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TRUCHEMENT, subst. masc.
Littéraire
A. −
1. Interprète traducteur qui sert d'intermédiaire entre deux personnes ne sachant pas la langue l'une de l'autre. Synon. vx drogman.Comme ils [les reîtres] ne savaient pas un mot de français, et que le fils Macabre leur servait de truchement, il eût été bien inutile de vouloir parlementer (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 139).On aimerait bien de savoir qui a conduit le peintre [Hals] au philosophe [Descartes] (...) J'ignore d'ailleurs si les deux hommes pouvaient s'entendre l'un l'autre sans truchement (Valéry, Variété II, 1929, p. 34).
2. Personne qui parle à la place d'une autre, qui exprime sa pensée, lui servant d'intermédiaire, de porte-parole. Le ministre chrétien, dit encore saint Jérôme, est le truchement entre Dieu et l'homme (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 67).[MmeDesbordes-Valmore] n'introduisit jamais un tiers, un homme, comme truchement entre Dieu et elle (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1869, p. 166).
B. −
1. Ce qui fait comprendre, permet de traduire la pensée, les sentiments. Ainsi a procédé Raphaël, dit le vieillard en ôtant son bonnet de velours noir pour exprimer le respect que lui inspirait le roi de l'art (...) La Forme est, dans ses figures, ce qu'elle est chez nous, un truchement pour se communiquer des idées, des sensations, une vaste poësie (Balzac, Chef d'œuvre, 1831, p. 10).
2. Fait de servir d'intermédiaire, de communiquer quelque chose ne se traduisant pas nécessairement par la parole. Avoir recours au truchement de qqn. (Dict. xxes.).
Loc. Par le truchement de qqn/de qqc. Par l'intermédiaire, l'entremise de quelqu'un; au moyen de quelque chose. Le cierge est donc la figure du Christ; dès lors, on l'apporte à la Vierge médiatrice pour qu'elle (...) intercède pour nous; et cette intervention, elle peut également avoir lieu par le truchement moins valeureux des saints (Huysmans, Foules Lourdes, 1906, p. 37).La valeur initiatique reconnue à la danse n'est pas une valeur initiale, mais la valeur du mystère royal non plus ne s'est pas affirmée dès l'origine par le truchement symbolique et prestigieux de la danse (Cuisinier, Danse sacrée, 1951, p. 76).
Rem. D'apr. Hanse Nouv. 1987 si le sens premier de « interprète », de « personne qui sert d'intermédiaire » a vieilli et que le mot s'emploie surtout dans par le truchement de, « par l'intermédiaire de », il faut cependant éviter de dire: par le truchement d'un interprète, car une certaine conscience subsiste du sens premier.
Prononc. et Orth.: [tʀyʃmɑ ̃]. Ac. 1694: trucheman ,,Plusieurs escrivent Truchement``; 1718, 1740: -ment; 1762: -man; 1798-1878: -man, -ment (id. ds Littré); 1935: -ment (id. ds Lar. Lang. fr., Rob. 1985). -man conforme à l'étymol., -ment par confusion avec le suff. -ment. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. drugement « interprète » (Prise Orange, éd. C. Régnier, 422); fin xives. trucheman (Chron. de Flandre ds Delb. ds DG: puis revint ses truchemans); 2. mil. xves. truchement « personne qui parle à la place d'une autre, porte-parole, représentant » (Charles d'Orléans, Rondel, 163, 11 ds Poésies, éd. P. Champion, t. 2, p. 384: ung truchement lui fault querir); 3. 1557 « ce qui exprime, fait comprendre, connaître » (G. Du Puiherbault, De pénitence..., 17b ds Fonds Barbier: il n'est point de meilleur truchement des loix que la coustume); 1580 (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, 18, p. 667: la parolle [...] c'est le truchement de nostre ame); 4. 1893 loc. par le truchement de (Blondel, Action, p. 221). Empr. à l'ar.turǧumān « interprète, traducteur », dér. de tarǧama « traduire » (cf. drogman, targum). Fréq. abs. littér.: 78. Bbg. Gougenheim (G.). À propos de truchement. Fr. mod. 1939, t. 7, pp. 53-54.