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SIRÈNE, subst. fém.
I.
A. − MYTHOLOGIE
1. Être fabuleux, dont le haut du corps est celui d'une femme et le bas à partir de la taille est celui d'un poisson, qui selon les légendes attirait les marins par son chant mélodieux, les retenait prisonniers ou les faisait périr sur les écueils. Une combinaison de la femme et du poisson est une sirène, et la forme d'une sirène se fait aisément accepter. Mais une vivante sirène est-elle possible? (Valéry,Variété II, 1929, p. 231):
− Mais leur voix, leur voix, dites nous, leur voix comment était-elle? (Et chacun souhaitait les avoir entendues). − Elle était, dit Morgain, comme une vallée d'ombre et comme l'eau fraîche aux malades. Puis chacun parla de la nature des sirènes et de leurs ensorcellements; Morgain se tut et je compris qu'il regrettait les sirènes. Gide,Voy. Urien, 1893, p. 23.
En appos. Quand elles éprouvèrent la frénésie du désir, les femmes sirènes ne furent que des animaux, les mâles des brutes rugissantes (Mille,Barnavaux, 1908, p. 128).
En partic. Représentation sculptée ou peinte de cet être fabuleux en particulier dans la décoration des fontaines et comme sujet symbolique en héraldique ou en occultisme. Cette gracieuse fontaine dont mon grand-père l'architecte avoit orné la ville, et qu'enrichit une sirène de bronze qui a souvent, au gré de mon imagination charmée, confondu des chants poétiques avec le murmure de ses eaux (Nodier,Jean-François, 1832, p. 10).La sirène, monstre fabuleux et symbole hermétique, sert à caractériser l'union du soufre naissant, qui est notre poisson, et du mercure commun, appelé vierge (Fulcanelli,Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 205).
2. [Dans l'Odyssée d'Homère] Être fabuleux mi-femme, mi-oiseau appartenant aux divinités de la Mort, auquel Ulysse et ses compagnons résistèrent en se bouchant les oreilles avec de la cire. Homère et les écrivains classiques ne nous disent rien de l'aspect des Sirènes. Ce sont leurs commentateurs qui nous apprennent qu'elles ont un corps d'oiseau et une tête de femme (Lavedan1964).
B. − P. anal.
1. Vieilli. Personne qui par un discours habile, charme, séduit ou endoctrine quelqu'un. Trois femmes de la reine y avaient apporté un magasin de rubans: elles en décorèrent les chapeaux des satellites du roi, et d'autres hommes assez faibles pour se laisser aller aux discours de ces sirènes perfides (Marat,Pam-phlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 107).Pendant une heure encore, l'habile sirène acheva d'endoctriner Fernand à demi fou; elle sut lui faire comprendre et accepter par avance un rôle honteux (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 2, 1859, p. 341).
P. méton. Sirène de + subst.Appel, attrait irrésistible de quelque chose. Le citoyen, pendu à l'arbre par les poignets, la figure convulsée de douleur, découvre maintenant qu'il a été la dupe du marché, qu'il a travaillé à sa perte, qu'il a eu tort d'écouter les sirènes de la vertu (J.-R. Bloch,Dest. du S., 1931, p. 54).Dans les deux domaines qui lui étaient impartis, l'esthétique comme l'histoire, l'art abdiquait donc sa réalité constitutive, irréductible à toute autre, pour se laisser glisser vers l'appel des sirènes de la science (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p. 421).
2. Femme ayant un très grand pouvoir de séduction. Charles, que sa cousine regardoit fixement, n'osoit se hasarder à contempler cette sirène charmante: il rougissoit comme un enfant (Balzac,Annette, t. 1, 1824, p. 79).Je ramenais les maris dévergondés, captifs des sirènes extra-conjugales, à leurs épouses désespérées (Arnoux,Paris, 1939, p. 294).
C. − ZOOL. Genre de Reptile batracien de la famille des Sirénidés au corps serpentiforme possédant deux membres antérieurs, qui respire à la fois par des poumons et des branchies. Les batraciens, qui subissent des métamorphoses, sont pourvus de branchies dans leur premier état seulement. Mais la sirène et les protées conservent peut-être, pendant toute leur vie, des poumons et des branchies (Cuvier,Anat. comp., t. 4, 1805, p. 348).Les batraciens perennibranches (les protées, les sirènes) possèdent simultanément les deux modes de respiration pulmonaire et branchial (Hamelin,Élém. princ. représ., 1907, p. 218).
Rare. [N. donné quelquefois au lamantin] On a douté de la sirène antique: peu de gens savent qu'il en existe trois, conservées sous verre, au musée royal de la Haye, sous le N o449, et pêchées par les Hollandais dans les mers de Java (Nerval,Nouv. et fantais., 1855, p. 287).
II.
A. − PHYS. Appareil servant à évaluer la hauteur d'un son en déterminant le nombre de vibrations correspondant à un son donné. La sirène inventée par le physicien Cagnard-Latour, est un appareil au moyen duquel on détermine le nombre des vibrations correspondant à chaque son (Rougnon1935, p. 238).Avec une sirène photoélectrique, il [Schouten] a constaté que l'annulation interférentielle du fondamental laisse persister une masse sonore (Piéron,Sensation, 1945, p. 187).
B. − TECHNOL. Appareil servant à produire un signal sonore très puissant le plus souvent au moyen d'air comprimé, de vapeur ou par l'électricité, utilisé comme moyen d'appel ou d'alerte. Hurlement, beuglement, mugissement d'une sirène; actionner, déclancher la sirène; sirène d'alarme; sirène d'usine, de paquebot; coup de sirène. Lorsque les bruits de sirène annonçaient la reprise du travail, le débit se vidait en quelques instants (Dabit,Hôtel Nord, 1929, p. 130).Souvent la nuit, les sirènes hululaient; dehors, les réverbères et les fenêtres s'éteignaient; on entendait des pas hâtifs et la voix irritée du chef d'îlot, M. Dardelle, qui criait: « Lumière » (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p. 64).
P. méton. Bruit produit par une sirène. La sirène annonciatrice des bombes ne troublait pas plus les habitués de Jupien que n'eût fait un iceberg (Proust,Temps retr., 1922, p. 834).Puis, brusquement, comme le cri d'une bête à l'agonie, la sirène déchirait le silence. La peur que les visages reflétaient! Ils comptaient aux battements de leur cœur les secondes que durait l'appel du navire (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p. 145).
REM.
Siréner, verbe intrans.Faire retentir une sirène, produire un signal avec une sirène. Ça se passait à la Pourneuve de l'autre côté de la Garenne. On s'y mettait tous les deux. Juste comme je l'avais prévu un remorqueur a siréné. C'était le moment qu'on se sauve (Céline,Mort à crédit, 1936, p. 29).
Prononc. et Orth.: [siʀ εn]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694-1740 au plur. Infra sy-. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin xies. sereine (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 130); 1121-34 serena (var. sereine) « être fabuleux de la mythologie grecque » (Philippe de Thaon, Bestiaire, 1361 ds T.-L.); 1377 syrene (Oresme, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 126d, 5-6); 1461-62 a voix de seraine (Villon, Ballade des dames du temps jadis, éd. Rychner et Henry, Testament, p. 346); 1604 « femme douée d'un dangereux pouvoir de séduction » (Montchrestien, Les Lacenes, éd. Petit de Julleville, p. 163); 2. 1852 hérald. (Grandm.). B. 1. 1819 syrène « appareil destiné à produire un son de hauteur variable et permettant de mesurer cette hauteur » (Rapport du Jury central sur les produits de l'industr. fr., chap. XXIV, p. 231); 2. 1888 « puissant appareil sonore destiné à produire un signal utilisé d'abord sur les navires dans les ports » (Maupass., Pierre et Jean, p. 107). II. 1671 « sorte de mammifère marin » (Bouhours, Entretiens d'Ar. et d'Eug., 1 ds Littré); 1805 « reptile batracien de la famille des Sirénidés » (Cuvier, loc. cit.). I empr. au b. lat. sirena, lat. siren « être fabuleux de la mythologie grecque », fig. « qui chante agréablement », gr. Σ ε ι ρ η ́ ν « génies mi-oiseaux, mi-femmes qui dans l'Odyssée attirent par leurs chants les navigateurs et causent leur perte », fig. « femme habile à séduire ». II mot lat. zool. siren (Linné Syst. Nat.). Fréq. abs. littér.: 549. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 453, b) 365; xxes.: a) 1 109, b) 1 084.
DÉR. 1.
Sirénidés, subst. masc. plur.,zool. Famille d'Amphibiens au corps serpentiforme dépourvu de membres inférieurs dont le type est la sirène. Les Sirènes vivent en Amérique du Nord; ils y sont représentés par l'unique famille des Sirénidés avec deux genres: Siren qui possède quatre doigts et trois paires de branchies et Pseudobranchus à trois doigts et une seule paire de branchies (Zool., t. 4, 1974, p. 7 [Encyclop. de la Pléiade]). [siʀenide]. 1reattest. 1842 (Ac. Compl., s.v. sirénide); de sirène, suff. -idés*.
2.
Siréniens, subst. masc. plur.,zool. Ordre de Mammifères marins au corps pisciforme possédant une tête reliée par un cou à un tronc muni de deux membres antérieurs terminés par cinq doigts réunis en nageoire, dont le dragon et le lamantin sont le type. À côté des formes taillées pour la course, voici les formes arboricoles, et même volantes; les formes nageuses; les formes fouisseuses. Les unes (Cétacés et Siréniens) apparemment dérivées, avec une vitesse surprenante, des Carnassiers et des Herbivores (Teilhard de Ch.,Phénom. hum., 1955, p. 134). [siʀenjε ̃]. 1resattest. a) 1598 sireinien (chant) « qui charme comme une sirène » (Guy de Tours, Souspirs, I, 16 ds Hug.), b) 1811 zool. (d'apr. Rob. 1964); de sirène, suff. -iens*.