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ABAT-JOUR, subst. masc. (inv.)
I.− Dispositif destiné à rabattre la lumière d'une lampe :
1. ... un quinquet muni d'un abat-jour en tôle renvoyait sa lumière sur l'eau jaunâtre... G. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 405.
2. Sous leurs abat-jour de métal, les bougies de cire des deux candélabres n'éclairent que la large table encombrée d'atlas ... F. Coppée, La Bonne souffrance,préf. 1898, p. 104.
3. ... on se mit à table. Ce fut une bonne soirée. Assis en face l'un de l'autre Pierre et Marthe se souriaient, et leurs yeux se cherchaient dans l'ombre qui noyait la pièce, au-dessus du large abat-jour de porcelaine blanche. E. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 184.
4. La lenteur du démarrage laissa le loisir de contempler les petites tables fleuries et claires sous les abat-jour de soie. P. Hamp, Marée fraîche,1908, p. 47.
5. C'était le moment trouble de la nuit qui commence, avec les yeux des réverbères s'ouvrant, çà et là, dans une ombre bleue, où les passants allaient plus nombreux, confondus. Il retrouvait sa chambre, il poussait jusqu'à elle, et sa petite lampe à abat-jour en papier rose; alors il avait un peu de répit; la lumière était calme, égale, derrière les rideaux tirés, et sur les pages de son livre, on aurait dit l'image même du silence. Ch.-F. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 71.
6. ... et l'on y poussait de petits cris en y apercevant ces nouveautés dans le décor qui foisonnent aujourd'hui à Saint-Jean-Pied-de-Port ou à Mareuil-sur-le-Lay : lampes-appliques et abat-jour en parchemin. L.-P. Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 51.
7. ... ma mémoire Retrouve la chambre et l'armoire L'eau qui chante dans la bouilloire Les phrases des coussins brodés L'abat-jour de fausse opaline L. Aragon, Le Roman inachevé,1956, p. 68.
Rem. 1. On peut noter dans ces ex. les différentes matières utilisées pour la fabrication de cet obj. Traditionnellement en porcelaine ou en tissu, il se fabrique aussi en papier, métal, matières plastiques, etc. 2. Au caractère utilitaire de l'abat-jour s'ajoutent des connotations affectives : intimité, ambiance, rapprochement des êtres autour du foyer lumineux comme autour d'une source de chaleur, etc. (cf. ex. 3, 5, 7).
II.− P. anal., fam. Visière :
8. ... ses petits yeux [de Gobseck] ... craignaient la lumière; mais l'abat-jour d'une vieille casquette les en garantissait. H. de Balzac, Gobseck,1835, p. 383.
9. Quant à sa coiffure, elle consistait en une casquette de peau de renard à visière longue et qui lui servait d'abat-jour. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 182.
10. Abat-jour : Visière. − Vient de l'armée d'Afrique où la visière de képi est surtout appréciée ... (D. Lacroix). Larch.Suppl.1880.
Rem. 1. On dit aussi dans ce sens un abat-reluit*. 2. Cet emploi partic. de abat-jour peut être rapproché de l'image mettre la main en abat-jour ou en visière pour faire écran :
11. Le sergent Bruidoux ... mit sa main en forme d'abat-jour au-dessus de ses yeux, et considéra un moment la frégate ... O. Feuillet, Bellah,1852, p. 8.
12. Elle est restée un moment à regarder; puis, pour mieux voir, elle a fait abat-jour de la main. J. Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 78.
P. méton. Casque colonial :
13. Abat-jour (Or.) [= dans l'armée d'Orient], casque colonial (L 5) [= La ..., brigadier téléphoniste, artillerie de montagne, armée d'Orient]. A. Dauzat, L'Argot de la guerre,1918, p. 241.
III.− ARCHIT. Ouverture percée obliquement dans un mur pour donner à un lieu plus de lumière :
14. (Arch.) − Ouverture en forme de soupirail destinée à envoyer de la lumière aux sous-sols et à tous autres endroits qui ne peuvent recevoir la lumière que d'en haut. J. Adeline, Lexique des termes d'art,1884.
P. ext. Volet incliné ou persienne servant à masquer cette ouverture ou à la protéger contre le soleil :
15. Ces chambres n'ont pas de fenêtres, le climat les rend superflues : l'air a toujours la tiédeur de nos plus belles journées de printemps; un mauvais abat-jour mal joint est le seul rempart que l'on interpose entre le soleil et soi. A. de Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 387.
16. Les rêveries de Fabrice furent interrompues par le menuisier de la citadelle, lequel venait prendre mesure d'abat-jour pour ses fenêtres; ... Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 297.
17. Elle fut obligée de quitter la volière pour courir auprès de son père; elle craignait par-dessus tout qu'il ne vînt l'y chercher; son génie soupçonneux n'eût point été content du grand voisinage de la fenêtre de cette volière et de l'abat-jour qui masquait celle du prisonnier. Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839p. 315.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [abaʒu:ʀ]. Enq. : /abaʒuʀ/. 2. Forme graph. − Mot inv.; un abat-jour, des abat-jour (cf. DG; Rob.), cf. abattre. 3. Hist. − Le mot apparaît sous sa forme actuelle dès Fur. 1690. En 1676, on relève la forme abajour(s) en un seul mot (cf. étymol.). Pour les formes avec redoublement de b abbat-jour, cf. abattre. Ce mot a un plur. en s jusqu'à Ac. 1835 qui préconise la forme inv. des abat-jour : ,,Il ne prend point d's au pluriel``.
ÉTYMOL. − 1. 1676 « fenêtre en forme de soupirail dont l'ébrasement est aménagé pour recevoir le jour d'en haut » terme d'archit. (Felibien, Princ. d'archit., 460 ds Quem. t. 1 1959 : Abajours, ce sont especes de fenestres); p. anal. 1749 « nom donné au buccin, coquillage dont l'aperture rappelle l'ébrasement de l'abat-jour » (Buffon, Hist. nat., I, 288 : ... et quoiqu'on trouve en grande quantité les cornes d'ammon, les pierres lenticulaires... le buccin appelé abajour, les sabots...); 2. 1728 « toile, volets qui servent à orienter la lumière » (Rich. : Abajour ... On appelle aussi Abajour la fermeture en glacis d'un vitrail d'Église ou de Dome, qui se fait pour en raccorder la décoration intérieure avec l'extérieur); 1829 « réflecteur qui rabat la lumière » (Boiste 1834 : Abat jour, s. m. ... calotte pour rabattre la clarté d'une lumière). Composé de abat, de abattre*, au sens propre, et de jour*. HIST. − Terme techn. à l'orig.; s'étend à la lang. cour. puis à l'arg. au xixes. I.− Disparition av. 1789. − « Nom donné au buccin », 1 seule attest. 1749, cf. étymol. 1. II.− Sens attestés apr. 1789. − A.− Terme d'archit. − 1. « fenêtre », 1erattest. 1676 (cf. étymol. 1), subsiste. 2. « volet », 1erattest. 1728 (cf. étymol. 2), subsiste (DG, Lar. 20e). B.− P. ext., sans doute p. anal. de forme, terme de bot.; 1erattest. 1749 (Quem. t. 1 1959), subsiste jusqu'à Besch. 1845 : « Certaines ouvertures placées sous le chapiteau de quelques espèces de pavots ». C.− « Réflecteur », 1erattest. 1829 (cf. étymol. 2), subsiste. D.− Terme d'arg., « visière » (Soldats d'Afrique, 1880 d'apr. Esn. 1965, Lar. 20e; pour l'orig. cf. sém. II, rem.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 252. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 209, b) 508; xxes. : a) 544, b) 293.
BBG. − Barb.-Card. 1963. − Chabat t. 1 1875. − Chesn. 1857. − Delorme 1962. − Jossier 1881. − Leloir 1961. − Mots rares 1965.