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* Dans l'article "ÉTHER,, subst. masc."
ÉTHER, subst. masc.
I.− [En parlant d'un fluide hypothétique ou, p. réf. à celui-ci]
A.
1.− [Dans le domaine de l'astron. anc. ou p. réf. à celle-ci et p. oppos. à l'air (cf. air1I A)] Fluide subtil supposé remplir l'espace au delà de l'atmosphère terrestre. Éther impalpable, insaisissable. Le globe du soleil, nageant dans l'éther au milieu de la voûte des cieux (Volney, Ruines,1791, p. 274):
1. cyrano, rayonnant. C'est à Paris que je retombe! (...) J'arrive − excusez-moi! − par la dernière trombe. Je suis un peu couvert d'éther. J'ai voyagé! J'ai les yeux tout remplis de poudre d'astres. J'ai Aux éperons, encor, quelques poils de planète! (...) Tenez, sur mon pourpoint, un cheveu de comète! Rostand, Cyrano,1898, III, 2, p. 143.
2. P. ext., littér. ou poét.
a) L'air, en partic. l'air pur. Éther limpide, pur, transparent. Aussi naturellement que les autres hommes se meuvent dans le monde de la matière, celui-là [Sir Richard Wadham] semblait aller et venir, respirer et agir, dans une sorte d'éther raréfié (Bourget, Irrépar.,1884, p. 96).Certes, l'éther des Andes n'est pas la brume gluante et épaisse de la côte Atlantique (Morand, Air indien,1932, p. 7).
b) Les espaces célestes (air1I B, synon. ciel I A I et B, espace C 2). Fuyez, mes doux oiseaux! Évadez-vous tous deux loin de notre nuit froide et loin du mal hideux! Franchissez l'éther d'un coup d'aile! (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 424):
2. ... aucun nuage n'altérait le bleu de l'éther dont la pureté partout vive, et même à l'horizon, indiquait l'excessive raréfaction de l'air. Balzac, Mirouet,1841, p. 4.
SYNT. Éther illimité, immense, infini, vaste; éther bleu, étoilé, radieux, serein; éther nébuleux, sombre, ténébreux; les plaines de l'éther; la profondeur, la sérénité de l'éther; au plus haut de l'éther.
En partic. L'espace en tant que milieu dans lequel se transmettent les ondes radiophoniques. Les premières émissions de radio-diffusion dans le monde datent de la fin de la première guerre mondiale. Beaucoup d'ondes ont depuis lors sillonné l'éther (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 10).
c) P. métaph. ou au fig. Éther religieux, spirituel. La naïveté du génie qui ne sait respirer que dans un éther où les billets à ordre sont inconnus (Morand, Eau sous ponts,1954, p. 56):
3. ... des enthousiasmes qui l'emportaient si haut dans l'éther de la rêverie, qu'il perdait de vue les choses de la terre? Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 275.
B.− [Dans le domaine de la cosmogonie anc. ou p. réf. à celle-ci] Le fluide subtil (cf. supra A 1) considéré comme :
1. L'un des éléments fondamentaux ou la substance fondamentale d'où procède toute la création. Ô bleu regard dont l'azur est si pâle qu'il semble encore tenir de l'éther primitif (Villiers de l'I.-A., Contes cruels,1883, p. 115):
4. ... ensuite venaient douze dieux célestes, six dieux mâles (...) et six dieux femelles : la lune, l'éther, le feu, l'air, l'eau, la terre. Gautier, Roman momie,1858, p. 303.
2. [P. oppos. à la matière inerte] La substance ou la manifestation matérielle du principe qui l'anime et, p. ext., le principe lui-même (cf. astral ex. 5). L'on ne sait guère comment l'âme se distingue du corps dans cette fusion d'argile et d'éther qui est l'homme! (Barb. d'Aurev., Memor. 2,1839, p. 276):
5. ... tous les monuments des antiques religions nous montrent le Dieu métaphysique, le Dieu être, conçu comme caché derrière la lumière ou l'éther qui le manifeste. P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 847.
Spéc. Le feu éther (cf. âme ex. 60, astre ex. 8).Les ames, en sortant du corps, étaient rarement assez purifiées pour se réunir au feu éther dont elles étaient émanées (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 523).
C.− PHYS. MOD. Milieu hypothétique (et dont l'existence est actuellement infirmée) extrêmement ténu, élastique, universellement répandu dans le vide comme dans la matière et que l'on croyait lié à l'apparition ou à la transmission des phénomènes lumineux, électriques, calorifiques, magnétiques. Hypothèse, théorie de l'éther :
6. Les électrons agissent (...) les uns sur les autres, mais cette action n'est pas directe, elle se fait par l'intermédiaire de l'éther. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 190.
SYNT. Éther luminifère; atome, molécule, particule d'éther; tourbillon, vent d'éther; densité, élasticité, inertie, mouvement, vibration de l'éther; se propager dans l'éther.
II.− [En parlant d'un corps chimiquement défini]
A.− Éther sulfurique et, absol., éther. Liquide incolore, mobile, d'odeur caractéristique, très volatil et inflammable, de formule C2H5− O − C2H5ou (C2H5)2O, utilisé dans l'industrie comme solvant et, en médecine, comme antispasmodique, antiseptique et anesthésique. Synon. éther ordinaire, éther éthylique*, oxyde d'éthyle*, éthane-oxyéthane (cf. éthane rem. 1). 13 novembre.Opéré le 2. Anéantissement de l'être sous l'action de l'éther (Green, Journal,1929, p. 21).Avec un tampon imbibé d'éther, il nettoya la place de la piqûre (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 355):
7. L'infirmier vient de pousser sans bruit la porte. Garine se retourne encore; l'odeur humaine de la maladie domine de nouveau celle de l'éther. Malraux, Conquér.,1928, p. 114.
En partic. (l'éther utilisé comme stupéfiant) Il vous faudra une certaine préparation, c'est-à-dire une certaine habitude, pour ressentir dans toute leur plénitude les singuliers effets de l'éther (...) différents des effets du haschich, des effets de l'opium et de la morphine (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Rêves, 1882, p. 783).
SYNT. Volatilisation de l'éther; vapeurs, effluves d'éther; inhalation d'éther; sirop d'éther; bouteille, fiole d'éther; être endormi à l'éther; boire, prendre de l'éther; (mouchoir) imprégné d'éther; (substance) soluble dans l'éther.
Rem. Sous la forme éthéro-, éther entre comme 1erélément de composition dans la formation de quelques mots savants. Une injection d'huile éthérocamphrée (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 1006). Cf. aussi COMP. infra.
B.− CHIMIE
1. Vieilli. Éther ou éther(-)sel. Composé organique naturel ou synthétique, souvent volatil et odorant, résultant de la condensation d'une molécule d'alcool et d'une molécule d'acide avec élimination d'eau. Synon. de ester*.Éther acétique (synon. acétate d'éthyle*) éther chlorhydrique (synon. chlorure d'éthyle*); éther à hydracide, à oxacide. Chaque Ether porte le nom de l'Acide qui a servi à le préparer (Code pharm.,1821, p. 435).Un éther-sel, facile à saponifier, avec production d'alcool éthylique et régénération de l'acide (E. Schneider, Charbon,1945, p. 327).
P. méton. L'odeur, l'arôme d'un éther. La fumée des cigares, les éthers des alcools l'indisposaient malgré les portes ouvertes (Peyré, Matterhorn,1939, p. 102):
8. ... pareil à la Sulamite qui demandait qu'on la soutînt avec des pommes, c'est l'éther exquis de celles-ci que je respire, de préférence à la douceur obtuse du moût. Gide, Si le grain,1924, p. 467.
Rem. Éther est parfois encore usité à la place d'ester dans les syntagmes éthers halohydriques, éthers d'oxacides minéraux (cf. Lar. encyclop., Encyclop. univ., s.v. ester) pour désigner les esters d'acides minéraux p. oppos. aux esters d'acides carboxyliques (cf. carbo-).
2. Usuel. Éther ou Éther(-)oxyde. Composé organique résultant de la condensation de deux molécules d'alcool identiques ou différentes avec élimination d'eau (notamment en présence d'acide sulfurique). L'éther sulfurique est un éther oxyde (Ac.1932).
3. Éther de pétrole. Liquide incolore, inflammable, volatil, utilisé comme solvant (cf. Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 10).
Rem. 1. On rencontre ds la docum. l'adj. éthérique. Qui concerne l'éther (cf. supra 1). Elles [les abeilles qui partent butiner au loin] baignent à la façon des cellules de notre être, dans le même fluide vital qui est pour elles beaucoup plus étendu, plus élastique, plus subtil, plus psychique, ou plus éthérique que celui de notre corps (Maeterlinck, Vie termites, 1926, p. 206). 2. Éther entre comme dernier élément de composition dans la formation de quelques termes savants. Après dessiccation, fixer par l'alcool-éther et colorer par la thionine phéniquée (Dopter ds Nouv. Traité Méd., fasc. 1, 1926, p. 400). Oxyde d'éthyle ou éther ordinaire Synonymes : (...) Ethyléther (Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t. 1, 1929, p. 516).
Prononc. et Orth. : [etε:ʀ]. Enq. : /eteʀ/. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. ethere « partie la plus subtile et la plus élevée de l'atmosphère » (Psautier de Cambridge, XVII, 12 ds Gdf. Compl.); 2. 1668 phys. (Sorel, Science Universelle ds Fr. mod. t. 14, p. 281); 1753 (Beausobre, Dissert. philos., p. 3 ds Littré); 3. 1742 chim. v. éthéré. Empr. au lat. class. aether « éther, air subtil des régions supérieures, qui enveloppe l'atmosphère; ciel; air » (du gr. α ι ̓ θ η ́ ρ de même sens); appliqué au domaine de la chim. par le chimiste all. G. Frobenius qui en 1730 appela ce composé spiritus aethereus (Encyclop. et Encyclop. brit., s.v. ether). Fréq. abs. littér. : 552. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 652, b) 1 397; xxes. : a) 742, b) 595.
DÉR.
Éthéréen, enne, adj.[Correspond à éther I] . a) Synon. de éthéré A 2 a.Si lyrique que soit le poëte, peut-il donc ne jamais descendre des régions éthéréennes, ne jamais sentir le courant de la vie ambiante (Baudel., Art romant.,1867, p. 459).b) Synon. de éthéré A 3 a.Son corps éthéréen [de la naïade] se déroule avec grâce Courbé sur une hanche, et brille dans l'espace, Léger comme un oiseau qui va prendre son vol (Banville, Exilés,1874, p. 78). [eteʀeε ̃], fém. [-εn]. 1resattest. a) 1506 subst. « habitant de l'éther » (G. Michel, trad. des Georgiques, 58ads Hug.), b) 1583 plaine éthéréenne (trad. de Virgile, 163b, ibid.); de éther, suff. -éen*; cf. l'a. fr. etherien 1310 (G. Du Bos, Fauvel, éd. A. Långfors, I, 213). Fréq. abs. littér. : 4.
COMP. Éthéromane, subst. masc. [Correspond à éther II A]. Celui qui fait usage de l'éther comme stupéfiant. Un véritable sérail d'hystéro-épileptiques et d'éthéromanes (Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 173). Rem. On rencontre ds la docum. éthéromanie, subst. fém. ,,Maladie des éthéromanes`` (Ac. 1932). [eteʀ ɔman]. Ds Ac. 1932. 1reattest. 1890 (Lar. 19eSuppl.); composé du subst. éther et de l'élément suff. -mane*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Gohin 1903, p. 362. − Hian (L.). Adoptions et coïncidences. Vie Lang. 1973, p. 290. − Quem. DDL t. 3 (s.v. éthérique).