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ABRACADABRANT, ANTE, adj.
[Gén. en parlant d'une manifestation de l'activité hum.] Étrange et compliqué, jusqu'à l'incohérence ou au délire; totalement incompréhensible :
1. Là, je demandai un pot de vin nouveau, que je mélangeai d'un pot de vin vieux, et j'écrivis à la déesse une lettre de quatre pages d'un style abracadabrant. G. de Nerval, La Pandora,1855, p. 743.
2. Flaubert, en malin qu'il est, a choisi, depuis quelques années, les milieux les plus colorés, les plus excentriques, les plus carthaginois, les plus épatants pour les bourgeois. Mais sous le décor et le costume, son humanité est diantrement poncive. Il n'y a pas chez lui la fantaisie abracadabrante d'un poète « haschiché » ou la retrouvaille psychologique d'un « voyant » dans les humanités mortes. E. et J. de Goncourt, Journal,1871, p. 845.
3. Interpellé de la sorte, le groupe assez éclairci des tranche-montagnes contraires aux trois intimes eut des gestes abracadabrants et se précipita dans l'arène, ... L. Cladel, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs,1879, p. 64.
4. Bourget avait passé une soirée musicale inénarrable en compagnie de cette femme à la taie sur l'œil, de ce chien détraqué, et de l'abracadabrant « Macabre ». E. et J. de Goncourt, Journal,1886, p. 551.
5. Il apparaissait comme un abracadabrant écuyer de quelque Pologne fantastique. L. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 47.
6. Des fantaisies. Des humeurs abracadabrantes. D'abord j'ai vu tout en rouge... comme un nuage tout gonflé de sang... L.-F. Céline, Mort à crédit,1936, p. 103.
7. ... quand on lui racontait l'histoire la plus abracadabrante, la plus monstrueuse, une évasion aventureuse, les prix du marché noir, ou qu'on lui parlait de l'inexprimable horreur des otages fusillés... c'est normal... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 21.
Rem. D'orig. cabalistique, empl. d'abord par les initiés, ce mot, dér. de abracadabra, signifie d'abord « incompréhensible » (ce sens est perceptible dans l'ex. 1); mais il en vient à exprimer non seulement la fantaisie la plus débridée (ex. 2, 5) mais aussi la violence, la démesure (ex. 6). Le sens est devenu « qui est en dehors des normes, qui est fou ». Dans l'ex. 4, les Goncourt risquent un jeu de mots avec Macabre (l'abracadabrant « Macabre »). Abracadabrant qualifie gén. un inanimé en rapport avec l'homme : gestes (ex. 3); style (ex. 1); 2 ex. d'emploi avec un animé (ex. 4 et 5) présentent en outre cette particularité que l'adj. précède le subst. : un abracadabrant écuyer.
Prononc. : [abʀakadabʀ ɑ ̃], fém. [ɑ ̃:t]. Enq. : /abʀakadabʀã, -t/.
Étymol. ET HIST. − 1834 « qui jette dans la confusion d'esprit (d'une chose) » (T. Gautier, Grotesques, p. 142 ds Fr. Mod., XV, 129 : les vers abracadabrans); 1860 « id. » (Diogène, 15 déc. ibid., XIII, 289 : ces phrases... forment ensemble l'amalgame le plus abracadabrant). Dér. de abracadabra*; suff. adj. -ant* (Nyrop t. 3, § 176).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 30.