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I. LIEU n. m.
Xe siècle, loc, leu. Issu du latin locus, de même sens.
1. Portion déterminée de l'espace. Arriver dans un lieu. Quitter un lieu. Lieu élevé, humide, agréable, solitaire, désert. C'est le plus beau lieu du monde. En quelque lieu qu'il aille, il s'ennuie. Loc. De lieu en lieu, de place en place ; par endroits. En tout lieu ou en tous lieux, partout. À toute heure, en tout lieu, toujours et partout. • Spécialt. Site, localité, pays. Être originaire du lieu. Étudier les noms de lieux. Au lieu dit « La Saussaie » (voir aussi Lieudit). Expr. N'avoir ni feu ni lieu, n'avoir pas de domicile fixe, vagabonder. • Au pluriel, surtout dans la langue juridique ou administrative, se dit de l'ensemble des pièces d'une habitation, des parties d'une propriété, etc. Entrer dans les lieux. Quitter, vider les lieux. Visiter les lieux. Prendre les lieux en l'état. État de lieux ou, plus souvent, état des lieux, voir État. Par ext. Le maître des lieux, le propriétaire ou, simplement, le maître de maison. • GRAMM. Complément circonstanciel de lieu, élément de la phrase indiquant en quel endroit se situe l'action ou l'état qu'exprime le verbe. « Dans la forêt », « vers la ville », « de Lyon », « à travers les champs » sont des compléments circonstanciels indiquant le lieu où l'on est, le lieu où l'on va, le lieu d'où l'on vient, le lieu par où l'on passe. « Ailleurs », « ici », « partout » sont des adverbes de lieu. THÉÂTRE. Unité de lieu, une des trois règles imposées à la tragédie classique, avec l'unité de temps et l'unité d'action, et qui veut que l'action d'un poème dramatique se passe tout entière dans un seul et même endroit. • RHÉTOR. Pris figurément, dans la locution Lieux communs, voir Commun. MATH. Lieu géométrique, voir Géométrique.
2. Portion de l'espace, considérée selon sa destination. Lieu public, privé. Lieu de franchise, voir Franchise. Lieu d'asile. Mettre quelque chose, quelqu'un en lieu sûr, dans un endroit protégé, à l'abri de tout danger. Lieu d'assemblée, de récréation, de promenade. Lieu de travail, d'habitation, de séjour. Un lieu de plaisir, de débauche, de perdition ou un mauvais lieu. Les lieux d'aisances ou, ellipt., les lieux, les latrines. • Par ext. Se dit de l'endroit convenable pour dire ou faire quelque chose. Ce n'est pas ici le lieu de débattre de cette question. J'ai parlé de ce sujet en son lieu. Nous en déciderons en temps et lieu. Ce n'est vraiment ni le temps ni le lieu.
3. Portion de l'espace, déterminée par ce qui s'y produit ou s'y est produit. Date et lieu de naissance. Le lieu de la bataille. Le lieu ou les lieux du crime, de l'accident et, au pluriel, ellipt., surtout dans le langage juridique, les lieux. Un transport de justice, une descente sur les lieux. RELIG. Un lieu saint, qui a été consacré. Les Lieux saints, la Terre sainte, les lieux où se déroula la vie du Christ. Un pèlerinage aux Lieux Saints. Visiter les Saints Lieux. Loc. Un haut lieu de, voir Haut.
4. Fig. Place, rang. Je suis en bon lieu pour le savoir, à la meilleure place. Nous traiterons cette question en premier lieu, en second lieu, en dernier lieu. DROIT. Chaque créancier viendra en son lieu. Être au lieu et place de quelqu'un, le remplacer dans ses droits et actions. Subrogé en son lieu et place. • Loc. verb. Tenir lieu de, être à la place de, remplacer, suppléer. Il vous a tenu lieu de père. Votre amitié me tient lieu de tout. Avoir lieu, se produire, prendre place. Cet évènement eut lieu en juin dernier. Cette fête a lieu tous les ans à la même date. • S'est dit autrefois pour Maison, famille, considérée selon son rang, sa position sociale. Cette personne est de bon lieu, de bonne famille. Il s'est allié en bon lieu. • Loc. En haut lieu et De haut lieu, voir Haut.
5. S'emploie dans plusieurs locutions verbales, avec le sens de Motif, sujet, occasion. Donner lieu à, être l'occasion de, provoquer. Cet évènement donna lieu à des réjouissances publiques. Ce texte a donné lieu à des interprétations multiples. Avoir lieu de, avoir quelque raison de. J'ai lieu de me plaindre de votre conduite. Cela n'a pas lieu d'être, de se faire. Il y a lieu de (suivi de l'infinitif), il convient de, il est légitime de. Il y a lieu de douter, de craindre. Il y a tout lieu d'espérer. Il n'y a pas lieu de s'alarmer. Ellipt. Je vous avertirai, s'il y a lieu. Il y a lieu à, suivi d'un substantif, sans l'article. Il y a lieu à contestation, à réclamation.
6. Loc. prép. Au lieu de, à la place de, en place de. Au lieu de mon frère, c'est mon cousin qui est venu. J'ai pris le premier tome au lieu du second. Que mettez-vous au lieu de ce mot que vous avez supprimé ? Suivi de l'infinitif, pour souligner l'opposition entre deux actions, entre ce qui est et ce qui pourrait ou devrait être. Loin de, plutôt que de. Au lieu de secourir son ami, il l'a abandonné. Au lieu de critiquer, vous devriez m'aider. • Loc. conj. (vieilli). Au lieu que, alors que, tandis que. On avait prévu cent spectateurs au lieu qu'il en est venu le double. Suivi du subjonctif, avec le sens de Loin que. Au lieu qu'il soit mon ennemi, j'apprécie sa compagnie.