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ABDIQUER, verbe trans.
I.− Sens propre; emploi transitif vieilli et absolu. DR. [Le suj. désigne le plus souvent un souverain ou un suzerain régnant] Renoncer, de plein gré ou non, à de hautes fonctions, à l'autorité souveraine.
P. ext. [Le suj. désigne le détenteur de la puissance] Renoncer à toute espèce de puissance, de droit ou de charge :
1. Au pied du tombeau d'Octave, s'élevoit un tribunal de gazon surmonté d'une colonne qui portoit une statue de Jupiter. C'étoit à ce tribunal que Dioclétien devoit paroître au lever de l'aurore, pour abdiquer la pourpre au milieu des soldats sous les armes. Depuis le jour où Sylla se dépouilla de la dictature, jamais plus grand spectacle n'avoit frappé les regards des romains. F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,1810, p. 71.
2. En moins de six semaines, l'empereur avait abdiqué son trône, il s'était remis entre les mains des anglais, il se trouvait condamné sur un roc au milieu du vaste océan. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 55.
3. ... cette église qui a précédé, qui a formé tous les états chrétiens, est censée avoir consenti, pour être reçue dans l'état, à soumettre entièrement sa discipline à l'autorité de l'état, à élever les princes temporels au-dessus de ses pontifes et de ses conciles, à renoncer à son indépendance, à abdiquer sa puissance divine, à détruire ce que Dieu même a établi! F.-R. de Lamennais, De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil,1826, p. 176.
4. Il craignait toujours une mésintelligence entre lui et le pacha, ce qui ne tarda pas à arriver. En 1789, une rupture violente éclata entre ces deux princes; et l'émir Joussef, hors d'état de résister, résolut d'abdiquer. A. de Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 257.
5. Un grand crime a eu lieu; il a produit l'énergique explosion d'un principe : devait-on, à cause de ce crime et du triomphe moral et politique qui en a été la suite, renverser l'ordre de choses établi? Examinons : « Charles X et son fils sont déchus ou ont abdiqué, comme il vous plaira de l'entendre; mais le trône n'est pas vacant : après eux venait un enfant; devait-on condamner son innocence?... » F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 663.
6. Alcimaque plaît encore aux femmes; il est galant, leur avis est toujours le sien; mais Alcimaque est un présomptueux. Il faut qu'on l'ait beaucoup gâté. Alcimaque est une faute des femmes. Maintenant, c'est un roi qui perd le sceptre et ne veut pas abdiquer volontairement. L.-E. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 151.
7. Je refuse net votre charte. Une charte est un masque; le mensonge est dessous. Un peuple qui accepte une charte abdique. Le droit n'est le droit qu'entier. V. Hugo, Les Misérables,t. 1,1862, p. 799.
8. Un jour M. Mabeuf quitta la rue Mézières, abdiqua les fonctions de marguillier, renonça à Saint-Sulpice, vendit une partie, non de ses livres, mais de ses estampes, (...) et s'alla installer dans une petite maison du boulevard Montparnasse, ... V. Hugo, Les Misérables,t. 1,1862, p. 821.
9. ... plus au fond je crois découvrir une tentation, la tentation du renoncement absolu, le dégoût de toute lutte intéressée, la vanité raffinée du détachement. Or se détacher du devoir, abdiquer ses charges, se démettre de la vie, c'est en effet déserter, rechercher ses aises, se rechercher soi-même. H.-F. Amiel, Journal,1866, p. 442.
10. La république, et ceux qui voulaient à la fois le salut de la république et celui du pays, furent d'accord pour appeler à l'aide le général victorieux. Les directeurs avaient déjà pensé à Joubert. De toute façon, la république abdiquait. Anarchie, ruine financière, débâcle militaire menaçante : tel en était le triste bilan. J. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 97.
11. Un régime, moral, social, politique, économique, a abdiqué dans la défaite, après s'être lui-même paralysé dans la licence. Un autre, sorti d'une criminelle capitulation, s'exalte en pouvoir personnel. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Appel, 1954, p. 678.
Rem. Les verbes avec lesquels le mot est le plus fréquemment associé sont : renoncer (ex. 3, 8), se soumettre (ex. 3), accepter (ex. 7); il est plus rarement associé avec : déchoir (ex. 5), perdre le sceptre (ex. 6), se démettre (ex. 9). Les ex. 3 et 8 témoignent de l'ext. prise par abdiquer, qui s'emploie non seulement lorsqu'il s'agit du pouvoir souverain (cf. ex. 2 abdiquer le trône), mais aussi à propos de toute autre fonction ou d'une puissance spirituelle. Les ex. 7 et 9 montrent comment s'est effectué le passage entre le sens I et le sens II; dans l'ex. 9, abdiquer, ayant pour compl. charges, conserve une valeur jur., tout en fonctionnant dans un cont. mor.; dans l'ex. 7 il s'agit de la liberté et des droits pol. des citoyens.
II.− Au fig.
A.− Emploi trans. [L'obj. est un inanimé abstr. désignant un sentiment exclusif intéressant le moi tout entier, ou une valeur de grand prix; le suj. désigne une pers. considérée comme un être libre] Renoncer à quelque chose :
12. ... quand il y va de la conscience, de la pensée, de l'existence intérieure, abdiquer le gouvernement de soi-même, se livrer à un pouvoir étranger, c'est un véritable suicide moral, c'est une servitude cent fois pire que celle du corps, que celle de la glèbe. F. Guizot, Hist. générale de la civilisation en Europe1828, p. 4.
13. Cet instinct d'abnégation que nous avons trouvé en Allemagne est étranger à l'Italie. En cela, comme en tout, l'opposition des deux peuples est tranchée. L'Italien n'a garde de s'abdiquer lui-même, et de se perdre avec Dieu et le monde dans un même idéalisme. Il fait descendre Dieu à lui, il le matérialise, le forme à son plaisir, y cherche un objet d'art. Il fait de la religion, et souvent de bonne foi, un objet de gouvernement. J. Michelet, Introduction à l'histoire universelle,1831, p. 433.
14. Ta fierté serait donc ton endroit vulnérable; c'est peut-être même ton idole. Prends garde, renonces-y avant qu'elle ne soit brisée. Pour éviter les mortifications, le plus simple est de se soumettre d'avance à la volonté de Dieu, d'abdiquer sa volonté propre et de n'avoir d'autre idole que le devoir. Que peut-on blesser, torturer, déchirer dans le moi qui a renoncé à son moi, qui ne retient rien pour son compte, et qui a tout offert en sacrifice à Dieu? H.-F. Amiel, Journal,1866, p. 80.
15. On sentait une puissante individualité, que la foi s'était assujettie, mais que la règle ecclésiastique n'avait pas domptée. C'était un saint; c'était à peine un prêtre; ce n'était pas du tout un sulpicien. Il manquait à la première règle de la compagnie, qui est d'abdiquer tout ce qui peut s'appeler talent, originalité, pour se plier à la discipline d'une commune médiocrité. E. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 237.
16. ... toutes ces lâchetés ont un but : l'immense soulagement d'abdiquer toute activité, le nirvana du passivisme; un désintéressement complet de la dignité de la vie, le pliage définitif du respect humain, en un mot, l'hypocrite prétexte que veut le lâche pour se déclarer irresponsable. J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 48.
17. Cette abjection ne peut qu'inquiéter de la part de ceux qui ont charge de représenter la France. Ce sont eux qui assument la responsabilité des maux dont souffrent, à l'heure actuelle, certaines parties du pays des noirs. C'est que, pour avancer en grade, il fallait qu'ils n'eussent « pas d'histoires ». Hantés de cette idée, ils ont abdiqué toute fierté, ils ont hésité, temporisé, menti et délayé leurs mensonges. R. Maran, Batouala,1921, p. 14.
18. Elle eut soudain l'horrible et précis rappel de tout ce qu'elle avait fait pour cet homme, de leurs nuits, de cet amour insensé, de cette adoration d'une chair méprisable où elle s'était abaissée et prostituée. Jusqu'où n'avait-elle pas abdiqué sa pudeur et sa dignité, quel stupre n'avait-elle pas accepté pour susciter en lui le frisson du plaisir, mériter un mot, un geste, un regard contenté et repu qui la récompensait? M. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 124.
B.− Emploi absolu. Renoncer à agir (par contrainte ou par apathie) :
19. Être neutre, c'est abdiquer, c'est répudier tout le monde mais choisir entre deux partis le moins mauvais, ce n'est pas s'interdire de revenir plus tard au meilleur. A. de Lamartine, Correspondance,t. 1, 1833, p. 144.
20. Elle avait su se convaincre que ce n'était là ni un esprit ni un caractère avec lesquels il fût permis d'entrer en accommodements; elle comprenait qu'elle avait affaire à une de ces âmes susceptibles et fières qui imposent des conditions, mais qui n'en reçoivent pas, qui peuvent abdiquer, mais qui ne transigent jamais. Or, comme il s'agissait ici d'une abdication d'un million, il n'était pas vraisemblable que Bernard s'y résignât aisément, quelque désintéressé qu'on le supposât. J. Sandeau, Mademoiselle de la Seiglière,1848, p. 199.
21. Avoir été dans son pays l'homme idée, l'homme succès, l'homme révolution! Y renoncer! Abdiquer! N'être plus! Faire rire! Être un sac où il y a eu quelque chose! Être le passé quand on a été l'avenir! Aboutir à la pitié hautaine des idiots! Voir triompher la routine, l'entêtement, l'ornière, l'égoïsme, l'ignorance! V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 406.
22. Nous dispenser, nous abstenir, nous effacer, nous enterrer, voilà le vœu et la tactique de notre pusillanimité chronique. Nous sommes des pleutres par découragement. Nous nous désintéressons par apathie. Nous abdiquons par lâcheté. − Notre bouddhisme nous monarchise; il équivaut à une castration. H.-F. Amiel, Journal,1866, p. 208.
23. N'ayez peur de rien; faites ce que vous voulez. N'acceptez aucun esclavage, ni chaîne dorée, ni chaîne fleurie. Seulement, mes amis, soyez rois en vous-mêmes. N'abdiquez pas. Soyez maîtres des désirs et de la colère aussi bien que de la peur. Alain, Propos,1910, p. 72.
Rem. Dans cet emploi abdiquer est gén. péj.; noter cependant la nuance dans l'ex. 20, où il s'oppose à transiger.
Stylistique 1. L'emploi adjectif du part. passé peut se rencontrer : abdiqué « qui a abdiqué ». Sens I (cf. abdicataire) : 24. Elle était habillée de crêpe, portait un voile noir comme un diadème sur ses cheveux blancs, et ressemblait à une reine abdiquée. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 107. Sens II : 25. Je sens que je ne suis plus qu'un être abdiqué. Est-ce ma voix, cette voie qui murmure : − ce que tu voudras, ce que tu me demanderas, je le ferai, je le ferai. P. Benoit, L'Atlantide, 1919, p. 262. 2. L'emploi réfl. absolu (au sens II B) est exceptionnel; peut-être latinisme (cf. étymol. se abdicare) empl. au fig., ou arch. (cf. hist. II A), ou simplement souci de symétrie avec un réfl. voisin (se mutiler, s'affirmer), avec suggestion d'un effet de sens second. « renoncer à soi-même, se renoncer » : 26. Il est très vrai cependant que la raison peut être altérée; elle peut, jusqu'à un certain point, s'abdiquer, se mutiler; on peut l'induire à faire un mauvais usage de ses facultés, à n'en pas faire tout l'usage qu'elle a le droit d'en faire. F. Guizot, Hist. générale de la civilisation en Europe, 1828, p. 22. 27. Les plus sincères amitiés, les bonnes volontés, les tendresses à venir, je les soupçonnerai, je les découragerai, je les renierai. L'homme doit vivre seul. Aimer c'est s'abdiquer. Haïr, c'est s'affirmer. H. Bazin, Vipère au poing, 1948, p. xxv. 3. Qq. ex. intéressants (du point de vue de l'obj. ou du suj.) : 28. On n'abdique pas le crime aussi facilement qu'une couronne; le front que ceignit l'affreux bandeau en conserve des marques ineffaçables. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 597. 29. On grattait les N au Louvre. Le pont d'Austerlitz abdiquait et s'intitulait pont du Jardin du Roi, double énigme qui déguisait à la fois le pont d'Austerlitz et le Jardin des Plantes. V. Hugo, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 145. 30. Enfin un rivage fut signalé; et nous vîmes, en approchant, que c'était une terre magnifique, éblouissante. Il semblait que les musiques de la vie s'en détachaient en un vague murmure, et que de ces côtes, riches en verdures de toute sorte, s'exhalait, jusqu'à plusieurs lieues, une délicieuse odeur de fleurs et de fruits. Aussitôt chacun fut joyeux, chacun abdiqua sa mauvaise humeur. Toutes les querelles furent oubliées, tous les torts réciproques pardonnés; les duels convenus furent rayés de la mémoire, et les rancunes s'envolèrent comme des fumées. Ch. Baudelaire, Petits poèmes en prose, Déjà! 1867, p. 170. 31. La province a des habitants Qui vivent avec bonhomie, Et qui sont toujours bien portants. Ils ont un soleil magnifique, Un air pur, un vaste horizon; Depuis que le printemps abdique, L'automne est la douce saison. Je vois d'ici des paysages Comme on en peint dans les tableaux; Les prés, les bois et les villages Posent exprès sur les coteaux. G. Nadaud, Chansons, 1870, p. 267.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abdike]. Enq. : /abdik/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : abdicataire, abdication. 3. Forme graph. − La graph. qu est remplacée par c dans les dér. en -a-. Cette alternance est rég. pour les verbes en qu-devant les suff. -ataire et -ation (cf. R. Thimonnier, Principes d'une réforme rationnelle de l'orthographe, 1968, p. 18-19).
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : prov. abdica; ital. abdicare; esp., port, cat. abdicar. 1. Ca 1375, « renoncer au pouvoir », réfl., terme jur. dans une trad. (Symon de Hesdin, Trad. de Val. Max. fol. 99b [impr. abdita] ds Gdf. Compl. : Et lors se abdica, c'est à dire se desmit de sa dictature); 2. 1402, 20 avril trans. « renoncer (à qqc. que l'on possède) » terme jur. (Ordon., VIII, 496, ibid. : Nous ne devons aucune chose detraire, abdiquer ou aliener, qui soit du domaine de nostre couronne); 3. 1539 « renier, déshériter (un fils) » (Thérence en françoys, fol. 222c, ibid. : ... Pour me abdiquer et priver Si soubdain de ton heritage?). Empr. au lat. abdicare (comme dīcere, abdicere, dīcare, terme techn. à son orig.) attesté comme terme jur. au sens de « se refuser à reconnaître, renier (un fils) » dep. Pacuvius (Tragoed. frag., 343, TLL s.v., 53, 83 : te ... natum abdico; cf. 1119-90 Epistol. a Wibaldo coll., 312, Mittellat. W. s.v., 16, 72 : a. filios), d'où 3. Emploi fréq. en lat. class. : se abdicare + ablatif « renoncer à (une charge) »; emploi réfl. : se abdicare « renoncer au pouvoir, à une charge » (Papinianus, Digest, 1, 18, 20, TLL s.v., 55, 3 : abdicando se, non amittit imperium), d'où 1. 2 est empr. au lat. jur. médiév. (cf. xiie-xiiies., Chart. scrinior. Coloniens., I, p. 19, 17, Mittellat. W. s.v., 17, 40 : heredes suam partem manu et calamo abdicarunt). HISTORIQUE I.− Sens disparu av. 1789. − « Renier, deshériter » (un fils), cf. étymol. 3 : Quel pechié ou quel vitupere Peut il contre moy approuver Pour me abdiquer et priver Si soubdain de son heritage? Thérence en francoys, f. 222c (Gdf.). On dit en Droit, abdiquer un fils, pour dire l'abandonner, le chasser de sa maison, ne le reconnaître plus pour fils. C'est l'exhéréder, et le priver de tous les avantages attachés à sa qualité de fils. Est quasi negare filium. Trév., 1771. − Rem. 1. La technicité du sens est prouvée à la fois par son absence ds les dict. de l'Ac. (qui donnent la lang. de ,,l'honnête homme`` en excluant celle du ,,pédant``) et sa présence ds Fur., ds Trév. (tous dict. à vocation encyclop.). 2. P. ext., abdiquer de soy « rejeter, détacher de soi » : Tout ainsi que le vassal ne se peut dispenser de la foy envers son Seigneur féodal, aussi ne peut le Seigneur féodal abdiquer de soy son vassal sans le consentement de luy. E. Pasquier, Plaidoyé pour le duc de Lorraine, I, 1080, s. d. (Hug.). II.− Hist. des sens attestés apr. 1789. − A.− Sém. sens I, « renoncer volontairement ou de force à de hautes fonctions et particulièrement à l'autorité souveraine ». 1. « À l'autorité souveraine » : Et lors se abdique, c'est-à-dire se desmit de sa dictature. Sym. de Hesdin (étymol. 1). Ce sens subsiste jusqu'à nos jours. xviies. : Il y a eu bien des empereurs et des Rois qui ont abdiqué l'Empire, le Royaume. Fur. 1690. xviiies. : Abdiquer la Royauté. Abdiquer la Couronne. Abdiquer le Consulat. 2. « À d'autres fonctions importantes » : par ext. successives de l'accept. précédente. Si les dict. des xviieet xviiies. en font mention, c'est d'abord à propos de l'hist. romaine : cf. Ac. 1718 : ,,Il se dit aussi en parlant des magistratures des Romains`` puis Ac. 1740 : ,,Par ext. il se dit des principaux emplois et des places éminentes. Ce Général d'Ordre a abdiqué``. Cf. aussi : L'Empereur se plaignit et le duc crut devoir abdiquer l'ambassade. Moniteur, II, 1789, 395 (IGLF).Cf. sém. I. − Rem. Historiquement grande variété de constr. : a) Pronom. absolue : s'abdiquer (cf. sup. II A 1, Sym. de Hesdin); b) Pronom. + de : s'abdiquer de qqc. : Fortune ... ne l'abandonna pas, apres ce qu'il se fut abdique de son magistrat tyrannique. G. Budé, Institution du Prince, 1574, éd. J. Foucher, p. 160 (Hug.); c) Trans. directe : abdiquer qqc. (cf. sup. II A 1, Fur.); d) Absolue, abdiquer : Ce prince a abdiqué. Seules les constr. c et d subsistent. − B.− Sém. sens II « renoncer à (une chose) ». Ext. du sens I, 1reattest. 1402 (cf. étymol. 2) dans un cont. jur. : Nous ne devons aucune chose detraire, abdiquer ou aliener, qui soit du domaine de notre couronne. Ordonn., VIII, 496 (Gdf.). La coloration jur. peut se perdre et le mot s'emploie : a) Pour parler de biens moraux : 1694 : Pour peu qu'on ait de goût au rang où je me vois On abdique aisément ce qu'on a de bourgeois. Boursault, Mots à la mode, sc. 6 (Quem.). 1762 : Faut-il abdiquer mon autorité. Rousseau, Émile, 2 (DG). Fin du xviiies. : Si j'étais offensé, écoutant l'indulgence J'abdiquerais pour vous le droit de la vengeance. M.-J. Chénier, Tibère, IV, 3, (Littré). b) Pour parler de biens matériels : Souvent dépouillé de ses États et tantôt les abdiquant puis les reprenant. Saint-Simon, Mém., 1, 492 (DG). Les emplois a et b subsistent (cf. sém.). − Rem. « Renoncer à agir », « se déclarer vaincu » (cf. sém. II b). Cet emploi abondamment attesté à l'époque mod. ne figure pas dans la docum. ant. à 1789.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 509. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 950, b) 570; xxes. : a) 649, b) 654.
BBG. − J. Dubois Pol. 1962. − Dupin-Lab. 1846. − Gramm. 1789. − Pol. 1868.