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PEAU n. f.
XIe siècle, pel. Issu du latin pellis, « peau d'un animal, fourrure, cuir ».

I. Membrane souple et résistante qui enveloppe le corps de nombreux animaux et de l'homme.
1. ANAT. Chez les Vertébrés, organe externe du corps, constitué de deux couches, l'une superficielle appelée épiderme, l'autre épaisse et profonde appelée derme, qui reposent sur l'hypoderme, tissu conjonctif sous-cutané riche en graisse. La peau a des fonctions protectrices, régulatrices, sensorielles. La peau renferme des glandes sébacées et des glandes sudoripares, ainsi que des récepteurs sensibles au toucher, au chaud, au froid. Les pores de la peau, les orifices de ces glandes. Sur la peau s'insèrent poils, cheveux et ongles, plumes, cornes, écailles. La pigmentation de la peau. Chez les Amphibiens, la peau est nue et joue un rôle essentiel dans la respiration. Lors de la mue, les serpents renouvellent leur peau en se dépouillant de l'exuvie (voir ce mot). Un félin à la peau mouchetée, tachetée, rayée. Attraper un chat par la peau du cou, là où elle est particulièrement épaisse et souple.
2. Couramment. Désigne plus particulièrement la couche superficielle de cet organe, l'épiderme, lorsqu'on parle de l'homme. Avoir la peau fine, douce, délicate. Peau irritée, ridée. Peau sèche, peau grasse. Avoir la peau blanche, claire, mate, cuivrée, jaune, noire, selon la quantité de mélanine que contiennent les cellules épidermiques et qui détermine la pigmentation. (On dit aussi Être clair, brun de peau.) Peau hâlée, bronzée. S'écorcher, s'égratigner la peau. • MÉD. Maladie de peau, de la peau, maladie qui affecte tout ou partie des structures constitutives de la peau. L'acné, la gale, les dermites, le psoriasis sont des maladies de la peau. Cancer de la peau. Greffe de peau. • Par méton. Petit fragment qui se détache de l'épiderme. Peaux mortes. Avoir de petites peaux sur le contour de l'ongle.
3. Loc. et expr. Porter un vêtement à même la peau, directement à son contact. Fig. À fleur de peau, voir Fleur. Avoir une peau de crapaud, vilaine, pustuleuse, une peau de crocodile, épaisse et craquelée. N'avoir que la peau et les os ou que la peau sur les os, être extrêmement maigre, décharné (on dit dans le même sens Les os lui percent la peau). Fam. Crever dans sa peau, être très gras, ne plus tenir dans ses habits. Loger, mettre une balle dans la peau de quelqu'un, le tuer avec une arme à feu. Pop. Se faire trouer la peau, recevoir une balle. Prendre quelqu'un par la peau du cou, se saisir brutalement de lui pour le corriger, le jeter dehors, etc. Vulg. Cela coûte la peau des fesses, très cher. • Fam. Pour désigner la vie, l'existence. Avoir la peau dure, être résistant, endurant. Craindre, trembler pour sa peau, pour sa vie. Tenir à sa peau. Faire bon marché de sa peau, s'exposer, risquer sa vie. Sauver sa peau. Vendre cher ou chèrement sa peau, se défendre vigoureusement, faire subir de lourdes pertes à l'adversaire avant de succomber. Il y a laissé la peau. Avoir la peau de quelqu'un, venir à bout de lui, le réduire, le ruiner, ou le tuer. J'aurai sa peau et, pop., je lui ferai la peau. Titre célèbre : La Peau, de Curzio Malaparte (1949). • Pour désigner l'être intime de l'individu, la personnalité. Être bien, mal dans sa peau, à l'aise, content de soi ou, au contraire, fâché de ce qu'on est, gêné, embarrassé. Être dans la peau de quelqu'un, à sa place, dans sa situation. Je ne voudrais pas être dans sa peau. Entrer, se mettre dans la peau de quelqu'un, concevoir ce qu'il peut éprouver, s'assimiler à lui. Cet acteur sait se mettre, sait entrer dans la peau de ses personnages. Changer de peau, faire peau neuve, changer de manières, de conduite, voire d'identité. Coller à la peau, se dit d'un travers, d'un souvenir dont on ne peut se défaire. Fam. Avoir quelque chose dans la peau, le posséder, le ressentir naturellement. Avoir le rythme, la musique dans la peau. Pop. Avoir quelqu'un dans la peau, en être violemment amoureux, ne pouvoir s'en déprendre. • TECHN. Peau de crapaud, peau de crocodile, se dit de divers défauts apparaissant à la surface d'une pièce métallique, d'un objet de verre.
4. Spécialt. Dépouille de l'animal, séparée du corps, et que diverses opérations permettent de conserver, de transformer, de façonner ; le cuir, la fourrure ainsi obtenus. Une peau d'ours, de renard, de lion, de tigre. Des hommes vêtus de peaux de bêtes. Corroyer, tanner, maroquiner, chamoiser une peau. Négociant en cuirs et peaux. Une pelisse en peau de bique ou, ellipt., une peau de bique. Des gants de peau. Peau lainée, voir Lainer. On tend des peaux sur les fûts des tambours, des timbales, des caisses. • Peau de chagrin, voir Chagrin III. Peau de vélin, cuir très mince, préparé à partir de la peau du veau pour la reliure, la peinture, l'écriture ou l'impression. Un livre relié pleine peau, dont la couverture est entièrement tendue de cuir. Demi-peau, voir ce mot. • Loc. et expr. fig. Peau d'âne (fam.), voir Âne. Coudre la peau du renard avec celle du lion, C'est l'âne vêtu de la peau du lion, voir Lion. Une culotte de peau (iron. et vieilli), un vieux militaire borné. En peau de lapin (fam.), sans valeur, de peu de sérieux. Pop. et péj. Une peau de vache, une personne dure, sans indulgence. Peau de chien ou, ellipt., peau, femme prostituée. • Prov. Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, voir Ours.

II. Par anal.
1. Enveloppe, plus ou moins épaisse, de certains légumes et fruits comestibles. La peau de la pomme, de l'orange. La peau des amandes, des noix, la fine pellicule brune entourant, dans la coque, la partie comestible. Le brugnon a la peau lisse et la pêche la peau duveteuse. L'aubergine a une peau violette, lisse et brillante. • Par anal. Peau d'orange, aspect irrégulier, grumeleux, que prend l'épiderme humain du fait d'une induration du tissu sous-cutané. Se dit aussi, en termes techniques, de l'aspect défectueux que prend une surface peinte. • Expr. fig. et fam. Glisser sur une peau de banane, Jeter, glisser une peau de banane sous les pas de quelqu'un, voir Banane. Pop. Peau de balle (par référence au nom des téguments entourant les graines des Graminées) ou, par renforcement, Peau de balle et balai de crin, rien du tout.
2. Pellicule qui se forme sur les substances liquides et onctueuses laissées au contact de l'air, du fait de l'évaporation. La peau du lait. Il y a une peau sur ce reste de peinture.
3. TEXTILE. Peau d'ange, se disait d'une étoffe dans laquelle il entrait de la soie ; est aujourd'hui une marque commerciale désignant un crêpe de satin souple et brillant. Peau de pêche, étoffe fabriquée à partir de soie ou de microfibres, à laquelle on donne par effet mécanique ou chimique un toucher doux, un aspect duveteux. Peau de soie, tissu assez lourd, à l'aspect satiné, dont la chaîne est en soie naturelle.
4. CUIS. Nom couramment donné au boyau contenant un hachis, une préparation de charcuterie. Ôter la peau du saucisson, de l'andouille.
5. ÉLECTR. Effet de peau, dans un corps conducteur soumis à l'action d'un champ électromagnétique alternatif, répartition des courants électriques dans la couche proche de la surface.