49-60. − Éd. 1913. − Girard 1756. − Guizot 1864. Hetman 1969. − Lacr. 1963. − Laf. 1878. − Lar. comm. 1930. − Lem. 1966. − Lemeunier 1969. − Mucch. Sc. soc. 1969. − Pope 1961, § 744. − Pujol 1970. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf t. 1 1956. − Sommer 1882. − Spr. 1967. − Suavet 1963. − Synon. 1818. − Will. 1831.