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ACHALANDÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de achalander*.
II.− Emploi adj., COMM. et lang. cour.
A.− [En parlant d'un établissement de comm.]
1. Vieilli
a) Qui a beaucoup de chalands, de clients :
1. La maison était ancienne, bien achalandée, mais il lui manquait l'élan et l'esprit d'initiative qui appartiennent à la jeunesse. J. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 155.
2. Je me suis promené à travers la ville, sur la jetée en bois et dans les pauvres bazars mal achalandés; ... M. Du Camp, Le Nil, Égypte et Nubie,1854, p. 285.
3. L'avenue des Champs-Élysées a changé d'aspect. Elle est devenue commerciale, achalandée, presque boutiquière. L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 8.
b) Qui a une clientèle de première qualité :
4. Percheron, le possesseur de Tortoni, de cet endroit si bien situé, si achalandé, si connu, ne peut trouver à céder son établissement pour 80 000 francs. Un symptôme de ce temps : on ne veut plus de produits supérieurs, on ne veut plus de glaces, de sirops, de liqueurs de première qualité. Il n'y aura bientôt plus sur les boulevards que des brasseries et des bouillons. E. et J. de Goncourt, Journal,août 1892, p. 298.
2. P. méton. a) Qui est bien approvisionné en marchandises de première qualité (cf. sup. ex. 4). b) Usuel. Qui est bien approvisionné en marchandises diverses :
5. ... M. Carazoff, persan, tient à Stamboul, au premier étage d'une maison peinte en rouge, une boutique fort achalandée, où l'on trouve cent mille choses hétéroclites, − notamment, des turquoises et des tapis. C. Farrère, L'Homme qui assassina,1907, p. 165.
6. J'errai donc toute la journée par des rues sales, dans une ville où il n'y avait même pas moyen de faire un bon repas, de stationner dans les églises glaciales, (...) de flâner devant les vitrines embuées derrière lesquelles, d'ailleurs, on ne découvrait rien que friperie, bric-à-brac, à part celles des pharmaciens qui me paraissaient achalandées à profusion de produits made in Germany..., B. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 34.
Rem. 1. Dans l'ex. suiv., la méton. porte en outre sur le terme qualifié (le marchand au lieu de sa boutique) :
7. Sur un pilier, un marchand, bien achalandé ma foi, avait disposé sa marchandise, un panneau de cartes postales. P.-J. Jouve, La Scène capitale,1935, p. 43.
Rem. 2. L'accept. 2 ne figure pas dans les dict. de l'Ac., ni ds Rob., mais ds Pt Rob. et Lar. encyclop. Pour l'oppos. de certains grammairiens à cette ext. de sens (cf. A. Hermant, Chroniques de Lancelot du « Temps », Paris, Lar., t. 1, 1936, p. 279) : ,,J'ai des lecteurs plus ambitieux que moi, et plus chimériques. L'un d'eux se plaint que son charcutier ignore le sens du mot achalandé. Cet honorable commerçant lui écrit en effet, à l'occasion d'un changement de domicile : « ... la charcuterie (...) a l'honneur de vous faire connaître sa nouvelle adresse... Nous y avons installé un magasin moderne, bien achalandé en tous produits de Charcuterie de notre fabrication. » (...) J'imagine que mon correspondant a été le seul ou presque à remarquer le faux emploi d'achalandé, dont le sens est « qui a beaucoup de chalands » et non « qui est bien approvisionné. » ...`` L'Ac. a condamné cet emploi dans une mise en garde du 18.2.1965.
B.− P. ext., vieilli. [En parlant d'établissements accueillant le public] Qui est fréquenté par une nombreuse clientèle, par une clientèle de qualité :
8. J'appris que l'établissement de la rue Demours était bien achalandé, lucratif et en possession de l'estime publique. A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 428.
9. Son bureau (bureau de placement) était pourtant achalandé... elle avait surtout la clientèle du quartier des Champs-Élysées, composée, en grande partie, d'étrangères et de Juives... O. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 289.
10. Elles suivaient les cours d'une institution richement achalandée, dont les professeurs étaient des maîtres de l'université. R. Rolland, Jean-Christophe,Les Amies, 1910, p. 1 106.
Stylistique − Dans le domaine comm. propr. dit, achalandé s'emploie (le plus) souvent avec des adv. de caractérisation ou d'intens. (ex. 1, 2, 4, 5, 6, 7). S'il sort de ce domaine, il est empl. dans des cont. iron. ou burl., où le comm. est considéré comme dégradant; le sens lui-même se déplace vers l'idée de « qui est traité comme un objet largement commercialisé » : 11. Elle se souvenait d'Ève aussi, de cette « mère des vivants » que l'évêque des sauvages lui avait recommandé de prier avec ferveur, (...) voici donc sa prière d'enfant qui eût certainement effaré les confiseurs de litanies dans tous les laboratoires de la dévotion achalandée :... L. Bloy, La Femme pauvre, 1897, p. 127. 12. Nous n'allons pas tarder à rencontrer d'autres symphonies de Metel, aussi achalandées que la Fantaisie,... L. de La Laurencie, L'École française de violon, 1922, p. 87. 13. Un Roi qui voulait le trône plus achalandé que glorieux, qui considérait plutôt ses sujets comme ses pratiques [− Louis-Philippe −]... G. d'Esparbès, La Folie de l'épée, 1927, p. 17.
Prononc. − Enq. : /aʃalãde1/.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 45.