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ABUTER, verbe trans.
A.− TECHNOL. Toucher par le bout.
1. Emploi trans.
a) MENUIS., CONSTR. NAVALE. Joindre et ajuster par le bout (2 pièces préparées pour cela) :
1. [Les pièces] sont bien abutées quand elles cadrent bien ensemble pour former ce que l'on veut : angle, rond, carré, ovale, etc. Pour abouter les pièces il faut savoir ce que l'on en veut faire; c'est un dessein. Pour les abuter, il faut les mettre juste, et les serrer. Ainsi, on les abute après les avoir aboutées. Ac. Suppl.1835.
b) MENUIS. Placer contre un arrêt (une pièce de bois que l'on veut travailler).
2. Emploi intrans.
a) MAR., CONSTR. NAVALE. [En parlant d'une pièce] Heurter, être arrêté par le bout :
2. Abuter se dit aussi d'une pièce qui touche du bout; dans ce cas on dit de parer la pièce, elle abute contre un objet quelque part; elle est arrêtée par un bout dans le mouvement qu'on veut lui donner. Will.1831.
b) MENUIS. [En parlant de 2 pièces] Se joindre, s'ajuster par le bout :
3. Deux pièces de bois abutent ou butent l'une contre l'autre, étant placées à la suite l'une de l'autre, leurs extrémités en contact immédiat; comme celles qui font les alonges dans un couple. Will.1831
3. Emploi pronom., vieilli. S'abuter à qqc.,,Se fixer, s'appliquer à qqc.`` (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e).
B.− Viser un but.
1. Emploi trans.
a) TIR, rare. Ajuster une arme à tir en direction du but, viser.
b) Fig. Viser, ambitionner, briguer. Quillet 1934 est seul à signaler cet emploi fig. mal connu.
2. Emploi abs., JEUX. Jeter une quille ou un palet le plus près possible d'une boule (but visé) pour savoir qui jouera le premier :
4. Quand il s'agit du jeu de quilles, on dit Quiller c'est-à-dire, Tirer entre plusieurs joueurs, à qui sera le plus près de la boule, pour savoir ceux qui seront ensemble, ou celui qui jouera le premier. Il faut quiller, les plus près seront ensemble. Mais dans tout autre jeu, où il s'agira de la même action, comment dira-t-on, si l'on ne dit pas abuter? J.-F. Michel, Dict. des expressions vicieuses usitées dans un grand nombre de départemens, et notamment dans la ci-devant Province de Lorraine.1807, p. 2.
C.− Région. (Touraine et Anjou). Cf. sens B (emploi perf.) et A (technol.) :
5. Abuter. Arriver au but, ou à la fin d'un ouvrage ou encore joindre. J.-M. Rougé, Le Folklore de la Touraine,1943.
Rem. Dans une part. de l'aire région. abuter a un dér. technol., abut, que Verr.-On t. 1, 1908 définissent comme suit : ,,Abut (...). s. m. − Contrefort. On donne surtout ce nom à des morceaux de bois cloués (...) aux pièces diverses du bâti d'un métier de tisserand, et qui (...) viennent buter contre les murs de l'atelier, afin d'éviter les trépidations. − Étai.``
Prononc. : [abyte], j'abute [ʒabyt].
Étymol. ET HIST. − Ce mot, qui connaît un sémantisme riche et varié au Moy. Âge, s'appauvrit au cours des s. et ne conserve auj. qu'un sens très restreint (cf. sém.). Les nombreux sens se regroupent sous l'idée de but, terme, fin, extrémité et sous l'idée de contact (par une extrémité) et d'association, d'assemblage. − Rem. Les mots abuter et abouter sont très proches au point de vue sém. et ont pris qqf. des sens très voisins et même identiques, particulièrement dans l'anc. lang. (cf. abouter). A.− Idée de but : 1. 1215-1245 « toucher au but, arriver » (intrans.), vivant en a. fr. seulement : Si, cum il le juger voleient, Es vos Martin qui abuta. Péan Gatineau, Vie de saint Martin, p. 99, Luzarche (Gdf.). Emplois partic. : vers mil. xiiies. « heurter », Les Évangiles des Domnées publiés par Bossuat et Raynaud de Lage (FEW); 1610 « arriver par hasard, toucher à » (intrans.), attest. isolée : Le Roy de ce pays-là a tellement accomodé les passages, qu'il faut que tous les voyageurs viennent abuter à un palais qu'il a fait bastir aupres des chemins. Beroalde de Verville, Voyage des Princes fortunés, [1317], (Hug.). 2. 1458 « diriger vers un but, viser à » (trans.) : Par quoy fault bien que par cautelle Toute ma trahison j'abute, Car pour l'avoir de haulte lute, Jamais nous ne l'aurons de jour. Greban, Myst. de la Pass., fol. 138 d (Gdf.). Besch. 1845 considère ce sens comme anc. On le trouve pourtant encore ds Quillet 1934 qui donne comme ex. abuter un emploi. 1595 « se diriger vers un but, viser à » (pronom.) : Il semble que l'ame esbranlee et esmeue se perde en soy-mesme si on ne luy donne prinse : et faut tousjours luy fournir d'object où elle s'abutte et agisse. Montaigne, I, 4 (I, 25) (Hug.). Sens déjà vieilli au xviies. (cf. Brunot t. 3, 1, p. 124). Sens dér. a) 1250 « pousser à bout, décevoir, tromper » (trans.), vivant en a. fr. seulement : Trestout le monde a abutei, Elle se couche de son grei. Renart, supp., p. 359, Chabaille (Gdf.). b) 1450 « régler un compte, fixer une somme » (trans.) : Lesquelz compaignonz disnerent en une taverne et ainsi qu'ils abutoient leur escot... Arch. JJ, 182, pièce 833 (Gdf.). Attesté jusqu'en 1570 d'apr. Gdf. 1610 « fixer une date (d'avance) », attest. isolée : Un Lundy matin qui estoit le jour abutté, nos estions tous à regarder. Beroalde de Verville, Moyen de parvenir. Enseignement I, 100 (Hug.). c) 1680 terme de jeu « lancer une boule, un palet... vers le but pour savoir qui jouera le premier » (Rich. 1680; Trév. 1752). Sens le plus empl. auj. (cf. sém.). B.− Idée de contact, d'assemblage. 1. 1550 « assembler, réunir » : Quand iceux os sont tellement abuttés et alliés, qu'entre iceux se vit, quelque chose de diverse nature. A. Paré, L. IV, Table des articulations (Hug.). Figure encore ds Quillet 1934. 2. 1560-1621 « additionner » (trans.), attest. isolée : Recueillez, par parcelles, toutes les sommes mentionnées par cet article, et les abutez, avecques les dix ans vous trouverez les quatre mille marcs. E. Pasquier, Recherches, IX, 36 (Hug.). 3. Sens partic. : 1831 terme de mar. (cf. sém.); 1835 technol. (cf. sém. et cf. abouter, qui a un sens très voisin). Dér. de but*; préf. a-*.
BBG. − Jal 1848. − Mots rares 1965 − Will. 1831.