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ÉVOLUTION, subst. fém.
Changement progressif de position ou de nature.
A.− [Dans l'espace]
1. ARM., MAR. Mouvement concerté et ordonné, exécuté par une troupe ou une flotte pour prendre une nouvelle position. Les évolutions et les manœuvres de la veille étaient en réjouissance d'une des grandes victoires anglaises en Espagne (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 921).Les évolutions combinées de troupes de toutes armes en terrains variés (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 49):
1. Des bruits vagues, par moments, venaient de l'inconnu du brouillard : grondements de roues, piétinements de foule, trots lointains de chevaux. C'étaient les mouvements de troupes que la brume cachait, toute l'évolution du 7ecorps en train de prendre ses positions de combat Zola, Débâcle,1892, p. 236.
Escadre d'évolution (vieilli). Escadre constituée en temps de paix pour l'entraînement des officiers et des équipages. L'auteur [du Mariage de Loti] est un enseigne de vaisseau, très jeune, toujours en mer, à cette heure même sur la côte d'Afrique avec l'escadre d'évolution (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 216).
Spéc. [En parlant d'un navire] Fait de changer de cap. Une bonne manœuvrabilité correspond à une évolution rapide sur une étendue réduite de la mer (faible diamètre de giration) (Encyclop. Sc. Techn.,t. 8, 1972, p. 270).Le navire en évolution (J. Chapon, Trav. mar., Paris, Eyrolles, t. 1, 1978, p. 103).
Voile d'évolution. Voile qui permet à un bateau d'évoluer (cf. ce mot A 1 spéc.). Voile d'évolution [la voile carrée] mais bien fragile et qui ne sera remplacée qu'en 1725 par le foc, sur le Triton (La Varende, Tourville,1943, p. 96).
2. P. ext., cour., gén. au plur. (Action, fait de se déplacer par une) succession de mouvements variés. Le prêtre et les deux diacres, revêtus de riches ornements, exécutent devant l'autel les gestes et les évolutions hiératiques (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 97).Dans le métier Jacquard, l'évolution des fils est réglée par un carton percé de trous représentant le dessin (Ch. Thomas, Araud, Fabric. drap,1921, p. 49):
2. La mer était magnifique; on pouvait facilement suivre à sa surface les rapides évolutions du squale, qui plongeait ou s'élançait avec une surprenante vigueur. Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 6.
SYNT. Évolutions gracieuses, légères, lentes; les évolutions d'un avion, d'un danseur, d'un oiseau; légèreté, lenteur, rapidité des évolutions.
P. anal. L'écriture arabe des premiers siècles, celle qu'on nomme coufique, se compose de caractères mâles, aux bases anguleuses, aux brusques évolutions, et dont la ferme élégance a quelque chose de monumental (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 285).
3. Spéc., vieilli. Fait d'exécuter un mouvement circulaire, de tourner. Synon. révolution.Dans la colossale évolution terrestre autour du soleil, l'océan, avec son flux et reflux, est le balancier du globe (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 255).
En évolution. Le vent est au nord, dit gravement Colline, en indiquant une girouette en évolution sur un toit voisin (Murger, Scène vie boh.,1851, p. 227).
B.− [Dans le temps]
1.
a) Processus continu de transformation, passage progressif d'un état à un autre. Une évolution irréversible; l'évolution de la vie; compromettre, favoriser une évolution. Arrivé à ce tournant de ma vie, et jetant un regard sur ce long ruban de route à travers mon passé (...). C'est bien moins mon évolution qui me frappe que ma fixité (Mauriac, Journal 1,1934, p. 70).Une révolution est produite par la sensation de lenteur d'une évolution. Si les choses changent assez vite, pas de révolution (Valéry, Suite,1934, p. 69).J'assiste (...) à la transformation, à l'évolution sous les forces du monde extérieur, de notre petit clan incohérent et uni (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 209):
3. La conception que nous avons tenté d'exposer ci-dessus ne s'est pas formée d'un seul coup, et n'est que le terme d'une évolution qui s'est poursuivie depuis plus d'un demi-siècle, et n'a pas été sans rencontrer de sérieuses résistances... Gds cour. pensée math.,1948, p. 45.
Évolution + adj.
[L'adj. exprime une qualité] Évolution constante, contemporaine, fatale, générale, ininterrompue, limitée, normale, particulière, pathologique, régulière, séculaire. Tout être vivant dépend étroitement de son milieu et s'adapte aux fluctuations de ce milieu par une évolution appropriée (Carrel, L'Homme,1935, p. 19).
En partic. [En parlant d'une société, d'un pays] Évolution capitaliste, libérale, révolutionnaire, socialiste. Nous espérons voir se développer en Italie une évolution démocratique, qui, un jour ou l'autre, permettra à la France de régler ses affaires avec cette Italie-là (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 630).
[L'adj. exprime une relation] Évolution personnelle; évolution culturelle, linguistique. Pour tous ceux qui se tiennent au courant de l'évolution scientifique, il n'est plus permis de douter que la physiologie se constitue en ce moment comme une science biologique fondamentale autonome (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 93).L'évolution phonétique du français et son évolution morphologique sont étroitement liées (Traité sociol.,1968, p. 269):
4. Dans toute évolution normale, individuelle ou collective, l'amour nous conduit d'abord à la foi, tant que l'essor demeure spontané. Mais, quand il devient systématique, on construit la foi pour régler l'amour. Comte, Catéch. posit.,1852, p. 174.
SYNT. Évolution animale, humaine, terrestre; évolution biologique; évolution démographique, économique, morale, politique, religieuse, sociale, spirituelle; évolution sémantique.
Évolution + compl. de nom
[Le compl. désigne ce qui évolue] Évolution de l'humanité, de l'univers; évolution de la pensée; évolution de l'art, de la médecine; évolution d'un artiste, d'un homme; évolution d'un conflit, d'un fléau, de la situation; évolution des sociétés; évolution des connaissances, des mœurs; évolution des prix, des salaires. L'évolution d'une langue se conforme, en gros, à une loi d'efficacité maximum dans la répartition des mots (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 115).
[Le compl. désigne la durée de l'évolution] Une évolution de deux mille ans (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 117).
Évolution vers, en.C'était en elle une telle débâcle des croyance anciennes, une évolution telle vers un monde nouveau, qu'elle n'osait s'interroger et conclure (Zola, Dr Pascal,1893, p. 124).La découverte des grosses molécules à propriétés de virus nous rend un peu plus aisément concevable cette évolution de la matière inerte en matière vivante (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 195).
Évolution, déterminant de subst.L'axe, le sens, la marche, le mécanisme d'une évolution; les étapes, les phases d'une évolution; l'aboutissement, le résultat d'une évolution; un processus d'évolution. Il ne saurait être question, bien entendu, en pure critique d'art, que de comparer chaque artiste avec lui-même et de dessiner la courbe de son évolution (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 157).
Loc. En (pleine) évolution. Dans les sciences en évolution, l'empirisme précède donc la théorie (C. Bernard, Princ. méd. exp.,1878p. 180).
b) Spéc. [En parlant d'une maladie] Passage par les divers stades de son développement habituel, présentation de ses manifestations, de ses symptômes successifs. Des septicémies à évolution suraiguë (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 470).Si l'on intervient à temps, on peut enrayer l'évolution des lésions et guérir les malades dans 90 % des cas (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896p. 634).L'incubation est lente : elle peut durer de huit à dix ans. Et l'évolution elle aussi est lente (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1453).
c) P. méton. Le résultat, le terme d'une évolution. [L'élection de Louis Bonaparte à la présidence de la République] n'était plus une évolution réelle, rationnelle, c'était une création du bon plaisir électoral, une légende, un mythe (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 269).
2. BIOL. [Toujours avec l'art. déf.]
a) [Le terme de l'évolution est prévisible] Développement individuel d'un organisme animal ou végétal depuis la cellule initiale qui le renferme tout entier en puissance et jusqu'à l'âge adulte (ou la sénescence). Synon. ontogénèse.Comme Bonnet, Cuvier croit que l'animal adulte résulte simplement de l'évolution, c'est-à-dire de l'accroissement en tous sens d'un germe semblable à lui, contenu dans l'œuf (E. Perrier, Zool.,t. 1, 1893, p. 383).Cf. développement ex. 7 :
5. L'évolution de l'être vivant, comme celle de l'embryon implique un enregistrement continuel de la durée, une persistance du passé dans le présent, et par conséquent une apparence au moins de mémoire organique. Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 19.
b) [Le terme de l'évolution n'est pas prévisible] Série de transformations qui ont conduit à l'apparition, puis à la diversification des espèces par filiation à partir d'une même forme de vie primitive. Synon. phylogénèse.Si le fait de l'évolution est hors de conteste, on discute encore (...) sur la nature des procédés par quoi elle s'est accomplie (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 168).Depuis les temps de Darwin et de Lamarck, de nombreuses trouvailles sont venues établir l'existence des formes de passage que postulait la théorie de l'évolution (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 83):
6. Les observations d'organogénie (...) semblent confirmer pleinement cette idée de l'évolution successive des êtres les plus simples jusqu'aux plus compliqués, dont chaque groupe, chaque Espèce, représente un des points d'évolution. Gérard dsDict. univ. d'hist. naturelle,Paris, t. 5, 1844, p. 431.
P. ext. :
7. Fortement influencé par le transformisme de Lamarck et de Darwin, Spencer conçoit une théorie de l'évolution universelle (...) reposant sur un processus de différenciation qui conduit de l'homogène à l'hétérogène. Hist. sc.,1957, p. 1571.
Spéc. Évolution régressive. ,,Les processus de réduction et de rudimentation qui affectent certaines structures organiques`` (Thinès-Lemp. 1975). Certaines régressions, tolérables dans une constellation particulière de facteurs écologiques, n'entravent nullement l'équilibre adaptatif. L'évolution régressive des animaux cavernicoles en est le meilleur exemple (Encyclop. univ.t. 61970, p. 829).
Rem. 1. On rencontre rarement l'expr. évolution progressive à cause de l'idée de progrès qu'implique normalement le terme évolution. Des organismes soumis à toutes les lois de l'évolution progressive ou régressive par mutations ou variations brusques des caractères spécifiques (Duhamel, Maîtres, 1937, p. 108). 2. La plupart des dict. gén. enregistrent évolutionnaire, adj. a) ARM., MAR. ,,Qui concerne les évolutions`` (Littré). b) Qui a rapport à la doctrine de l'évolution ou transformisme. Emploi subst. masc. ,,Celui qui est partisan de cette doctrine`` (ibid.). On rencontre ds la docum. un emploi subst. de cet adj. avec le sens de « partisan d'un changement progressif ». On dit d'Émile Ollivier qu'il n'est pas un révolutionnaire, mais un évolutionnaire (Halévy, Carnets, t. 1, 1867, p. 147).
Prononc. et Orth. : [evɔlysjɔ ̃]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1536 art milit. « action de manœuvrer » (L'Œuvre d'Aelian, fo297 ds Gdf. Compl.); 1776 « changement, transformation, développement » (Tristram Shandy, trad. de Frenais, chap. 161 ds Revue des Deux-Mondes, 15 oct. 1873, p. 761 ds Littré). Empr. au lat. class. evolutio « action de dérouler, de parcourir ». Fréq. abs. littér. : 1 969. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 338, b) 2 119; xxes. : a) 3 951, b) 4 573. Bbg. Camus (P.). L'Évolution, écran de fumée. Déf. Lang. fr. 1973, no67, pp. 21-24. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 176. − Quem. DDL t. 5 (s.v. évolutionnaire).Robinson (A.-H.). Les Désignations de la « marche dans l'espace ». Fr. mod. 1974, t. 42, p. 157.