Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ABRUTISSANT, ANTE, adj.
Au fig. Qui abrutit.
1. [En parlant d'un mode de vie, d'un type de comportement, d'une besogne] Qui abaisse au niveau de la bête en diminuant ou détruisant l'activité intellectuelle ou spirituelle :
1. ... nous avions dix-huit cents vers de Virgile à copier dans notre journée; besogne abrutissante et bête qui n'apprend rien, ne laisse rien dans le cerveau et qu'on s'accoutume vite à faire machinalement tout en causant avec ses propres idées. M. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, Introd., p. 58.
2. Je mène une petite vie douce et abrutissante. Coucher avant 10 heures, lever vers 8 ou 9. Je ne fais rien du tout, et mon oisiveté ne me pèse plus. J'arrive souvent à ne plus songer à rien. Ce sont les meilleurs moments. G. Flaubert, Correspondance,1875, p. 262.
3. Le sauvage de l'Océanie prend son île pour le monde. Plus téméraires encore sont ceux qui prétendent enserrer de lignes l'infini. Voilà pourquoi de toutes les études la plus abrutissante, la plus destructive de toute poésie et de toute intelligence, c'est la théologie. E. Renan, L'Avenir de la Science,1890, préf., p. 57.
4. Dans votre dernière lettre si violente où vous ne vous accusez de rien, je remarque particulièrement le reproche de « sottise », reproche absolument confondant, ahurissant et abrutissant de la part d'un artiste incontestable qui, depuis environ dix-huit mois, s'est laissé « mettre dedans » par le plus bas, le plus puant, le plus imbécile des mufles contemporains. L. Bloy, Journal,1900, p. 387.
2. [En parlant d'un instrument bruyant, d'un vacarme] Même sens, avec en outre une idée de fatigue nerveuse cause de l'abrutissement :
5. ... nous buvions indéfiniment entre hommes sous l'inutile mais abrutissant ventilateur, qui se perdait à moudre depuis les Canaries le coton tiède atmosphérique. L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 153.
3. Les 2 sens réunis :
6. « ... chacune de ces journées perdues, abrutissantes, désâmantes, vous coûtant plusieurs centaines de francs... » H. de Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1411.
Rem. 1. Le mot se construit sans compl., à la différence p. ext. de l'adj. destructif (ex. 3); l'obj. implicite désigne toujours des pers. 2. Il s'associe fréquemment à des adj. comme bête (ex. 1), destructif (ex. 3), qui explicitent certaines implications de son contenu sém. L'ex. 6 est rendu intéressant par un nouv. synon. de abrutissant, créé par H. de Montherlant. L'aut. parle de journées qui sont abrutissantes parce qu'elles sont désâmantes : parce qu'elles vous font oublier votre âme, votre intelligence (dé- : préf. dimin. + âme + ante : suff. factitif). L'ex. 4 marque la perte momentanée d'une part. des fac. de l'esprit (cf. abrutir) sous l'effet partic. de la surprise : confondant, ahurissant, abrutissant qui sont sur le même plan. 3. Le mot est gén. péj. Dans l'ex. 2 il est associé à douce, l'aut. pensant à l'anim. en tant que celui-ci n'a pas à s'imposer les fatigues du travail intellectuel; abrutissant devient ainsi synon. de reposant.
Prononc. : [abʀytisɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Enq. : /abʀytisã, -t/.
Étymol. ET HIST. − Fin xviies. « qui rend semblable à la brute » (Massillon, Avent, Noël, I ds Fr. mod., XXXVI, 138 : Les plaisirs abrutissants de la table). N'est pas recensé de façon autonome av. Ac. Suppl. 1835 et ne se rapporte plus qu'au sens de abrutir « rendre lourd, épais », le sens fort ayant disparu (qualifié de vx et litt. dans Pt Rob.). Part. prés. adjectivé de abrutir*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 51.