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ÉCHINE1, subst. fém.
A.− Colonne vertébrale, épine dorsale.
1. Colonne vertébrale d'un animal. C'est une admirable bête carnassière [le renard] (...) l'échine d'une souplesse et d'un ressort inouïs (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 131).
P. méton. Partie du dos entre le cou et la croupe. L'homme se hissait sur l'échine de l'âne boiteux (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 291).Il prit le temps de dire bonsoir à ses bêtes, caressant des mufles, tapotant des échines ou des flancs (Queneau, Pierrot,1942, p. 189):
1. ... quatre palefreniers en livrée écarlate surgirent, menant deux chevaux magnifiques (...) [l'un] avait la jambe d'un beau cerf, la poitrine large et bien ouverte, l'échine grasse, double et tremblante. L'autre était un coureur tartare à la croupe énorme, au corsage long, aux flancs bien unis, au manteau bayardant. Son cou, d'une moyenne arcade, mais pas trop voûté... Hugo, Le Rhin,1842, p. 208.
2. P. ext., fam. Colonne vertébrale de l'homme. Cela me tire dans le dos, comme si depuis le croupion jusqu'à la nuque toute la moelle de mon échine était un câble que l'on tendît avec une manivelle (Flaub., Tentation,1849, p. 425).Quand il (...) se courba, à cause de sa taille, les jointures de son échine craquèrent (Arnoux, Paris,1939, p. 319):
2. David voyait, à chaque fois qu'elle poussait en se penchant la manivelle, s'étirer les muscles pauvres de ses bras, saillir les os de l'échine maigre, sous la robe mouillée et collante. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 158.
a) P. méton. Partie du dos entre la nuque et le bassin. (Quasi-)synon. dos.
[Dans des cont. dépréciatifs; avec l'idée de maigreur] Ses maigres jambes héronnières, son échine efflanquée, sa poitrine osseuse et cardinalisée à la boisson (Gautier, Fracasse,1863, p. 306):
3. L'échine svelte du lieutenant Boredain, l'échine menue, toute étroite dans la redingote à collet gris, sous la nuque aux cheveux légers, il l'imagina, très loin, flanquée par les deux dos en redingotes olive et brune, deux dos robustes sous des chapeaux morillo à bords courbes; ... Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 277.
[Avec une idée de force ou de souplesse; dans des contextes établissant une comparaison plus ou moins explicite avec un animal] Julien était d'une force de taureau (...) il chargeait des troncs d'arbre sur son échine d'enfant (Zola, Cap. Burle,1883, p. 181).Maud White (...) se levait indolemment à l'approche d'Ethal (...) avec des mouvements félins de l'échine et des hanches (Lorrain, Phocas,1901, p. 164).Elle (...) ondulait de l'échine à la façon d'une chatte que l'on caresse (Genevoix, Raboliot,1925, p. 207).
b) P. métaph. ou au fig.
α) [Le dos, la colonne vertébrale sont considérés comme le lieu d'une sensation phys. symptôme d'un état psychique] Un frisson court au creux de, le long de, sur l'échine. Ça lui faisait froid dans l'échine (Zola, Assommoir,1877, p. 664).Il avait été torturé (...) par des frémissements qui lui glaçaient l'échine, lui contractaient les dents (Huysmans, À rebours,1884, p. 113).
β) [Dans des expr. où la position du dos, l'attitude d'une pers. symbolise un comportement]
Plier, courber l'échine (sous qqc., devant qqc. ou qqn). Se soumettre à (qqc., qqn). Les faux patriotes (...) ont été unanimes l'autre jour (...) à courber l'échine devant les menaces anglaises (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 462).Il cessait de courber l'échine : colère, haine, fierté, méchanceté, quelles que fussent les composantes de son sentiment, ce sentiment était à coup sûr une vigoureuse affirmation de vie (Montherl., Célibataires,1934, p. 900).
Tendre l'échine (à qqc., à qqn). Accepter de se soumettre à (qqc., qqn). Je suis las de tendre l'échine, en piétinant toujours sur la même place (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 168).
Être, aller l'échine basse. Avoir une attitude obséquieuse ou exprimant un sentiment de culpabilité. On la voyait [Germinie] dans cette rue où elle passait tout à l'heure fière et le front haut, aller furtive et bruyante, l'échine basse, le regard oblique (Goncourt, G. Lacerteux,1864, p. 100).Israël (...) si timide, l'échine basse, souriant à l'insulte, incapable de révolte et de fierté (Tharaud, Pte hist. Juifs,1928, p. 54).
Avoir l'échine souple, flexible. Être bassement complaisant, servile ou courtisan. Magdelinat fit son apparition d'un air plus obséquieux et avec une échine plus flexible encore que d'habitude (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 176):
4. Un langage mielleux, une échine souple, une voix étouffée, une sévère économie de gestes prudemment arrondis, des yeux baissés, sont pour beaucoup les vraies caractéristiques de la vertu. Billy, Introïbo,1939, p. 56.
B.− BOUCH. [Correspond à A 1] Échine de porc. Morceau de viande pris sur le dos du porc près du collet. Le fameux reporter américain, prétend avoir savouré de l'homme en Afrique et déclare que cela a un goût d'échine de porc (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 196).
Rem. La docum. atteste le synon. échinée, subst. fém. Un paleron de jeune porc frais gratinait doucement avec un morceau d'échinée (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 102).
C.− [P. anal. de forme] Croupe montagneuse, arête rocheuse. Échines de grès injectées de roches éruptives, [les forêts de Conlie] (...) conservent des forêts sur leurs flancs (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 324).La grande échine bleue de la colline bouche la porte (Giono, Gd troupeau,1931, p. 229).
Prononc. et Orth. : [eʃin]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. eschine; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 eschine « colonne vertébrale » (Roland, éd. J. Bédier, 1201); 2. a) 1669 ajuster l'échine « donner des coups de bâton » (Molière, Amphitryon, III, 7), emploi isolé; 1678 frotter l'échine (Hauteroche, Nobles de province, I, 14 ds Littré); b) 1845 au fig. plier, courber l'échine (Besch. : il a l'échine du dos très flexible). De l'a. b. frq. *skina « baguette de bois », cf. a. h. all. scina « tibia » (Graff t. 6, col. 499), all. Schienbein « id. », Schiene « baguette (de bois); rail »; le tibia étant ainsi nommé à cause de sa forme, la même comparaison a permis l'emploi du mot en a. fr. pour désigner la colonne vertébrale, cf. encore épine dorsale et le lat. spina « id. ».
STAT. − Échine1 et 2. Fréq. abs. littér. : 429. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 104, b) 1 063; xxes. : a) 1 166, b) 463.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 153.