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ABSENTER (S'), verbe pronom.
Se rendre absent.
I.− Sens propre
A.− [Idée de simple non-présence]
1. S'absenter de
a) [Le suj. est une pers.]
[+ indication de lieu et de temps] :
1. ... mais il s'engagea à travailler pour dix et, qui plus est, on put parler devant lui en toute sûreté. Ce secours permit à Leuwen de s'absenter quelquefois un quart d'heure du bureau. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 416.
2. Archi-impossible, complètement impossible, d'être jeudi à Baden, ni de m'absenter de Paris pendant une journée, d'ici un grand mois. G. Flaubert, Correspondance,1856, p. 132.
3. Or, hier soir samedi, la dame Coralie s'est absentée de son domicile, selon son habitude hebdomadaire, pour n'y revenir que le lendemain matin. P-.A. Ponson du Terrail, Rocambole, les drames de Paris,t. 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 271.
[+ nom de pers.] :
4. ... le voyage se ferait dans des conditions bien inconfortables. De plus, je ne veux pas m'absenter trop loin de mon pauvre domestique qui reste seul à Croisset, à se débattre au milieu des prussiens. G. Flaubert, Correspondance,1871, p. 195.
b) [Le suj. désigne une activité, une fonction humaine]
[+ indication de lieu ou de chose] :
5. Cela prouve seulement qu'il n'y a que misère et confusion sous le calme apparent des vastes états; que la politique, dans la véritable acception de ce mot, s'est absentée de notre terre, où la diplomatie, où l'administration financière font des pays florissants pour les poèmes, et gagnent des victoires pour les gazettes. E. de Senancour, Obermann,t. 1, 1840, p. 194.
6. L'âme doit s'absenter de tout ce qui convient à son naturel, qui est le sensible et le raisonnable. Ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourra être conduite à très haute contemplation. P. Valéry, Variété 5,1944, p. 166.
2. Emploi absolu
a) [Avec indication de la durée ou du moment de l'absence] :
7. Ce fut seulement lorsque ces demoiselles eurent pris place à table, et après le premier verre vidé, qu'il demanda la permission de s'absenter quelques instants pour aller chercher un convive, et qu'il se dirigea vers la maison qu'habitait Eugène; il le trouva, comme d'ordinaire, à son travail, seul, entouré de ses livres. A. de Musset, Mimi Pinson, profil de Grisette,1845, p. 222.
8. ... mais je m'absenterais un mois ou six mois au lieu de huit jours que cela ne ferait de vide proprement dans aucune destinée. H.-F. Amiel, Journal intime,7 avr. 1866, p. 231.
9. Pour les fêtes, Catherine dut s'absenter : encore la famille. Puis elle partit avec son frère aux sports d'hivere il n'y avait pas moyen d'y échapper; après tout, elle habitait chez lui, elle ne pouvait toujours tout lui refuser. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 168.
b) [Sans indication du temps de l'absence] :
10. Or, si vous venez à penser au peu de mémoire de Monsieur de Mortsauf, aux peines que vous m'avez vue prendre pour l'obliger à s'occuper de ses affaires, vous comprendrez la lourdeur de mon fardeau, l'impossibilité de la déposer un moment. Si je m'absentais, nous serions ruinés. H. de Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 89.
B.− [Avec en outre une idée de non-participation, d'abstention]
Emploi prép. (de) ou absolu :
11. Octave s'était absenté de la bataille, malade de corps, ou plutôt de courage. Ce jour-là, disait-il dans ses mémoires, un dieu m'avait averti en songe de veiller sur moi. Il fut impitoyable pour les vaincus. J. Michelet, Histoire romaine,t. 2, 1831, p. 302.
12. Enfin, il n'avait pas participé à la bataille du Macar; et il s'était absenté tout exprès pour fuir l'obligation de combattre le suffète. G. Flaubert, Salammbô,t. 2, 1863, p. 51.
13. Je ne trouvai pas naturel que, dans une nuit où il devait y avoir des coups de fusil échangés, un si brave jeune homme se fût absenté. J.-A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques,Les Amants 1876, p. 259.
II.− Au fig. Devenir inattentif à son entourage ou à soi-même (cf. absent II).
1. Emploi absolu :
14. Il devenait menaçant, terrible; puis, brusquement, porta à ses lèvres le crucifix d'un chapelet et s'absenta dans une rapide prière. A. Gide, Les Caves du Vatican,1914, p. 755.
2. S'absenter de + pron. pers. réfl. :
15. Il faut prendre au sérieux la signification radicale de l'hésitation; je me fais à partir de l'existence informe de ma subjectivité même. Dans l'hésitation je ne suis ni une absence de conscience − comme si je pouvais m'absenter de moi-même et laisser la scène vacante pour un autre mode d'existence que l'existence comme volonté −, ni une conscience triomphante − comme si le temps était un simulacre, un temps pour rire. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 134.
Rem. gén. On s'absente en donnant l'une ou plusieurs de ces indications : le lieu d'où l'on est absent, le temps de l'absence, la justification de l'absence (volontiers considérée comme une anomalie) : on est obligé, forcé de s'absenter, et l'absence requiert permission, possibilité ou autorisation. Absenter est rare s'il renvoie à l'emploi fig. de l'adj., si le suj. du verbe est autre qu'une pers., si le compl. de s'absenter est une pers.
Prononc. − 1. Forme phon. : [ab̭sɑ ̃te], je m'absente [absɑ ̃:t]. Enq. : /apsãt/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : absence, absent, absentéisme, absentéiste (anc. absentement).
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov. absentar; n. prov. absenta, assenta, aussenta; ital. assentare; a. esp., cat. absentar; esp. ausentar; port. absentar, ausentar. 1. 1332 réfl. « s'éloigner d'un lieu », (cité ds Giry, Etablissements de Rouen, 2, 137, Delb. ds Quem. s.v.) : toutes foiz que aucuns desdiz esleuz aura cause necessaire de soy absenter de la ville; 2. 1385 « écarter, chasser » emploi fig., trans. (Jehan des Preis, Geste de Liège, 30020 ds Gdf. Compl. : ne puet celle pueur de la estre absentee). Empr. au lat. absentare, réfl. « s'éloigner d'un lieu », dep. St Augustin, Sermo 235, 4 ds TLL s.v., 170, 45 : dominus absentavit se corpore ab omni ecclesia; cf. lat. médiév. 1195-1280, Acta imperii, éd. E. Winkelmann I, 846 ds Mittellat. W. s.v., 47, 64 : accusatus... assentaverit se de regno, d'où 1; emploi fig. « écarter, chasser », dep. le ives. Ps. Cyprien, De singularitate clericorum, ch. 30 ds TLL s.v., 170, 36 : optanda semper cognatis absentatur adfinitas proximorum; cf. lat. médiév., 1052, Pierre Damien, Liber gratissimus, 18, p. 44, 25 ds Mittellat. W. s.v., 47, 50 : nec mulierum a se contubernium... voluit absentare, d'où 2. HIST. − Vivant en a. fr. sous la forme trans. avec différents sens et emplois et sous la forme réfl. (cf. étymol.). La forme trans. disparaît après le xvies., seule subsiste la forme pronom. A. − S'absenter « s'éloigner d'un lieu » dep. 1322. Nicot précise qu'il ,,est tousiours prins en mauvaise part``. Cette valeur péj. subsiste dans un emploi partic. du verbe, distinct à partir de Fur. 1690 et explicité jusqu'à Besch. Ensuite l'idée est sous-jacente au mot dans certains cas (cf. sém. I B et rem. gén.) et notamment dans un cont. jur. : S'absenter, signifie encore, s'enfuir, se cacher, se mettre à couvert, de peur de quelque accusation ou recherche. Il s'est absenté de la ville, à cause qu'on avoit decreté contre luy. Fur. 1690. − Rem. Dès Ac. 1694 peut s'employer à la forme absolue et subsiste : Il faut qu'il s'absente. Ac. 1694. B.− S'absenter (« s'éloigner ») d'une pers. D'après la docum. n'apparaît qu'au xvies. : Ainsi quand par fortune, ou quand par maladie Je m'absente de vous, ma Muse est refroidie. Ronsard, Elégies, 1 (Hug.). Attesté ensuite dans la série des Fur. et des Trév. mais jamais dans les éd. anc. de Ac. Disparaît au xixes., excepté dans un cas isolé (ex. 4).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 266. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 248, b) 602; xxes. : a) 409, b) 348.