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MARQUISE, subst. fém.
I. − HISTOIRE
A. − Femme noble titulaire d'un marquisat; épouse d'un marquis. Marquise de Pompadour, de Sévigné; belle, célèbre marquise; marquise douairière; couronne de marquise; loge, portrait, salon de la marquise. Ce fut pour Gaston un rude coup [l'abolition des titres et l'abolition de la pairie]. Le jeune marquis avait cru s'acquitter envers sa femme en la faisant marquise (Sandeau,Sacs,1851, p.46).Il y a déjà longtemps que Catherine d'Angennes, marquise de Rambouillet, a commencé de recevoir (Brasillach,Corneille,1938, p.201):
1. ... Madame des Grassins essaya de troubler le bonheur des Cruchotins en parlant à Eugénie du marquis de Froidfond, dont la maison ruinée pouvait se relever si l'héritière voulait lui rendre sa terre par un contrat de mariage. Madame des Grassins faisait sonner haut la pairie, le titre de marquise... Balzac,E. Grandet,1834, p.231.
1. Expressions
La marquise sortit à cinq heures. [Phrase donnée comme exemple de banalité, de lieu commun, et que l'écrivain se doit de bannir de son oeuvre] Paul Valéry (...) naguère, à propos des romans, m'assurait qu'en ce qui le concerne, il se refuserait toujours à écrire: «La marquise sortit à cinq heures» (Breton,Manif. Surréal.,1erManif., 1924, p.18):
2. ... le poète, le coeur brouillé par les dégoûtantes facilités que tant de mauvais prosateurs se sont accordées durant un siècle et demi de surproduction romanesque et de vulgarisation, se refuse plus longtemps aux concessions. D'un trait impérieux il rejette la forme basse: la marquise sortit à cinq heures, au profit de la forme élue: Harmonieuse Moi, différente d'un songe, Femme flexible et ferme aux silences suivis D'actes purs... Valéryds Arts et litt.,1935, p.50-14.
Tout va très bien, Madame la Marquise. Titre (et refrain) d'une chanson de P. Misraki, Bach et Laverne, employé par antiphrase pour dépeindre une situation difficile ou désespérée. Les journaux de ce matin annoncent que plus d'un million d'ouvriers sont en grève (...). Tout va très bien, Madame la Marquise, est la chanson du jour (Green,Journal,1936, p.59).
2. P. métaph. [P. réf. à l'élégance, au raffinement que l'on attribue aux marquises] :
3. Ah! La promenade exquise Qu'ils ont faite, tous les deux, Mon corps, ce monstre hideux, Mon âme, cette marquise, Dans la vie, au milieu d'eux!... Ponchon,Muse cabaret,1920, p.307.
3. [P. anal. d'aspect] Félicité avait des pieds et des mains de marquise, et qui semblaient ne pas devoir appartenir à la race de travailleurs dont elle descendait (Zola,Fortune Rougon,1871, p.56).
B. − P. ext. et p. iron. Femme qui se donne des allures de grande dame. Alors, Nana devint une femme chic, rentière de la bêtise et de l'ordure des mâles, marquise des hauts trottoirs (Zola,Nana,1880, p.1346).Cette marquise du comptoir éblouit le pauvre doyen qui voit en elle une Maintenon (Bloy,Journal,1904, p.217).
Argot
Femme, maîtresse d'un voleur (cf. Larch. Nouv. Suppl. 1889, p.151 et Carabelli, [Lang. pègre]).
Tenancière d'une maison de prostitution (Id., ibid.).
II. − [En parlant de différents objets; p. réf. à l'élégance, à la qualité de ces objets, ou à l'époque à laquelle ils sont apparus]
A. − AMEUBL. Fauteuil à dossier très bas, à siège large et profond. (Dict. xxes.).
B. − ARBORIC. Variété de poire fondante et sucrée ,,de taille un peu plus petite que la duchesse`` (Ac. Gastr. 1962; dict. xixeet xxes.).
C. − ARCHITECTURE
1. Toile tendue au-dessus de l'entrée d'une tente ou d'un édifice, destinée à garantir de la pluie ou du soleil. Pour défendre le magasin contre les ardeurs du soleil, Malvina avait imaginé une petite tente extérieure du meilleur goût, dans le genre de celles que l'on nomme marquises (Reybaud,J. Paturot,1842, p.212).Mon ami (...) avait fait dresser la tente. Un des pans relevés portait sur des piquets et formait marquise; tout l'horizon entrait par là (A. Daudet,Trente ans Paris,1888, p.180).
En partic. Sur un navire, seconde toile tendue au-dessus de la tente du gaillard d'arrière, et qui garantit de la chaleur ou des pluies. (Dict. xixeet xxes.).
2. Auvent vitré placé au-dessus de la porte d'entrée, du perron d'un bâtiment, ou au-dessus d'un quai de gare, et qui sert d'abri. Peu après, le train haletant et fumant s'arrêtait sous la marquise de la station (Theuriet,Mais. deux barbeaux,1879, p.22).Un ciel d'ardoise aperçu de biais, comme une barre noire, entre les deux marquises de fer déployées au-dessus des quais (Courteline,Train 8 h 47,1888, 2epart., i, p.90):
4. La calèche entra et vint s'arrêter devant le perron. Ce perron, aux marches larges et basses, était abrité par une vaste marquise vitrée, bordée d'un lambrequin à franges et à glands d'or. Zola,Curée,1872, p.330.
D. − GASTR. Boisson composée de vin blanc ou de champagne frappé, auquel on ajoute de l'eau de Seltz et des tranches de citron (cf. Larch. 1858, p.605). Je trouvai nombreuse et joyeuse compagnie autour d'une «marquise» au champagne dont toutes mes nièces, en grande tenue (...) prenaient très-bien leur part (A. Daudet,Nabab,1877, p.27).
E. − HABILL., MODES
1. Chapeau de femme (cf. Larch. Nouv. Suppl. 1889, p.151). C'était elle avec un petit chapeau marquise et des gants (Céline,Voyage,1932, p.579).V. marquis I C.
2. Ombrelle à manche articulé, pouvant s'incliner en tous sens. Il découvrit une marquise en soie gorge-pigeon, à petit manche d'ivoire ciselé, et qui arrivait de la Chine (Flaub.,Éduc. sent.,t. 1, 1869, p.102).
Ombrelle marquise. Ombrelle marquise en taffetas blanc recouvert de chantilly (Gyp,Gde vie,1891, pp.143-144).
F. − JOAILLERIE
1. Bague d'époque Louis XVI, à chaton allongé. (Dict. xxes.).
2. Forme ovale d'un diamant, taillé à cinquante huit facettes. Il existe encore la taille en baguette, en marquise ou navette, en carré, en triangle, etc. (Metta,Pierres préc.,1960, p.46).
G. − MAR. Voile d'étai supplémentaire à l'avant du mât d'artimon (cf. Galopin, Lang. mar., 1925, p.65).
Prononc. et Orth.: [maʀki:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1393 «femme d'un marquis» (Ménagier, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 1, p.103: marquise de Saluces). B. 1. 1690 variété de poire (Fur., s.v. poire); 2. 1718 milit. «grande toile qu'on tend par-dessus une tente» (Ac.); 1835 «espèce d'auvent placé au-dessus d'une porte ou d'un perron» (Balzac, Goriot, p.78: Rastignac vit [...] sa voiture passant sous le porche, tournant dans la cour, et s'arrêtant sous la marquise du perron); 3. 1770 «fauteuil large et profond, à dossier bas et à accoudoirs élevés» (Vente des meubles du marquis de Beringhen, 2 juill. ds Havard); 4. 1858 «boisson à base de vin blanc, d'eau de Seltz, de sucre et de citron» (Larch.); 5. 1902 «bague à chaton allongé» (Lar. univ.). C. 1. 1628 «femme, épouse» (Chereau, Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé, p.15); 2. 1836 «maîtresse d'un voleur» (Vidocq, Voleurs, t. 2, p.267). Fém. de marquis*; a remplacé marchise, att. en a. et m. fr. (dep. Rutebeuf, v. T.-L.). C est dér. de marque3* avec contamination plais. de A. Fréq. abs. littér.: 2 618. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 956, b) 8 708; xxes.: a) 3 010, b) 1 280. Bbg. Barb. Misc. 28 1944-52, pp.338-339. _ Dauzat Ling. fr. 1946, p.311. _ Mack. t. 2 1939, p.240. _ Quem. DDL t. 3, 16.