| ![]() ![]() ![]() ![]() A-1, prĂ©f. Exprime une idĂ©e de passage d'un Ă©tat Ă un autre, ou d'attrib., ou de direction vers un lieu, ou de maniĂšre ou encore d'inchoativitĂ©. I.â Dans les parasynthĂ©tiques * Ă base adjectivale et dans les dĂ©rivĂ©s de verbes : idĂ©e de passage plus ou moins complet d'un Ă©tat Ă un autre, « rendre, rendre plus ... » A.â Dans les parasynthĂ©tiques Ă base adjectivale. â Le tanneur assouplit le cuir « le tanneur rend le cuir souple » (sens absolu); « le tanneur rend le cuir plus souple » (sens relatif, par rapport Ă l'Ă©tat de l'objet au dĂ©but de l'action). Rem. Concurrents. â Dans cette fonction, a- est concurrencĂ©
â Par le prĂ©f. en-*, qui va souvent de pair avec une idĂ©e d'intĂ©rioritĂ© :
embourgeoiser « pénétrer de l'esprit bourgeois »
empuantir « pénétrer de puanteur »
engraisser « gaver, gorger »
enjuiver « pénétrer de l'esprit juif » ...
Noter aussi :
embĂȘter « ennuyer, contrarier fortement »
Cependant des mots comme enlaidir ou embellir se rapprochent des formations en a-. L'expression la plus nette de la concurrence en lang. entre a- et en- est fournie par le couple d'anton. :
appauvrir : « rendre pauvre » « rendre plus pauvre »
enrichir : « couvrir de richesses » « couvrir de plus de richesses »
En- implique parfois des connotations d'ordre moral, incompatibles avec le préf. a- :
anoblir, sens propre / ennoblir, sens moral
durcir, sens propre / endurcir, sens moral
â Par les formations adj. de couleur + er / ir qui constituent une classe de verbes symĂ©triques* (tantĂŽt trans., tantĂŽt intrans.) :
les papiers jaunissent
jaunir des papiers
â Par les parasynthĂ©tiques en Ă©-* :
échauffer
éclairer
égayer
épurer
â Par les suff. -ifier* et -iser* qui n'expriment pas l'idĂ©e d'un passage plus ou moins complet; le passage d'un Ă©tat Ă l'autre est total et net :
mollifier « rendre mou »
amollir « rendre (plus) mou »
tranquilliser « rendre tranquille »
-ifier marque en partic. le passage d'un état physique à un autre :
gazéifier
humidifier
liquéfier
solidifier
Il s'accole de préférence à des rad. sav. :
dulcifier à cÎté de adoucir
rubéfier à cÎté de rougir
(cf. cependant amplifier et simplifier).
Usités fréquemment dans le lang. sc., -ifier et -iser traduisent surtout la not. de transformation, étr. au préf. a- :
pĂ©trifier « transformer en pierre » B.â Dans les dĂ©rivĂ©s de verbes â Baisser/abaisser : ,,Baisser est absolu et abaisser relatif (...); abaisser, c'est baisser vers.`` (Laf. 1861, p. 133). Le verbe baisser exprime uniquement l'action; contrairement Ă abaisser, il se dĂ©sintĂ©resse du caractĂšre progressif. â Raser/araser : raser un mur « abattre un mur Ă ras de terre » araser un mur « mettre un mur de niveau » Rem. Dans assujettir (base nom.), a- rend explicite la diffĂ©rence de niveau entre le suj. et l'obj., la subordination progressive de l'un Ă l'autre. II.â Dans les parasynthĂ©tiques Ă base substantivale : idĂ©e d'attribution, de direction vers un lieu, de maniĂšre A.â IdĂ©e d'attribution. â Le substantif de base a valeur de complĂ©ment d'objet : accoutumer « donner la coutume Ă ... » accrĂ©diter « donner l'autoritĂ© nĂ©cessaire Ă ... » affamer « donner faim Ă ..., faire souffrir de faim en privant de vivres » affiler « primitivement, donner le fil Ă un tranchant » affourager « pourvoir en fourrage » amariner « pourvoir un navire en marins » annoter « pourvoir un texte de notes » « mettre des notes en marge de ... » apeurer « donner peur Ă ... » approvisionner « donner des provisions Ă ... » assoiffer « donner soif Ă , faire souffrir de soif en privant de boisson » ... amariner , le rad. est de l'animĂ© (marin). De mĂȘme. achalander signifiait « pourvoir en chalands (clients) »; ce mot a pris le sens de « pourvoir en marchandises » (un magasin bien achalandĂ©). B.â IdĂ©e de lieu 1. Le subst. de base a (ou avait) valeur de compl. d'obj. : accouder (s') « mettre les coudes Ă ... » accroupir (s') - acculer - adosser « mettre le dos Ă ... » agenouiller (s') - 2. Le subst. de base a valeur de compl. de lieu (au sens propre ou au sens fig.) a) Verbes prĂ©fixĂ©s trans. : aboutir « arriver au but, atteindre le but » acheminer « faire avancer sur un chemin, mettre en chemin » aliter « mettre au lit » attraper « prendre (comme) dans un piĂšge » b) Verbes prĂ©fixĂ©s intrans. : alunir « aborder sur la lune » amerrir « se poser Ă la surface de la mer » apponter « se poser sur la plate-forme d'un porte-avions » atterrir « reprendre terre » Rem. Dans le verbe (s') attarder « se mettre en retard » (de base adj.) s'exprime une idĂ©e de temps. C.â IdĂ©e de maniĂšre (« disposer, rĂ©unir en » + substantif de base) affourcher « primitivement, disposer en fourche » aligner « mettre en ligne » amasser « rĂ©unir en quantitĂ©s considĂ©rables » ameuter « assembler en meute pour la chasse » d'oĂč le sens cour. :« rassembler dans une intention de soulĂšvement ou de manifestation hostile » III.â Dans les dĂ©rivĂ©s de verbes : idĂ©e d'inchoativitĂ© de l'action Morphol.. â A.â Var. morphol. du prĂ©f. â Le prĂ©f. a- prĂ©sente 2 var. : 1. La forme a- dans les verbes du type abaisser, affaiblir, aborder. 2. La forme ad- dans un nombre restreint de mots :
adjacent(e)
adjoindre
adjuger
admettre
Cette forme est reprise de nos jours (bien que trĂšs rarement) dans certains nĂ©ol. techn. : adsorber. B.â Var. graph. de la base. â 1. En fr. mod. le prĂ©f. ne s'accole qu'Ă des mots Ă initiale consonantique. Les rad. commençant par une voyelle lui prĂ©fĂšrent le prĂ©f. en- (enorgueillir). 2. A- entraĂźne souvent le redoublement de la consonne initiale du mot de base. Certaines consonnes, telles :
b- abĂątardir, abĂȘtir, abrutir
j- ajuster
m- amariner, amatir, amenuiser, amerrir, amincir, amollir
v- avachir, avilir, aviver
ne se redoublent jamais. En revanche, c, f, r, s et t se redoublent toujours :
c- se redouble dans tous les mots préfixés sauf dans acagnarder et acoquiner
f- affaiblir, affoler, affranchir, etc.
r- se redouble dans tous les mots préfixés sauf dans araser
s- assagir, assainir, assombrir, etc.
t- attendrir, attiédir, attrouper, etc. (sauf dans atermoyer).
La majorité des consonnes initiales n'ont pas, à cet égard, de comportement bien défini; on note :
aggraver à cÎté de agrandir (g se redouble dans aggraver, agglomérer, agglutiner)
allonger mais alourdir
annoter mais anéantir
approfondir mais aplatir
arrondir mais araser.
On peut aussi considérer la 1redes géminées graphiques comme une variante combinatoire du -d- de la forme ad-.
Les mots de base en j- et m- tolĂšrent la forme ad :
adjacent(e),
adjoindre,
adjuger,
admettre
C.â CombinĂ© avec un autre prĂ©f. qui le prĂ©cĂšde, le prĂ©f. apparaĂźt en position d'infixe. 1. Il se combine avec le prĂ©f. rĂ©- :
réaccoutumer
réadapter
réadmettre
réaffirmer
réajuster (cf. cependant rajuster)
réapparaßtre
réapprovisionner
réarranger (réarrangement)
réassigner
réassortir
Ă qq. exceptions prĂšs, les dĂ©r. en rĂ©- sont de formation rĂ©cente. Beaucoup plus nombreux sont les ex. oĂč a- se combine avec la forme abrĂ©gĂ©e du prĂ©f. re-* (qui n'exprime pas l'itĂ©ration) :
rabattre
raccompagner
raccourcir
raffiner
raffoler
rajuster
ralentir
rallonger
ramasser
ramener
ramolir
rapetisser
rapprocher
rassembler
rassurer
ravitailler
raviver
Rem. L'alliance de r- et de a- entraßne souvent des spécialisations sém. (cf. re-) :
affiner â raffiner
affoler â raffoler
assurer â rassurer
2. A- peut également se combiner avec le préf. dés- :
désacclimater
désaccoutumer
désagrément
désapparier
désappointer
dĂ©sapprouverA.â arranger. ,,... ranger signifie « mettre Ă sa place »; et arranger « crĂ©er, assigner aux choses des places convenables »`` (Laf. 1861, p. 131), c.-Ă -d. « ranger pour la premiĂšre fois, Ă©tablir la combinaison qui donne Ă un ensemble de choses leur place ». De mĂȘme, a- suggĂšre l'inchoativitĂ© dans : aposter « poster qqn dans un endroit dĂ©terminĂ© » assigner « indiquer la place d'une chose » B.â apercevoir. â On perçoit avec les sens, avec l'esprit. On aperçoit avec les yeux. L'acte d'apercevoir entraĂźne la perception, analyse intĂ©rieure et consciente du stimulus. On apercoit pendant un seul moment. C.â apparaĂźtre. â Le verbe paraĂźtre signifie « se montrer » (aux yeux). L'apparition est le dĂ©but de cette action, l'instant seulement oĂč la chose se rĂ©vĂšle (au sens propre et au sens figurĂ©) : un personnage apparaĂźt sur la scĂšne (sens propre) ; dans un roman un personnage nous apparaĂźt honnĂȘte, bon, etc. (sens fig.). Rem. 1. Nature gramm. de la base et du dĂ©r.
1. Les verbes constituent la part. la plus importante des créations en a-. Le préf. permet :
a) Des formations parasynthétiques
â Dont la base est un adj. :
abĂątardir
abĂȘtir
abrutir
acagnarder (s') (vieilli)
accommoder
accouardir (vieilli)
accourcir (vieilli)
acoquiner
acquitter
adoucir
affadir
affaiblir
affermir
affiner
affoler
affranchir
affriander
aggraver
agrandir
ajuster
alentir (vieilli)
allonger
alourdir
amaigrir
amatir
améliorer
amenuiser
amincir
amoindrir
amollir
annuler
anoblir
apetisser (vieilli)
aplanir
aplatir
appesantir
approcher
approfondir
arrondir
assagir
assainir
assécher
assombrir
assoter (vieilli)
assauvagir (vieilli)
assouplir
assourdir
assurer
attendrir
attiéder
attrister
aveulir
avilir
aviver, etc.
â Dont la base est un subst. :
accompagner
accréditer
affamer
affiler
affourager
allaiter
annoter
apeurer
approvisionner
assoiffer
b) Des formations oĂč le prĂ©f. modifie une base verbale qu'on reconnaĂźt aisĂ©ment (battre, abattre), mĂȘme si le verbe composĂ© est sĂ©mantiquement Ă©loignĂ© du verbe de base (coucher - accoucher; mettre - admettre).
c) Des formations issues de loc. dans lesquelles la prép. à est absorbée par le mot suiv. :
accroire < faire Ă croire, laisser Ă croire
affleurer < Ă fleur (de)
2. Moins nombreux que les verbes, les subst. préfixés en a-sont :
a) TantÎt des dér. verbaux obtenus par suffixation
â En -ment pour les verbes en -er :
accommodement
acoquinement
affinement
ajustement
attristement
ou en -issement pour les verbes en -ir inchoatifs :
abĂątardissement
abĂȘtissement
â En -age :
abordage
achalandage
acostage
affilage
amarinage
arrivage (cf. arrivée)
atterrage
ou en -issage pour les verbes en -ir inchoatifs :
amerrissage
atterrissage
â Plus rarement en -ation :
aggravation
amélioration
annotation
b) TantÎt des subst. obtenus par dériv. régr. (en synchr. : subst. d'action à suff. zéro) :
accroc < accrocher
acquit < acquitter
affront < affronter (cf. cependant la différence de sens entre affront et affronter)
annonce < annoncer
atour < atourner (vieilli)
c) TantĂŽt des subst. â hĂ©ritage de l'anc. lang. â dont les verbes corresp. ont disparu :
adent < adenter
assentiment < assentir
attrait < attraire (attirer)
d) Intégrée au mot qu'elle précÚde, la prép. à fournit également qq. subst. :
acompte
adieu
ajour
aplomb
D'autres subst. remontent Ă des loc.
â EntiĂšrement lexicalisĂ©es :
(avoir) Ă faire > affaire
(pleuvoir) Ă verse > averse
(jouer) Ă tout > atout
â Partiellement lexicalisĂ©es (cf. Ă ) :
Ă -coup
Ă -peu-prĂšs
à -cÎté
e) Les formations subst. parasynthétiques à base adj. sont trÚs rares :
(ac)calm(ie) (cf. hist. de ce mot).
(ap)proxim(ation) / (ap)proxim(atif) (cf. proximité)
3. Les dĂ©r. en a- peuvent ĂȘtre des adj. (formes en -ant, -ent) :
adjacent(e)
attenant(e)
avenant(e)
Noter aussi :
aprioriste < a priori Rem. 2. Fonction gramm. du préf.
1. TransitivitĂ©. â A qq. exceptions prĂšs, a- crĂ©e des verbes trans. :
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ĂTYMOL. ET HIST.
A.â Etymol., signif. et fonction gramm. en lat. et en a. fr. 1. En lat. â Le prĂ©f. a- remonte Ă la prĂ©p. lat. ad-, trĂšs productive en position prĂ©verbale. En effet, ad- modifie surtout des rad. verbaux :
ad-do, are
ad-duco, eÌre
ad-jugo, are
ad-mitto, eÌre
â mais aussi (bien que trĂšs rarement) des rad. nom. :
adflamen, inis « souffle, inspiration »,
â des adj. (adj. ou part.) :
ad-essus « entamé avec les dents, rongé »
ap-paratus, a, um < apparo « prĂ©parĂ©, disposĂ© » (d'oĂč) 1o« bien pourvu »; 2o« plein d'appareil, d'Ă©clat »,
ad-uncus, a, um « crochu, recourbé » (renforcement de uncus)
â des adv. :
ad-fatim « à suffisance, amplement, abondamment ».
Le d s'assimile le plus souvent à la consonne qui suit, dont il entraßne le dédoublement :
accedo, eÌre
accendo, eÌre
affigo, eÌre
appareo, ere
applico, are
appono, eÌre
a) Signif. â AccolĂ©e au verbe, la prĂ©p. ad- enrichit la not. exprimĂ©e par le rad. verbal d'une de ses multiples signif. :
â La direction :
addubito, are « pencher vers le doute »
adeo, ire « aller vers, aller vers qqn, trouver qqn »
aderro, are « errer auprÚs, autour »
adfecto, are « approcher de, aborder, atteindre »
adfigo, eÌre « attacher »
adflecto, eÌre « tourner, diriger vers »
adfleo, ere « pleurer à , en présence de, pleurer, se plaindre à »
adflo, are « souffler vers, sur, contre »
adfluo, eÌre « couler sur, vers »
â Plus rarement ad- acquiert un sens augm. :
acquiro, eÌre « ajouter Ă ce qu'on a »
addoceo, ere « enseigner (en complétant) »
adfatim (adv.) « à suffisance, amplement, abondamment » (forme renforcée de fatim)
adgravo, are « alourdir davantage »
â Sans modifier systĂ©matiquement l'aspect du verbe de base, ad- peut servir Ă crĂ©er des verbes inchoatifs :
accendo, eÌre « embraser, mettre le feu, allumer »
adamo, are « s'éprendre »
addormio, ire « s'endormir »
adedo, eÌre « entamer avec les dents, ronger »
appareo, ere « apparaĂźtre, ĂȘtre visible »
â En revanche, il n'existe pas en lat. class. de verbes parasynthĂ©tiques proprement dits en a- :
addulco, are « adoucir » correspond à la fois à dulcis et à dulco
adfirmo, are « affermir, consolider, fortifier » correspond à la fois à firmus et à firmo
adgravo, are « rendre plus lourd » correspond à la fois à gravis et à gravo
adtenuo, are « amincir, amoindrir, affaiblir » correspond à la fois à tenuis et à tenuo
Noter aussi :
alleviare (lat. de basse époque) « alléger » correspond à la fois à levis et levo
mais :
annulare (lat. médiév.) « annuler » ne correspond qu'à nullus.
Pour exprimer la not. de « rendre » + adj., le lat. semble préférer les expr. périphrastiques. Pour les parasynthétiques en ex-, cf. é-.
b) Fonction gramm. â En lat., la fonction de ad- est d'ordre sĂ©m. plutĂŽt que d'ordre gramm. En effet, les dĂ©r. en ad- sont tantĂŽt trans., tantĂŽt intrans. :
appingo « peindre sur » est trans. tandis que apploro « pleurer à propos de, adresser ses larmes à » est intrans.
Nombre de verbes présentent à la fois un emploi trans. et un emploi intrans. :
appeto, eÌre signifie en emploi intrans. (en parlant du temps) « approcher », en emploi trans. « chercher Ă atteindre »
applaudo (applodo), eÌre : emploi intrans. « applaudir », emploi trans. « frapper contre, jeter Ă terre violemment »
a(d)spiro, are : emploi intrans. « souffler vers », emploi trans. « faire souffler ».
2. En a. fr. â a) Forme. â A- s'accole indiffĂ©remment Ă des rad. Ă initiale consonantique ou vocalique :
aaidier
aaisier
aorser (s')
aoultrer
aourdier
aourler
Bon nombre de verbes, surtout de formation sav., présentent la var. ad-, voire ade- devant consonne.
b) Nature de la base. â Comme en lat., a- reste un prĂ©f. essentiellement verbal. Mais, si les dĂ©r. sont pour la plupart des verbes, les mots de base sont extrĂȘmement variĂ©s :
â Adjectifs :
acoardir
â accouardir
ajolier
â rendre joli
alaidir
â rendre laid
alargier
â Ă©largir
â Substantifs :
abesoigner « avoir besoin de, ĂȘtre nĂ©cessaire »
abloquier « asseoir sur des blocs de pierre, consolider une statue ou un bùtiment »
abouchier « presser avec la bouche »
abrochier « percer d'une broche »
acorocier « mettre en colÚre »
achoquier « heurter »
acoster « placer cÎte à cÎte »
afruitier « planter »
â Verbes :
acharrier < charrier
aclore < clore
acomander < commander
adesirer < desirer
adevancier < devancer
De nombreuses créations en a- témoignent donc de la vitalité des verbes parasynthétiques en a. fr.
c) Fonction gramm. â DĂ©jĂ en a. fr. a- accuse son caractĂšre trans. et perfectivisant, comme en tĂ©moigne le nombre important de verbes parasynthĂ©tiques Ă base adj. et subst. NĂ©anmoins certains verbes se prĂȘtent Ă la fois Ă l'emploi intrans. et Ă l'emploi trans. (cf. Gdf.) :
acostumer
afiner
aflatir
afoler
afonder
aforcier
aforchier
amortir
avaler (cf. Hug.)
D'autres verbes ne fonctionnent qu'en emploi intrans. :
aflestrir (Gdf.)
avieillir (Gdf.)
Ce n'est que dans la lang. mod. que le préf. assume une fonction essentiellement trans. et perfectivisante.
d) Signif. â Les rapports entre l'obj. du verbe et le mot de base sont divers :
abesoigner « avoir besoin de »
abouchier « presser avec la bouche »
acorocier « mettre en colÚre »
acoster « placer cÎte à cÎte »
acoudre « coudre une chose à une autre »
acrocheter « attirer avec un crochet »
Ce n'est que dans la série des parasynthétiques à base adj. (adj. qualificatif) que la signif. de a- semble nette :
abelir « (se) rendre (plus) agréable, plaisant; plaire, charmer »
abienner « rendre meilleur, améliorer »
acoardir « rendre lùche, couard »
acourcir « rendre court »
alaidir « rendre laid »
ameilleurer « rendre meilleur »
signifient tous « rendre » + adj. de base. Les adj. de couleur (dont on tire des verbes non-préfixés et qui forment en fr. mod. une catégorie à part) s'insÚrent parfaitement dans cette série :
ablanchir
anoircir
averdir
Le sens de « pourvoir en », « donner à » est attesté dans qq. parasynthétiques à base subst. (afamer, alaiter, asoifer, ...) et le sens inchoatif dans qq. dér. à base verbale (amordre « commencer à mordre », aparoistre, aparsouvoir, aranger...).
e) Choix entre a- et en-, entre a-/-. â La concurrence a-/en ne porte que sur les verbes parasynthĂ©tiques Ă rad. subst. et adj.
â Dans les parasynthĂ©tiques Ă rad. nom., le sens de en- est trĂšs proche de celui de a-. Il signifie « donner, pourvoir en » + subst. de base. Cependant la diffĂ©rence entre les 2 prĂ©f. est qqf. sensible : en- implique l'abondance de la substance dĂ©signĂ©e par le rad. (idĂ©e liĂ©e Ă celle d'intĂ©rioritĂ©), tandis que a- ne fait qu'en signaler la prĂ©sence :
emplumasser signifie « couvrir de plumes » (Gdf.)
emplumer signifie « garnir de plumes » (ibid.)
enamourer signifie « rendre amoureux » (ibid.) « primitivement, pénétrer qqn d'amour » « provoquer l'amour chez qqn »
endenté signifie « orné de dents »
enfariner signifie « recouvrir de farine »
engazonner signifie « couvrir de gazon »
engraissier signifie « couvrir de graisse » d'oĂč « faire devenir gras, fertiliser » (Gdf.) « plonger en graisse », d'oĂč « oindre de graisse » (ibid.)
enperler signifie « orner de perles ou d'objets faisant effet de perles » (ibid.)
â Tous ces dĂ©r. sont trans.; ils signifient « pourvoir qqn en ... », « munir qqc. de ... ». L'originalitĂ© de en- par rapport Ă a- est due Ă ce que en- Ă©tablit un rapport contenant / contenu entre l'objet du verbe dĂ©r. et le subst. qui lui sert de base :
![]() BBG. â Barbelenet (D.). Sur le sens moyen des composĂ©s avec ad en latin. In : [MĂ©langes VendryĂšs (J.)]. Paris, 1925, pp. 9-40. â Pottier (B.). SystĂ©matique des Ă©lĂ©ments de relation. Ătude de morpho-syntaxe structurale romane. Paris, 1962, p. 62, 64, 325. â Wagner (R.-L.). Remarques sur la valeur des prĂ©verbes a- et en- (in-) en ancien français. In : [MĂ©langes Gamillscheg (E.)]. TĂŒbingen, 1952, pp. 51-65. â Wagner (R.-L.). Verbes, prĂ©fixes et adverbes complĂ©mentaires en ancien français. In : [MĂ©langes Roques (M.)]. Paris, 1946, pp. 207-216. |