Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
-AN, -ANE, suff.
I.− -an, -ane, suffixe exprimant l'idée d'appartenance, formateur d'adjectifs substantivables, le plus souvent des ethniques.
A.− La base est un nom de pays, de région, d'île :
andorran, -
bigourdan (Bigorre),-
bressan, -
castillan, -
catalan, -
cerdan (Cerdagne),-
faucigneran (Faucigny), -
formosan, -
iseran (Isère),-
mosan (Meuse),-
mosellan, -
persan, -
rhénan, -
texan, -
toscan, -
valmoreysan (Valmorey) -
Rem. 1. Noter aussi afghan, gitan, ottoman dont la base n'est pas isolable. 2. On notera les ext. de sens où le dér. désigne la langue : le catalan, le toscan, le roman « langue courante, populaire, antérieure à l'ancien français » (d'où le sens de « œuvre écrite en roman », d'où « œuvre d'imagination... »). 3. Paysan, qui, au Moy. Âge, a signifié « homme d'un pays » peut être considéré comme un ethnique.
B.− La base est un nom de ville.
1. Villes espagnoles ou italiennes :
capouan, -
cordouan, -
gaditan (Cadix),-
mantouan, -
orviétan, -
padouan, -
parmesan (Parme),-
pavesan (Pavie),-
pisan, -
sévillan, -
tolédan, -
trévisan -
2. Villes françaises :
beaussetan (Le Beausset),-
belleysan (Belley),-
cannettan (Le Cannet),-
cérétan (Céret),-
chirouzan (Chirouzes),-
lauzetan (Le Lauzet),-
miribelan (Miribel),-
seysselan (Seyssel),-
vénissian (Vénissieux) -
(cf. Wolf 1964)
Rem. On notera les ext. ou le dér. désigne des choses concr. : orviétan « remède de charlatan », parmesan « fromage ».
C.− Exceptionnellement, le dérivé n'est pas un ethnique. Les mots anglican, gallican, musulman qui sont des emprunts et qui désignent les adeptes d'une religion ont permis la création analogique du dérivé mahométan.
Rem. Artisan, capitan, courtisan, gardian, partisan ne sont pas des dér. fr., mais des empr. à l'ital. (cf. infra étymol. B).
II.− Rare. -an suffixe formateur de substantifs du vocabulaire scientifique :
argentan ou argenton« alliage de cuivre, zinc et nickel imitant l'argent »
constantan (dep. Lar. univ., sur une base constant−, selon FEW t. 2, 2)« alliage de cuivre et de nickel dont la résistance électrique varie peu avec la température »
indican (du lat. indicum « indigo », mot créé par Schunck, en 1855, selon NED) « glucoside extrait des feuilles de l'indigotier »
prolan (du gr. proles « lignée », cf. prolifique) « hormone d'origine placentaire qui favorise la gestation »
Il apparaît aussi fréquemment en finale du nom de produits pharmaceutiques (phénergan, atophan, etc.)
Morphol. A.− Var. morphol. de la base et élargissement du suff. − Plusieurs faits sont à noter : 1. Manifestation d'une consonne latente de la base : [t] beaussetan (Le Beausset), cannettan (Le Cannet), cérétan (Céret), mahométan (Mahomet) [z] paysan (pays) 2. Élargissements : [z] belleysan (Belley), valmoreysan (Valmorey) [ə ʀ] faucigneran (Faucigny; noter en outre la chute de la voyelle finale) 3. Substitution de -an à la voyelle finale ou à la termin. de la base : catalan (Catal-ogne), cerdan (Cerd-agne), orviétan (Orviet-o), texan (Tex-as), vénissian (Vénissi-eux) B.− Étude de la finale homophone -an. 1. Le terme (à la fois adj. et subst.) varie en genre. a) Le terme est un subst. de l'animé pouvant aussi être empl. adjectivement : anglican, courtisan, gallican, musulman, partisan b) Le terme est un adj. (substantivable) caractérisant la couleur ou une particularité de la robe du cheval : alezan « (cheval, mulet) dont la robe est brun rougeâtre »; subst. un alezan balzan « (cheval) qui a des taches blanches aux pieds »; subst. une balzane « tache blanche aux pieds d'un cheval » rouan « (cheval aubère) qui a les crins et les poils des extrémités noirs »; subst. un rouan rubican « (cheval) dont la robe est semée de poils blancs » Rem. Autres adj. médian (subst. la médiane), occitan (subst. l'occitan « langue d'oc »); cf. aussi la loc. adj. d'antan et l'adj. inv. gnangnan (ou gniangnian). 2. Le terme est un subst. masc. inv. en genre. a) Le subst. désigne une pers. : artisan, banian, chambellan, capitan (vieilli), charlatan, chenapan, chouan, drogman « ancien nom des interprètes en Orient », forban, gardian, hetman (ou ataman), houligan, korrigan « esprit malfaisant (Bretagne) », icoglan « officier du palais du sultan », pléban, ruf(f)ian, sultan, titan, traban « hallebardier des régiments suisses », tyran, uhlan « cavalier mercenaire (Pologne) » vétéran, etc. b) Le subst. désigne un animal : Un oiseau : cormoran, faisan, halbran, milan, ortolan, pélican, pluvian, toucan, etc. Un poisson : capelan, éperlan, flétan, merlan, serran, etc. Autres animaux : caïman, daman, élan, orang-outan(g), pékan, etc. c) Le subst. désigne un inanimé : aman, astrakan, autan, bataclan, bilan, boucan, bougran, brelan, caban, cabestan, cadogan (ou catogan), cadran, caf(e)tan, cancan, capelan, carcan, cardan, cardigan, catamaran, divan, écran, élan, empan, encan, estran, firman, harmattan, hauban, jaseran, liman, mangoustan, mitan, myrobolan, océan, oliban, origan, ouragan, palan, parian, portulan, radian, raglan, ramadan, redan, risban, ruban, safran, sampan(g), slogan, tarpan, toboggan, toman, trépan, turban, tympan, volcan, yatagan, etc. Rem. 1. Les mots en -an sont toujours masc.; seule exception : maman. 2. Seuls sultan, pour les subst. désignant des animés, et faisan, pour les noms d'animaux, varient en genre.
Prononc. : [ɑ ̃]. Fér. 1768 fait la rem. suiv. : ,,À la fin des mots il [an] est très bref dans ruban, turban, bouracan, carcan, pélican, encan, ouragan, relan, élan, ortolan, merlan, brelan, talisman, pan, tympan, tréjan, cran, écran, cadran, safran, bougran, tan, orviétan, parmesan; un peu moins bref dans les mots suivants où l'a est plus ouvert : an, ban, océan, roman, vétéran, tyran, van, faisan, artisan, courtisan, partisan, paysan, alezan, bilan, plan, charlatan.``
Étymol. ET HIST. A.− Suffixe 1. Orig. du suff. a) Le suff. -an, -ane est gén. considéré comme la forme sav. du suff. -ain, -aine issu régulièrement de anu(m). Il reproduit, dans les mots d'empr., le lat. -anu(m) (cf. Nyrop t. 3 1936. § 304) : persan < persanus; rhénan < rhénanus . Parfois -an a existé antérieurement à -ain : african 1080, -ain xvies.; riveran 1333, -ain 1690; samarithan 1330, -ain en fr. mod. b) Wolf 1964 a pu définir le suff., en tant que formateur d'ethniques fr. comme ,,la forme occitane du suff. lat. -anu(m)`` : les noms de villes ou de régions fr. dér. en -an, -ane se situent presque tous dans la moitié sud du pays. c) -an, -ane est l'adaptation d'empr. à l'angl. : anglican, texan, (et peut-être formosan) d) -an jouant le rôle de suff. formateur de termes sc. semble tre d'orig. angl. (sur le modèle de indican). 2. Productivité et vitalité. − Le suff. -an, -ane n'a jamais été réellement productif. Il a essentiellement servi à adapter des emprunts. B.− La finale -an a des orig. diverses. Dans de nombreux cas, -an fonctionne comme une finale d'accueil, permettant l'adaptation au syst. fr. d'empr. de termin. très diverses. 1. Elle reproduit, dans les empr., le lat. -anu(m) : décan < decanus, médian < medianus, occitan < lat. médiév. (lingua) occitana, océan < oceanus, pélican < pelicanus, vétéran < veteranus, etc. 2. Elle reproduit phonétiquement le lat. -ann- : carcan < lat. médiév. carcannum, tyran < tyrannum 3. Elle reproduit la finale -ano de l'ital. ou de l'esp. [< -anu(m)] : artisan < ital. artigiano, balzan < ital. balzano, boucan < ital. baccano, capitan < ital. capitano, charlatan < ital. ciarlatano, courtisan < ital. cortigiano, partisan < ital. partigiano, portulan < ital. portolano, rubican < esp. rabicano + influence de rubicond, rouan < esp. roano du lat. ravus, rufian < ital. ruffiano, etc. Ou bien la finale -an du prov. [< -anu(m)] : autan, capelan, faisan, gardian, milan, ortolan, etc. 4. Elle reproduit la finale gr. -on (par l'intermédiaire du lat.) : trépan < lat. médiév. trepanum, du gr. trupanon; tympan < lat. tympanum, du gr. tumpanon 5. Elle reproduit le suff. ou la termin. -an de diverses lang. a) Anglais : parian, radian, slogan, tartan, etc. b) Arabe, persan, turc : alezan (esp. alazan, empr. à l'ar. al-hisan), aman (mot ar.), caban (ital. de Sicile cabbanu, de l'ar. qabâ), caf(e)tan (turc qaftân), daman (mot ar.), divan (turc diouan, mot persan), dolman (turc dolâmân), firman (turc fermân), musulman (ar. muslim), ramadan (mot ar.), safran (arabo-persan za'farân, par le lat. safranum), sultan (arabo-turc soltān), talisman (ar. vulg. tilsam), toman (arabo-persan tûmân), turban (persan tülbend), yatagan (turc yâtâghan), etc. c) Divers : caïman (mot caraïbe, par l'esp.), drogman (ital. drogmanno, lui-même du gr. byz.), harmattan (mot africain), liman (mot russe), mangoustan (du malais, par le port. mangustão), orang-outan (g) (mot malais), ouragan (mot des Antilles, par l'esp. huracán), sampan(g) (mot chinois), toboggan (mot angl. du Canada, empr. à l'algonquin), uhlan (mot all., empr. au polon., du tartare oglan « enfant »), etc. 6. Se substitue à -enc (et -eng) : chambellan (chamberlenc ds Alexis, du frq. *kamarling), cormoran (cormare(n)g, xiies., a.fr. corp « corbeau » + marenc « marin »), merlan (merlenc, merlanc au xiiies., de merle + suff. germ. -ing), palan (palenc, 1573, ital. palancio), etc. Cf. aussi brelan (var. brehant jusqu'au xviies., de l'a. h. all. bretling), éperlan (m. néerl. spierlinc), flétan (néerl. vleting, de vlete « espèce de raie »). Par ailleurs, l'ital. bilancio a donné bilan. 7. Transpose également d'autres finales (en partic. de lang. nord.) : chenapan (all. schnapphahn), écran (m. néerl. scherm), élan (h. all. elend), empan (frq. *spanna, cf. all. spanne), estran (norm., de strand), halbran (m. h. all. halber-ant), risban (néerl. rijsbank), ruban (m. néerl. ringhband), etc. 8. Certains mots sont de formation onomatopéique : bataclan, gnangnan (ou gnian-gnian), rataplan (ou rantamplan), cancan. 9. D'autres remontent à un nom propre de pers. ou de ville : cardan, cardigan, catogan ou cadogan, raglan; astrakan, sedan.
BBG. − Cohen 1946, p. 40; pp. 44-45. − Dub. Dér. 1962, p. 17, 77, 85. − Wolf 1964 pp. 46-48.