Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ABRI, subst. masc.
Lieu servant à protéger.
A.− Sens propre
1. Lang. cour. Lieu couvert protégeant des hommes ou des anim. contre les intempéries ou qq. danger :
1. Après avoir traversé une petite plaine couverte de troupeaux de bœufs, et dans laquelle il ne reste que quelques arbres pour servir d'abri à ces animaux contre la pluie ou les trop grandes chaleurs, nous montâmes des collines ... Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 2, 1797, p. 261.
2. C'est grâce à l'appropriation du sol et des capitaux, que l'homme qui n'a que ses bras trouve de l'occupation et se fait un revenu. (...) le plus mince de nos ouvriers, s'il est valide, s'il est laborieux, a un abri, un vêtement, et peut gagner, tout au moins, sa subsistance. J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, p. 405.
3. Les deux tentes arabes dressées pour nous recevoir serviront d'asile à nos gens et d'abri pour nos bagages. E. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 16.
4. Là-dessous, tout le fouillis et tout le pittoresque architectural de cabanes en terre moussue, de huttes en rameaux de sapin encore verts, d'abris faits de branchages desséchés couleur raisin de Corinthe, de tentes de toile grise surmontées de fumées azurées, ... E. et J. de Goncourt, Journal,oct., 1870, p. 640.
5. « ... l'âme humaine n'est que caprice et faiblesse; toi-même, ami maraud, ne te plains-tu pas quelquefois de ton cœur trop sensible? Ah! Giovanni, qu'avons-nous fait là? Où courons-nous? Quel démon nous chasse de ces lieux? Eh quoi! Ne trouverons-nous jamais l'abri où reposer nos vieux os de vagabonds? » O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 203.
6. ... après une matinée de terrassement, on était réunis pour prendre le repas. Il tombait une pluie torrentielle; on était brouillés et noyés et bousculés par l'inondation, et on mangeait debout, à la file, sans abri, en plein ciel liquéfié. H. Barbusse, Le Feu,1916, p. 122.
7. Elle quêta des yeux un coin où se cacher, un abri. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 172.
2. P. ext., dans divers domaines techn.Dispositif, couvert ou non, servant à protéger.
AGRIC., HORTIC. ,,Tout dispositif propre à protéger les plantes contre l'action des vents, du froid, etc.`` (Lar. encyclop.) :
8. Les citronniers, plus grêles, plus élancés, avaient tout à la fois moins de faste et plus d'élégance. Parfois des claies protectrices au-dessus d'eux leur faisaient un abri presque sombre. A. Gide, Journal,Feuillets, 1902, p. 100.
CH. DE FER. Abri d'une locomotive. ,,Emplacement protégé et vitré destiné au mécanicien et au chauffeur pour leur permettre d'assurer leur service et la manœuvre des appareils de commande et d'alimentation.`` (Lar. 20e).
MAR. Emplacement côtier naturel ou constr., servant à protéger les bateaux contre la tempête :
9. La côte n'offrait aucun abri. Nulle baie, nulle anse, nul port. Pas même une crique. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 249.
10. Le mot abri est aussi employé pour qualifier un port, une rade, sans spécifier contre quel danger, risque ou inconvénient il abrite. Rade-abri. On donne ce nom à la partie de la rade qui est abritée par des ouvrages d'art contre la mer. (...) on appelle abri de navigation l'endroit de la passerelle de navigation protégé du vent, des embruns et de la pluie par un vitrage. Abri du marin (...) locaux (...) qui servent de centre de réunion, de délassement, d'instruction et de soins médicaux aux pêcheurs et aux marins de commerce. Le Clère1960.
MILIT. (TECHN.). Moyen naturel aménagé ou ouvrage enterré pour protéger les milit. en campagne contre la vue et le tir de l'ennemi :
11. Chaque ouvrage, tranchée, boyau, fortin, abri, boqueteau a reçu une dénomination particulière ou un numéro d'ordre précédé d'une lettre variant suivant les secteurs de l'attaque. M. Barrès, Mes cahiers,t. 11, févr. 1917-nov. 1918, p. 323.
Rem. On rencontre abri comme 1erou 2eterme de composés tranchée-abri, tente-abri et abri-caverne :
12. Pendant la nuit, le génie avait travaillé à des ouvrages de défense. Même, sous le feu commençant des prussiens, on creusait encore des tranchées-abris, on élevait des épaulements. É. Zola, La Débâcle,1892, p. 239.
13. Le fort lui-même a pour garnison deux compagnies du 71erégiment territorial, composé de braves gens de l'Anjou, consciencieux et calmes. Mais, qu'on n'imagine pas une ligne de tranchées continues et organisées, avec boyaux de communication, abris-cavernes, dépôts de munitions, etc., etc.! H. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 79.
À l'époque mod., abri antiaérien, pour la protection notamment de la population civile.
TRAV. PUBL. Constr. couverte ou non destinée à protéger le voyageur sur la voie publique, notamment aux arrêts de tramways ou d'autobus.
B.− Emplois fig. Protection, refuge moral.
1. [Le lieu est réel, mais la protection est surtout mor.] :
14. ... quand on revient triste, où seraient, sans le mariage, le toit, l'abri, le feu qui flambe, la main amie qui vous serre la main? A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet,t. 4, 1836, p. 605.
15. Est-il de retraite plus douce Qu'un sein de mère, et quel abri Recueille avec moins de secousse Un cœur fragile endolori? Sully Prudhomme, Les Vaines tendresses,L'Amour maternel, 1875, p. 155.
16. Ce sont peut-être des demeures encore plus misérables ces tumulus qu'on voit de place en place au milieu des toits rouges, des demeures ou des silos, abris de la graine humaine ou du froment. A. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 286.
17. Ils avaient trouvé un abri, un coin à eux, un refuge exclusif aux misères et aux joies de sa famille; ... G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 333.
18. ... écœuré d'avoir tout fait au monde pour être un bon garçon et d'avoir réussi à n'être qu'une poire, dupé, trompé, estampé, (...), j'ai résolu de réfugier désormais mon égoïsme bien acquis sous l'abri du toit à cochons qui s'appelle la légalité. G. Courteline, L'Article 330,1900, p. 261.
2. [Ce qui protège est une chose ou une pers.]
a) [Ce qui abrite est une chose, une abstraction, mais non un lieu au sens propre] :
19. ... hors la Charte point de salut. C'est le seul abri qui nous reste contre la république et contre le despotisme militaire ... F.-R. de Chateaubriand, Mélanges politiques,préf. t. 25, 1815, p. iv.
20. Chaque siècle, chaque heure, en poussière il [le temps] entraîne. Ces fragiles abris de la sagesse humaine, Empires, lois, autels, dieux, législations, Tentes que pour un jour dressent les nations, Et que les nations qui viennent après elles Foulent pour faire place à des tentes nouvelles; ... A. de Lamartine, Jocelyn,1836, p. 598.
21. ... quand je songe à cette horreur, à ce dégoût de l'existence qui s'est, d'années en années, exaspéré en moi, comme je comprends que j'aie forcément cinglé vers le seul port où je pouvais trouver un abri, vers l'Église. J.-K. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 42.
b) [Ce qui abrite est une pers.] :
22. Les français reconnaissaient avec plaisir dans sa personne [le comte d'Artois] leurs anciennes mœurs, leur ancienne politesse et leur ancien langage; la foule l'entourait et le pressait; consolante apparition du passé, double abri qu'il était contre l'étranger vainqueur et contre Bonaparte encore menaçant. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 518.
23. O Jésus! Je n'ai personne, vous êtes mon abri, mon recours, mon désir. E. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 223.
C.− Locutions
1. Loc. prép. À l'abri de, empl. également au sens propre et au sens fig., donc suivie d'un compl. concr. ou abstr. :
24. Ah! Cette maison aimée, la vie qu'on y menait si à l'abri des soucis et des tourmentes! E. Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 3.
25. C'est une tribu légendaire [les Thalmoudites]. Il est écrit d'eux qu'ils vivaient « dans le roc, à l'abri des tempêtes, livrés à leurs passions ». H.-R. Lenormand, Le Simoun,1921, 13etabl., p. 147.
Rem. On remarquera que chacun des 2 ex. contient un mot faisant image par rapport au sens propre (ex. 24 : tourmentes; ex. 25 : tempêtes).
2. Loc. adv. À l'abri(le plus souvent abri suggère un lieu réel, notamment dans l'expr. mettre à l'abri) :
26. Par bonheur, j'ai pu tirer vers une caverne, pas bien loin, où j'ai mis leur demoiselle à l'abri, ... R. Toepffer, Nouvelles génevoises,1839, p. 402.
27. ... une sorte de nostalgie du sein maternel semble inspirer le goût d'être enfermé et à l'abri, blotti dans les coins ou dans les bras des adultes, recroquevillé dans ses attitudes. E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 356.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abʀi]. 2. Hist. − On relève les var. graph. suiv. : arbri au xiiies. (cf. étymol.), abric chez d'Aubigné (cf. ex. ds Hug.), abrit chez Rabelais (id.), abril chez saint François de Sales (id.). − Rem. Pour la conservation du groupe br, cf. abrier.
Étymol. − 1. Ca 1170 « lieu où l'on est à couvert contre les injures du temps » (Rois, p. 251 ds Gdf. Compl. : Quant vint tempeste e pluie, en cel encloistre pur abri aveir entrerent); ca 1180 « lieu protégé » (Marie de France, Fables, 61, 7, éd. K. Warnke ds T.-L. : descent jus, Si sié lez mei en cest abri); 2. xiiies. emploi fig. « protection » (Fragments d'une Vie de saint Thomas de Cantorbéry, I, 102, éd. Meyer, ds T.-L. : Mande k'il ne li sunt lëaus, Ki sun mortel enemi Funt tel solas et tel arbri). Subst. verbal de abrier*. HIST. − A.− Entré dans la lang. au xiies. (cf. étymol.), le mot est attesté de façon continue au propre et au fig. jusqu'à l'époque contemp. xvies. : Est un lieu couvert et remparé contre le vent et la pluye (...). Et par métaphore se prend pour retraite, lieu à garand et de seureté. (Nicot 1606). xviies. : Je veux une coiffure en dépit de la mode, Sous qui toute ma tête ait un abri commode. (Molière, L'école des maris, t. 1 ds Rich.). xviiies. : Lieu à couvert du soleil, du vent et du froid (...). Se dit figurément en Morale d'un lieu où l'on est en sûreté, de tout ce qui nous met hors de danger. (Trév. 1771). B.− Emplois techn. Abri est très usité dans le vocab. techn. (cf. sém.). 1. L'emploi en mar. est le 1eren date; il apparaît en 1678 d'apr. la docum. et connaît dans ce même vocab. de la mar. diverses utilisations : Abry est un mouillage à couvert du vent. (1678, Guillet ds Jal 1848). 2. A partir du xixes., multiplication des emplois techn. (cf. sém. et Lar. 20e). − Rem. Les loc. à l'abri, à l'abri de apparaissent tôt et sont continuement attestées : xiies. : Et en la coverture m'esjoirai, Ce est en l'abri des deus commandemenz de charité. (Comment. sur les Psaumes, B. N. p. 60 ds Gdf.). xvies. : Ie suis à l'abri de l'importunité du monde, de l'oppresse, de la guerre, de la calomnie. (Nicot 1606). xviies. : On dit aussi adverbialement, Se mettre à l'abri de l'orage, Ce criminel ayant eu advis qu'on le vouloit prendre, s'est mis à l'abri, s'est sauvé en quelque asyle. (Fur. 1690). xviiies. cf. Fur. 1701, Trév. 1704 à 1771, Ac. 1718 à 1798.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 779. Fréq. rel. : xixes. : a) 4 355, b) 3 135; xxes. : a) 3 611, b) 4 250.
BBG. − Brandin (L.). Le Plus ancien exemple du français abrier. Romania. 1906, t. 35, pp. 293-295, − Bugge (S.). Étymologies romanes. Romania. 1875, t. 4, p. 348, 369. − Chabat. t. 1 1875. − Dainv. 1964. − Delc. t. 1 1926. − Delorme 1962. Gruss 1952. − Horning (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, t. 21, p. 449. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Le Clère 1960. − Musset-Lloret 1964. − Paris (G.) Abrier, abri. Romania, 1899, t. 28, pp. 433-435. − Pétrol. 1964. − Privat-Foc. 1870. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.