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ABSTÈME, adj.
Qui ne boit pas de vin.
A.− DR. CANON. [En parlant d'un homme] Qui, par aversion naturelle, ne peut communier au vin et auquel, de ce fait, l'accès au sacerdoce est, sauf dispense, interdit.
Rem. Les disputes théol. entre calvinistes et luthériens ont donné à ce mot un certain relief. Les calvinistes admettaient la communion au seul pain, les luthériens rejetaient cette pratique.
B.− P. ext. Qui s'abstient de vin. Les musulmans sont abstèmes. (Ac.1878).
1. Volontaire Tantale, abstème comédien, martyr de la maigreur. Anatomie disséquée par elle-même, il ne touchait aux mets que du bout des dents, ... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 33.
2. ... un jour, disent les chroniques, Son roi, vrai roi d'Eldorado, Fit dans les fontaines publiques Couler du pinard au lieu d'eau; En jurant sur son diadème, Que celui qui n'en boirait pas, Jusque y compris le plus abstème, Serait pendu la tête en bas. R. Ponchon, La Muse au cabaret,Conte, 1920, p. 41.
3. Dès l'Avenir de la science, son [de Renan] austère jeunesse ose ce singulier aveu : « dans ma chambre nue et froide, dit-il, abstème et vêtu pauvrement, je comprends, ce me semble, la beauté d'une manière assez élevée. » H. Massis, Jugements,t. 1, 1923, p. 91.
Rem. Mot rare. Rheims 1969 cite : 4. Vous avez confessé l'anneau de Gygès, remué les gemmes À pleines mains; à plein tonneau, Bu les rubis les moins abstèmes. R. de Montesquiou, Les Paons, VI, De lapidibus, 1901, p. 14. et ajoute : ,,Terme inusité. Qui s'abstient de boire du vin (latin temetum). Employé ici par une métaphore rapprochant la couleur du rubis et du vin pur; il est également possible que abstème soit pris avec l'acception erronée « qui ne doit pas être bu ». Il fait partie de ces mots affectionnés par les symbolistes et les décadents.`` [Il faut sans doute comprendre : « dont on s'abstient habituellement »].
Prononc. ET ORTH. : [ab̭stεm]. Barbeau-Rodhe 1930 donne également la possibilité d'une prononc. avec [ε:] long. − Rem. Le mot est enregistré avec un accent circonflexe, abstême, ds Fur. 1701 et ds les différentes éd. de Trév. À partir de Ac. 1762, le mot est noté avec un accent grave.
Étymol. ET HIST. − Corresp. rom. : ital. astemio; esp., port. abstemio; cat. abstemi. 1596 « qui ne boit jamais de vin » (Mellema, Dict. fr.-flam., s.v. : Abstème : Die nimmer meer wyn en drinct). Terme relig. devenu litt. au xviiies. (J. J. Rousseau, Émile, II ds Littré : Nous serions tous abstèmes si l'on ne nous eût donné du vin dans nos jeunes ans). Dep. le début du xixes., la plupart des lexicogr. le signalent comme peu usité (cf. Ac. 1835, 1878; Besch. 1845, Quillet et aussi sém. A, rem.). Noter également l'emploi comme terme de civilisation romaine : Les Dames Romaines dans les premiers temps étoient abstêmes; et afin qu'on pût s'apercevoir si elles buvoient du vin, les Loix de la Civilité Romaine étoient qu'elles donnassent le baiser à leurs parents, quand elles les abordoient. Trév. 1752, Besch. 1845. Du lat. abstemius « qui s'abstient de boire du vin » dep. Lucilius, 220 ds TLL s.v., 188, 65; orig. du mot ds Porphyr, Hor. epist., I, 12, 27 ds TLL s.v., 188, 58 : abstemius, qui abstinet. An, ut quidam putant abs temeto, id est siccus ac sine vino et sobrius; voir aussi Ern.-Meillet 1959 s.v. temetum. Emploi relig. en lat. médiév. : 1056-58, Humbertus, Adversu Simoniacos, 2, 27, p. 173, 43 ds Mittellat. W. 58, 5 : manichaei abstemi a vino sanguinis Christi... se substrahebant.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 4.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bouillet 1859. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Nysten 1814-20 − St-Edme t. 1 1824 − Théol. cath. t. 1 1909.