| ![]() ![]() ![]() ![]() ÉTOFFÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de étoffer*. II.− Emploi adj. A.− [En parlant d'un vêtement] Ample, qui nécessite beaucoup d'étoffe. Elle passait un peignoir de piqué blanc, empesé, étoffé, et se cassant à grands plis (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 314).Longue jupe étoffée, taille serrée, sous la gorge, bonnet et châle croisé (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 95). − P. métaph. Onze heures? Minuit? Deux robes identiques dans la garde-robe des heures. La deuxième un peu plus étoffée, mieux doublée de sonneries, taillée dans un morceau plus épais de la nuit (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 334). Rem. On rencontre dans Hugo étoffement, adv. En employant beaucoup d'étoffe. Le sire de Coucy, [avec une oriflamme] à bannière, et plus étoffément que nul des autres (N.-D. Paris, 1832, p. 392). B.− P. ext. 1. [Appliqué à l'ensemble ou à une partie du corps de l'homme ou des animaux] Qui présente une forte corpulence, des proportions importantes. Cheval étoffé. Un front étoffé, et dont on sentait la voûte largement développée sous les deux bords des deux bonnets, couronnait bien ce visage (Barb. d'Aurev., Memor. 4,1858, p. 109).Le gros notaire, dont l'aspect étoffé, surnourri, de sexagénaire solidement établi, faisait un contraste extraordinaire avec l'agonisant (Bourget, Sens mort,1915, p. 242). − Spéc., B.-A. [En parlant d'une statue] À laquelle on a donné de l'ampleur en l'agrémentant d'une draperie. À quelque distance, une grande statue de Louis XIV, largement étoffée, et d'un assez bon style (...) semble regarder cette pompe [les funérailles de Napoléon] avec stupeur (Hugo, Choses vues,1885, p. 16). 2. [Appliqué à un groupe de pers.] Qui est constitué par un grand nombre de participants. Tout cela forme un public autrement étoffé, solide, substantiel que les numéros de vestiaire d'une salle de première en 1922 (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 166).J'étais d'avis que la prochaine campagne d'Europe exigerait, effectivement, des services très étoffés (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 247). C.− Au fig. 1. [Appliqué à la voix hum.] Qui a des qualités d'ampleur, de puissance. Quand elle [la chanteuse] parut (...) et que le son plein, riche, étoffé, s'échappa dès les premières notes, abondant et pur comme l'eau d'une source vive, il y eut dans la salle un charme d'étonnement (A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 84).Point d'esprit, une certaine rapidité de compréhension, un vocabulaire très suffisant que rehausse une belle voix étoffée (...) voilà mon amoureux (Colette, Vagab.,1910, p. 105). 2. [Appliqué à une œuvre littér. ou musicale] Qui possède un contenu riche et varié. Maintenant, l'œuvre est bien plus complète, plus étoffée, mieux écrite; puissé-je en faire un jour un monument de gloire! (Balzac, Corresp.,1833, p. 234).Il me demande de lui présenter un thème de quelques notes, sur lequel il improvise aussitôt de brillantes fioritures, assez étoffées ma foi (Gide, Journal,1930, p. 999). Rem. On rencontre a) Ds la docum. la constr. étoffé de, étoffé en suivi d'un compl., au sens de « qui est riche de, qui possède beaucoup de ». Je ne les crois pas assez étoffés en courage et en audace spontanée pour jouer ce jeu-là (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 136). La vie enfin doit presque être un conte de fée. Je la veux de chansons et de joie étoffée (Hugo, Quatre vents esprit, 1881, p. 317). b) Ds Sainte-Beuve le part. passé employé comme subst. au sens de « aspect imposant, caractère de grandeur ». La richesse, la chaleur des tons, le magnifique et l'étoffé de l'ensemble [de la « Procession »], tout ce lustre de premier aspect, ont paru trop forts pour les modestes Le Nain (Nouv. lundis, t. 4, 1863-69, p. 123). Fréq. abs. littér. : 62. Bbg. Gohin 1903, p. 372. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 265. |