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ÉLOIGNER, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [En parlant d'une distance spatiale] Mettre loin ou plus loin; faire aller à une certaine distance. Éloigner qqc., qqn, de qqc., de qqn.Éloignez-les l'un de l'autre (Ac.1798-1932).
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Des Cigales éloigna de quelques millimètres sa bouffarde de la bouche (Queneau, Loin,1944, p. 16).
P. ext. Faire paraître lointain ou plus lointain. Les verres concaves éloignent les objets (Lar. 19e-Lar. encyclop.).Son double binocle, dont un verre rapprochait et un verre éloignait (Giraudoux, Bella,1926, p. 193).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Pour approcher l'île Vavao, d'où les vents d'Ouest-Nord-Ouest nous éloignaient un peu (Voy. La Pérouse,1797, p. 246).On éloignait d'elle les jeunes filles comme d'une pestiférée (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MmeBaptiste, 1882, p. 356):
1. Si elle allait le rejeter!... le repousser!... l'éloigner avec horreur!... lui, le petit voleur du collège d'Eu! (...) s'il allait ne plus la revoir, ne plus vivre à ses côtés, ... G. Leroux, Le Parfum de la dame en noir,1908, p. 25.
P. euphém. [Le compl. prép. désigne un groupe, un milieu soc. ou pol., une sphère d'activité] Mettre ou tenir à l'écart, exclure. Éloigner qqn des charges, de la vie publique. Il [le monarque] a besoin (...) de rendre les esprits frivoles et légers pour les éloigner des affaires (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 101).Il te fait perdre tous tes amis; il t'éloigne des milieux qui pourraient t'être utiles plus tard (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 143).Une Europe dont on éloignait la France (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 202).
B.− P. anal. [En parlant d'une distance temporelle]
1. Mettre plus loin dans le temps passé ou à venir. Chaque instant qui s'écoule repousse vers le passé l'instant où je te voyois encore; le temps s'éloigne, le dévore (Cottin, Cl. d'Albe,1799, p. 177).Ils éloignèrent pour quelque temps, le choix d'une autre gouvernante (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 41).
2. Accroître l'intervalle de temps séparant deux phénomènes destinés à se reproduire, espacer. Ils ordonnent d'éloigner, ou de rapprocher les saignées (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 49).Je sentis que Gilberte désirait éloigner mes visites (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 582).
C.− Au fig. [La distance est d'ordre psychol., mor. ou intellectuel]
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.]
a) [Le compl. prép. est gén. un mot abstr. désignant p. ex. un système intellectuel, une valeur mor., etc.] Créer une séparation; écarter, détourner. Éloigner d'un but, d'un idéal, de son travail; éloigner du christianisme, du rationalisme; éloigner de Dieu. Tout ce qui peut éloigner l'homme de la fin sainte et divine à laquelle l'appelle sa nature (Renan, Souv. enf.,1883, p. 405):
2. Un détachement immense, insondable de tout ce qui tenait à son personnage intellectuel et moral et comme une distance en elle pour l'éloigner de tout ce qui la faisait participer à la vie, d'autant plus immense, me semblait-il, que ce dont elle se détournait la faisait plus réelle et définissait plus hautement son personnage. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 236.
b) [Le compl. prép., exprimé ou non, désigne une pers.] Établir une distance morale ou affective en empêchant la familiarité, l'intimité ou en inspirant de l'aversion, une certaine désaffection. Anton. attirer, rapprocher.L'aspect de ma longue infortune Éloigne, repousse, importune Mes frères lassés de mes maux (Lamart., Médit.,1820, p. 258):
3. ... cette opinion que j'ai de sa personne morale, au lieu de m'éloigner de lui, loin de mettre entre nous de l'horreur, fait, non pas que je l'aime peut-être, mais qu'il m'intéresse énormément. Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 180.
2. [Le compl. d'obj. dir. est un mot abstr. désignant un phénomène psychol., soc., etc.] Rejeter, dissiper, repousser, chasser, faire disparaître ou empêcher de se manifester. Éloigner des pensées, des préoccupations, des souvenirs, des soupçons; éloigner le sommeil; éloigner un péril, le scandale. Tout se passe en efforts pour éloigner la vérité de ces lieux qui revient pleurer sans cesse sur tout le monde (Céline, Voyage,1932, p. 119):
4. ... vous qui, depuis des siècles et des millénaires, avez tout fait pour éloigner l'idée de la mort, pour l'évincer de votre décor social et même du vocabulaire, vous autres, vous êtes heureux! Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 198.
3. [Le compl. d'obj. dir. et le compl. prép. sont de même nature, animés ou inanimés; la notion de distance traduit une différence entre deux choses, deux pers.] Séparer par des éléments distinctifs; distinguer, différencier. Le caractère de leurs travaux, leurs habitudes mentales, (...) tout les éloigne des hommes d'action enclins à dépasser la mesure (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 142).
II.− Emploi pronom.
A.− [En parlant d'une distance spatiale]
1. [Le suj. désigne une pers. ou une chose en mouvement; le compl. prép. est souvent sous-entendu] Aller au loin ou plus loin; quitter un lieu, une personne. S'éloigner à grands pas, à pas lents; s'éloigner brusquement, doucement, lentement, rapidement, vite. Le « Rendeer » allait s'éloigner pour un temps, et visiter au nord l'archipel des Marquises (Loti, Mariage,1882, p. 90).J'avais beau m'éloigner de la triste oasis, à mesure que j'avançais, mes impressions désolées se renforçaient (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 151):
5. ... au lieu d'apprécier les grandeurs relatives d'apparence qui font la perspective, on pense la distance; on ne voit point un homme diminuer ou grossir, mais bien s'éloigner et se rapprocher; ... Alain, Système des Beaux-arts,1920, p. 241.
2. P. ext.
a) [Le suj. désigne un bruit; la distance est appréciée par une perception auditive] On l'entend passer, descendre en avant avec une vibration pesante et grandissante de métro entrant en gare; ensuite son lourd sifflement s'éloigne (Barbusse, Feu,1916, p. 232).
b) Paraître plus lointain. La lumière s'éloigne à mesure que la route s'allonge (France, Bonnard,1881, p. 383).
B.− P. anal. [En parlant d'une distance temporelle] Devenir plus lointain dans le passé ou l'avenir. S'éloigner de sa jeunesse, du présent. Je voyais, plein d'ennui, s'éloigner toujours le cher instant où je pourrais soigner l'intimité naissante du doux ami que je trouvais en vous (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 42).Voilà bien leur tendance à tous et d'autant plus accusée qu'ils s'éloignent davantage de la période primitive (Bremond, Hist. sent. relig,t. 4, 1920, p. 299).
C.− Au fig. [L'idée de distance traduit celle d'une séparation psychol., mor. ou intellectuelle]
1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. désigne une chose abstr. ou une pers.] Se séparer, se détourner de. S'éloigner de la question, du sujet; s'éloigner du réel. Pécuchet s'éloigna d'une religion devenue un moyen de gouvernement (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 142).Ne vous éloignez pas de moi, parce que je vous dis mes petites lâchetés (Rolland, J. Chr.,Foire, 1908, p. 740).
2. [L'idée de distance traduit une différence, une divergence; le suj. désigne une pers. ou une chose] S'éloigner de la vérité. On voit à quel point l'expérience absurde s'éloigne du suicide (Camus, Sisyphe,1942, p. 77):
6. ... plus un type social est rapproché du nôtre, plus le droit coopératif devient prédominant; au contraire, le droit pénal occupe d'autant plus de place qu'on s'éloigne de notre organisation actuelle. Durkheim, De la Division du travail social,1893, p. 120.
3. [L'idée de distance traduit celle de disparition ou de régression; le suj. désigne une chose] Les deux cauchemars de l'humanité, la peste et la famine, semblent s'éloigner d'elle sans retour. La mort recule (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 198).
Prononc. et Orth. : [elwaɳe], (j')éloigne [elwaɳ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 [de l'espace, ici conçu abstraitement] soi esluiner (de Dieu et des préceptes de l'Écriture) (Saint Alexis, éd. Chr. Storey, 180 et 260); 2. 1267 « reculer dans le temps, différer » (Cart. de Champ., Richel. 1. 5993, fo190c ds Gdf.). Dér. de loin*; préf. é-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 5 995. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 409, b) 7 509; xxes. : a) 7 767, b) 7 917.