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RADICAL, -ALE, -AUX, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − Relatif à la racine, à l'essence de quelque chose.
1. Qui concerne le principe premier, fondamental, qui est à l'origine d'une chose, d'un phénomène. [La couleur vraie] qui donne le sentiment de l'épaisseur et celui de la différence radicale qui doit distinguer un objet d'un autre (Delacroix, Journal, 1854, p. 177).Il est (...) impossible (...) de parvenir, par l'analyse, à la démonstration d'une nécessité radicale (E. Boutroux, Contingence, 1874, p. 10).Plaçons-nous à l'origine radicale des choses, c'est-à-dire en Dieu (Hamelin, Élém. princ. représ., 1907, p. 26).
Nullité radicale. ,,Nullité qui vicie un acte de manière qu'il ne puisse jamais être valide`` (Ac. 1835-1935). Il y a dans cet acte plusieurs nullités radicales (Ac.1835-1935).
Vice radical. Vice fondamental d'où dérivent divers défauts et imperfections. Constater le vice radical des cultures actuelles qui ne font vivre que de pain, de châtaignes, de maïs, l'immense majorité de la population (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 19).Le vice radical de l'humanisme anthropocentrique a été d'être anthropocentrique et non pas d'être humanisme (Maritain, Human. intégr., 1936, p. 35).
En partic.
a) Qui a une action décisive sur les causes profondes d'un phénomène. Sans savoir le remède à vos accès de spleen, je voudrais pouvoir le trouver. Mais il n'y en a pas de radical en ce monde: nous sommes tous tristes ou soucieux plus ou moins (Sand, Corresp., t. 4, 1856, p. 89).La cure radicale consistant dans la suppression de la plaie chancrelleuse (Demancheds Nouv. Traité Méd.fasc. 5, 1 1924, p. 20).Ransdoc annonçait une collecte de huit mille rats environ et l'anxiété était à son comble dans la ville. On demandait des mesures radicales, on accusait les autorités (Camus, Peste, 1947, p. 1228).
[P. méton.] Mon homme aux miracles en vient (de) faire de tels que je suis resté à mon arrivée confondu et si on me donnait votre demoiselle malade, après sa guérison radicale je n'attendrai pas huit jours (Balzac, Corresp., 1828, p. 348).
b) PHILOS. Qui va jusqu'au bout de chacune des conséquences impliquées par le choix initial. Le scepticisme d'Henry était un scepticisme naïf et actif, celui de Jules était plus radical et plus raisonné (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 268):
1. ... le finalisme radical est tout près du mécanisme radical sur la plupart des points. L'une et l'autre doctrines répugnent à voir dans le cours des choses, ou même simplement dans le développement de la vie, une imprévisible création de forme. Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 45.
2. P. ext. Complet, total, absolu; sans exception ou atténuation. Réforme radicale. Écrivains de hasard qui vous complaisez dans une radicale ignorance de l'homme et du monde, et dans un mépris naturel de tout travail sérieux (Leconte de Lisle, Poèmes ant., 1852, p. viii).Tourner et retourner ce projet d'un radical changement d'existence (Bourget, Actes suivent, 1926, p. 37).Le sculpteur gothique renonce aux stylisations radicales de ses prédécesseurs romans (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 135).
3. BOT. Qui appartient à, se développe près de la racine d'un végétal. La partie verticale de la plante germant se couvre à un certain niveau de poils radicaux (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 147).V. décurrent ex. de Kapeler, Caventou.
4. LING. Qui fait partie des éléments constituant la racine, le radical (infra II B) d'un mot. Base radicale.
Lettres radicales. Lettres qui constituent une racine trilittère dans les langues sémitiques. Et je, (...) lorsqu'il se trouve placé devant les trois lettres radicales d'un verbe, indique le futur, en hébreu, il sera (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 101).
Mot radical (vieilli). Mot qui, dans une même langue, donne naissance à plusieurs autres mots. La souche d'une famille de mots dont les différentes acceptions tiennent de près ou de loin à la valeur du mot radical (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 333).
PHONÉT. Dans la description phonétique, une consonne radicale est celle dont l'articulation comporte une action de la racine (...) de la langue (Mar.Lex.1951).
5. MATHÉMATIQUES
a) ,,Axe radical de deux cercles. Ensemble des points du plan qui ont même puissance par rapport à chacun des cercles. Centre radical de trois cercles. Unique point du plan qui a même puissance par rapport aux trois cercles`` (Bouvier-George 1979). Les axes radicaux de trois circonférences, prises deux à deux, se coupent en un même point ou sont parallèles. Ce point a reçu le nom de centre radical des trois circonférences (Hadamard, Géom. plane, 1898, p. 132).
b) Signe radical ou, p. ell., radical, subst. masc. Symbole () de l'opération arithmétique consistant à extraire la racine de degré n de la quantité indiquée sous la barre horizontale. Il avait cru obtenir une formule de résolution par radicaux de l'équation générale du 5edegré (Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 104).L'impossibilité de la résolution par radicaux de l'équation « générale » de degré supérieur à 4 résulte de ce que la suite de composition du groupe correspondant contient toujours un facteur non premier (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 13).
B. − POL. Relatif au radicalisme.
1. [En parlant d'un inanimé]
a) Qui est fondé sur, qui exprime, professe le radicalisme. Anton. conservateur, réactionnaire.Parti radical. Et [la bonne femme] vendait, d'une humeur absolument égale, Papier conservateur ou feuille radicale (Coppée, Poés., t. 3, 1887, p. 6):
2. La France n'a jamais pu se passer tout à fait d'anticléricalisme. Celui du demi-siècle dernier fut démocrate et radical, roturier, apanage de petites gens, de maîtres d'école et d'intellectuels. J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p. 25.
b) Relatif au parti radical. M. Herriot, l'homme qui avait eu le toupet de dire, en plein congrès radical (...) que le coffre-fort dans l'Ouest est souvent scellé d'une hostie (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 110).Je ne puis proposer une politique exclusivement socialiste ou radicale, mais forcément une politique de conciliation et de synthèse (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 5, col. 2).
2. [En parlant d'une pers.] Empl. adj. et subst.
a) (Celui, celle) qui est partisan du radicalisme.
[Corresp. à radicalisme B 1] Rotschild de Londres est arrivé les mains pleines des souscriptions des premiers banquiers radicaux de la Cité (Chateaubr., Corresp., t. 4, 1823, p. 316).Chez nous ma femme, bonne Européenne, est violemment radicale au sens américain du mot, et à l'affût des injustices (Maurois, Journal, 1946, p. 126).
[Corresp. à radicalisme B 2] Ce Suédois, M. curieux à entendre, mais radical comme le démon, car le démon est très certainement radical (Barb. d'Aurev., Memor. 2, 1838, p. 323).En France, il y a un très grand nombre d'électeurs radicaux, un certain nombre de députés radicaux, et un très petit nombre de ministres radicaux; quant aux chefs de service, ils sont tous réactionnaires (Alain, Élém. d'une doctrine radicale, 1925, p. 25).
b) (Celui, celle) qui est membre, partisan du parti radical. Cet homme qui n'a jamais été qu'un radical, et même un radical opportuniste, un radical centre gauche (Péguy, Argent, 1913, p. 1112).
II. − Subst. masc.
A. − CHIM. Groupement d'atomes qui conserve une individualité propre au cours des réactions chimiques affectant le reste de la molécule. Le point de vue du physicien qui systématise les lois des combinaisons chimiques, et pour qui l'iode et le brome sont des radicaux tout aussi importants que le chlore, parce qu'ils jouent en chimie des rôles parfaitement analogues (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 509).Ces radicaux de chimie organique qu'il est impossible d'isoler et qui n'existent qu'en combinaison (Warcollier, Télépathie, 1921, p. 280).
B. − LING. [Dans une perspective synchr.] Partie essentielle du mot formé sur une racine, qui sert de base pour la construction d'autres mots:
3. Par l'élimination de la désinence on obtient le thème de flexion ou radical, qui est, d'une façon générale, l'élément commun dégagé spontanément de la comparaison d'une série de mots apparentés, fléchis ou non, et qui porte l'idée commune à tous ces mots. Ainsi en français dans la série roulis, rouleau, rouler, roulage, roulement, on perçoit sans peine un radical roul-. Sauss.1916, p. 254.
REM. 1.
Radicaille, subst. fém.,rare, pol., péj. Ensemble des membres du Parti radical. Je faisais trop d'honneur à Brisson, à Sarrien, à Bourgeois, à toute la bande de la radicaille qui livre la République et la France − avec les garanties de justice, fondement des états civilisés − à la bande des faussaires éperonnés qui ne se sont jusqu'ici montrés de taille que contre des citoyens sans défense (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 217).
2.
Radicalité, subst. fém.Fait ou caractéristique de ne pas admettre d'exception ou d'atténuation. Quiconque consultera loyalement et interrogera soigneusement son âme, n'osera pas nier l'absolue radicalité du penchant en question [la perversité] (Baudel., Nouv. Hist. extr., 1857, p. 29).
3.
Radicalo-, élém. de compos.entrant dans la constr. de certains mots du vocab. pol. où il signifie « relatif au parti radical, à ses idées ».a)
Radicalo-centriste, adj.Volonté d'aller pêcher dans les eaux radicalo-centristes (Le Nouvel Observateur, 30 août 1976, p. 19, col. 1).
b)
Radicalo-conservateur, -trice, adj.Belfort (...), vieux fief d'une bourgeoisie radicalo-conservatrice (Le Nouvel Observateur, 16 janv. 1978, p. 39, col. 3).
Prononc. et Orth.: [ʀadikal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1465 « profond, intense, total, absolu » (G. Chastellain, Chron., VI, XV ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 72); 2. 1516 « qui a rapport au principe d'une chose » humide radical « fluide imaginaire regardé comme le principe de la vie dans le corps humain » (Remonstrances ou Complainte de Nature à l'alchymiste errant, 980 ds Gdf. Compl.); 1587 humeur radicale (Lanoue, Disc. polit., 66, ibid.); 3. 1611 au propre « de la racine, appartenant à la racine » (Cotgr.); 4. 1660 gramm. lettre radicale (Oudin Esp.-Fr.); 1690 id. mot radical (Fur.); 5. 1762 math. signe radical, Quantité radicale (Ac.); 6. 1754 méd. cure radicale (Encyclop. t. 4, p. 573); 1773 guérison radicale (J. de Lespinasse, Lettres à Condorcet, p. 103); 7. 1765 chim. vinaigre radical (Encyclop. t. 13); 1798 principe radical (Schwan, Dict. fr.-all., Suppl., p. 66). B. Subst. 1. 1754 ling. (Encyclop. t. 5, p. 959, col. a); 2. 1798 math. (Condillac, La Langue des calculs, II, 13 ds Littré); 3. 1787 chim. (Morveau, Mém. sur le développement des principes de la Nomenclature méthodique, in Lavoisier, Traité de chim., 1789, t. 3, p. 40 ds Doc. DDL). C. Pol. 1791-93 parti des novateurs radicaux (Barnave, Introd. à la révolution fr. in Œuvres, I, 106 ds Brunot t. 9, 2, p. 620); 1. 1820 subst. « partisan de changements profonds, extrémiste (en Angleterre) » (Journ. de Paris et des départements, 8 juill. ds Fonds Barbier); 1830 en France (Lamart., Corresp., p. 70); 2. 1823 adj. en Angleterre (Chateaubr., Corresp., t. 4, p. 316); 1831 en France parti radical « parti des révolutionnaires » (Lamart., op. cit., p. 234). Empr. au lat. tardifradicalis « qui tient à la racine, premier, fondamental » (Blaise Lat. chrét.) dér. de radix, -icis « racine, origine première ». C empr. à l'angl. radical, de même orig., qui à partir du sens de « absolu, complet » (d'où en partic. radical reform 1786 « réforme radicale » ds NED) a désigné les partisans de réformes extrêmes (1802, ibid.). Fréq. abs. littér.: 1 284. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 667, b) 1 778; xxes.: a) 2 699, b) 2 314. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 44. − Dub. Pol. 1962, pp. 395-396. − Meillet (A.). La Notion de radical en fr. In: Ling. hist. et Ling. gén. t. 2, pp. 123-128. − Quem. DDL t. 17 (s.v. radicaille). − Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris, Bruxelles, 1975, p. 64. − Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 298.