| ![]() ![]() ![]() ![]() ÉTIOLÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de étioler*. II.− Emploi adj. A.− HORTIC. [En parlant de certains légumes] Qui s'est décoloré, qui est devenu grêle et moins amer en poussant à l'abri de l'air et de la lumière. Légumes verts, salades, choux..., beaucoup plus riches en vitamines, en sels minéraux, que ces mêmes légumes étiolés (c'est-à-dire blancs par suite de l'absence de pigment vert, mais non flétris) (R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 98).Cf. aussi étioler rem. b, Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 332. − P. anal. [En parlant d'une pers.] Dont le teint et la santé sont altérés par manque d'air pur et de soleil. Ses enfants étaient moins étiolés, moins maigres, plus agiles, car la saison des fruits avait produit ses effets sur eux (Balzac, Lys,1836, p. 133).Une jeune fille de dix-neuf ans, élevée chez les sœurs de Saint-Laurent, pauvre petite fleur étiolée à l'ombre, rachitique, nouée de misère, (...) pâlotte (Goncourt, Journal,1862, p. 1116). − P. métaph. [En parlant d'une pers. envisagée dans sa vie morale, intellectuelle ou d'une chose abstr.] Qui se débilite, périclite par manque de contact avec le réel ou par confinement dans un milieu malsain, nuisible à la santé de l'esprit. Ces visages maladifs, ces âmes étiolées renaîtront au bien, qui est la santé, la vie de l'âme (Sue, Myst. Paris,t. 7, 1843, p. 315).En province surtout où les existences de quelques femmes sont plus souffrantes, plus étouffées et étiolées que dans le monde parisien (Sainte-Beuve, Portr. contemp.,t. 2, 1846-69, p. 329).La musique (...) était uniformément douce, pâle, engourdie, anémique, étiolée. − C'était alors la mode en France, parmi les délicats, de parler bas en musique (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 688): 1. Bernières, d'abord : étiolé, sans idéal, vivant chichement entre son père trop vieux et une belle-mère que la pauvreté rendait haineuse. Celui-là, Léonard l'apercevait distinctement dans une cure de campagne, et traînant sans secousse une vie décolorée.
Estaunié, Empreinte,1896, p. 27. ♦ Emploi subst. Dans son village [de Jean], on était à l'abri des contagions malsaines, des dépravations précoces des étiolés de la ville (Loti, Le Roman d'un Spahi,1881, p. 31). B.− P. ext. [En parlant de végétaux quelconques] Dont la vitalité s'est affaiblie par manque de conditions favorables à un épanouissement normal (notamment humidité et fertilité du sol). Un jardin sur notre fenêtre (...) jardin qui a plus d'air mais pas plus de soleil que le jardin dans la chambre, et, par conséquent, produit des plantes maigres, étiolées et comme pulmoniques (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 191).Le marronnier noir (...) pousse là enfermé entre quatre murs, dans le sol parisien sans humus; il a un entêtement de pauvre à vivre étiolé, sans suc (Frapié, Maternelle,1904, p. 210).Lorsque l'on gagne de l'altitude, la végétation se raréfie : les arbres se rabougrissent (...), puis c'est la zone des arbustes étiolés et maigres (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 50). − P. métaph. [En parlant d'une chose abstr.] Qui est privé de vigueur par manque d'éléments stimulants, vivifiants : 2. ... sans doute André Gide n'a-t-il tant erré, obéi à l'appel du dehors, usé de la transplantation, du déracinement, que pour faire valoir son morne terrain Mais malgré toutes les méthodes d'épuisement, tous les procédés de culture qu'il a tour à tour essayés pour rendre plus vivaces les fleurs de son désert, y greffer des espèces sauvages, elles demeurent de petites choses étiolées, singulières, sans couleur, raretés d'une flore sophistiquée soustraite aux fécondants apports.
Massis, Jugements,1923, p. 24. C.− Au fig. 1. [En parlant d'une pers. envisagée dans sa vie morale, intellectuelle] Qui a une personnalité effacée, des ressources morales ou intellectuelles très restreintes, qui mène une existence insipide. Parfaitement poli et parfaitement pur de toute énergie, tel est l'être que je m'attends à voir quand on annonce (...) M. de Syon ou tout autre jeune homme du faubourg Saint-Germain. Et encore je n'étais pas bien placé en 1821 pour juger de toute l'insignifiance de ces êtres étiolés (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 77). 2. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Qui manque de résistance, de force, d'intensité. Mes sentiments qui probablement sembleraient exagérés ou incroyables au spectateur accoutumé (...) à la nature étiolée des romans construits avec des cœurs de Paris (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 46).Le sultan dut (...) recommencer le siège. La base étiolée était sapée, des pans entiers du mur s'effondraient (Grousset, Croisades,1939, p. 384). Fréq. abs. littér. : 53. |