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ACACIA1, subst. masc.
I.− Lang. commune. Arbre ou arbuste au bois dur portant souvent des aiguillons, à feuillage fin, dont les fleurs, odorantes ou non, en grappes ou en touffes, sont de couleur blanche, rose ou jaune, et dont le fruit est une gousse :
1. Nous devons à cet industrieux colon, presque toutes les plantations de mûriers, d'acacias, de platanes, de hycoris, qui ombragent nos chemins, et commencent à occuper les terrains inutiles; car, accoutumés à ne considérer les arbres que comme des intrus et des êtres nuisibles, les habitants de ces états ont jusqu'ici trop négligé de réparer l'inattention de leurs ancêtres. J. de Crèvecoeur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 3, 1801, p. 39.
2. Outougamiz veut paroître tranquille, il ne l'est plus; il veut se reposer, et il ne sait comment les joncs de sa natte sont plus piquants que les épines de l'acacia. F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 385.
3. Auprès des guinguettes furent plantés des acacias, ombrage des pauvres, comme l'eau de Seltz est le vin de Champagne des gueux. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 167.
4. Il y a chez moi (en Russie) une petite maison en bois, le jardin est planté d'acacias jaunes, − nous n'avons pas d'acacias blancs. À l'automne, la terre est toute couverte de gousses, qui crépitent quand on marche dessus; et c'est tout rempli de ces oiseaux qui imitent les autres, ... E. et J. de Goncourt, Journal,mai 1876, p. 1133.
5. Enfin on chevillait toujours avec de l'acacia. Ce bois, sec, prend l'aspect et la dureté de la corne lisse. Il n'est pas d'exemple qu'un tenon chevillé d'acacia ait lâché. J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 135.
Rem. L'ex. 5 indique l'usage de ce bois, particulièrement dur, pour la fabrication de chevilles.
II.− BOT., lang. commune. [Pour les botanistes et de plus en plus pour la lang. commune, le terme recouvre deux espèces]
A.− Arbre appelé robinier ou faux-acacia (acacia dans la lang. commune), de la famille des légumineuses papilionacées, à feuilles composées pennées, à aiguillons et à grappes de fleurs blanches odorantes ou roses non odorantes, utilisé comme arbre d'ornementation. Dans les ex. suivants l'indication de la couleur montre que acacia désigne le robinier :
6. Il y avait plaisir à passer sous les voûtes parfumées de ces acacias en fleurs qui balançaient leurs longues grappes d'albâtre sur les froments en épis qui ondoyent à leurs pieds... Ch.-J. de Chênedollé, Extraits du journal,1824, p. 127.
7. On entendait caqueter les oiseaux d'une volière voisine; les branches des faux ébéniers et des acacias roses venaient border de leurs grappes les rideaux de velours bleu. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 728.
8. ... il était le jardin des femmes; et − comme l'allée de myrtes de l'Énéide −, plantée pour elles d'arbres d'une seule essence, l'allée des acacias était fréquentée par les beautés célèbres. (...) bien avant d'arriver à l'allée des acacias leur parfum qui, irradiant alentour, faisait sentir de loin l'approche et la singularité d'une puissante et molle individualité végétale, puis, quand je me rapprochais, le faîte aperçu de leur frondaison légère et mièvre, d'une élégance facile, d'une coupe coquette et d'un mince tissu, sur laquelle des centaines de fleurs s'étaient abattues comme des colonies ailées et vibratiles de parasites précieux, enfin jusqu'à leur nom féminin, désœuvré et doux, me faisaient battre le cœur, mais d'un désir mondain, comme ces valses qui ne nous évoquent plus que le nom des belles invitées que l'huissier annonce à l'entrée d'un bal. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Du côté de chez Swann, 1913, p. 418.
Rem. 1. Le robinier est planté dans les villes (cours et places) comme arbre ornemental. Les variétés plus petites peuvent être taillées et forment des haies. 2. Les syntagmes : acacia blanc, -boule (G. Flaubert, La Première éducation sentimentale, 1845, p. 24) ou -bullé, -parasol, -nain sont notés par la plupart des dict. La docum. fournit en outre les syntagmes notant : a) certains aspects descriptifs de l'acacia : branche des acacias (ex. 7), parfum d'acacia (J. Peyré, Matterhorn, 1939, p. 172), épines d'-, haricot d'- (B. Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 283); b) les utilisations ornementales de l'arbre : bosquet d'acacias (R. Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 126), bouquet d'acacias (M. Genevoix, Raboliot, 1925, p. 290), avenue des acacias (M. Proust, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, p. 427), allée des acacias (ex. 8).
B.− Arbre exotique de la famille des légumineuses (acaciées, mimosées), à feuilles divisées en folioles, à aiguillons et à fleurs jaunes dont une variété, le mimosa, est cultivée dans le midi de la France et produit les fleurs vendues au marché. Dans les 3 ex. suivants, l'acacia représente une variété méditerranéenne ou australienne, qui s'oppose au mimosa, à la cassie, au gommier, etc. :
9. Dans les compartiments tracés à droite et à gauche de la tonnelle par des arbres nains taillés en cône, verdoyaient des grenadiers, des sycomores, des tamarisques, des périplocas, des mimosas, des acacias, dont les fleurs brillaient comme des étincelles coloriées sur le fond immense du feuillage dépassant la muraille. T. Gautier, Le Roman de la momie,prol., 1858, p. 195.
10. ... des portions (du jardin) n'avaient reçu que des arbres d'agrément, tamarix, acacias, cassies, myrtes, mimosas, et quelques essences plus rares trouvées au-delà des cataractes du Nil, sous le tropique du cancer, dans les oasis du désert libyque et sur les bords du golfe Erythrée : ... T. Gautier, Le Roman de la momie,prol., 1858p. 241.
11. ... après une dizaine de milles rapidement franchis, le chariot circula entre de hauts bouquets d'acacias, de mimosas et de gommiers blancs, dont l'inflorescence est si variable. J. Verne, Les Enfants du Capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 102.
− Dans l'ex. suivant, apparaît nettement l'acacia à fleurs jaunes (plumage doré) :
13. Les conifères, heureusement disposés, jetaient sur le tableau de profondes ombres bleues et les acacias balançaient à la face des nues leur opulent plumage doré. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 141.
En dehors de la variété du mimosa, cet arbre exotique est surtout connu comme producteur de la gomme arabique, d'où le composé acacia-gommier :
12. ... on arrive dans la plaine sablonneuse d'Elbakara, dont l'étendue ne présente qu'une plage immense et stérile; on rencontre seulement dans l'enfoncement des rochers, et sur le bord des torrens d'hiver, un peu de verdure, des acacias qui produisent la gomme arabique, le séné, le bois de scorpion et quelques autres plantes; ... MmeCottin, Mathilde,t. 1, 1805, p. 306.
14. Il [le méhari] resta une fois deux jours sans manger, arrachant seulement, de-ci, de-là, une branche à quelque acacia-gommier, dont les hideuses épines blanches, longues de près de dix centimètres, me remplissaient de crainte pour l'œsophage de notre ami. P. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 296.
Rem. Le nom de l'acacia est associé à celui d'autres arbres exotiques de la flore méditerranéenne, africaine ou australienne. Les assoc. sont surtout d'ordre scientifique et déterminent une variété : acacia catéchu, -gommier (ex. 14), -seyal, immense-sophora (A. Gide, Si le grain ne meurt, 1924, p. 395), -eburnea (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 177). Qq. assoc. uniques dans la docum. : acacia rouge (J.-K. Huysmans, À rebours, 1884, p. 40), énorme- (A. Gide, Voyage au Congo, 1927, p. 847), acacias géants (M. Barrès, Mes cahiers, t. 6, 1908, p. 173), touffes d'acacia (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Vue de la terre promise, 1934, p. 87), les bouquets de l'- (P. Claudel, La Ville, 1reversion, 1893, II, p. 365).
III.− Emplois spéc.
A.− ARGOT
1. Arg. du port du Havre. Manœuvre halant les bateaux.
Rem. Cet emploi métaph. est indiqué dans les dict. d'arg. et ds Littré (repris par Guérin 1892). Un seul ex. (Littré) :
15. Il y a aussi les acacias qui comblent les lacunes faites par les lamaneurs, lesquels sont quelquefois insuffisants pour le grand mouvement de navigation ou autre cas : ils halent les navires qui ne prennent pas de remorqueurs entre les jetées; ... Journal du Havreds J.O.,1ersept. 1873, 3ecol., p. 5673.
2. Arg. parisien. Faire ses acacias. ,,Se promener par chic, par genre dans l'allée dite des Acacias qui va de la Porte-Maillot à la Concorde. On fait ses Acacias comme on fait son tour de lac.`` (A. Delvau, Dict. de la langue verte, 1889).
De l'idée de « promenade mondaine » Feydeau passe à celle de « divertissement mondain » (emploi unique dans la docum.) :
16. ... le marché du vendredi, ce sont nos acacias à nous!... on se contente... de ce qu'on a! G. Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, II, 2, p. 33.
B.− ÉSOTÉRISME. (Branche d')acacia. Emblème de la Franc-maçonnerie, figurant l'amour de Dieu.
Rem. Dans la légende maçonnique, cette branche fut plantée sur la tombe d'Hiram, grand architecte de Salomon et « premier grand-maître », par ses meurtriers (cf. P. Naudon, La Franc-maçonnerie, P.U.F., 1963, pp. 11-12) :
17. Ces réflexions paraîtront, j'en ai peur, tout à fait choquantes et scandaleuses aux délégués cantonaux, qui font la chasse au catéchisme dans le pupitre des écoliers, comme s'il s'agissait d'un livre obscène, et qui, presque tous francs-maçons, connaissant « l'acacia », et ayant vu la « lumière du troisième appartement », sont à ce qu'il paraît, mieux renseignés que d'humbles chrétiens sur le mystère de la vie et sur la destinée de l'âme humaine. F. Coppée, La Bonne souffrance,préf., 1898, p. 174.
18. Des Juifs esséniens Jean-Baptiste acceptait la branche d'acacia, sceptre d'Abel, emblème de l'amour dont l'homme-Dieu, comme la révolution, éblouit les siècles. Donc les deux thèses, l'ecclésiastique et la maçonnique, se combinaient. P. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 195.
C.− PHARM. Cf. étymol. et hist.I 3 a.
Stylistique − Acacia est par excellence un terme créateur d'atmosphère (descriptions de jardins, de places publiques, de guinguettes). Une nuance dépréc., peut s'y attacher (comme à d'autres arbres de villes) : 19. Les acacias nus, filigranés de noir portent le deuil de la saison. G. Rodenbach, Le Règne du silence, 1891, p. 81. 20. ... trois arbres mouraient, trois acacias débiles, dévêtus d'écorce et tatoués de noms. J. Malègue, Augustin ou Le Maître est là, 1933, p. 68.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akasja]. Enq. : /akasia/. 2. Hist. − Le mot apparaît sous sa forme actuelle au xvies. (cf. étymol.) et ds les dict., à partir de Rich. 1680. Il entre dans la lang. sous la forme acacie (xives., cf. étymol.), calquée sur le lat. acacia, encore attestée au xvies. (cf. étymol.). Besch. 1845 réserve encore une entrée à cette forme. On rencontre les var. suiv. : achacie, achace, acace (xives., cf. étymol.), empl. comme vedette ds Cotgr. 1611, accatie (xves., cf. Gdf. Compl.), accacia (xvies., cf. Quem. 1961) et accassia (xvies., cf. étymol.). − Rem. DG signale que le mot ,,a été fém. au xvies. Du Pinet, Hist. nat. de Pline, XIII, 9``.
Étymol. ET HIST. I.− 1. 2emoitié xives. spina aegyptia, de la famille des mimosées; « le fruit de la plante » (Bruno de Longobucco, Cyr., fol. 45 b ds Gdf. : encens, acacie, nois de cypres), attest. unique; 2. xives. « id. » la plante, terme bot. (Grant Herbier, 2 ds DG : acace, achace, achacie); 1542 « id. » (Du Pinet, trad. de Pline, XIII, 9 ds R. Hist. litt. Fr., 1, 183 : la fleur d'acacia est fort belle); 3. a) 1534 [1503] « id. » suc de la plante, terme pharm. (Le Guidon en françoys, 257 a, éd. 1534 ds Rom. Forsch. XXXII, 4 : unguent fait de acassia, aloe, thure et sarcocolla); 1752 acacia vera « id. » id. (Trév. s.v. acacia : terme de Pharmacie. C'est le nom d'un suc épaissi qu'on apporte du Levant dans des vessies (...). On le nomme Acacia du Levant, acacia vera en latin pour le distinguer du faux acacia, autre suc épaissi et extrait des prunelles); b) fin xvies. p. anal. « suc de prunelle » terme pharm. (Joubert, Gr. Chir., 689 ds Gdf. : acacie, c'est le suc de prunelles vertes); 1752 acacia germanica (Trév. s.v. : Acacia (Germanica) d'Allemagne, est le suc tiré par expression du fruit du prunier sauvage (...) qu'on substitue à la place du vrai acacia); 1852 (Besch. : acacia nostras) « id. »; 1875, a et b désignés par suc d'acacia (Littré s.v.). II.− 1680 acacia robini ou robinier « acacia blanc, arbre d'agrément », terme bot. (Rich. s.v. : Acacia. Arbre qui vient assez haut, qui porte une fleur jolie qui sent comme la fleur d'oranges, et qui sert à embelir les alées des jardins, et à faire des avenues et des bosquets); 1690 « id. » (Fur. s.v. : On l'appelle Acacia Robini, parce qu'un nommé Robin, qui etoit Garde du Jardin du Roy, est le premier qui l'a mis en vogue en France il y a environ 40 ans). Empr. au lat. acacia « id. » désignant la plante dep. Pline, Nat. hist., XIII, 63 ds TLL s.v., 191, 16, d'où I 2, le fruit, la graine dep. Pline, ibid., XX, 233 et Celse, De Medic. 4, 25 ibid., 27-28, d'où 1, le suc dep. Celse, ibid. 6, 6, 1 et Pline, ibid. 27, 16, ibid. 23-24, d'où I 3; cf. avec 3 a : iv-ves. Théodore Priscien, Logicus, 33 ibid. 25 : ungo... ex. acacia; avec 3 b xiies. Job. Platearius, De simplici medicina, p. 4 a ds Mittellat. W. s.v., 72, 6 : est acatia succus prunellorum immaturorum. Forme lat. acacia (dep. 1542) supplante autres formes (André, Lex. bot. s.v.). À partir de l'introd. en France de l'acacia Robini L., originaire de l'Amérique du Nord (nom donné par Linné en l'honneur de Jean Robin qui en reçut la 1resemence en 1601, Rolland, Flore, IV, 109) I 1 est désigné en lang. commune par acacia, II par robinier mais aussi par acacia, ambiguïté ultérieurement levée par la désignation cour. de I 1 par mimosa, nom de l'espèce la plus connue en France et de II seulement par acacia. (Rolland, op. cit. IV, 109-110 et 251-252).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 258. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 289, b) 404; xxes. : a) 480, b) 344.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Barb.-Card. 1963. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Chabat t. 1 1875. − Comm. t. 1 1837. − Dumas 1965 [1873]. − Fromh.-King 1968. − Jossier 1881. − Littré-Robin 1865. − Millepierres (F.). Promenade philologique parmi les arbres. Vie Lang. 1969, no204, p. 131. − Mont. 1967. − Nysten 1814-20. − Privat-Foc. 1870. − Soé-Dup. 1906. − Thomas 1956.