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NORMAND, -ANDE, adj. et subst.
I.
A. − De Normandie.
1. (Celui, celle) qui est originaire de ce pays, qui y habite. Paysan normand. Où êtes-vous, chignon abondant, rutilant et lustré de mes Normandes? (Barb. d'Aurev.,Memor. 4, 1858, p.96):
1. Soudain, on apprit que le train des Parisiens venait d'entrer en gare. Les Normands ricanèrent: −Un parigot et un parigot, ça vaut jamais deux gars des champs! On eût pu croire qu'ils avaient quelque crainte ou de l'envie. Benjamin,Gaspard, 1915, p.19.
2. [En parlant d'animaux] Qui est originaire de ce pays.
a) Cheval normand, et, subst., normand. Cheval de trait léger élevé en Normandie. Le Valenod est tout fier des deux beaux normands qu'il vient d'acheter pour sa calèche (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.13).
Demi-sang normand ou, en emploi subst., anglo-normand. Cheval de selle, obtenu par croisement de normands et de pur-sang anglais, réputé pour la finesse de ses formes et sa rapidité. «Monsieur le marquis», possesseur de quelques superbes anglo-normands pour ses promenades au bois (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.190).
b) Chien normand, anglo-normand, et, subst., anglo-normand. Chien de chasse recherché pour former des meutes de chasse à courre. À propos, comment va ma meute de chiens normands? (Hugo,Han d'Isl., 1823, p.120).Un magnifique anglo-normand, qui tenait de ces deux races croisées la vitesse des jambes et la finesse de l'odorat, les deux qualités par excellence du chien courant (Verne,Île myst., 1874, p.58).
c) Race normande. Race bovine répandue dans les départements normands, caractérisée par une robe blanche et acajou tachée de rayures noires, appréciée pour son rendement laitier et la qualité de sa viande (d'apr. Villemin 1975).
P. méton., emploi subst. fém. Vache de race normande. Les vaches auxquelles les nourrisseurs donnent la préférence sont: la flamande (...) la normande (Pouriau,Laiterie, 1895, p.153).
3. [En parlant d'une chose] Qui est propre à ce pays, à ses habitants. Malignité, ruse normande. On trouvait le père et la mère en travers des portes, assommés par le calvados, la terrible eau-de-vie normande (Zola,Joie de vivre, 1884, p.898).Sa vieille mère royaliste, née à Saint-Malo, avait vécu à Caen et (...) elle lui avait raconté toutes les histoires de la chouannerie normande (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p.66):
2. Je fus invité, au mois de mai, à la noce de mon cousin Simon d'Érabel, en Normandie. Ce fut une vraie noce normande. On se mit à table à cinq heures du soir; à onze heures on mangeait encore. Maupass,Contes et nouv., t.1, Ma femme, 1882, p.668.
SYNT. Bocage normand; campagne, côte normande; colombages, pommiers normands; armoire, maison normande; accent normand; foire normande.
En partic. Îles normandes ou anglo-normandes*. Îles anglaises de la Manche, situées près des côtes occidentales de la Normandie. Guernesey est une île normande moins anglaisée que Jersey (Hugo,Corresp., 1855, p.228).
Loc. À la normande. À la manière qui est propre aux habitants de la Normandie. Une blouse à la normande (T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p.251).
B. − Spécialement
1. ARCHIT. Style normand. Style roman ou ogival propre aux édifices de la Normandie et à ceux que les Normands ont bâtis en Angleterre. Ce qu'on appelle proprement style normand (ancien), c'est un cintre plein avec zigzag (Michelet,Journal, 1831, p.80).
2. LINGUISTIQUE
a) Dialecte normand et, subst., le normand. Dialecte de langue d'oïl parlé en Normandie. Assemblage confus d'hommes faits, de vieillards, d'enfants descendus de leurs colombiers, jargonnant normand, breton, picard, auvergnat, gascon, provençal, languedocien (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.400).Au 12esiècle, le dialecte normand a une littérature très riche (Wartburg,Évolution et structure de la lang. fr., Berne, Francke, 1946, p.88).
Emploi adj. Qui est relatif ou qui appartient à ce dialecte:
3. Déhais, pour désigner la gelée blanche, se sert du mot «blanc rimé» que je cherche en vain dans le lexique normand d'Edelestan. Je ne trouve non plus dans le dictionnaire étymologique de Skeat mention de ce vieux mot normand −qui certainement est le «rime» des Anglais... Gide,Journal, 1924, p.787.
b) Rare. Synon. de anglo-normand.Le greffier lut l'acte d'accusation qui s'appuyait sur un texte datant de 1351 et rédigé en ce dialecte normand qui fut la langue des plaidoiries, en Angleterre, jusqu'au quatorzième siècle (Morand,Londres, 1933, p.259).
c) Emploi subst. masc. Le normannique (v. ce mot infra rem. 2):
4. J'avais trouvé charmant la fleur qui terminait certains noms, comme Fiquefleur, Honfleur, Flers, Barfleur, Harfleur, etc., et amusant le boeuf qu'il y a à la fin de Bricqueboeuf. Mais la fleur disparut, et aussi le boeuf, quand Brichot (...) nous apprit que «fleur» veut dire «port» (comme fiord) et que «boeuf», en normand budh, signifie «cabane». Proust,Sodome, 1922, p.1098.
Emploi adj. Qui est relatif ou qui appartient à cette langue. Les paysans, articulant mal ou ayant compris de travers le mot normand ou latin qui les désigne, ont fini par fixer dans un barbarisme (...), un contre-sens et un vice de prononciation (Proust,Sodome, 1922, p.913).
d) VERSIF. Rime normande. Rime, issue du dialecte normand, qui a la particularité d'associer un mot en -er [ε:r] avec un mot en -er [e], comme Lucifer et chauffer:
5. Vous ne trouverez pas non plus chez eux [les Parnassiens] ces rimes en ang et en ant, (...) ni la rime artésienne ou picarde, (...) ni la méridionale (...) ni même la normande aimer et mer... Verlaine,OEuvres posth., t.2, Crit. et conf., 1896, p.284.
3. GASTRONOMIE
Sauce normande. Sauce destinée surtout à accompagner les poissons et dans laquelle on trouve du jus de champignons, du fumet de poisson, des jaunes d'oeufs, des moules, des crevettes et de la crème. Carrelet à la sauce normande (Gdes heures cuis. fr.,A. Dumas, 1872, p.175).
Sole normande. Sole cuite au four, nappée de sauce normande et entourée de croûtons frits. André regarde Halliez engouffrer silencieusement les filets roulés d'une sole normande (Martin du G.,Devenir, 1909, p.37).
Trou* normand.
4. TYPOGR. Normande, subst. fém. Caractère d'imprimerie caractérisé par la finesse des déliés et des empattements et par l'engraissement prononcé des pleins (d'apr. Impr. 1977).
C. −
1. [En parlant d'une pers.]
a) (Celui, celle) qui a le caractère adroit, rusé, finaud que l'on attribue aux habitants de la Normandie:
6. Dans la préface de son nouveau roman, Maupassant, attaquant l'écriture artiste, m'a visé, sans me nommer (...). Aujourd'hui, l'attaque m'arrive en même temps qu'une lettre où il m'envoie par la poste son admiration et son attachement. Il me met ainsi dans la nécessité de le croire un Normand très normand. Du reste, Zola m'avait dit que c'était le roi des menteurs... Goncourt,Journal, 1888, p.740.
Expr. Faire une réponse de Normand, répondre en Normand. Répondre d'une manière évasive, volontairement ambiguë:
7. ... Lucien s'aperçut qu'après l'avoir suffisamment dulcifié par les compliments les plus flatteurs et les mieux faits, le comte l'accablait de questions. Lucien tâchait de répondre en Normand, pour s'amuser un peu, pendant ses visites si longues... Stendhal,L. Leuwen, t.1, 1836, p.242.
b) Celui, celle qui a le caractère avare que l'on attribue aux habitants de la Normandie. La bonne dame, en vraie Normande, chérissait, par-dessus tout, le bien, moins pour la sécurité du capital que pour le bonheur de fouler le sol vous appartenant (Flaub.,Bouvard, t.2, 1880, p.123).
c) Expr., vx [Portant sur l'équivoque du mot gaucher, St Gaucher étant un évêque normand] Être adroit comme un prêtre normand. Être très maladroit. (Dict. xixes.).
2. [P. méton.; en parlant d'une chose] Qui présente l'adresse, la ruse, la simulation que l'on attribue aux habitants de la Normandie. Réponse normande:
8. Les amis de Maupassant cherchent (...) à excuser Maupassant de ses éreintements forcenés, les mettant sur le dos de sa maladie. Mais il y a longtemps qu'elle dure, cette maladie! Autrefois, elle était plus normande, plus hypocrite, plus renfermée; aujourd'hui, c'est de la méchanceté... Goncourt,Journal, 1891, p.87.
En partic. Réconciliation normande. Réconciliation simulée. (Ds Ac.).
II. − HIST., subst. masc. plur.
A. − Peuple scandinave qui envahit de nombreux pays, en particulier la France aux ixeet xesiècles, et dont une partie se fixa dans l'actuelle Normandie. Navires des Normands:
9. Incapable de résister aux Normands, l'empereur carolingien avait cédé à leur chef Rollon la province qui est devenue la Normandie. Et l'on vit encore le miracle qui s'est répété tant de fois dans cette période de notre histoire: le conquérant fut assimilé par sa conquête. Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.56.
Emploi adj. Chevaliers, conquérants, princes normands; conquête, invasion normande. Déjà sous Charles le Chauve les fortifications de Pont-de-l'Arche avaient barré le fleuve aux incursions normandes (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p.164).Dans presque tous ces noms qui se terminent en ville, vous pourriez voir encore dressé sur cette côte, le fantôme des rudes envahisseurs normands (Proust,Sodome, 1922, p.1099).
B. − Habitants de la Normandie établis en Angleterre à la suite de l'expédition de Guillaume le Conquérant. Synon. anglo-normand:
10. La maison anglaise est d'origine normande; les Saxons se contentaient de huttes, mais les Normands furent architectes et grands bâtisseurs; pour les abbayes et les palais, ils faisaient même venir la pierre de Caen. Morand,Londres, 1933, p.19.
Emploi adj. Noblesse normande. Quand les barons normands, ayant perdu contact avec la France, se seront croisés avec les Saxons et en seront venus peu à peu à prendre parti pour eux contre le roi (Morand,Londres, 1933, p.7).
REM. 1.
Normander, verbe trans.,agric., vieilli. Nettoyer le grain battu en le passant au van ou au tarare. (Dict. xixeet xxes.).
2.
Normannique, adj. et subst. masc.,ling. Dialecte, langue normannique et, subst. normannique. Rameau de la famille des langues germaniques parlé dans tout le Nord scandinave jusqu'au xivesiècle. En Europe, l'ancien slavon, le tudesque, le gothique, le normannique se retrouvent au-dessous des idiomes slaves et germaniques (Renan,Avenir sc., 1890, p.206).
Prononc. et Orth.: [nɔ ʀmɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) ca 1100 subst. ethnique (Roland, éd. J. Bédier, 3794: E Peitevin e Norman e Franceis); b) ca 1220 subst. masc. «dialecte de langue d'oïl parlé en Normandie» (Anseïs de Carthage, éd. J. Alton, 8051); c) 1701 rime normande (Fur., s.v. er); 2.a)1640 adj. «qui a le caractère rusé attribué aux Normands» (Oudin Curiositez); b) 1664 subst. (Mmede Sévigné, Lettres, 17 déc., éd. Monmerqué, t.1, p.469); c) 1678 répondre en Normand «ne dire ni oui ni non» (La Fontaine, Fables, VII, 6); d) 1685 (réponse) normande «(réponse) ambiguë» (Hauteroche, Le Cocher, sc. 23 ds Littré); 3.1882 subst. fém. «caractère d'imprimerie dont les pleins sont exagérés et les déliés très fins» (Bach.-Dez.). Empr. à l'a. nord. nordmadr «homme du Nord» (De Vries Anord.). On trouve le lat. médiév. Nortmannus dès la fin du ixes. (Aimoinus Sangermanensis ds Du Cange). Fréq. abs. littér.: 723. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 872, b) 1008; xxes.: a) 1441, b) 923.
DÉR. 1.
Normandiser, verbe intrans.,fam. S'exprimer dans le parler normand ou utiliser des normandismes (v. ce mot infra). Godefroid ne grasseyait pas, ne gasconnait pas, ne normandisait pas, il parlait purement et correctement, et mettait fort bien sa cravate (Balzac,Mais. Nucingen, 1838, p.604). [nɔ ʀmɑ ̃dize]. 1reattest. 1838 id.; de normand, suff. -iser*.
2.
Norman(d)isme,(Normanisme, Normandisme) subst. masc.a) Façon de parler particulière aux habitants de la Normandie. Gaston de Nueil commença par s'amuser de ces personnages (...) il se délecta des normanismes de leur idiome, du fruste de leurs idées et de leurs caractères (Balzac,Femme aband., 1832, p.262).b) Rare. Manière d'être, faite d'indécision, que l'on attribue aux habitants de la Normandie. Nature nette et précise, tu t'es souvent révolté contre ces normandismes indéfinis que j'étais si maladroit à excuser (Flaub.,Corresp., 1851, p.321). [nɔ ʀmɑ ̃dism̭]. Littré, Lar. 19e-20e: normandisme ou normanisme; Lar. encyclop., Lar. lang. fr., Lexis 1975: normandisme. 1reattest. 1771 normanisme (Trév., avec citat. d'aut.), 1840 normandisme (Ac. Compl. 1842); de normand, suff. -isme*.
BBG. Néol. Marche. Cf. nord bbg.