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ÉLAN2, subst. masc.
A.− Domaine du monde physique
1. [En parlant d'animés]
a) [Toujours au sing.; et sans compl. de nom] Mouvement simple ou complexe (course, par ex.) pour se lancer ou pour lancer quelque chose. Sauter sans élan, avec élan; calculer son élan. Il se ressaisit, et d'un seul élan la jeta sur le lit (Aymé, Jument,1933, p. 255).L'élan doit permettre au sauteur d'arriver sur la planche d'appel à sa vitesse maximum (Vuillemin, Memento Éduc. phys.,1941, p. 143):
1. Un petit saut d'enfant d'abord, puis, d'un élan, il dépasse la roche et s'envoie dans une épaisseur de six mètres d'air. Giono, Regain,1930, p. 117.
P. anal. Cette ville [New-York] qui regorge de coûteuses magnificences, a poussé d'un élan trop rapide et trop fougueux (Loti, Vertige mond.,1917, p. 189).
Loc. Prendre de l'élan, son élan. Se donner ou recevoir l'impulsion nécessaire pour accomplir quelque chose. Parfois le cerceau prend un élan, se sauve (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 178).
P. métaph. Pour faire chaque fois prendre à son esprit un plus grand élan vers la confidence suprême (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 39).
Au fig. Donner, apporter un élan, de l'élan (à qqc.). Transmettre une impulsion à quelque chose. Donner de l'élan à l'industrie. Synon. essor, impulsion; anton. coup d'arrêt.Un ancien fabricant de chapeaux (...) fouilla le passé des Rougon (...). Il en dit assez pour donner aux commérages un nouvel élan (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 256):
2. Peu de temps après cette conversation, vinrent à Paris les ballets russes, qui apportèrent l'élan et le renouveau que l'on sait. Gide, Journal,1941, p. 79.
Spéc., PHILOS. Élan vital [chez Bergson]. Impulsion fondamentale de la vie telle qu'elle se manifeste dans l'évolution en produisant, à partir de la matière inerte, des formes biologiques capables d'adaptation et tendant vers une complexité croissante (d'apr. Thinès-Lemp. 1975). Il n'a pas plus de spontanéité, de « dynamisme », d'élan vital, de volonté, que la nature elle-même (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 181).Il paraît que cela fait mieux comprendre la sculpture, l'élan vital de la sculpture, comme disent les bergsoniens (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 175):
3. L'élan vital, traversant la matière, voudrait obtenir tout d'un coup. Il y réussirait, sans doute, si sa puissance était illimitée ou si quelque aide lui pouvait venir du dehors. Mais l'élan est fini, et il a été donné une fois pour toutes. Il ne peut pas surmonter tous les obstacles. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 254.
b) P. méton. (au sing. ou au plur.). Mouvement brusque, rapide, vers l'avant. Cheval qui ne va que par élans (Ac.).Synon. bond.
P. ext. [En parlant de la voix] Reprise soudaine. S'il se présente dans le cours d'un morceau (...) un élan de voix plus puissant, il est inutile de chercher à le renforcer (Pothier, Mélod. grégor.,1890, p. 20).
P. anal. Entre ce visage toujours noyé sous la vitre et les élans du violon, se pouvait-il qu'il n'y eût vraiment aucune concordance cachée (Duhamel, Jardin bêtes sauv.,1934, p. 73).
2. Mouvement d'une chose lancée. L'élan d'une voiture; il l'a heurté en plein élan. Synon. mouvement; anton. arrêt.Elles [les hirondelles] progressent en restant les ailes étendues, en planant comme l'on dit : l'élan et la résistance de l'air suffit à les maintenir (H. Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 126).Le sable tombe, et le courant se remêle à l'élan général du flot (Queffélec, Recteur,1944, p. 113):
4. Notre couverture, telle que nous l'avions envisagée, n'était plus en mesure d'arrêter l'élan des cinq corps ennemis qui lui étaient opposés; ... Joffre, Mém.t. 1, 1931, p. 163.
P. métaph. Le rempart émoussait l'élan des quartiers neufs (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 200).
Au fig. L'élan symboliste dura une quinzaine d'années (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 487).
3. P. ext. Mouvement qui anime quelque chose. Être pris par l'élan de la vie parisienne. Synon. rythme.Jules respire du même élan que la voix (Giono, Gd. troupeau,1931, p. 60):
5. ... la démarche même et l'élan de la langue allemande me pénètre. Arnoux, Contacts allemands,1950, p. 27.
Au fig. La symphonie de Michel est aimable; (...) Mozart ajoute l'élan et la grandeur (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 248).Récit dont l'ampleur, le mouvement, l'élan indivisible sont aussi beaux que ceux de la tragédie elle-même (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 215).
B.− Domaine des sentiments
1. Au sing. Mouvement intérieur suscité par un vif sentiment envers quelqu'un ou quelque chose.
[Avec un compl.] Élan de tendresse, de passion, d'amitié; élans de cœur, de jeunesse. Synon. effusion, transport, accès.Mon émotion devant une angoisse de sa voix, le recul affolé d'une pensée dans mon élan d'amour (Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 209).L'âme entière du pays se lèvera en un élan de solidarité nationale (Camus, Révolte Asturies,1936, III, 2, p. 425):
6. Le plus grand cataclysme de ce siècle, (...) fut le tremblement de terre de 1924, (...) et fut la cause d'un extraordinaire élan de solidarité internationale. Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 57.
Au fig. Mais on cherche en vain, dans la série interminable de ses portraits [de Reynolds] une figure dressée tout à coup dans un élan inattendu de pureté (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 95).
2. P. méton. (au sing. ou au plur.). Mouvement brusque.
Emploi abs. Avoir des élans pour qqn; maîtriser, réfréner ses élans. Tu n'es pas vraie. Tu n'es pas nue. Tu n'as aucun des élans, des franchises des êtres nus (Giraudoux, Sodome,1943, II, 8, p. 153).Vos paroles sont dures, mais je sens que de plus dures encore ne sauraient briser l'élan qui me porte vers vous (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 2etabl., 1, p. 1586):
7. Il s'en fiche. Pas un regret, pas un élan alors que moi je déborde de peine. Montherlant, Fils de personne,1943, I, 4, p. 287.
C.− Domaine du comportement.Vif mouvement. Parler, répondre avec élan. Synon. ardeur, chaleur, vivacité, emportement.La tristesse confiante de sa voix m'alla au cœur; je dis avec élan : « il y a plus malade que vous » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 71):
8. − Un homme, repris-je avec un élan soudain excessif comme si j'allais entonner l'hymne de la famille... Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 30.
Prononc. et Orth. : [elɑ ̃]. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme et au plur. eslans; ds Ac. 1740 et 1762 sous la forme mod. mais toujours au plur.; ds Ac. 1798-1932 au singulier. Étymol. et Hist. 1409 eslan (Boucicaut, II, 21 ds Gdf. Compl.). Déverbal de élancer*.
STAT. − Élan1 et 2. Fréq. abs. littér. : 3 392. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 446, b) 3 556; xxes. : a) 5 901, b) 6 883.